AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Thomas Cantaloube (143)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Frakas

Ce roman dénonce les abus de la Françafrique en mettant en scène un mélange de personnages de fiction et de personnes ayant réellement existé. On y retrouve les noms de l'inévitable Jacques Foccard, de François Mitterand et Gaston Deferre entre autres.

Les principaux personnages de fiction sont un journaliste, un truand marseillais et un barbouze. Le journaliste va fouiller dans des affaires qui dérangent et naturellement les méchants ne sont pas contents qu'on se mêle de leur business.



Ce roman se veut bien pensant, mais il force un peu trop le trait. Certaines phrases sont très naïves, comme si elles s'adressaient à des enfants. Je cite "c'était le sentiment qu'on éprouvait lorsqu'on découvrait de visu les horreurs commises par ceux, militaires, miliciens, politiciens, qui abusaient de leur pouvoir au prétexte de défendre leurs citoyens". C'est vraiment un discours moralisateur très infantilisant et très simplificateur. Tout est machiavélique dans la présentation que l'auteur fait de la France. Il ne s'agit pas de dédouaner notre pays de ses responsabilités dans la répression au Cameroun, dans sa tentative de garder la main sur le pays après l'indépendance, mais trop c'est trop, et pour information il n'y a pas de pétrole au Cameroun.



Quant au scénario, il est très bien pendant l'essentiel du livre malgré quelques scènes assez peu crédibles, mais la fin ne l'est pas du tout. L'auteur s'est fait un petit délire pour se faire plaisir, mais là aussi trop c'est trop, on ne peut pas croire à une histoire aussi loufoque.
Commenter  J’apprécie          30
Frakas

Mai 1962,



le lecteur retrouve deux protagonistes qui menaient l'enquête au tournant des années 1950 - 1960 dans l'excellent "Requiem pour une République". Je savais que j'allais adoré cette suite et je n'ai pas été déçu.



Les temps changent, Thomas Cantaloube fait évoluer ses personnages. Pour Luc Blanchard fini la Crim', il est désormais journaliste à "France Observateur" plus spécialement chargé de couvrir l'actualité des anciennes colonies françaises. Et puis Antoine Carrega est devenu Antoine Lucchesi bistrotier à Marseille. Bistrotier mais aussi passeur pour la French Connection.



Blanchard a été chargé de monter un dossier sur le Cameroun. Et le moins qu'on puisse dire est que sa curiosité a été attisée par l'absence d'informations Et puis s'il n'y avait rien à découvrir, il n'aurait pas été passé à tabac dés les premières questions posées.



Thomas Cantaloube fait plonger le lecteur dans l'Histoire de la décolonisation à la française. C'est un remarquable conteur. Il donne vie à l'Histoire, il passionne en reconstituant une trame d'évènements oubliés ( ou plutôt cachés par le pouvoir gaulliste de l'époque ). L'exemple du Cameroun n'échappe pas à la règle de la dissimulation. Thomas Cantaloube raconte, révèle et excelle dans l'art de faire évoluer Luc Blanchard et Antoine Lucchesi, deux personnages fictifs, auprès de personnages réels qui ont tenu un rôle sulfureux dans une page tragique de notre Histoire récente. Des officines étatiques, les barbouzes des services secrets, des mercenaires, tout concourt à réussir ce roman, habile mélange d'espionnage et d'aventures. Mais il y a la réalité "...accorder l'indépendance à ceux qui la réclament le moins, mais uniquement après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclament avec le plus d'intransigeance".



Luc Blanchard veut étayer ses investigations et se rendre compte sur place, à Yaoundé, au Cameroun. Il y retrouve Carrega à la recherche d'un livre de comptes de la French Connection. Ils y rencontrent des gens ordinaires sympathiques et des patriotes dévoués à la cause d'un Cameroun libre et indépendant. Derrière cette façade, il y a la réalité avec des entreprises prêtes à tout pour spolier les richesses naturelles de ce pays et il y a la force militaire des mercenaires et leurs basses oeuvres pour combattre les idées : arrestations arbitraires, torture, camps de concentration, fosses communes. Dans les pas du mercenaire Lherbier, Blanchard et Carrega vont vivre des aventures mouvementées et dangereuses et connaître le berceau de la françafrique et le lecteur ne sera pas surpris de croiser Jacques Foccart, Monsieur Charles, Gaston Deferre, Pierre Messmer.



Thomas Cantaloube excelle dans l'art de raconter avec rigueur la face sombre de notre Histoire.



Thomas Cantaloube : Frakas. Parution le 8 avril 2021, collection Série Noire, Gallimard. ISBN 9782072886164.
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

Le premier sentiment qui nous vient à l'issue de la lecture de ce roman paru en Série noire (il aurait pu tout aussi bien être publié en Blanche) est l'admiration. Dire qu'il s'agit du premier de l'auteur la renforce. Et apprendre qu'il a quitté son métier de journaliste pour se consacrer désormais à l'écriture se comprend. C'est un tour de force (la vieille expression du coup d'essai, coup de maître, bref on a compris.)



A aucun moment, tout au long des presque 550 pages de Requiem pour une République, on ne s'ennuie. Les pages se dévorent, le temps file, on est happé. Aucune retape cependant, pas de flonflon, un style qui détonnerait, du voyeurisme ou de la surenchère sur le fond. C'est un roman solide, instructif, roboratif qui mêle avec habileté et exigence la fiction et la réalité - et qui se tient, comme un viaduc, de bout en bout.



L'époque, le début des années 60, trouble à souhait, plus loup que chien, est formidablement rendue ; elle fait écho, un écho effrayant, au présent - on songe à la probable entrée en politique du journaliste Éric Zemmour et à sa vision fantasmée, c'est à dire approximative et mensongère, du passé.



Les personnages, dont les trois fictionnels autour desquels se structure la narration alternée, sont clairs, bien posés, crédibles ; les autres qu'on reconnaît (Le Pen, Mitterrand, Papon etc.) le sont aussi, et épouvantables de surcroît.



L'intrigue, au départ l'assassinat d'un avocat algérien commandité par le préfet de police de Paris et qui se complexifie par la suite, est l'occasion de revoir ses classiques sur le bien et le mal, la justice et la raison d'état, les parts d'ombre et de lumière avec lesquelles chacun se débat.



Un requiem certes, mais une réussite.



Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

Bon polar, correctement écrit, et surtout très intéressant par son côté historique, revenant sur des évènements oubliés ou mal connus des débuts de la Ve République, et un contexte politique qui n'est pas sans intérêt pour éclairer le présent.

Je commande le suivant de cet auteur, "Frakas".
Commenter  J’apprécie          30
Frakas

2è roman de l'auteur, ce roman nous transporte en Afrique, après quelques chapitres entre Paris et Marseille. On retrouve trois personnages de Requiem pour une République : Luc Blanchard, , devenu journaliste, Antoine Carrega/ Lucchesi, "honnête" convoyeur de drogue pour les caïds marseillais locaux et Sirius Volkstrom, /Pierre Lherbier, ex-barbouze vieille connaissance parisienne de Luc Blanchard. Les routes de ces trois-là vont se croiser en Afrique, au Cameroun. Intrigué par une organisation secrète, "La main rouge", Blanchard, à qui son journal a donné les anciennes colonies françaises à traiter, va suivre une piste qui le mène à Yaoundé. Lucchesi, de son côté, ira y chercher un cahier indispensable à son trafic. Volkstrom, quant à lui, devenu "sergent instructeur"des soldats camerounais, les rejoint par hasard. Mais on le devine vite, cette piste de la "Main rouge" est trop politique pour être tranquille, et l'on va suivre le parcours semé d'embûches de nos héros. On (re-)découvre les liaisons plus ou moins dangereuses de l'état français avec le Cameroun ancienne colonie pas très stable. Les possibles profits économiques masquent et excusent beaucoup de mauvais coups. Lecture plaisante que celle des tribulations africaines de Luc Blanchard et qqs autres. On navigue entre Histoire et film d'aventures, notamment lors de la dernière séquence. Séquence, oui, car voici un roman très visuel, qui avance bien sans temps mort. À lire !
Commenter  J’apprécie          30
Frakas

Un polar documenté, bien rythmé et parfaitement équilibré...et une toile de fond historique souvent méconnue qui a attisé ma curiosité. L'écriture de l'auteur est d'une efficacité redoutable qui évite les longueurs. Beaucoup s'attendraient à y voir un film d'action. Pourquoi pas!
Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

Un polar historique qui nous en apprend beaucoup sur une période récente de notre histoire. Ce qui m'a frappé c'est l'opacité qui régnait, on était en pleine guerre froide il est vrai, c'était une méthode de gouvernance établie et éculée, mondialement. L'auteur nous permet de plonger dans cette époque dans une atmosphère lourde, la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, d'y rencontrer des personnages historiques forts, De Gaulle, Mitterrand, le Pen, Papon, des événements encore en mémoire, les ratonnades, l'attentat du Paris/Strasbourg à Vitry-le-François perpétré par l'OAS (le plus meurtrier sur le sol français jusqu'au 13 novembre 2015). La partie romancée du livre n'est pas en reste avec des personnages très marquants, le sinistre Sirius Volkstrom pour les basses oeuvres, le complexe Antoine Carrega et Luc Blanchard le policier intègre. Une réussite à tous les niveaux.
Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

J’ai fermé le livre avec un sentiment confus.

J’ai été séduite par les thèmes abordés : le FLN et l’ OAS en France au début des années 60, ainsi que l’enquête policière menée en parallèle par un petit jeune « Luc Blanchard ».

Je suis admirative du travail d’écriture autour des personnage.

L’auteur nous amène à nous interroger sur la nature profonde des êtres. Qui est réellement détestable ? Qui est admirable ?

Il y a d’un côté des voyous, des bandits, qui trafiquent et qui molestent; mais qui sont fidèles et respectueux d’un certain code de l’honneur.

De l’autre côté des fonctionnaires de haut rang et des personnes à responsabilité qui n’hésitent pas briser tous les codes de l’honneur pour assoir leur pouvoir.

Au milieu Luc Blanchard, Antoine Carrega, Sirius Volkstrom.



Malgré cela le livre manque de rythme, j’ai souvent eu envie de poser le livre et de passer à autre chose. Il ne fait pas parti de ces livres qui me tiennent en haleine une partie de la nuit.



Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

L’événement central de ce premier roman de Thomas Cantaloube est l’assassinat sordide d’une famille entière. Celui d’un avocat algérien lié au FLN, de sa femme, son frère et ses deux enfants. Une bavure (seul l’avocat aurait dû être éliminé) qui s’est transformée en carnage et commanditée par les plus hautes instances de la police française dont Maurice Papon, le préfet en place, pour « raison d’état. »

Nous sommes en 1959 et le Général de Gaulle est revenu au pouvoir en janvier. L’état français est une pétaudière. Les opportunistes des années de guerre ont retrouvé à se placer : anciens maquisards, collabos s’allient sans aucun état d’âme. La guerre d’Algérie sévit déjà depuis cinq années. Le FLN s’oppose clandestinement au gouvernement français et multiplient les attentats. L’OAS s’oppose au FLN et à l’état. D’autres groupuscules nationalistes ou pas, vont faire leur apparition comme le SAC (Service d’Action civique), une sorte de milice parallèle qui n’hésite pas à employer la manière forte. Dans ce contexte, l’auteur bâtit son scénario autour de trois personnages. Un jeune policier Luc Blanchard, intègre mais naïf, Antoine Carrega, un ancien maquisard qui a basculé dans la délinquance et Sirius Volkstrom, un être énigmatique, manchot, ancien collabo et qui a gardé des contacts avec certains amis des hautes sphères de la préfecture de police. En suivant un calendrier précis, de septembre 1959 à avril 1962, Thomas Cantaloube va suivre chacun de ces protagonistes dans son quotidien et dans la recherche des commanditaires et auteurs de l’horrible boucherie du quai de Montebello. Luc Blanchard suit l’enquête sur ordre de sa hiérarchie, Antoine Carrega accepte d’en faire de même par amitié pour son ancien chef du maquis provençal et père et grand-père des victimes et Sirius Volskstrom suit les traces du véritable responsable, un criminel du nom de Lemaire qu’il devait superviser dans son méfait.

Tout s’enchaîne parfaitement et les trois chasseurs seront appelés à se croiser et à se connaître au milieu d’événements réels (les essais nucléaires dans le Sahara, l’attentat terroriste du train Strasbourg-Paris à Vitry-le-François, le massacre de Charonne, l’attentat de l’Observatoire) et même à rencontrer outre Maurice Papon d’autres personnages de la vie politique française comme Charles Pasqua, Jean-Marie Le Pen, François Mitterrand…

Une page d’histoire, romancée certes mais qui se lit agréablement et qui démontre que les politiques de l’époque étaient bien loin d’être des hommes incorruptibles et que la raison d’état a parfois bon dos.

Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

Au fil de la bonne cinquantaine de chapitres de ce polar historique, nous suivons alternativement et chronologiquement le déroulement de journées vécues par trois personnages qui, on s'en doute, sont amenés à se rencontrer : un jeune inspecteur de la brigade criminelle, encore pétri d'idéalisme, un "mercenaire" au service du plus offrant, y compris la police, et un truand corse plutôt vieille école qui gagne sa vie en convoyant de la drogue de Marseille à Paris. "Historique" parce qu'ayant pour arrière-plan la période troublée, sur le territoire métropolitain, de la guerre d'Algérie avant son dénouement : agissements de plus en plus violents du FLN, création du SAC et de l'OAS. En dehors de ces trois protagonistes centraux, on rencontre donc nombre de personnalités qui ont joué un rôle important à l'époque ou plus tard, au grand jour ou dans l'ombre : Maurice Papon, préfet de police de Paris, Jean-Marie Le Pen, député, François Mitterrand, sénateur de la Nièvre, Philippe Castille, activiste de l'OAS...

Au cœur du roman : un courrier envoyé par un Algérien à son frère avocat à Paris – défenseur de membres du FNL – et intercepté par l'armée, qui engendre indirectement une grosse bavure policière puisque c'est toute la famille de l'avocat, et non seulement lui, qui est assassinée. Le "mercenaire" n'est pas l'auteur des meurtres mais s'était vu confier une mission qu'il n'a pas pu remplir, tout comme le jeune inspecteur chargé de l'enquête avant son classement et comme le truand corse, qui avait combattu durant la Résistance sous les ordres du beau-père de l'avocat. Peu à peu, dans une chorégraphie complexe mais impeccable, les pièces du puzzle s'assemblent.
Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

Le principal élément qui m'a attiré envers ce livre, c'est avant tout son contexte. Sans vouloir trop m'avancer, je trouve que peu de romans, peu de fictions abordent cette important climat de tension entre l'Algérie et la France. Certes, il y eu tout de mêmes quelques films, récemment une bande dessinée appelée Algérie, une guerre française est parue.

Avec du recul, on peut toujours trouver quelques titres de fiction autour de cette troublante période dont la haine est toujours inscrite aujourd'hui. Mais, personnellement, je trouve que ces références restent noyées et peu présentes. Je rejoint l'avis de certains historiens, critiques et journalistes considérant que cette période trouble n'est pas aussi remémorée que d'autres périodes historiques de la France.

C'est pour cette raison que je me suis attardé sur le premier roman, un roman policier de Thomas Cantaloube, journaliste chez médiapart, et au final, pour une première oeuvre de fiction, c'est une entrée en matière assez réussie.

Ce qui m'a séduit dans ce titre, c'est d'abord ce trio de personnages marquants : l'ancien résistant corse qui fait désormais du petit trafic pour le milieu, l'ancien soldat pétainiste, devenue un mercenaire manchot doté d'une seule préoccupation dans sa vie et enfin le jeune flic un peu ambitieux, un peu intello qui compense sa méconnaissance de la vie par un caractère fort.

Bref, c'est des personnages qui, au premier abord, s'avèrent un peu caricaturale, il faut bien le dire... notamment avec le taiseux Carrega, le résistant corse silencieux par exemple ! Mais on délaisse bien vite ces étiquettes un peu drôles pour finir par apprécier ce trio de tête rocambolesque mais efficace.

Je pense que cet intéret provient aussi du fait que ce premier roman de Cantaloube me fait penser à certains romans de l'auteur américain James Ellroy. Nous y retrouvons également certains personnages dénués de tout manichéisme, juste des électrons libres, un peu en marge de la société, qui vont résoudre ensemble ou indépendamment une même enquête. Je pense notamment au roman Le grand nulle part.

Cela ne m'étonnerais pas que Cantaloube se soit inspiré des romans d'Ellroy qui est très bon dans l'écriture de personnages atypiques.

Après, il faut reconnaître que dans ce trio, le personnage qui se détache un peu de l'histoire, reste celui de Volkstrom, l'ancien collabo. Cela reste le personnage le plus intéressant, ou, tout du moins, celui où l'auteur semble avoir le plus de plaisir à écrire. Enfin, c'est une supposition.

Ce Requiem pour une république est une bonne suprise.

Pour en revenir au contexte, Cantaloube fournit un bon travail de recherche. Ce n'est pas un documentaire non plus mais l'auteur prend un soin particulier à fournir une intrigue révélatrice autour des méfaits de la république, autour de la haine ambiante de la part des français, de la corruption politique... Le photographe Azenstarck illustre un peu ce propos révélateur qui semble incarner l'ossature de ce roman, à savoir mettre en lumière la version clandestine par delà la version officielle.

Thomas Cantaloube, au delà de l'intrigue policière, est surtout motivé par l'idée de faire tomber le voile. Et cette objectif fonctionne bien, le roman policier et historique finit par avoir également l'efficacité d'un pamphlet contre les aspects les plus sombres de la politique de la V ème république.

Revenons sur l'enquête policière proprement dite... c'est là que le bât blesse.

Le roman est divisé en trois parties, chacune centrée sur une année 59, 60 et 61. Il faut dire que la première partie est un peu tiède. L'intrigue policière n'est pas très haletante, d'autant plus quand on commence à se douter des grandes lignes de l'enquête... Il n'y a pas non plus de bouleversements majeurs par rapport à cette enquête qui viendrait nous scotcher sur place.

En fait, j'ai le sentiment que l'auteur a préféré mettre en valeurs les magouilles autour de l'enquête plutôt que l'enquête elle-même. C'est pas un défaut en soi car le roman reste palpitant sur ce dernier point mais si vous vous attendez à une enquête majeure et marquante, vous risquez d'être un peu déçu.

Cela dit, l'auteur, encore une fois, mise avant tout son intrigue sur le contexte historique et sur ces héros marginaux qui tentent de s'extirper à leur manière de ce cadre étouffant et corrompue.

Au final, l'intrigue est pleinement centrée sur ce trio de tête dont on espère que ses membres s'en sortiront indemnes...

En qualité de roman policier historique, Cantaloube s'amuse à intégrer certains personnages réels, j'emploie le verbe s'amuser car, par moment, on sent que l'auteur se fait un petit kif, notamment pour l'introduction de Le Pen dans le roman qui ne sert tout simplement à rien !

Par contre, on peut saluer la menace que représente Maurice Papon dans ce livre... véritable ombre néfaste et pourrie de la France durant cette époque.

Par contre, j'ai trouvé Mitterrand insupportable ! :D

Il y a du bon et du mauvais dans cette dimension historique et le défaut provient de cette inclusion de personnages réels qui n'est pas vraiment indispensable...



Enfin, ne crachons pas trop sur ces quelques défauts un peu emportés, car Requiem pour une république demeure une agréable surprise.

Engagé, bien documenté, l'esprit déterminé de l'auteur et son attachant réel pour certains de ses personnages rendent ce roman policier très agréable à lire et surtout, un point important si ce n'est le plus important, il vous ouvre l'esprit sur une page vraiment sombre de l'histoire de cette chère France, parfois si sainte-nitouche envers sa délicate Histoire....

Dans le même genre, je vous recommande les romans de Romain Slocombe avec sa série sur Léon Sadorwski , inspecteur collabo et antisémite du temps de la Seconde Guerre Mondiale.



Commenter  J’apprécie          30
Requiem pour une République

Il fallait beaucoup d'audace et de confiance en soi pour écrire un tel roman dans lequel se mêlent personnages de fiction et personnages réels. Ce livre est superbement vivant, bien documenté, et profondément romanesque.
Commenter  J’apprécie          30
Mai 67

Intéressant historiquement, un peu moins moins sur le plan littéraire. L'auteur poursuit un travail de mémoire sur les événements méconnus de la Ve République gaulliste, passés sous silence car peu honorables. Mais cela reste très documentaire (encore que nous connaissons pas ou peu cette répression qui a touché des Guadeloupéens en 1967 et l'abus de pouvoir dont ils ont fait les frais, incarcérés de longs mois en Métropole sans la moindre preuve de culpabilité pour la plupart), bien que les personnages soient assez bien taillés, et il manque un joli verbe pour insuffler une vraie vie au roman. Je recommande surtout son premier livre, "Requiem pour une république".
Commenter  J’apprécie          20
Requiem pour une République

L'histoire démarre le 15 septembre 1959.

J'avais 8 mois!!!!!

Je ne connaissais pas Thomas Cantaloube, mais pour un "coup d'essai", ...vous connaissez la suite! Addictif à ce polar/thriller -car tour à tour l'histoire est vue sous l'oeil de Luc Blanchard, flic au 36, mais également sous ceux des autres protagonistes, tant les victimes que certains des acteurs de leurs temps.

Nous sommes en pleine période hésitante entre une Algérie Française ou une Algérie indépendante, ( avec ses violences quotidiennes et ses victimes innocentes), avec les naissances du SAC et de l'OAS) et déjà, on côtoie les noms de ceux qui feront parler d'eux, des décenies plus tard, tels François Miterrand, "méprisant -déjà- les autres" (sic), Jean-Marie Le Pen, le tristement célèbre Debizet et son SAC, Service d'Action Civique, qui va défrayer la chronique en 1981 avec ce que la presse et la télé ont appelé "La tuerie d'Auriol" (un inspecteur de police, ses enfants et ses parents seront massacrés dans leur bastide d'Auriol), Marcantoni (que l'on retrouvera mêlé à l'affaire Delon et au plus haut niveau de l'Etat), et d'autres.

Au milieu de tout ce "beau monde" et de la raison d'Etat qui prévaut -argument facile quand on veut s'affranchir de la loi-, un jeune inspecteur de la Crim', Luc Blanchard, et pas si "naif" (sic) que ça. Il démarre dans la police, donc il débarque avec ses illusions, et je trouve qu'il arrive très vite à voir ce qui se cache de l'autre côté du miroir et à franchir "la 7 ème case".

Comme tout flic qui démarre, Blanchard veut sauver le monde et s'investir à fond dans son métier, mais il comprendra très vite, comme le dit le commissaire Corti, héros récurent de Fred Bologsen, que "au bout de 20 ans de carrière, j'avais compris que je me devais surtout de sauver ma femme, mon fils et mes deux chats.... Dans le désordre".

Si Blanchard représente la "nouvelle vague de la police", son adjoint, Amédé Janvier dit "le gros", est le prototype de l'ancienne, porté sur l'alcool, prêt aux compromissions et compromis, et au franchissement de lignes blanches quand l'occasion se présente.

Si Janvier ne "bougera" pas, Blanchard lui, évolue....

Et puis il y a le "bandit d'honneur", Antoine Carrega, qui par fidélité envers l'un de ses amis résistants, banquier ayant perdu sa fille, assassinée avec son mari - célèbre avocat algérien et "dérangeant le pouvoir en place", et ses enfants, va enquêter en "free lance" et tenter de percer un quintuple assassinat que la presse a déjà qualifié de règlement de compte entre arabes, entre pro et anti FLN.

Concernant le nom de Carrega, je me suis demandé si l'auteur l'avait choisi par hasard, le patronyme étant réputé en Corse pour être celui qui a été plusieurs fois champion de France et du monde de ball trap ( ce dernier s'appellait Michel et le notre, dans l'histoire, Antoine).

Il y a aussi Sirius Volkstrom, homme de main au départ de Déogratias, Dir Cab de Papon, et qui a pour mission d'éliminer le vrai tueur de cette famille entière, un nommé Lemaire.

Très interessant, l'évolution du ressenti puis des agissements en conséquence de Carrega, de Volkstrom, au fur et à mesure que des voiles sont levés et que la "vérite vraie" fait surface et apparaît comme une évidence, de même que le "lien" entre Blanchard et Carrega, l'inspecteur étant devenu le nouvel petit ami de Margot, l'ex du Sécor.

Chaque chapitre, commenté par un des personnages de l'histoire, révèle son lot de surprises. Pas de temps mort, un suspens continu, un très bon premier polar.

Ne me reste plus qu'à trouver la suite des "aventures de Luc Blanchard, dans "Frakas".

Encore un de mes coups de coeur de l'année avec Colin Niel et Jeanne Benameur.
Commenter  J’apprécie          20
Requiem pour une République

Dans ce roman noir, se rencontrent trois personnages, trois destins dans cette période trouble de la guerre d'Algérie. La peinture de cette époque est réaliste, elle n'oublie pas de dresser le portrait de ces personnages sombres de l'histoire, Papon en tête. L'auteur est journaliste et nous offre une plongée sociologique comme dans certains bons polars. Les trois personnages sont décrits dans leur complexité, sans manichéisme. Ils sont avant tout à la recherche de la vérité, d'une justice qui semblent bien difficiles à atteindre.
Commenter  J’apprécie          20
Requiem pour une République

En septembre 1959, un assassinat sanglant en plein Paris met la Police et la presse dans tous ses états. Un avocat algérien, en lien avec FLN est assassiné avec toute sa famille. Dans l’ombre, le préfet Papon et le sinistre Deogratias tirent les ficelles, mais c’est sans compter sur la perspicacité d’un jeune flic, l’acharnement d’un ancien collabo manchot avide de vengeance et la détermination d’un ancien résistant corse devenu convoyeur de drogue et d’anisette. Ces trois personnages au destin diamétralement opposé vont se retrouver bien malgré eux dans une intrigue à enjeux multiples avec au centre une manipulation politique dont personne ne pourrait ressortir indemne.



Pour son premier roman, le journaliste Thomas Cantaloube réalise un joli coup avec ce roman noir au scénario diabolique et très bien ficelé dans lequel chaque personnage est construit avec un soin tout particulier, dessinant au fil des pages des personnalités complexes et attachantes, malgré la part d’ombre qui se dessine derrière certains.

A partir de cette petite histoire politico-crapuleuse, l’auteur évoque la grande Histoire, celle d’une France vivant les dernières heures de la IVe République, avec en point d’orgue morbide, l’assassinat, par la police, le 17 Octobre 1961, d’algériens pacifistes.



Au détour d’une page ou d’un chapitre, on croisera de nombreux personnages imaginaires mais aussi quelques noms importants de la Cinquième République : Michel Debré, François Mitterrand, Charles Pasqua, Jean-Marie Le Pen… puisque Thomas Cantaloube a eu la bonne idée d’entremêler faits réels (l’attentat de l’OAS contre le Strasbourg-Paris, la création du SAC, l’attentat de l’Observatoire…) et fiction, comme si de rien n’était. Et ça fonctionne parfaitement pour le plus grand plaisir du lecteur !



Les 540 pages de ce roman se lisent d’une traite ou presque avec un récit touffu, sans temps mort, dans lequel il se passe toujours quelque chose.

L’ambiance de l’époque, avec ce Paris grisâtre sur fond de Guerre d’Algérie et de répression sanglante, est parfaitement rendue par l’auteur, dans une langue presque d’époque, un peu fleurie et en tout cas très plaisante, qui évoque le cinéma en noir et blanc de la fin des années 50, des films de Gilles Grangier, (Le désordre et la nuit), Melville, mais aussi les bandes dessinées de Tardi quand celui-ci adapte Pierre Siniac ou Léo Malet.



Une grande Série noire et un polar historique passionnant qui, espérons-le, ne sera que le début d’une belle carrière de romancier pour un Thomas Cantaloube qui maîtrise déjà parfaitement les codes du genre.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
Commenter  J’apprécie          21
Requiem pour une République

Voici un roman intéressant, qui m’a bien plut, et dans lequel j’avais hâte de me replonger quand je devais faire une pause.



Contexte : Nous sommes à la fin de la guerre d’Algérie (qu’on n’appelle pas encore comme cela, puisqu’il faut attendre les années 90 pour trouver officiellement l’appellation ‘’guerre d’Algérie’’), entre 1959 et 1961.

Quoi : à Paris, un avocat algérien et son frère se font assassiner chez eux. Pour la police, c’est un simple fait divers, un simple règlement de compte entre factions algériennes rivales.

Qui : Luc Blanchard, un jeune inspecteur de police criminel, que ses collègues ne prennent pas encore très au sérieux avec ses lunettes rondes et sa tête de premier de la classe, Sirius Volkstrom, pion occulte de la préfecture de police, chargé du ménage, Antoine Carrega, ‘’bandit corse’’, convoyeur entre Marseille et Paris, engagé malgré lui, et tardivement dans l’affaire. Le Bon, la Brute et le Truand. Ce trio va se croiser, se flairer, s’entendre, se chercher, chacun manipulé, commandé, commandité par des tierces personnes, parfois à leur insu.



C’est une fiction, mais dans un contexte historique chargé. Elle plante le décor, l’ambiance, l’atmosphère de la France de ces années-là. Mais de la France de la préfecture, des instances de police. C’est une FICTION, certes, mais dans laquelle on trouve des personnages bien REELS, certains toujours en vie. Alors, quand dans cette période trouble, on tombe au coin d’une page sur Papon ( préfet de police de Paris) , Mittérand (ancien ministre à différents portefeuille) ou Le Pen ( qui a encore son bandeau sur l’œil), on se dit qu’on devra bien se laver les mains après avoir refermé le livre.



« En dépit de ces récentes lectures, Volkstrom n’était pas doté d’une grande culture politique. Mais il avait suffisamment bourlingué dans les arrière-cours du pouvoir pour comprendre que la période s’apparentait à une vaste tambouille où les affiliations d’autrefois comptaient moins que les combats tactiques du moment. Gaullistes at anti-gaullistes se claquaient la bise. Des résistants farouches faisaient bras dessus bras dessous avec des collabos. Fachos, poujadistes et nostalgiques de Vichy étaient recyclés dans l’administration ou l’Assemblée Nationale, avec la bénédiction de leurs anciens adversaires. » p 355



« Ce qui se passait dans les vespasiennes parisiennes avait vocation à rester dans les vespasiennes parisiennes » p 229



« Blanchard commençait à saisir. Son esprit moulinait de nouveau. Une famille entière trucidée dans Paris à cinq cent mètres du quai des orfèvres, c’était mauvais. Une famille franco-algérienne, ç compliquait les choses. Une épouse avec un tel pedigree, ça attirait les ennuis. Un avocat descendu, ça suscitait des questions. Un avocat descendu qui bosse avec le FLN, ça pouvait être bon ou mauvais, selon qui l’avait refroidi. Ça devenait politique. Un frère qui n’était pas censé être là, ça soulevait des interrogations…Bref, un beau bordel. » p 67

Commenter  J’apprécie          20
Requiem pour une République

Requiem pour une République est un premier roman qui présente beaucoup de qualités et quelques défauts.

L'ouvrage réussit, d'abord, dans sa volonté d'immerger le liseur dans la France du début de la Ve République. Véritable hommage au roman de gare, il dépeint une ambiance et des attitudes qui renvoient à l'imaginaire cinématographique de l'époque Gabin. Il offre de rencontrer des personnages célèbres : le Pen, Papon et un Mitterand dont le portrait mérite d'être dégusté.

C'est également un roman assez haletant, qui tient son lecteur comme on tient un lait sur le feu. Les imbrications entre les personnages sont souvent ingénieuses.

Pas parfait, toutefois : le livre n'est pas magnifiquement écrit. Il semble parfois douter de l'intelligence de ses lecteurs, en s'attardant (essentiellement à la fin des chapitres) sur les conclusions que l'histoire suggérait de comprendre.



Reste qu'une fois le livre consumé, on regrette que ce décor funeste et cette histoire de mort nous quittent, alors qu'on s'étonnait de s'y être si agréablement acclimaté.
Commenter  J’apprécie          20
Mai 67

"Mai 67" de Thomas Cantaloube, dans la Série Noire de Gallimard, s'inspire des manifestations sévèrement réprimées de mai 67, à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Une histoire méconnue des Antilles françaises.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
Commenter  J’apprécie          10
Mai 67

Qui se souvient du soulèvement, réprimé dans le sang, du département d’outre-mer, en 1967 ? Pour le dernier volume de sa trilogie, le romancier s’est replongé dans un épisode sombre et méconnu de la Ve République.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thomas Cantaloube (574)Voir plus

Quiz Voir plus

Vendredi ou La Vie sauvage

Tout au début, Robinson est accompagné par un perroquet

vrai
faux

7 questions
1056 lecteurs ont répondu
Thème : Vendredi ou La Vie sauvage de Michel TournierCréer un quiz sur cet auteur

{* *}