AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Thierry Wolton (691)


Par sa prétention à maîtriser un avenir annoncé, le marxisme-léninisme a par ailleurs été assimilé au progrès qui donne un sens à l'histoire. Dès lors, les dégâts provoqués ont trouvé dans ce bienfait, supposé supérieur, apporté à l'humanité, de quoi être excusés. "N'est-il pas évident qu'à une époque où la marche de l'histoire est plus rapide, davantage d'hommes doivent expirer", faisait déjà dire au révolutionnaire Saint-Just, Georg Büchner dans sa pièce, La Mort de Danton, écrite en 1835.
(Page 15)
Commenter  J’apprécie          20
Parler de l'extermination des juifs comme d'un drame consubstantiel à la doctrine nazie, telle que Hitler l'a conçue, est une vérité indiscutable. Dire que la multitude des morts du communisme est la conséquence de la lutte des classes telle que Marx et Engels en ont envisagé la praxis en est une autre. "La lutte des classes moteur de l'histoire" est en quelque sorte une preuve ontologique du caractère intrinsèquement criminel du communisme, comme l'est le précepte de race supérieure pour le nazisme. La qualification de classicide renvoie à cette évidence, elle rend les morts du communisme décidément encombrants, d'où la tentation de les faire passer à la trappe de l'Histoire.
(Page 14)
Commenter  J’apprécie          20
Pour ce crime, les deux mots, lutte et classe, sont indissociables, ils procèdent de l'essence même de l'idéologie, qui a armé le bras des bourreaux. En ce sens, parler de "classicide" pour qualifier les crimes du communisme paraît être le terme le mieux adapté (...).
(...) Le néologisme de classicide offre l'avantage, dans le cas communiste, d'intégrer le substrat idéologique qui a justifié l'acte de tuer, et généré tant de souffrances : la classe. Les causes de l'extermination, ce qui permet de l'expliquer, se trouvent dans la conception même du communisme, telle que les pères fondateurs, Marx et Engels, l'ont voulue, telle que leurs adeptes léninistes l'ont mise en pratique. La formule "la lutte des classes est le moteur de l'histoire" est probablement le plus criminogène des préceptes jamais édicté par des intellectuels, dès qu'elle a été appliquée à la lettre par des bourreaux endoctrinés.
(Page 14)
Commenter  J’apprécie          20
Après avoir été nié si longtemps, le rapport entre le communisme et ses millions de morts est certes admis désormais, toutefois en l'absence d'une qualification plus précise, ce crime multiple, et par là même singulier, peut toujours être relativisé, pis oublié, quand les vérités sur cette histoire peinent à se frayer un chemin jusqu'à la conscience universelle.
(Page 14)
Commenter  J’apprécie          20
Le totalitarisme ne peut se maintenir que par le mensonge et la violence qui se soutiennent réciproquement. Si l'Homo communistus n'a pas toujours su résister à la violence, il n'a jamais été tout à fait dupe du mensonge.
(Page 1124)
Commenter  J’apprécie          20
L'égalitarisme répond à des ressorts humains qui tiennent davantage de la haine de l'autre que de l'amour de son prochain. La convoitise, l'envie, la jalousie exacerbent le sentiment de différence avec ceux dont la place, la fortune, les honneurs sont désirés. En usant de ces ressentiments, le communisme a libéré des instincts meurtriers. La mobilisation des masses pour l'accomplissement de la nouvelle promesse, avec la lutte des classes comme moyen de la réaliser, a abouti aux pires exactions. Les régimes communistes ont joué sur des comportements ataviques de groupe, qu'ils se sont ingéniés à légitimer idéologiquement pour mieux les instrumentaliser à des fins criminelles.
(Page 1122)
Commenter  J’apprécie          20
S'il fallait obéir pour survivre en régime communiste, la contrainte n'a pu maintenir à elle seule des peuples entiers si longtemps sous le joug. Les idéologues n'auraient jamais réussi à imposer leur magistère si durablement sans l'aide d'une partie de la population, voire sans le consentement d'un grand nombre. L'appareil du parti et ses adhérents, la police politique et ses dépendances, aussi omniprésents qu'ils aient pu être, n'ont jamais eu les capacités suffisantes pour tenir et entretenir une domination aussi totale. La "scélératesse" à l'échelle des millions" [citation de Soljenitsyne] ne désigne pas seulement les serviteurs zélés du parti-Etat. A la différence de la tyrannie, le totalitarisme est bien plus que l'oppression d'un homme ou d'une minorité sur la majorité. En son sein, chacun se trouve pris, par des facettes différentes, dans le mécanisme de la répression, car tous finissent à des degrés divers par être son sujet et son objet, bourreaux et victimes simultanément. Le totalitarisme oblige à une compromission générale qui renforce son emprise sur chacun.
(Page 1121)
Commenter  J’apprécie          20
L'idéologie surtout, qui a occupé l'esprit des hommes autant qu'elle a obstrué leur conscience, qui leur a indiqué l'avenir comme elle a contrôlé leur passé, est sans conteste la cause première de l'hécatombe.
(Page 1121)
Commenter  J’apprécie          20
La religion séculière marxiste-léniniste, apparue dans le sillage du déicide, a prospéré sur la disparition du tabou moral. Le marxisme qui indique le sens de l'histoire et le léninisme qui forge les outils pour en précipiter la marche ont comblé dans les esprits le vide laissé par la perte du spirituel. Le scientisme de l'idéologie, qui voit dans son application le passage obligé de l'humanité dans sa quête éternelle de bonheur, a justifié tous les sacrifices, y compris humains, pour parvenir à l'avènement de la promesse.
Une autre explication tient à l'anthropologie des peuples qui ont été soumis à l'ordre communiste. L'arriération des société conquises par les idolâtres du matérialisme historique expliquerait la brutalité du processus révolutionnaire. La lutte des classes promue moteur de l'histoire aurait servi d'exutoire à une violence primitive préexistante, que la passion idéologique se serait contentée d'attiser pour parvenir à ses fins.
(Pages 1119 et 1120)
Commenter  J’apprécie          20
La singularité du forfait communiste tient dans le nombre de sacrifiés, dans la multiplicité des méthodes d'extermination utilisées, dans le fait que les bourreaux s'en sont pris avant tout à leur propre peuple.
(Page 1119)
Commenter  J’apprécie          20
Les manifestants de Tian'anmen oublient, ou plutôt méconnaissent, la capacité de violence du parti-Etat car ce sujet a toujours été tabou, y compris chez ceux qui ont eu à le subir. Les étudiants en 1989 se contentent d'occuper pacifiquement les lieux, symboliquement au centre de Pékin. Ils omettent que le pouvoir se prend au bout du fusil dans la conception maoïste, et qu'il se protège par le fusil. Le 4 juin, les blindés écrasent le mouvement. Les cadavres se comptent par centaines dans la capital. Une chape de plomb recouvre ces événements, comme d'habitude. Le black-out imposé à l'histoire et à la mémoire de ce "Printemps de Pékin" va être un nouvel obstacle pour la dissidence à venir.
(Page 1111)
Commenter  J’apprécie          20
A Budapest, en cet automne 1956, la contestation intellectuelle fait descendre dans la rue des milliers d'étudiants qui réclament, entre autres choses, la réhabilitation des victimes du stalinisme.
(...) Le processus révolutionnaire sera brutalement interrompu par l'intervention de l'Armée rouge, mais il faudra plusieurs semaines à l'occupant soviétique, et à la nouvelle direction du PC hongrois mise en place par Moscou, pour venir à bout de la résistance ouvrière.
Trois mille cinq cents révolutionnaires hongrois ont été tués dans les combats, et plus de 20 000 sont blessés. L'écrasement de l'insurrection a été vécu en direct par le monde entier, grâce aux journalistes étrangers venus sur place "couvrir" l'insurrection. Plus encore que Berlin 1953, Budapest 1956 porte un coup décisif au mythe du paradis communiste. Dans les PC occidentaux, nombre d'intellectuels embrigadés reprennent leur liberté de pensée après ces événements sanglants. Les "compagnons de route" retardataires attendront le "Printemps de Prague" de 1968 pour suivre cette première vague de désillusionnés.
(Pages 1015 et 1018)
Commenter  J’apprécie          20
Après que Lénine eut fait dissoudre l'Assemblée constituante en janvier 1918, le jour de sa convocation, le monde paysan dans sa grande majorité ne bouge pas. Le leader bolchevique a gagné sa première bataille de dirigeant totalitaire. Il peut maintenant reprendre en main les campagnes.
(...) Des émeutes éclatent en Russie centrale à l'été 1918. Les réquisitions de céréales et l'enrôlement de force des hommes dans les rangs de l'Armée rouge sont à l'origine de la révolte. La brutalité des détachements militaires venus confisquer la récolte a attisé les rancoeurs, alors que les paysans refusaient de participer à une guerre fratricide aux côtés des forces rassemblées par Trotski, le commissaire du peuple à la Guerre.
(Page 957)
Commenter  J’apprécie          20
"Tu ne sais pas ? On t'apprend ! Tu ne peux pas ? On t'aide ! Tu ne veux pas ? On t'oblige !"
Slogan du PC roumain pour les paysans.
(Page 955)
Commenter  J’apprécie          20
Le prestige lié à l'automobile n'est pas un phénomène propre aux pays capitalistes. Lénine disposait déjà en 1922 de six voitures. La fascination pour les grosses cylindrées et les véhicules de luxe, dont des Rolls-Royce fort peu prolétariennes, n'a jamais quitté la nomenklatura soviétique.
(Page 937)
Commenter  J’apprécie          20
Le Lider Maximo va de l'une à l'autre, il a, comme le dit l'un des anciens camarades de combat, autant "de maisons que de femmes, une centaine au moins !". Des soucis de sécurité servent de prétexte pour expliquer ces changements incessants, mais il s'agit surtout d'une démonstration de sa toute-puissance. Il n'a de comptes à rendre à personne dans un pays sans lois, sans contre-pouvoirs, sans informations, où l'Etat est à la disposition de ceux qui commandent. Les maisons de Castro sont gardées nuit et jour par une garnison qui surveille les environs, débarrassés le plus souvent des voisins, contraints d'aller se loger ailleurs. Quand il est las de l'une de ses résidences, il l'abandonne ou la fait transformer en ferme d'élevage.
(Page 854)
Commenter  J’apprécie          20
Alors que chaque détail de la vie d'un fonctionnaire ordinaire doit être connu par le pouvoir, la vie des membres de la direction et de leur famille est un secret d'Etat. Leurs salaires, le nombre de leur domestiques et de leurs automobiles, la taille de leurs maisons et de leurs datchas, tous ces éléments de leur vie quotidienne deviennent top secret. Lénine occupe le domaine du général Morozov à Gorki, à la périphérie de Moscou, Trotski celui de la famille Youssoupov. Cinq mille bolcheviks vivent avec leur famille au Kremlin ou dans les hôtels réservés au parti, le National et le Metropol. Deux mille personnes sont au service de cette élite qui dispose par ailleurs d'un complexe de boutiques, de trois restaurants, d'une crèche, d'un hôpital pour son seul usage. Le budget de fonctionnement pour ces privilèges dépasse le montant de l'aide sociale accordée à la ville de Moscou. Dans l'ancienne capitale impériale, Petrograd, c'est l'hôtel Astoria qui abrite le cercle dirigeant. Le personnel féminin, rebaptisé "camarade servante", a appris à dire "camarade maître" en claquant des talons. Champagne, caviar, parfum, tous les signes d'un luxe un temps oublié sont de retour en ces lieux gardés par des fonctionnaires de la police politique, en veste de cuir, qui effraient déjà la population.
Les abords de Moscou sont parsemés de plusieurs dizaines de domaines que l'exécutif du soviet attribue aux dirigeants du parti pour leur usage privé ; chacun a sa suite domestique comme au temps du tsarisme. Staline, souvent présenté comme un révolutionnaire désintéressé, méprisant le confort, participe à cette course aux privilèges. Il s'attribue au début des années 1920 une propriété de l'ancien magnat du pétrole Zoubalov.
(Page 852)
Commenter  J’apprécie          20
Le Kremlin, résidence des tsars jusqu'au XVIIIe siècle, retrouve son rôle dans la nouvelle Russie soviétique. Lénine et Trotski emménagent dans les anciens appartements impériaux. Rien n'est touché de l'ameublement, la plupart des serviteurs restent en place. "Avec ses murailles médiévales et ses innombrables coupoles dorées, le Kremlin, devenu la citadelle de la dictature révolutionnaire, semblait absolument paradoxal", écrira plus tard Trotski. Celui-ci a en charge l'Armée rouge à l'époque, et il s'accommode fort bien du luxe. Trotski se déplace sur le front en train blindé, richement meublé, avec cuisiniers et produits de qualité pour satisfaire son appétit de gourmet.
(Page 851)
Commenter  J’apprécie          20
Les festivités chargées régulièrement de célébrer les succès des régimes communistes cherchent à créer chez leurs citoyens un sentiment d'obligation.
(Page 834)
Commenter  J’apprécie          20
Le jour du premier discours que prononce Castro dans La Havane conquise, le 8 janvier 1959, trois colombes viennent se poser miraculeusement sur l'épaule du nouveau messie. Un oiseleur placé derrière l'orateur, muni d'un appeau, s'est chargé d'attirer les volatiles. Le régime crée ses propres rituels, la parole sacrée est celle du Lider Maximo, la doctrine marxiste se fait catéchisme, le PC devient le clergé, et l'adhésion inconditionnelle se substitue à la foi révélée. Le régime a ses martyrs, révérés comme des saints, avec en tête José Marti, "l'Apôtre", et le Che. Les interminables discours de Castro sont des prêches ponctués d'amen : "Patria o muerte" dans un premier temps, puis "Socialismo o muerte" quand la marche vers le communisme s'est accélérée.
(Page 834)
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Thierry Wolton (115)Voir plus

Quiz Voir plus

10 questions et "Un été de culture G pour toute la vie" à gagner

Pour quelle raison le personnage de la mythologie grecque Icare est-il connu ?

Icare, fils de Dédale, s’est brûlé les ailes en s’approchant trop près du soleil
Icare est le dieu qui a donné le feu aux humains
Icare est condamné à se regarder dans une source, amoureux de son reflet

10 questions
931 lecteurs ont répondu
Thème : Un été de culture G : Pour toute la vie de Créer un quiz sur cet auteur

{* *}