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Critiques de Thomas Cantaloube (143)
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Mai 67

Chronique de Flingueuse : Le billet de Chantal

MAi 67, Thomas Cantaloube

Après les soubresauts de la guerre d’Algérie (Requiem pour une République, 2019), puis l’émergence de la Françafrique (Frakas, 2021), ses deux premiers romans qui ont obtenu de nombreuses récompenses (le prix Landerneau, le prix Ouais du polar – 20 Minutes, le prix Mystère de la critique et le prix du Noir de l’histoire), Thomas Cantaloube clôt sa trilogie consacrée aux débuts de la Ve République par le soulèvement méconnu de la Guadeloupe en mai 1967.

Voici le troisième opus des aventures, si l’on peut dire, de Sirius Volkstrom, Luc Blanchard et Antoine Lucchesi, ces personnages somme toute attachants, malgré leurs côtés sombres, rencontrés dans les romans précédents de Th. Cantaloube. Ils ont vieilli, ont changé (du moins l’espèrent-ils) de vie, n’aspirent plus qu’à une vie tranquille, ou presque. Volkstrom n’a peut-être plus l’énergie physique pour être un bras armé d’une quelconque cause ; Lucchesi a vraiment décroché du « milieu »et vit en paix avec Maria dans son café marseillais ; Blanchard vit en Guadeloupe avec Lucille, de ses talents de journaliste, pas encore assez reconnus.

Oui, mais voilà, nous sommes en mai 67, en Guadeloupe justement, et tous ces équilibres fragiles vont basculer. Le point de départ du roman est un fait historique que l’on connaît peu (c’était mon cas), ou que l’on a oublié : une manifestation de Guadeloupéens protestant contre la différence de traitement entre eux, les natifs de l’île, et les Blancs, les métropolitains, malgré le fait que la Guadeloupe était un département français, et que, conséquemment, tous les habitants devaient être traités de la même manière. Hélas, de la théorie à la pratique, il y a loin ! Cette manifestation s’est terminée dans le sang, les autorités ayant reçu des consignes plus que sévères pour étouffer ces prémisses de rébellion. Le récit de Cantaloube est documenté, oscillant entre réalité historique et vie de ses personnages. On suit les trajectoires des trois héros, qui d’abord en Floride côté CIA, qui à Pointe à Pitre, qui en mer, Lucchesi convoyant un bateau pour un riche armateur. D’agréable, ce convoyage va tourner au cauchemar quand Antoine accepte une croisière supplémentaire, coincé qu’il est en Guadeloupe à cause des événements. Après tout, c’est aussi une occasion de gagner un peu plus d’argent. Mais il embarque avec lui un jeune Guadeloupéen recherché par la police, suite aux émeutes… En avant toute pour une aventure où la violence surgit très vite.

Luc Blanchard, en tant que journaliste/pigiste local, suit les événements, s’étant retrouvé un peu par hasard au beau milieu de la manif, avec sa compagne, métisse. Il assiste, impuissant, aux exactions policières, et surtout apprend fortuitement le décès du cousin de sa femme, Jacques Nestor, tué par balle. À partir de là, Blanchard va être pris dans un engrenage implacable, sa femme étant accusée de terrorisme, arrêtée et emprisonnée.

Blanchard n’a de cesse de vouloir sortir Lucille de ce piège, ce qui le conduit à Paris pour suivre le procès des jeunes Guadeloupéens accusés aussi de vouloir faire tomber le pouvoir.

L’auteur introduit habilement ses personnages dans l’Histoire , reprenant par exemple les comptes-rendus du procès de février-avril 68, évoquant les hommes politiques de l’époque, tel le commissaire Gévaudan ou Jacques Foccart ou encore un Chirac encore tout jeune. Thomas Cantaloube aurait pu être un docte historien, mais il excelle en conteur d’histoires et d’Histoire. À aucun moment on ne s’ennuie, le récit avance, avec ses moments d’action, de tension, ses moments d’amitié lors des retrouvailles des héros, ses moments d’intimité (je pense là au couple Luc-Lucille et leur petite fille Célanie), de solitude aussi (pour Volkstrom )… Et puis, ce titre, Mai 67, qui bien sûr renvoie à mai 68, dont on a quelques échos par le truchement de Blanchard, correspondant de France-Antilles.

Mai 67 est un récit qui intéressera tout lecteur curieux de pages historiques peu glorieuses, récit agrémenté d’un soupçon d’espionnage (Volkstrom) et d’aventures musclées (Lucchesi). Récit qui donne aussi bien à réfléchir qu’à se laisser porter au plaisir de la lecture. On aimerait bien que cette trilogie se poursuive … !
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Frakas

Il faut le regard acéré et l'analyse lucide de Thomas Cantaloube pour nous immerger dans ce qu'on a appelé la Françafrique et nous faire vivre une belle aventure humaine sans nous réchauffer un énième roman de barbouzes.

Et pourtant des barbouzes il y en a dans ces années 60, et ils ne sont pas là pour accompagner en douceur la décolonisation. Dans ce décor, Thomas Cantaloube, visiblement très bien documenté, nous offre un excellent roman noir, intelligent et passionnant. Chacun des protagonistes, du truand au journaliste, en passant par la métisse, le taximan ou le militant politique, court après quelque chose et ce qui les réunit c'est leur profonde humanité. J'aime quand un auteur appuie la petite histoire sur la grande pour nous amener plus loin.

À lire absolument.



#Frakas #ThomasCantaloube #SérieNoire #Gallimard #Polar #thriller #lecture #livres #chroniques #Afrique



Le quatrième de couverture :



Paris, 1962. Luc Blanchard enquête sur un groupuscule soupçonné d’être un faux nez des services secrets, impliqué dans l’assassinat à Genève, deux ans plus tôt, d’un leader de l’Union des populations du Cameroun. Une piste conduit le jeune journaliste à Yaoundé, mais il met son nez où il ne devrait pas et devient la cible du gouvernement local et de ses conseillers de l’ombre français.

Avec l’aide de son ami Antoine et d’un ancien barbouze, il va tenter de s’extraire de ce bourbier pour faire éclater la vérité.

Frakas nous plonge dans un événement méconnu du début de la Ve République : la guerre du Cameroun, qui a fait des dizaines de milliers de morts dans la quasi-indifférence générale et donné naissance à ce qu’on appellera plus tard la « Françafrique ».
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Requiem pour une République

Lorsque je me suis inscrite aux explorateurs des polars sur lecteurs.com, j'ai fait ma petite sélection de 4 livres, des auteurs que je connaissais, des valeurs sûres pour moi. Requiem pour une République n'en faisait pas partie.... honnêtement c'est un livre vers lequel je ne me serais pas tournée ...

Quelle n'a pas été ma surprise de le recevoir ! Après un premier temps de déception, j'ai décidé de m'y plonger et bien m'en a pris parce que ce livre est fabuleux ! Un véritable coup de cœur !



Dès les premières lignes on est embarqué dans une histoire sordide mais haletante, ancrée dans une réalité de l'époque, les débuts de la Ve République dont l'auteur sonne déjà le glas avec un titre très orienté.



Paris, 1959, la France est en pleine guerre avec l'Algérie, De Gaulle est à la tête de l'Etat et Maurice Papon est le préfet de police de Paris. Ce dernier commandite l'assassinat d'un avocat algérien que l'on soupçonne d'être proche de FLN. Mais cette exécution ne passe pas comme prévue... le crime est odieux et on tente de l'étouffer.



S'en suit une enquête absolument passionnante que l'on suit à travers trois personnages totalement disparates, chacun poursuit ses propres intérêts à savoir ce qui s'est réellement passé, à retrouver l’exécuteur qui s'est envolé...

Sirius Volkstrom, ancien collabo, l'homme de main de Maurice Papon, manchot mais redoutable, dont la mission n'a pu aboutir, est maintenant considéré comme suspect.

Antoine Carrega, ancien résistant corse devenu truand, les mains pas tout à fait propres mais avec un code d'honneur chevillé au corps, se retrouve mêlé à l'histoire par amitié.

Quant au jeune flic bourré d'illusions en charge de l'affaire, il va se révéler d'une grande ténacité.



Trois forts personnages dont la qualité première est d'être troubles, à la fois admirables par certains côtés mais aussi capables du pire. Aucun manichéisme chez eux, ils s'adaptent aux circonstances et tentent de s'en sortir.



Un réalisme, une maîtrise du propos et de l'intrigue, une histoire ancrée dans la réalité d'une époque, le racisme, la violence, les manigances politiques, la corruption, des dialogues criants de vérité... l'enquête est passionnante jusqu'à la toute fin.



Et puis il y a la découverte d'un épisode épouvantable de notre passé : La Nuit Oubliée - 17 octobre 1961, une répression policière d'une violence insoupçonnée sous la houlette d'hommes dont le nom résonne encore de nos jours... c'est profondément troublant...

J'avais découvert le métro Charonne à 15 ans avec les chansons de Renaud, Thierry Cantaloube m'aura ouvert les yeux sur un autre épisode peu glorieux dont on ne parle jamais.... mais sur lequel on peut entendre le témoignage du photographe Georges Azenstarck...



Je remercie Lecteurs.com et Les Editions Gallimard pour cette formidable lecture, un livre que je relirai assurément !


Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Frakas

Luc Blanchard a quitté la police pour le journalisme (voir Requiem pour la république). Dégouté des manœuvres qui ont conduit certains gaullistes à se fourvoyer avec d’anciens collabos, le jeune homme idéaliste n’a pu accepter le comportement raciste de la police française durant la guerre d’Algérie.

Embauché à France Observateur par un ancien résistant qui a bien connu son père, Luc est chargé des dossiers concernant les anciennes colonies (en gros, ceux dont plus personne ne veut entendre parler). Et enquête plus spécialement sur la mort d’un opposant camerounais à Genève deux ans avant en 1960. Ce qui l’amène à découvrir l’existence d’une guerre civile larvée dont personne ne parle dans ce pays nouvellement indépendant.

Un voyage là-bas va l’amener à comprendre une chose : l’indépendance n’est que de façade, les français continuent de mener leurs affaires comme bon leur semble et les dirigeants camerounais se taisent moyennant finance. L’armée du pays, chargée d’éradiquer toute opposition est “formée” par des officiers français et rien ne peut se faire sans les “barbouzes de la république”.

Durant son voyage il va croiser Antoine Lucchesi, un mafieux corse connu précédemment sous le nom de Carrega, venu en Afrique pour récupérer auprès de son cuisinier camerounais des papiers compromettants emportés par erreur. Et Sirius Volkstrom, un ancien collabo toujours fourré dans des affaires louches, ici formateur pour l’armée. Les trois hommes vont découvrir tous les tenants et les aboutissants de ce que l’on appelle désormais la Françafrique.

Tout comme le précédent livre, les personnages croisent des personnes fictives et d’autres moins (ici Mitterrand, Foccart, etc. ou un vendeur de pastis, traficoteur et dirigeant du Sac, comprenne qui pourra). L’auteur se plait à décrire l’arrière-cour d’une nation qui se gargarise d’être le pays des droits de l’homme et qui les bafoue allègrement. Les débuts de la Ve République sont loin d’être exemplaires et éthiques. Pour exemple, Jacques Foccart, conseiller Afrique à la droite du père n’est pas payé par l’État mais dirige une société import-export avec les pays sur lesquels il conseille le Président de l’époque ! Aujourd’hui on appelle ça poliment un conflit d’intérêt (ou moins poliment un système mafieux).



Thomas Cantaloube confirme ici qu’il est un digne héritier de Didier Daeninckx. Bravo !
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Mai 67

La Guadeloupe, département d’outre mer depuis 1946 ne bénéficie pas tout à fait des conditions de vie des départements métropolitains. D’une part, à cause du rapport de force installé par l’esclavage qui s’estompe difficilement et d’autre part par le rapport de force colonial instillant toujours un racisme latent défavorable aux populations locales. En 1967, une révolte contre des salaires bas et des conditions de vie difficiles est réprimée dans le sang. Tout l’intérêt de cette narration réside dans une construction romanesque mêlant personnages de fiction et personnages réels qui met en relief les magouilles réelles des représentants de l’État, révélant ou rappelant ainsi les vicissitudes de nos élus. C’est presque plus vrai que nature !
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Requiem pour une République

Une claque.

En pleine guerre d’Algérie, un avocat et sa famille sont assassinés dans un immeuble cossu parisien. L’homme était algérien et défendait la cause du FLN. Sa femme était issue d’une grande famille française. Leurs deux enfants en bas âge et le petit frère de l’avocat n’ont également eu aucune chance de s’en sortir.

Trois hommes aux parcours et aux profils différents vont partir à la recherche du meurtrier. Un jeune policier un peu naïf qui comprend très vite (grâce à son mentor et binôme) que cette enquête est explosive, notamment avec l’intervention de Papon et son secrétaire dès la première heure. Un corse appartenant à la pègre, à la demande du père de la femme assassinée, liés entre eux par leur appartenance passée dans la Résistance. Un ancien collabo, un mercenaire manchot qui devait éliminer l’assassin dès sa sortie de l’appartement. Mais le meurtrier ne devait tuer que l’avocat et a disparu des écrans radar. Une course poursuite haletante où les trois hommes vont parfois se rencontrer et collaborer malgré les réticences et les défiances de chacun.

Une enquête où nous verrons passer un certain nombre de personnalités réelles (dont Papon, Mitterrand, Le Pen, Debré et quelques autres politiques avec qui l’auteur n’est pas tendre), d’autres sous pseudonymes (un jeune acteur célèbre ressemblant beaucoup à Alain Delon et un réalisateur sosie de Jean-Pierre Melville).

Au-delà de cette enquête, l’auteur nous décrit à la fois la fin de la guerre d’Algérie mais surtout les débuts de la Ve République. Quand le pouvoir gaulliste va frayer avec les survivants de la collaboration, une extrême-droite puissante et un racisme endémique au sein de la police et des autorités. Une compromission qui aura des conséquences pour la suite des événements et une tâche indélébile pour la République française, dite nation des Droits de l’homme.

Le portrait sans concession d’un pays qui n’a pas encore accepté de se séparer de ses colonies, encore imbu d’une grandeur qu’il n’a plus depuis longtemps.

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Frakas

Un polar dans le contexte du Cameroun d’après l’indépendance et de la Françafrique. L’auteur est journaliste et l’éclairage qu’il apporte sur ce sujet peu connu est très intéressant. La fiction elle même est bien construite et l’équilibre avec ce qui relève de la documentation est parfaitement dosé.
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Requiem pour une République

En voilà un excellent roman policier signé Thomas Cantaloube, et en plus, c'est un premier roman, il faut le souligner.



Le lecteur va suivre un chassé-croisé entre trois protagonistes très différents mais qui vont se retrouver régulièrement tout au long de cette affaire et des différents évènement survenant dans le récit. Tout commence par l'assassinat d'un avocat algérien qui dérape puisque l'ensemble de sa famille est également exécuté. Commence alors pour le lecteur une plongée dans les arcanes du pouvoirs. L'action prend place dans une période troublée pour la République française en pleine crise algérienne.



C'est un des gros points forts de ce roman, la trame est parfaitement inscrite dans le contexte historique et le lecteur va croiser des personnages publics bien connus comme François Mitterrand ou encore Jean-Marie Le Pen.



Les trois personnages principaux, aux intérêts diamétralement opposés, sont parfaitement décrits et on se laisse complètement embarquer au gré de ce récit bien rythmé. La construction est assez classique avec une alternance entre chaque personnage chapitre après chapitre, classique donc mais plutôt efficace.



Je recommande ce roman policier maîtrisé de bout en bout, bien écrit, aux personnages intéressants à suivre et qui s'inscrit dans un contexte historique particulièrement bien retranscrit par cet auteur sur lequel il va maintenant falloir compter !
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Frakas

Thomas Cantaloube a trouvé la recette. Multiprimé avec "Requiem pour une république", il revient sur les étals des libraires avec un nouveau polar historico-contemporain. Les débuts de la Ve république restent son champ d'action privilégié et il y a trouvé tout un bouillon de culture susceptible de faire fonctionner sa marmite intellectuelle et imaginative. Ainsi "Frakas" est devenu un nouveau délice de lecture. Cette fois la majorité du récit se situe au Cameroun où l'état français, s'il a bien obligeamment offert l'indépendance aux autochtones, ne veut pas, pour autant, perdre les immenses richesses que possède le pays, en aidant les hommes politiques en place et zélés envers la France à éradiquer toute forme de constestation même armée. L'auteur utilise pour cela les ficelles qui ont servi dans son précédent opus, notamment les mêmes protagonistes comme Luc Blanchard, l'inspecteur de police devenu journaliste d'investigation, Antoine Lucchesi alias Carrega, le Corse de Marseille, ex-maquisard mais aussi truand ou Sirius Volkstrom, l'ancien membre du SAC, vétéran d'Indochine, d'Algérie et de diverses opuscules secrètes. Comme dans R. pour la Rèp., Thomas Cantaloube fouille dans les archives des ministères des affaires étrangères et surtout africaines et nous rapporte ce qu'il y trouve à travers une intrigue où apparaissent de nombreux acteurs réels du monde politique, de l'armée et de la pègre de l'époque. Et l'on s'aperçoit qu'il y a parfois collusion entre ces castes. Certains y trouveront matière à s'enrichir, au prix aussi de nombreuses exactions. Il est heureux pour eux (prescription et disparitions) qu'une soixantaine d'années soit passée. Ce roman de politique-fiction que l'on peut qualifier aussi de western africain montre que tout n'était vraiment pas beau. Puisse cette époque révolue. Hélas ce n'est pas si sûr...
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Requiem pour une République

Septembre 1959, à Paris. La famille Bentoui est massacrée, depuis le plus petit des enfants jusqu’au père, avocat algérien lié au FLN. Autour de cet assassinat sordide vont graviter trois hommes : Sirius Volkstrom, homme d’action, toujours prêt pour effectuer de sales besognes pourvu qu’il y ait une récompense à la clé ; Antoine Carrega, homme d’honneur mêlé à des trafics reliant Marseille à Paris ; et puis il y a Luc Blanchard, jeune policier naïf du 36, avec une tête de premier de la classe qu’une volonté de fer fait vite oublier à ceux qui croisent son chemin. Malgré des desseins dissemblables, ces trois hommes vont se rencontrer dans cette jeune République dont il apparaît au fil du temps que ses racines sont bien pourries…



« Requiem pour une République » constitue le premier roman de Thomas Cantaloube qui a reçu le Prix Landerneau du polar 2019 ; titre prestigieux pour une œuvre non moins talentueuse.

Ecrite sans fioriture, l’intrigue est bien construite, alternant les points de vue narratifs et nous faisant progresser dans le temps, depuis 1959 jusqu’à 1961.



L’auteur sait articuler l’intrigue fictionnelle à la grande histoire, celle qu’on n’ose écrire avec une majuscule, puisqu’elle correspond à une période bien trouble qu’a traversé la France lors de la guerre d’Algérie. L’auteur évoque çà et là quelques figures, telles Maurice Papon, François Mitterrand ou Jean-Marie le Pen, par exemple.



En marge de ces figures, louvoient les trois protagonistes de la fiction. Leurs caractères sont bien plantés, jamais de façon définitive ni manichéenne. Ils se révèlent peu à peu dans leur dimension humaine, noirceur, ombres et lumières se répondant, oscillant, tel un kaléidoscope à la faveur des soubresauts de leur existence malmenée.



Si l’action est plus prenante au début, avec le passage des mois puis des années, l’intrigue se délite un peu, perd de sa force narrative, la grande histoire reprenant le devant de la scène, avec son lot d’atrocités. Mais bientôt point l’issue de la fiction, la « petite » histoire dont certains sortent grandis.



« Requiem pour une République » est un polar passionnant, brutal en ce qu’il nous permet de replonger dans des ténèbres d’une époque pas si lointaine qui met en lumière des événements actuels, comme l’auteur le souligne en incipit à l’appui d’une interview de Pierre Joxe en 2016.
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Requiem pour une République

Manchot mais tueur loin d’être malhabile, Sirius Volkstrom a toujours navigué en eaux troubles… après avoir frayé avec les collabos durant la guerre, opéré quelques barbouzeries en Indochine jusqu’à la chute de Dien-Bien-Phu, il continue de rendre service. En l’occurrence, c’est Jean-Pierre Deogratias, directeur-adjoint du préfet de police de Pairs, Maurice Papon, qui a besoin de lui en ce mois de septembre 1959. La mission est relativement simple. Un tueur, Lemaire, doit assassiner Abderhamane Bentaoui, un avocat algérien proche du FLN qui travaille dans la capitale. À Volkstrom de tuer ensuite le tueur pour effacer toute piste éventuelle qu’un policier trop zélé pourrait vouloir suivre. Pas de chance : Lemaire se fait la malle après avoir exécuté l’avocat, sa femme et ses enfants, le jeune ambitieux et opiniâtre inspecteur Luc Blanchard veut mettre la main sur l’assassin, et Antoine Carrega, ancien résistant et petite figure du Milieu, est aussi lancé sur la piste du tueur au nom de sa fraternité d’arme avec le père de la femme assassinée de Bentaoui.

Ainsi, de l’automne 1959 à la nuit du 17 octobre 1961, Thomas Cantaloube lance ses personnages dans les dessous sales d’une Cinquième République qui se construit en édifiant son propre tas d’ordures sur celui laissé par la précédente. Dans cet inframonde ou se côtoient politiques, hauts-fonctionnaires, exécuteurs de basses-œuvres et à l’occasion, une femme ou un homme honnête égaré dans ses méandres, les alliances sont mouvantes et tiennent moins à des convictions politiques qu’a des préoccupations plus terre à terre, des jeux de pouvoir et des liens tissés dans les périodes les plus sombres.

Tout cela, Thomas Cantaloube le montre en usant d’une fiction qui respectent les codes de ce genre particulier qu’est le roman noir politico-historique dont les meilleurs représentants restent – pour moi en tout cas – James Ellroy avec son American Tabloïd, James Grady avec La ville des ombres et Alberto Garlini avec Les Noirs et les Rouges. C’est tout à l’honneur de Cantaloube de venir s’y frotter et il est très intelligent de sa part de le faire en plongeant dans cette période de l’histoire de France particulièrement riche en turpitudes.

Aux côtés de personnages imaginaires – Carrega, Deogratias, Volkstrom, Blanchard, Margot… – bien campés et suffisamment complexes pour être crédibles, Thomas Cantaloube fait apparaître ceux plus ambigus encore, bien réels que l’on connaît. Papon, bien entendu, mais aussi des parlementaires retors et ambitieux comme le sénateur François Mitterrand ou le député Jean-Marie Le Pen ou – parce qu’il faut tout de même, parfois, des personnages positifs, le photographe de l’Humanité Georges Azenstarck. En s’immisçant dans les interstices que l’Histoire laisse dans l’ombre, l’auteur vient habilement imbriquer le romanesque dans les événements du temps, 17 octobre 1961, donc, mais aussi attentat du Strasbourg-Paris de juin 1961 ou encore attentat de l’observatoire.

C’est donc un solide premier roman, dense et prenant que publie là la Série Noire, et l’on est déjà curieux de voir ce que Thomas Cantaloube a encore sous le pied.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Mai 67

Qui connaît le massacre du 26 au 28 mai 1967 sur la Place de la  Victoire à Pointe-à-Pitre?



Au cours de notre visite en touktouk de Pointe-à-Pitre, Baptiste, notre guide a immobilisé le touktouk pour nous montrer la fresque et nous conter cet épisode tragique de l'histoire de la Guadeloupe.



Le livre de Cantaloube tente de nous éclairer sur cet épisode oublié de l'histoire récente. Oublié ou occulté? Le décompte des victimes n'a même pas été établi, 8 morts, officiellement, une centaine, avance Christiane Taubira, peut-être davantage. Sans compter les arrestations, et l'emprisonnement en Métropole de syndicalistes et militants et même de personnes n'ayant pas pris part aux manifestations. 



Ce n'est pas un livre d'histoire, mais une fiction.  l'auteur est toutefois très bien documenté et livre ses sources. 



Trois personnages principaux interviennent : un journaliste ancien flic, un barbouze émargeant aussi bien à la CIA que dans les officines parisiennes d'ultra droite, un ancien truand corse, marseillais, spécialiste des convois de drogue, reconverti skipper transatlantique pour les yachts de luxe. Tous trois connaissent les coups tordus, le maniement des armes, savent donner des coups (et les encaisser). Nous allons suivre les aventures de ces tristes sires en Guadeloupe d'abord, puis à Paris avec combats de rue et barricades de Mai 68. Une France qui s'ennuie comme on l'a dit à la télé? Peut être que la Guadeloupe n'est pas tout à fait la France? En tout cas l'Etat de Droit n'y règne pas vraiment. 



Loi du genre, le roman sera bien arrosé de rhum et d'hémoglobine. Ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. Je me serais passée des vengeances personnelles. Mais l'aspect trouble de cette période, les personnages comme Foccart, les dessous pas très propres de la France sous De Gaulle sont très bien évoqués. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Requiem pour une République

Quand je l'ai vu la première fois en libraire, j'ai cru qu'il était question de la République espagnole, alors il a rejoint ma PAL aussi sec. Et puis en lisant la quatrième de couverture j'ai compris mon erreur. Il s'agissait de la France de De Gaulle et des mal-nommés événements d'Algérie. Ce livre a dont patienté avant que je me décide à l'ouvrir. Pour finalement ne plus le lâcher.

Thomas Cantaloube a la force des grands journalistes : il sait raconter des histoires en s'appuyant sur des faits réels. Si l'assassinat de la famille Bentoui qui ouvre le roman est purement fictionnelle, on assiste à l'attentat de Vitry-le-François et à la nuit du 17 octobre 1961. On rencontre aussi Mitterrand en jeune député et Papon en préfet de police, et ces deux personnages sonnent justes, comme décrit dans les journaux et comme on les imagine. Les personnages de Cantaloube donnent une vraie tonalité au récit. Sirius Volkrom, trouble et dangereux, Antoine Carrega, le bandit au coeur tendre et Luc Blanchard, le jeune flic qui comprend au fil du texte à quel point sa hiérarchie le manipule. Ce ne sont pas des personnages très originaux mais ils sont attachants. Et grâce à cela, j'ai le sentiment d'avoir découvert un pan de l'histoire que je ne comprenais que de loin.

Thomas Cantaloube a donc réussi sa mission de journaliste et d'écrivain. On en redemande !

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Mai 67

Le gaillard a du style, du panache et une solide documentation historique. Thomas Cantaloube est publié dans la série noire alors qu'il est surtout question de basse politique, manifeste dans la répression du colon français envers un département de seconde zone, la Guadeloupe.

Les faits exhumés suscitent l'indignation du lecteur et de Luc Blanchard, la belle âme du trio formé au cours de deux épisodes précédents que je n'ai point lus.

Les deux autres, durs et cyniques, ne se mouillent pas, sauf à rendre service ou à rembourser une dette d'honneur.

Même si je pressens l'auteur être plus proche de la gauche que de la droite - en 67 on délimitait les camps ainsi- , je note quelques accents "café du commerce" sur la politique en général, du style y' en a pas un à sortir du lot, sauf Claude Estier, membre du futur PS.

Cela dit, je reprends volontiers une tournée, en Algérie, cette fois, (Requiem pour une République), car rares sont les talents à entrelacer grande histoire et menus destins, révisant au passage l'écriture officielle d'événements où le pouvoir a déraillé.

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Frakas

Ainsi pour ce livre plébiscité, je vais à contre courant. Le premier tiers se tient, les parcours de trois personnages différents en France, un journaliste (ancien flic), un marin corse et un cuisinier camerounais, se croisent et mènent vers un point commun, l'Afrique. En ces débuts d'indépendance des "colonies africaines", la France Afrique sale se met en branle. On y rencontre les personnages clés de la politique extérieure et de l'influence souterraine comme Jacques FOCCARD.

Mais dès l'arrivée au Cameroun de nos héros, tout part de travers, les grosses ficelles, un personnage tombé des nues et des coïncidences aussi grosses que des éléphants. A un moment je me suis cru dans un film de Belmondo. Ce série noire a toute fois le mérite de dénoncer des faits peu connus au Cameroun, pays que le France souhaitait à tout prix conserver.
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Frakas

Frakas raconte l’histoire de trois hommes qui se sont vaguement connus dans le passé (mais qui n’en ont pas gardé que de bons souvenirs), que le hasard réunit dans une aventure africaine, camerounaise plus précisément, et qui vont devoir s’associer et s’entendre pour sauver leur peau : Luc Blanchard, un ancien de la Brigade criminelle, reconverti dans le journalisme, part pour Yaoundé enquêter sur l’assassinat d’un leader indépendantiste ; Antoine Luccessi, tenancier de bistrot à Marseille et passeur de drogue, part en urgence pour retrouver son cuisinier camerounais et surtout un document important que ses patrons lui réclament ; Sirius Volkstrom est déjà sur place et essaie de faire oublier un passé militaire encombrant en formant des recrues locales.



L’une des caractéristiques du roman policier africain (j’entends ici un roman écrit par un auteur du Continent) est d’utiliser ce genre littéraire populaire pour aborder des questions politiques, économiques ou sociales. Les exemples sont nombreux : Mongo Beti (Trop de soleil tue l’amour), Guy Josué Foumane (Les disparus d’Abomé) ou Simon Njami (Cercueil et Cie) pour ne citer que des écrivains camerounais. De la même manière, Thomas Cantaloube prend comme base de l’enquête de Blanchard les « événements » au cours desquels, de 1955 à 1962, l’Union des populations de Cameroun (UPC) a combattu par les armes la puissance coloniale puis, après l’Indépendance en 1960, un régime fantoche asservi politiquement, économiquement et militairement à la France. Cette guerre de libération devenue guerre civile a fait des dizaines de milliers de morts selon plusieurs sources.



L’originalité ici est de situer l’action de Frakas cinquante ans en arrière, en 1962 exactement. Si l’on excepte les Sud-Africains James McClure et Wessel Ebersohn , dont les romans ont été écrits à l’époque de l’apartheid, aucun auteur africain de romans policiers n’a choisi à ma connaissance l’époque coloniale comme cadre d’une intrigue. Même Mongo Beti, dont les premiers textes très engagés politiquement datent du milieu des années cinquante et qui n’a choisi d’écrire un roman policier qu’en 1999, situe Trop de soleil tue l’amour dans la période post-coloniale. Avec Frakas, les lecteurs sont donc plongés au cœur d’événements mal connus de l’histoire de l’Afrique : peu de gens aujourd’hui s’intéressent à cette période et, à l’époque, la France avait les yeux plutôt tournés vers d’autres « événements » en Algérie.



Thomas Cantaloube revient ainsi sur les manœuvres des politiques et le rôle des militaires en ce tout début des années soixante et sur les méthodes employées : arrestations arbitraires, torture et exécutions sommaires, villages rasés, populations déplacées… Il montre aussi que cette volonté de contrôler et de dominer le Cameroun s’appuie sur des réseaux dissimulés (le SDECE en particulier, dont les agents jouent un rôle central dans Frakas) pour organiser des groupes d’influence qui seront présents dans d’autres Etats et qui constitueront ce qu’on appellera la Françafrique. Pour rendre l’histoire encore plus véridique, le roman mêle à des personnages fictifs des personnalités bien réelles de la vie politique d’alors, comme un ancien Haut-Commissaire devenu Premier ministre de la Cinquième république, le maire d’une grande ville du sud de la France ou l’un des proches conseillers pour les affaires africaines du Président de la république. Que leur rôle soit public ou occulte, tous s’agitent pour servir les intérêts de la France… quand ce ne sont pas les leurs.



Dans ce contexte, tous les moyens sont bons pour garder la mainmise sur les affaires et l’on comprend qu’un fouineur comme Luc Blanchard n’est pas le bienvenu à Yaoundé. Lui et ses camarades de circonstance ont donc fort à faire pour mener à bien leurs missions respectives. De courses-poursuites urbaines en fuite à travers la forêt, dans une 2 CV hors d’âge ou en hélicoptère, le roman devient vite un roman d’aventures. Au lecteur de découvrir l’issue de ce roman à suspense qui se lit avec plaisir.



Bien que l’auteur ait intégré dans ce second roman son expérience de journaliste d’investigation et d’essayiste, on peut regretter qu’il n’ait pas développé une analyse en profondeur de la situation. Mais, plutôt que de proposer au lecteur un travail historique documenté à l’image de Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) , il a choisi de passer par un genre littéraire qui lui donne une plus large audience et inscrit son roman dans la littérature de dénonciation qui caractérise le roman policier africain.



Merci à Gallimard et à la directrice de la « Série noire » de m’avoir fourni l’occasion de ce commentaire.


Lien : https://www.polars-africains..
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Frakas

Attachez vos ceintures, l’histoire est brutale. A l’image de ce que fut la colonisation, mais aussi la décolonisation car le pays colonisateur ne voulait pas se séparer d’une poule aux œufs d’or, c’est-à-dire, donner soi-disant une indépendance tout en voulant continuer à exploiter et se garder les richesses par tous les moyens possibles, y compris par les armes.



En novembre 1960, Félix-Roland Mounié est assassiné à Genève, empoisonné par un envoyé de la SDECE, William Bechtel, se faisant passer pour un journaliste. Figure de l’indépendance du Cameroun, il avait succédé à Ruben Um Nyobe, lui-même abattu par l’armée française en 1958. De ces faits historiques, Thomas Canteloube va les réintroduire dans un thriller politiques où personnages de fiction alternent avec des personnages réels pour remonter le fil de l’emprise de la Françafrique lors de sa naissance dans les années 60. Là, c’est le jeune journaliste Luc Blanchard appuyé de son chef direct, René Hartmann, qui va enquêter dans les nébuleux services français, sur le territoire et jusqu’à Yaoundé. Mais, évidemment, les conseillers de l’ombre ne souhaitent pas que l’on soulève les boites malodorantes et vont faire pression sur le reporter. Dans cette course à la vérité, il rencontrera Antoine Lucchesi, un honnête trafiquant s’étant lié d’amitié avec Alphonse son cuisinier camerounais et militant à l’Union des Populations du Cameroun, Sirius Volkstrom, un mercenaire à la limite de la caricature, Casimir, aussi énigmatique que généreux et Lucille, une métisse originaire de la Guadeloupe se sentant de nulle part et de partout.



Thomas Cantaloube signe un polar époustouflant, jonglant avec brio dans la fiction pour mieux faire saillir la réalité. Après avoir enregistré tous les noms des intervenants et en resituant le contexte, le lecteur est prêt pour avaler l’incroyable cavalcade d’un journaliste en quête de vérité.



Un roman est parfois plus pertinent qu’un reportage ou qu’un essai et c’est avec joie que l’on peut accueillir cet opus mettant en scène l’un des pères de la Françafrique, l’homme de l’ombre dans toute son énigme : Jacques Foccart. La liste des pays est longue… Le Congo, bien que d’influence belge, avec la sécession katangaise, le Togo, le Niger, le Tchad, le Gabon ou nommé parfois le « Foccartland » avec le clan Bono – et justement, très judicieux le choix de l’auteur d’aller faire un saut à Libreville – et, et, le Cameroun ! Le massacre perpétué par l’armée française en pays bamiléké reste encore trop méconnu. Pourtant le chiffre de plus de 100.000 morts devraient apparaître dans les manuels scolaires, dommage que ce soient les vainqueurs qui fassent l’histoire. Le colonéalisme a gagné puisque la résistance nationaliste a été effacée. Pourtant elle a lutté pendant de nombreuses années, de 1957 à 1970. L’indépendance n’entraîna pas un état souverain mais un état sous tutelle moyennant des avantages à ceux qui acceptaient cette administration mixte… Frakas, même si romancé, en est une parfaite transcription.



Thomas Cantaloube a démissionné de ses fonctions de journaliste pour se consacrer à l’écriture. Mais son empreinte demeure et il n’oublie pas de faire référence à une autre indépendance malmenée, celle de la presse.



En remerciant BABELIO pour l’envoi de ce livre
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Frakas

C'est pas mal. Ce bouquin doit être le deuxième, car il m'a manqué certaines références de personnages pour en apprécier complètement le récit.



Une histoire qui mêle politique et gangstérisme, depuis Paris, Marseille jusqu'au Cameroun. Peu de temps par!s l'indépendance. Bel effort de récit historique. C'est plutôt bien ficelé, bien écrit. Il manque un tout petit peu de souffle pour passer à l'excellence, mais ça vaut le coup d'oeil.



Il y a un ex-policier devenu journaliste, à Paris, en proie à sa hiérarchie, ça arrive.



Un tenancier de restaurant qui a perdu un cahier.



Et tout ce beau monde se retrouve à Yaoundé et à Douala.



Peut-être que je lirai les autres bouquins de la série.
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Requiem pour une République

Un très bon roman mêlant enquête et faits historiques.



Ce livre avait tout ce que j'attendais de ce genre de roman. Une plume avec du style, des dialogues avec de la répartie. Les personnages bien que peut-être archétypes de la littérature noire étaient malgré tout bien construits et plutôt attachant.

Et enfin derrière l'affaire, on s'instruit sans avoir l'impression d'avaler un cours d'histoire ni un cours sur la politique.



Tout est bien dosé.

J'ai aimé suivre l'affaire de base à travers la France de la fin des années 50, début des années 60.

Un contexte particulier, un climat sombre qui est ici bien décrit et qui est un devoir de mémoire.



J'ai adoré comment l'auteur mêle fiction avec faits et personnages réels.

J'ai d'ailleurs été bien surprise de voir apparaître certains noms et j'ai parfois rigolé.



J'ai passé un très bon de lecture même si c'est un livre assez dense, l'écriture est fluide et c'est très agréable.



Bref, j'ai totalement adhéré et j'ai hâte de retrouver et le style de l'auteur et ses personnages.
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Requiem pour une République

Thomas Cantaloube évoque ici les premières années de la cinquième république, qui furent aussi chaotiques que celles que nous vivons de nos jours. On va côtoyer des politiques, des hauts fonctionnaires, mais aussi des malfrats, mais aussi une femme et un homme honnête.

Tout débute par l’assassinat d’un avocat algérien proche du FLN, commandité par Maurice Papon, qui est le préfet de la police de Paris. Abderhamane Bentoui, avocat, est soupçonné de fricoter avec les indépendantistes algériens. L’exécution ne se passe pas comme prévue .

Tout s’organise autour de trois personnages qui vont être à la recherche du meurtrier.

Un jeune flic, Luc Blanchard, novice dans la profession et qui va vite découvrir les coulisses de la préfecture de police .

Antoine Carrega, le truand corse qui rend service à son compagnon de la résistance, Aimé de la Salle de Roquemaure, dont la fille vivait avec l’avocat assassiné . Elle est morte avec lui, ainsi que leurs deux enfants.

Sirius Volkstrom,qui devait tuer Carrega, après le meurtre mais surtout homme à tout faire de l’extrême droite.

Une maitrise de l’intrigue, une histoire ancrée dans la réalité de l’époque, le racisme, la violence, les manigances politiques. L’enquête est passionnante du début jusqu’à la fin.

Deux épisodes de notre passé sont relatés:

le 18 juin 1961, il y a eu l’attentat du Strasbourg-Paris,le déraillement est provoqué par une bombe placée sous le rail et qui explose au passage du train.La bombe aurait été placée par l’OAS, dans le cadre de la guerre d’Algérie.

La Nuit Oubliée – 17 octobre 1961 .Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d’Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Pendant plusieurs décennies, la mémoire de ce épisode majeur de la guerre d’Algérie sera occultée.

L’évocation de ces faits historiques n’est pas pesante dans le livre.

je peux dire que Requiem pour une République est un polar historique dont la trame policière est aussi intéressante que le fond politique.

Thomas Canteloupe a su mêler, pour un premier roman faits réels et fiction avec une maîtrise parfaite.



Difficile de ne pas être touchée par ce livre qui nous rappelle ce que fut cette période, qui fait partie de notre Histoire.
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