AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Thomas Giraud (54)


Plus tôt, vers 8 heures, la nuit ne cédant pas encore tout à fait, Jackson marche sous un ciel sale, un gris louche, à peine quelques reflets foncés et plus clairs emmêlés. Du plus loin qu'il puisse regarder, il ne voit qu'un seul gros nuage lourd comme du plomb qui couvre de toute son étendue l'obscurité, mettant du sombre au sombre.
Commenter  J’apprécie          150
Sur l'eau, tout s'allonge. On a l'impression d'être capable d'englober d'un seul coup d’œil ce qui nous aurait demandé plusieurs mouvements des yeux, on étire le regard pour rendre toute chose horizontale. Et de toute façon, si on ne le fait pas, c'est le paysage qui décide, étire alors le regard à sa manière. Rien ne vient rompre l'horizon, pas de maisons, de meules de foins pour ponctuer cette grande nappe bleue.
Commenter  J’apprécie          100
« Je ne veux pas recommencer à vivre là-bas comme j’ai vécu ici. Ailleurs sera mieux car ailleurs est toujours mieux. » (p. 78)
Commenter  J’apprécie          70
Il a l’intuition que le groupe peut faire quelque chose, modifier davantage que l’individu.
Commenter  J’apprécie          70
Certains ont dit que c'était un suicide déguisé, que tu n'avais plus soif de rien, qu'on ne traversait pas l'Atlantique avec si peu de moyens, avec ce bateau inapproprié sans en attendre quelque chose. Personne ne sait, personne ne peut savoir, personne ne pourra savoir. Il faut faire avec, ce peut-être qui, je crois, était le peut-être que tu acceptais aussi : les choses n'étaient probablement pas tout à fait claires pour toit entre le fait de vivre, de mourir ou même d'être entre les deux ou, par moment, au-delà. (p166)
Commenter  J’apprécie          60
On ne vit pas dignement dans un milieu qui a été trop longtemps corrompu.
Commenter  J’apprécie          60
Il y rumine des colères qui ne sont jamais des coups de sang (il n'appartient pas au cogneurs de sang), mais plutôt des frustrations et des tiraillements d'enfants, jusqu'à ce qu'Élysée parviennent à construire des bouts de pensées qui sont des réflexions d'enfant, prémisses d'une littérature à venir, et qui lui permettront de contenir ses agacement.
Commenter  J’apprécie          60
L’observation d’une grève, l’amitié qu’il imagine entre les ouvriers, l’unité indéfectible qu’il suppose vont contribuer à rééquilibrer un peu ses centres d’intérêts. Jusque-là, la nature était omniprésente et la part qu’il faisait à la politique ou à la philosophie politique était réduite aux ouvrages. Il ne notait rien sur les hommes. À partir de cet épisode, il fait entrer l’intervention humaine. C’est l’occasion d’adopter une nouvelle méthode : il note ce qu’il voit sur les hommes et ce que cela lui inspire. Mais ce sont les hommes, le groupe, qui l’intéressent, pas les individus, en tout cas pas pour ses notes.

Commenter  J’apprécie          60
Et puisque tu n'étais pas toujours optimiste, tu avais lu que se noyer n'était pas aussi impressionnant que ça. Une légère angoisse pendant quelques secondes, ensuite, c'est comme si on tombait de haut, de très haut, sur le duvet. Et puis plus rien, absolument rien.
Commenter  J’apprécie          20
"Le déchaînement dans l'immensité, la solitude fragile, les journées de plus en plus seul, les nuits plus sombres, les vagues plus proches ne t'effrayaient pas plus que ça. ‹ Ça › étant un instrument de mesure dont toi seul connaissait la conversion en langues admissibles pour les autres. Tu parviendrais toujours à t'en sortir. Et puis à un moment donné, Il fallait faire. Dans l'eau, dans le vide, peu importe mais se jeter sinon on finirait à s'habituer à tout de soi-même."
Commenter  J’apprécie          20
Ses bouts de pensée s'allongent.

Bouts de pensée : Est-ce que la goutte d'eau que je caresse à un endroit du ruisseau aura la mémoire de ma caresse, plus loin, au moment de se jeter dans un fleuve ? Et cette mémoire, l'eau l'aura-t-elle encore au moment de se jeter dans la mer ? Et si ce sont des mots, resteront-ils prisonniers dans les gouttes jusqu'à la mer ? Est-ce que je peux marquer la nature, sculpter cet espace ? Est-ce que je peux raconter la nature en prenant des parties se fondant dans un tout ?
Bout de pensée : On ne peut pas vivre avec humanité et manger des animaux. Les manger, c'est d'abord les tuer, lâchement, après avoir organisé soigneusement leur vie pour en faire une petite vie. Je ne veux que regarder les animaux. Apprendre en les observant.
Commenter  J’apprécie          22
Bout de pensée : Est-ce que je n'ai pas le droit de rester assis à regarder les feuilles des arbres ?

Bout de pensée : Je voudrais passer ma vie à transporter les pierres dorées et à ne plus avoir à exécuter les ordres de mon père.

Bout de pensée : Que sait-il de la fraîcheur de l'eau ? Que sait-il de l'odeur des raisins mûrs dans les vignes ? Il ne fait que marcher, traverser, sans s'arrêter. Il ne sait ni sur nous ni sur les choses.

...

Bout de pensée : Jusqu'à quand devrai-je lui obéir ?

Bout de pensée : Il ne connaît rien au vide, à l'intérêt du vide. Il ne pense qu'à remplir.
Commenter  J’apprécie          20
Quelques instants de satisfaction intérieure et puis, repoussant une mèche de cheveux ou se frottant les yeux avec la paume des mains, il retrouve des pensées plus mélancoliques, presque sinistres, qui lui permettent progressivement de chasser l’enthousiasme de mauvais aloi, la vision et l’intuition du bonheur achevé pour parvenir à la difficulté, à tout ce qu’il faudra faire. Les choses concrètes qu’il faut dire. Il manœuvre avec lui-même, marmonne et s’enjoint silencieusement à de l’austérité, de la sobriété avec quelques petits trucs qui produisent toujours chez lui un vif effet : les sermons des prêtres sur les tombes des enfants morts, la brume, le souvenir de certains cours magistraux faits par de vieux enseignants chevrotants et en habit, leurs mains tremblantes. Et surtout, ne pas se laisser aller à ce qui fait les miracles, le scintillement, les solutions aux problèmes trouvées dans un écart de la pensée, par hasard. Ne pas oublier le bruit de tuiles que l’on brise une à une, ces bruits de toits qui s’écroulent.
Commenter  J’apprécie          20
Élisée persiste à penser que la beauté n'est pas le fait des hommes mais seulement de la nature, organisée ou pas par Quelqu'un ou quelque chose, mais au moins par la nature. Pourtant, le travail des hommes s'adaptant à un paysage peut être beau. Il lui faut un peu de temps pour réaliser on ne doit pas enfermé l'espace dans l'immobile.
Commenter  J’apprécie          20
Elle fait de la passion d’Élisée pour les pierres un indice de son déracinement à venir : ces petites pierres qu’il ramasse et cache un peu partout après les avoir fait voyager, parfois d’une poche à l’autre, parfois d’un champ à son matelas, parfois d’une vigne à une autre. Mais elle a le sentiment que ses mélancolies à lui seront, comme les siennes, faites pour s’installer durablement dans un lieu, sans bouger, ou sans bouger trop loin, et que ses mélancolies porteront sur l’imagination. Ses mélancolies resteront des mélancolies, des regrets, des projets rangés. Il ne partira pas. Il pourrait être comme elle, instituteur privé. Élisée a quelque chose d’un brin besogneux, peut-être de fragile, lié à sa petite taille, et elle ne pense pas qu’Élisée, contrairement à Élie, sera enclin à abandonner la terre et les gens avec lesquels il vit. Il n’a pas l’espièglerie et l’audace d’Élie. Et il paraît si prudent, son Élisée, il a besoin, pense-t-elle, d’être rassuré. Elle aussi, de savoir que ce petit-là, un de ses petits, restera près d’elle, ou au moins pas trop loin. Elle voudrait pouvoir continuer à chuchoter avec lui.
Commenter  J’apprécie          20
Il y en avait beaucoup d’autres ; douze, en plus d’Élie et de celui qui n’a pas vécu, c’est beaucoup d’enfants. Peut-être furent-ils quinze. La maison familiale de Sainte-Foy-la-Grande était trop petite pour tous ces enfants. C’est autour, dans les limites de la Rance, du Vinairols et de la Dordogne, dans les paysages de ce début de Périgord qu’Élisée s’est indiscipliné, en marchant, en courant et regardant plus que les promeneurs, en ramassant beaucoup de pierres.
Commenter  J’apprécie          20
Tu te montres, te démontres à toi-même et aux autres : la consistance et l'étendue de ta pensée dispersée, maladroite, émouvante, instable. (p126)
Commenter  J’apprécie          10
Tomber, s'écrouler sans se rattraper. Disparaître de l'endroit où l'on est, de la surface que l'on occupe pour se retrouver plus bas, invisible presque, car mélangé avec le sol. (p100)
Commenter  J’apprécie          10
Tu voudrais oser ce que les téméraires évitent. C'est que le timide voit tout très grand, les montagnes ont toujours la taille d'une montagne alors que l'audacieux sait distinguer monts, vallons, collines, montagnes, pics et les plus hauts sommets qui seuls l'intéressent. Dans cette hiérarchie, l'audacieux, habitué, sait bien ce à quoi il peut s'atteler alors que le timide se lance, oublieux, mal renseigné, mais il se lance. Et en se lançant, il a souvent le rouge aux joues et un grand rire pour se donner du courage ou pour rire de lui-même, de ce dont il se sentait incapable car il n'a pas envisagé un instant d'être là. Des fiertés sottes et secrètes qui rendent certaines fragilités royales.
Commenter  J’apprécie          10
Bout de pensée : Est-ce que je n'ai pas le droit de rester assis à regarder des feuilles des arbres ?

Bout de pensée : Je voudrais passer ma vie à transporter les pierres dorées et à ne plus avoir à exécuter les ordres de mon père.

Bout de pensée : Que sait-il de la fraîcheur de l'eau ? Que sait-il de l'odeur des raisins mûrs dans les vignes ? Il ne fait que marcher, traverser, sans s'arrêter. Il ne sait ni sur nous ni sur les choses.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thomas Giraud (142)Voir plus

Quiz Voir plus

Le suivant sur la liste

Quel est nom de la clinique où se trouve Timothée?

La clinique des Colombes
La clinique des Pélicans
La clinique des Cigognes
La clinique des Vautours

6 questions
62 lecteurs ont répondu
Thème : Le suivant sur la liste de Manon FargettonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}