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Critiques de Thomas McGuane (57)
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L'homme qui avait perdu son nom

J’aime l’écriture de cet auteur ; elle me fait voyager, elle m’embarque dans un Montana sauvage aux teintes emprises de nostalgie, elle me confère un sentiment de liberté, de grands espaces, elle m’emmène dans un musée à ciel ouvert où chaque détail de la vie quotidienne se voit comme une peinture. Dès que Tom se met à décrire ses alentours, j’ai le sentiment de me retrouver face à une toile et en spectateur privilégié assiste au vernissage de son exposition intitulé ‘vision du ranch sans nom’.



De quoi traite ce roman de Tom McGuane ? J’aurais tendance à dire que je m’en balance. Je ne lis pas du McGuane pour son histoire mais pour son décor, son ambiance, sa chaleur. Il ne se passe pas une page sans que je me dise ‘j’y suis’. Enfin. Dans un Montana où pour une fois il n’est pas question de pêche à la mouche mais plutôt de ranch en perdition, de cow-boys gestionnaires, de banquiers et de crises financières. Il ne se passe pas une page où mon esprit me dit ‘j’y reste’ car c’est le genre de lecture qu’il se plait à faire durer et à échafauder des délires sur quelques bisons paressant tranquillement en attendant l’heure de se retrouver découper en T-Bone et griller sur le barbecue.



Les mots sentent le terroir, respirent le vieux whisky, parfument de poussière râpeuse mon stetson. Peu m’importe s’ils font éloge de lenteur et d’inaction. Peu m’importe s’il ne s’y passe pratiquement rien là-bas, hormis des choses anodines du quotidien qui ne méritent même pas d’être mentionnées ici. Juste une pinte de whisky à boire, juste un soutien-gorge à dégrafer, cela me suffit amplement. Car c’est ça la vie sauvage dans un ranch du Montana : des instants de passions et d’autres, expectatives.



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Quand le ciel se déchire

« Quand le ciel se déchire » est un imposant recueil de quarante-cinq nouvelles qui regroupe des textes déjà parus dans trois volumes (« Comment plumer un pigeon », « En déroute » et « La fête des corbeaux ») auxquels s’ajoutent quelques inédits.



Thomas McGuane y aborde une diversité saisissante de protagonistes un peu paumés, de situations abracadabrantes et nous conte une époque révolue, celle du siècle dernier dans le cadre enchanteur du Montana. Il regarde ses personnages avec un mélange d’ironie et d’empathie, qui les rend attachants mais jamais mièvres et marche parfois sur un fil quand un dénouement elliptique frôle l’étrange. Sa prose ciselée et teintée d’humour insuffle surtout la poésie des grands espaces vierges et sauvages du Montana dans chacune de ses pages.



Les nouvelles de « Quand le ciel se déchire » se dévorent avec une facilité déconcertante, elles sonnent toujours juste, sont souvent drôles, parfois déroutantes et quelques fois tout simplement géniales.



Le romancier Thomas McGuane, compagnon de route de Jim Harrison, trouve ici sa place auprès des plus grands nouvellistes américains : Raymond Carver qui a donné ses lettre de noblesse au minimalisme en s’attachant à décrire avec une humanité touchante les destins cabossés des cols bleus et John Cheever, prince du raffinement, qui a dépeint avec une délicatesse infinie une certaine aristocratie décadente de l’Amérique du siècle dernier.
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Sur les jantes

Ce livre est un road-movie dans les profondeurs de l'âme humaine. Au fil de cette histoire d'un médecin radié par ses pairs pour faute professionnelle, alors que lui-même se sait innocent de cette faute (avoir aidé une de ses patientes à mourir) mais coupable d'une autre que tout le monde ignore (il a poussé au suicide un mari brutal qui avait tué sa femme) c'est la psychologie du personnage qui est découpée au scalpel par un auteur qui analyse jusqu'à l'extrême limite l'histoire d'un homme que la vie use et grignote petit à petit tout en l'amenant à plus de conscience sur lui-même et à moins d'illusions sur la vie en général. Riche, concret, prenant, avec quelquefois un côté un peu larmoyant qui empêche d'adhérer totalement au personnage, ce livre décrit impitoyablement les rapports humains et le stress qu'engendre en nous le regard des autres, dans une écriture superbe et précise qui alterne descriptions psychologiques, descriptions de la nature et dialogues avec brio. En dépit de quelques longueurs qui donnent parfois l'impression de tourner en rond et du côté un peu décousu des événements qui s'enchaînent les uns aux autres j'ai vraiment aimé ce livre qui pose beaucoup de questions sur le désarroi de vivre, dans ce style très américain qui incite le lecteur à fraterniser avec le personnage, sans juger mais plutôt en étant renvoyé à lui-même.

L'humour, incisif et mordant, contribue largement au plaisir que j'ai eu à lire ce livre. Thomas Macguane est un auteur que je découvre mais dont je lirai d'autres oeuvres.

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Le club de chasse

Dans un ranch, il y a une bibliothèque. Et dans une bibliothèque, des livres. Jusque-là, rien de nouveau à l’ouest. Mais au Montana, les romans se classent en fonction de leur passion pour la pèche à la mouche ou pour leur amour des bisons. Dan O’Brien côtoie Jim Harrison, Rick Bass se colle à Richard Ford, Richard Brautigan discute avec Raymond Carver tandis que James Welch bois un verre avec James Crumley. Bref, que du beau monde, que de l’essentiel pour illustrer ce panorama du Montana. Et puis, il y a ce type, Thomas McGuane, pas le genre cowboy, ni le genre paumé ivre mort. Plutôt bourgeois.



Sur les livres, il y a des couvertures. De beaux paysages du coin et du cru (surtout pour ma vieille éditions 10/18). Avec des animaux sauvages et des bisons. Dans le cadre de ce « Club de Chasse », une aquarelle de Karl Bodmer, peintre illustrateur franco-suisse du XIXe siècle avec tout un troupeau de bisons. Aquarelle que tu peux voir sur mon blog (Interlude publicité). Le bonheur, presque. Pas un fusil, ni même un cadavre. Juste de belles et majestueuses bêtes en pleine liberté. DES BISONS ! C'est beau un bison, vous ne trouvez pas mesdames ?



Tu vois où je veux en venir. Je parle de grands auteurs, de ma bibliothèque, des bisons en liberté… Mais toujours rien sur « Le Club de Chasse » de Thomas McGuane. Un grand auteur du Montana, souviens-toi de « La Source Chaude », remember « L’homme qui avait perdu son nom »… Je crois que pour ma part, je vais oublier ce club, parce que je m’y suis pas mal ennuyé. Je n’ai jamais été intégré à cette réunion de bourgeois pourtant rempli de goujats. Je dois être un peu trop rustre pour ces bourgeois gentilcow-boys.



Je crois même qu’avec le recul (d’un fusil de chasse), je serais incapable de te faire un résumé aussi clair que l’eau qui coule de la rivière. La nature est belle, les hommes fourbes, les messieurs de grands gamins imbus et riches. Bref, pas de quoi sauver l’humanité et si ce club de chasse devrait s’effondrer suite à par exemple la destruction d’un barrage déversant sa haine de flots aqueux dessus, je n’irai pas verser ma petite larme pour cette perte guère précieuse. Oui, j’aime Thomas McGuane, mais je n’ai que trop peu apprécier ces moments-là passés en compagnie de ces quelques bourgeois venus s’encanailler après leur semaine de travail à Detroit.
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Quand le ciel se déchire

Cette édition réunit des nouvelles déjà parues dans trois volumes (Comment plumer un pigeon - En déroute - La Fête des corbeaux) auxquelles s'ajoutent quelques histoires inédites.

La plupart de ces 45 nouvelles se déroulent dans le Montana, le pays de McGuane, un pays de bétail, de terres agricoles, de grands espaces et de petites villes peuplées de toute une variété de personnages un peu rudes ou un peu en déroute. Des âmes égarées par de mauvais choix, faits par lâcheté ou bêtise, ou par des incidents malheureux. Toutes racontent en vrac une Amérique perdue. Entre rébellion et solitude, nostalgie d'un passé mythique et présent déprimant, ces histoires teintées d'humour, de lucidité ou de mélancolie sont finement observées, même si leur portée sociale est limitée et leurs conclusions parfois assez nébuleuses.

Tout l'intérêt de cette copieuse compilation de 667 pages est de découvrir comment les histoires de McGuane sont devenues plus complexes au fil du temps, à la fois plus sombres et plus drôles. Une bonne façon de découvrir cet auteur qualifié d'enfant terrible de l'Amérique.
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La source chaude

Pendant les années 70, McGuane a été surnommé Capitaine Barjot, à cause de la vie de bâton de chaise qu’il y a mené durant quelques temps, et souvent avec son complice Jim Harrison. Tom McGuane et Jim Harrison se sont rencontrés sur les bancs de l’université … C’est Tom McGuane qui va conseiller à Jim Harrison, alité pendant un mois suite à une blessure à la colonne vertébrale, d’en profiter pour écrire un premier roman. Ce sera « Wolf », qui fut dédié à Thomas McGuane, et qui parut aux États-Unis en 1971.



Rapide présentation de l’auteur pour signaler surtout sa connexion importante avec Jim Harrison. Ce dernier est nettement plus médiatique dans notre contrée, mais les deux font la paire, et l’un ne va pas sans l’autre. Comme Laurel et Hardy. Qui s’éprend de passion pour Jim doit se nourrir de Tom. Et vice-versa ou réciproquement. On voit mal le coyote tenir le devant de la scène sans la présence de Bip-Bip. Ou inversement. Après donc quelques lectures de Jim Harrison, je me devais de plonger dans l’univers de Thomas McGuane. Et pour démarrer une nouvelle lecture du Montana, j’ai choisi de m’immerger totalement dans ce paysage naturel, couvert de boue des pieds au sexe, du sexe au torse… dans « La Source Chaude ». Seuls dépassent ma tête et mon coude pour lever le verre… Sans alcool bien viril, je ne tiendrai pas longtemps dans la rudesse du Montana.



Pour Lucien Taylor, mon alter ego littéraire du jour, les choses ne sont pas aussi si simples qu’une vie paisible et plaisante dans une contrée retirée et sauvage du Montana. Son cœur se partage l’amour de deux femmes, laquelle choisir ? Il sait que ces deux femmes entraîneront sa vie dans des chemins diamétralement opposés…



Et la source chaude ? Elle est où cette source chaude que je puisse badigeonner mon corps de boue et batifoler dedans comme au bon vieux temps de l’adolescence… avec ces deux femmes !



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Le club de chasse

Le club de chasse est le curieux premier roman d'un écrivain lui-même passablement étrange également. Thomas McGuane traite souvent de la haute bourgeoisie, de ceux qui ont profité de ce que propose l'Amérique pour réussir triomphalement. Malgré tout, tout comme un Norman Mailer époque Parc aux cerf, le plaisir de McGuane ets avant tout de démontrer par l'ironie toute l'indescence de cette classe de nantis. Quand l'écrivain prend le rôle du chasseur, le drame s'écrit à coup de chevrotine.

Pour un premier roman, le club de chasse démontre d'emblée toute l'habileté de son auteur : discret préambule, un chauffeur mène Quinn directement parmi les chalets de ce club de chasse de millionaires. Ici peu de la "vraie" vie subsiste, McGuane nous place à l'extérieur du monde, et ce n'est pas parce qu'il va exceller à décrire au plus près la beauté du monde sauvage (les passages sur la pêche à la truite sont irrésistibles) que le bordel et la confusion (soit l'exact opposé de l'ordre naturel) ne vont pas prévaluer à la construction du roman.

Quinn, la vingtaine, a décidé de s'accorder quelques moments de détentes, loin de la fureur de sa vie de chef d'entreprise à Detroit. En fait de calme, les retrouvailles avec Stanton, illuminé cynique et obscène, vont de suite plonger tout le club dans une cacophonie digne de la commedia del arte, en partant du principe que chaque participant endosserait tour à tour les rôle d'arlequin, de polichinelle ou du docteur, chacun livrant à l'autre la face la plus noire et obscène (une nouvelle fois !) de son être.

Evidemment c'est un premier roman, et s'il est réellement brillant n'en demeure pour autant pas dénué de lourdeurs ou de redondances. Mais tout comme Quinn finit par pardonner à Stanton, le lecteur devra lui aussi souscrire aux errements de McGuane (pas si nombreux) et prendre plaisir si possible à cette douce folie, celle qui nous ferait peut-être, en guise de piste de lecture confondre en un seul personnage les extravaguants Quinn et Stanton. Oui, ce roman parle bien de la folie, qui, comme de bien entendu, est multiple.

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Sur les jantes

Tout le roman de Thomas McGuane s'articule autour de la personnalité de son héros, Irving Berlin Pickett très marqué par son éducation. Elevé par une mère pentecôtiste et un père qui ressasse ses souvenirs de la guerre des tranchées ( et non "la guerre des haies") le narrateur revient tout au long du livre sur ces souvenirs.

L'histoire se passe dans une ville du Montana, où l'on est accepté qu'après reconnaissance de plusieurs générations, où les riches dirigent les cliniques, où les cow-boys règlent leur vie à coups de poing. Et pourtant, l'action se situe dans l'après onze septembre.

Berl parvient à se sortir du milieu familial grâce au Docteur Olson, qui lui transmet sa vocation et son goût pour la nature, la chasse, la pêche, les chevaux.

Mais, il est difficile de s'intégrer dans cette ville quand on est un vieux célibataire de quarante ans, un peu candide, un peu fantasque. Lorsqu'une de ses patientes, ancienne maîtresse, délaissée par la société meurt d'un coup de poignard suicidaire, le médecin Pickett est accusé par ses confrères d'homicide involontaire. Belle occasion pour les habitants et les dirigeants de la clinique de s'acharner sur cet être attachant et candide. Mais, Berl est surtout rongé par la culpabilité sur une autre histoire.

Ce sont donc les errements de cet homme qui alimentent le récit, entrecoupé de belles descriptions de la nature du Montana, de parties de pêche, de chasse, de découverte des oiseaux, de récit de ses rencontres amoureuses, de souvenirs de jeunesse.

Un roman dans le style de John Irving, quelque fois un peu long et lent mais qui, au final, décrit un homme idéaliste, ballotté par une société intransigeante et sectaire.

J'ai noté quelques constructions de phrase bancales, peut-être dues à la traduction.

Si vous aimez John Irving ou Brady Udall, vous pouvez être intéressés par ce roman un peu lent mais qui met en scène des personnages attachants (Berl, Jinx sa seule amie), une nature sauvage et qui prend toute son ampleur quand on a terminé la lecture.
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La source chaude

La lecture de La source chaude n'a pas été sans me rappeler Jim Harrison ( un peu normal, certes, puisque les 2 auteurs sont amis) et aussi Edward Abbey . L'écriture est caustique et l'humour assez corrosif et je me suis retrouvée à rire plusieurs fois ! L'histoire en elle même n'a rien d'extraordinaire, puisqu'elle relate une partie de la vie d'un homme, Lucien, balloté entre deux femmes, et responsable d'un établissement thermal assez original.
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La fête des corbeaux

Les pays anglo-saxons, et en particulier les États-Unis, sont très friands de nouvelles. Quand Babelio m'a recommandé ce livre de Thomas McGuane, je me suis finalement dit « Pourquoi pas ? »



Lire un recueil de nouvelles, c'est un peu comme assister à la projection d'une lanterne magique. Une première histoire s'anime sur le mur blanc. Un père devient tellement gros que sa femme le met à la porte. Son fils va l'aider à maigrir et à reconquérir sa femme. le billet de retour pour cet homme devenu encombrant passera par la balance.

Clac. La lanterne projette déjà une autre histoire. Pas le temps de respirer. le calme apparent de l'huile de John Register en couverture ne laisse rien transparaître.



Thomas McGuane observe des êtres désaxés, en perdition dans un Ouest chancelant. Des couples qui éclatent, des désillusions, des infidélités découvertes sur le tard, des adultes aux ambitions éteintes. Des vieillards qui radotent, perdent la tête, finissent dans des mouroirs. Et des enfants piégés, tristes, en fuite, à la recherche d'un avenir.

Suite d'images d'une Amérique qui se délite, loin du mythe d'antan. Dix-sept histoires d'un désordre profond sur le ton de la satire, avec le Montana en décor. L'auteur excelle en nouvelliste. Il peint formidablement bien cette Amérique extravagante, désenchantée et destructrice. Cet habile conteur nous parle des absurdités de la vie et des illusions perdues dans une ruralité secrète.

Il ne tombe jamais dans le pathos, et réussit à faire de ce recueil un incontournable.



Dix-sept histoires de ce portraitiste qui décrit un désordre profond sur le ton de la satire contemporaine. Les antihéros mordent parfois la poussière, mais sont souvent touchants dans leur extravagance.

Bien sûr, j'ai mes préférences, comme « Le bon Samaritain », la « Partie de pêche à Canyon Ferry » ou « Camping sauvage », mais elles sont toutes d'un excellent niveau.

Une très bonne lecture !
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La fête des corbeaux

Les nouvelles sont finement ciselées.

j'ai particulièrement apprécié la dernière nouvelle qui donne le titre de l'ouvrage.

On y trouve deux frères et leur mère vieillissante, un des thèmes qui revient dans ces nouvelles et qui est admirablement traité, bref, puissant,....
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Embuscade pour un piano

Nicholas Payne est un jeune homme désœuvré qui parcourt à moto les grands espaces américains pour s'efforcer de ne jamais être aux prises avec la réalité de la vie. A l'âge où commencent les interrogations sur le sens de cette vie, il fait deux rencontres qui auront chacune sur lui une influence différente. Avec Ann Fitzgerald, jeune fille de bonne famille dont les parents ne pourront jamais comprendre sa philosophie, il découvre les affres de l'amour mais se confronte à ce qu'il déteste le plus : devoir se justifier, expliquer ses actes. Et par réaction, ses "beaux-parents" ne feront qu'accentuer encore la folie et l'inconséquence de Payne. De l'autre côté, il y a C.J. Clovis, ancien obèse en proie à la gangrène, dont le corps régresse de manière assez tragique tout au long du roman. C'est lui qui malgré son état donnera du travail à Payne en le faisant construire des tours pleines de chauve-souris pour éloigner les insectes.



Sur une base complètement loufoque, mélangeant les époques et les lieux, multipliant les personnages improbables et les dialogues caustiques, l'auteur déroule devant nos yeux l'épopée d'un homme, dont "le tumulte était avant tout la vocation première". Ce n'est pourtant pas lui le vrai héros de ce roman : c'est le langage. Car ce que nous lisons, c'est une explosion de mots, de tournures, de métaphores dignes de Rabelais, qui m'ont fait penser, de manière assez incongrue, à ces nouveaux chocolats qui crépitent en bouche et résonnent dans tout le palais. Thomas McGuane est un amoureux des mots et la folie douce de ses personnages semble un prétexte à cette profusion littéraire. Le résultat est un texte difficile, mais qui ne manque pas d'humour, comme le prouve cette réflexion : "Il serait injuste d'isoler quelques faits inexplicables dans l'histoire récente de Codd et de le juger selon, sans parler de son passé ; ainsi, il n'est pas exclu que dans sa petite enfance il soit passé un certain nombre de fois sous les roues d'une voiture." ! J'ai plusieurs fois décroché, n'étant pas habituée à ce style cynique ni à un réalisme parfois cru. Et j'ai plus d'une fois été complètement désemparée par la tournure des événements...
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L'homme qui avait perdu son nom

Thomas McGuane était pote avec Jim Harrison paraît-il, pour ma part j'ai une nette préférence pour la prose du vieux Jim.

Bon c'est vrai, McGuane nous emmène lui aussi visiter les grands espaces américains en voiture comme il se doit et, sans égaler la puissance évocatrice de son compère, ça fonctionne plutôt bien.



Le petit dossier social sur la situation dramatique des éleveurs éreintés par les banques s'insère parfaitement dans la narration, la saga familiale et "Martine à la ferme" itou.



Ce sont les aventures sentimentales et les démêlés conjugaux du personnage central qui plombent selon moi le bouquin, surtout vers la fin.

Car sauf à incriminer les compétences du traducteur, qui peut sérieusement trouver quelque intérêt aux dialogues surréalistes, lunaires voire abscons entre le "héros" et son hystérique dulcinée cubaine.

Même pas drôle.



C'était mon second rendez-vous avec l'auteur après son "33° à l'hombre", on progresse mais "peut mieux faire".

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L'homme qui avait perdu son nom

Me voici bien embarrassée à la fin de ce livre: j'oscille entre le plaisir de lire, avec le voyage réussi dans les grands espaces, la vie dans un ranch, un personnage attachant, et l'agacement d'une traduction reconnaissable: je n'avais pas prêté attention au traducteur, mais les nombreux "moyennant quoi" qui émaillent le texte ne laissent pas la place au doute,et je n'aime pas, mais pas du tout, reconnaître le traducteur. A relire donc, en VO, sans filtre.
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Comment plumer un pigeon

Très décevant, pas de cohérence, des clichés mis bout à bout...
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Sur les jantes

Berl est un être errant, éternel adolescent romantique et idéaliste, qui n’a pas encore tout à fait coupé les liens du cordon ombilical et qui se laisse porter par le rythme lancinant de l’univers. Il ne cherche pas à aller à l’encontre des évènements, ni à leur rencontre, et souvent, quand il pense mener enfin les brides de sa vie dans la bonne direction, il se fourvoie dans des chemins de traverse. Il est un être humain qui essaie au mieux de mener sa barque dans l’immensité mouvante des évènements.







« Je me dis que si je pouvais revivre toutes les forces qui avaient agi sur ma vie – mes parents, ma tante nymphomane, le Dr. Olsson, mes professeurs, mes avocats, collègues, voisins, Jocelyne, même mes patients, mes rêves les plus fous, mon amour de la terre, mes érections les plus fortuites, mes tentatives d’aller à l’église, et mon travail -, par déduction, je finirais par savoir qui j’étais. J’avais volontairement laissé Jinx hors de cette liste, parce que, pour l’y inclure, il m’aurait fallu sortir de l’ombre de toutes ces choses qui me disaient ce que j’étais pour tenter d’en émerger comme un véritable être humain. » (p. 482)







Les seuls moments de pause et de rédemption sont ceux passés au cœur d’une nature sauvage qui ne réclame rien. Ces pages sont l’occasion de descriptions des paysages lyriques magnifiques, qui contrastent avec le monde étriqué de cette petite ville de province dans laquelle tout le monde juge, espionne, se trompe.







Un beau roman sur la recherche de soi et le passage à la maturité.







- Par contre, les errances psychologiques du narrateur, appelant à lui de multiples souvenirs, digressions, créent une œuvre longue, lente, à laquelle il faut s’accrocher pour espérer toucher à sa fin.
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A la cadence de l'herbe

C'est l'histoire d'une famille, de sa déconfiture glaciale après la mort du patriarche, le sans-coeur Sunny Jim Whitelaw. Riche, pdg d'une entreprise de mise en bouteilles, l'homme laisse un testament à la mesure de sa méchanceté, fixant point par point les conditions propices à sn recouvrement.

Thomas McGuane élabore son intrigue (relative) à partir de ces non-dits que connait chaque famille confrontée à un décés. Il livre par à-coups - certains pargaraphes débutants six mois après l'action décrites plus haut dans la page -, sautant du coq à l'âne, glissant des étincelles de folies parmi ses personnages : les deux soeurs Evelyn et Natalie, les deux gendres Stuart et Paul (le vrai fou du roman) et la veuve éplorée Alice Whitelaw. Seule la précense énigmatique du vieux rancher Bill Champion permet d'ajouter un point d'interrogation réel à l'énigme de la vie de ces personnages.

L'écriture de McGuane est vive mais se complet souvent dans le flou des situations, on peine réellement à distinguer une quelconque continuité de l'action, non que cela puisse poser problème, mais parfois, le trouble des juxtapositions vient lasser doucement la lecture. On comprend aisément ce qui semble relier Thomas McGuane à Jim Harrison, car au-delà de l'aspect purement géographique de leurs oeuvres, les deux hommes affichent un sérieux penchant à l'élaboration d'intrigues prenant racines autour de riches héritiers, s'en prenant sans vergogne aux nantis de cette nation. Mais si Jim Harrison réussit sans mal à faire naître de la sympathie envers ses personnages, on reste souvent spectateur du desastre orchestré par McGuane, avec un sentiment de coup à blanc là où Harrison n'utilise qu'une seule balle pour briser sa cible.
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33° à l'ombre

Le problème avec les auteurs non francophones c'est la traduction.

J'enfonce benoîtement une porte grande ouverte, j'en suis bien conscient.

Mais s'il est des lectures calamiteuses pour lesquelles les torts sont plus ou moins partagés, il en est d'autres où le traducteur peut être soupçonné de sabotage.



Je ne saurais me prononcer dans le cas présent. Mon niveau en anglais m'interdit une lecture de l'original mais je suis suffisamment rompu à la manière des auteurs américains ainsi qu'à la façon plus ou moins opportune dont elle est rendue par les traducteurs, plus particulièrement au siècle dernier, pour m'interroger.



Car ce court roman n'est pas d'une lecture très fluide. L'humour et l'ironie, qu'on devine très présents dans le texte original, n'émergent que difficilement d'une prose inutilement alambiquée.

Je sais pertinemment qu'il est difficile de restituer à la fois l'esprit et la forme d'un texte, ici cela semble raté.



Le récit, parfois confus et certains passages philosophico-oniriques passablement fumeux, m'amènent à imputer à l'auteur la responsabilité de ma relative déconvenue.



Quelques passages férocement satiriques émergent ça et là sans provoquer chez moi une réelle adhésion.

Dommage.
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Sur les jantes

Berl Pickett semble incapable de donner une direction claire à sa vie. Il flotte dans un monde qu'il regarde au travers des verres déformants que lui a conférés une jeunesse atypique. Fils unique d'un couple mal assorti, élevé par une mère fanatique de Dieu et adepte d'Églises toutes plus excentriques les unes que les autres et par un père ancien combattant incapable de revenir à une vie civile normale, il doit sa vocation médicale à un docteur excentrique venu s'installer au cœur du Montana pour ses réserves de pêche et de gibier.

Berl a fini par s'installer dans la clinique de sa ville natale pour exercer son métier. Mais sa façon de vivre en décalage avec le reste de la communauté, ses aventures sans lendemain avec les infirmières du centre médical, son incapacité à entrer dans le rôle conformiste qu'attendent de lui ses collègues finissent par susciter contre lui une cabale menée par Wilmot, un agent immobilier à la tête du conseil d'administration de la clinique. Quand Tessa – une aventure de jeunesse de Berl – décède après les soins qu'il lui a prodigués, Wilmot porte plainte contre lui. Il se venge ainsi de l'infidélité de sa femme qui le trompe avec le médecin. Jugé indésirable à la clinique, il ne peut compter que sur le soutien indéfectible de Jinx Mayhall, la pédiatre, et la défense organisée par son ami d'enfance, l'avocat obèse Niles Throckmorton.

Mais, la capacité de Berl à se plonger dans de nouvelles vicissitudes n'a d'égal que son manque de clairvoyance. Son existence devient de plus en plus chaotique et l'auteur n'hésite pas à la faire basculer du côté du burlesque, plutôt que du drame.

Thomas McGuane a un vrai talent pour nous décrire le parcours semé d'embûches de son héros, empêtré dans une maladresse comique. Mais, derrière ses gaffes, se dissimulent les blessures de l'enfance, l'ostracisme social dû à la folie religieuse de sa fêlée de mère, le dénuement matériel provoqué par les mauvaises affaires d'un père jamais tout à fait revenu des horreurs vécues à la guerre. Heureusement, Berl est veillé par de bonnes fées, le couple de fermiers Wiley et Gladys, le Dr Olsson qui le poussera à étudier et lui apportera son aide financière, les Hanson qui l'accueilleront chez eux quand il partira à l'université (et qu'il récompensera bien mal en devenant l'amant de Mme Hanson). Mais, seule Jinx – et son bon sens – pourront l'aider à dépasser le stade de confusion mentale dans lequel il évolue en permanence.

L'auteur sait donner à son histoire le cocktail juste d'ironie, de désespoir, d'humour et de sexe qui réussit si bien aux écrivains gravitant autour de l'Université de Missoula. Et la nature du Montana est si belle !
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L'homme qui avait perdu son nom

Thomas McGuane est né en 1939, dans le Michigan, d'une famille d'origine irlandaise. Il a étudié à l'université du Michigan où il rencontrera Jim Harrison qui deviendra son plus vieil ami, ainsi qu'à Yak et à Stanford. Ses romans paraissent à partir de 1969. Il est également l'auteur de scénarios pour le cinéma, notamment celui de Missouri Breaks (1976) d'Arthur Penn, avec Marlon Brando et Jack Nicholson à l’affiche. Quittant la vie tumultueuse du milieu du cinéma, il part habiter dans le Montana, où, entre rodéo et pêche sportive, il continue d'écrire. Il a depuis publié une dizaine de romans, trois essais et deux recueils de nouvelles. Couronné de nombreux prix littéraires il a été élu membre de l'Académie américaine des arts et des lettres en 2010. Actuellement, il vit dans un ranch à McLeod, dans le Montana. Paru en 1989, L’Homme qui avait perdu son nom, était son troisième roman.

Joe Starling vit à Kay West, il a perdu son goût pour la peinture et s’est reconverti dans l’illustration de modes d’emploi pour appareils électroménagers et autres prospectus publicitaires. Il traverse l’existence comme une âme en peine, ne sachant trop quoi faire de sa vie, désabusé et n’avançant que pour ne pas tomber, partageant un peu d’amour avec Astrid, une jeune cubaine. Décidé à se retrouver, sur un coup de tête il plaque tout et retourne à la source, le Montana, pour y reprendre le ranch familial, son héritage depuis la mort de ses parents, tenu par sa tante Lureen, célibataire, et son oncle Smitty, perturbé psychologiquement depuis son retour du bourbier Vietnamien. Au pays de sa jeunesse, Joe retrouve son amour d’alors, Helen, mariée avec son pire ennemi Billy.

L’herbe est plus verte ailleurs prétend un dicton mensonger et même les cow-boys peuvent se laisser abuser, complète Thomas McGuane. Si Joe Starling abandonne les palmiers de Floride pour les prairies du Montana, il n’y retrouvera pas pour autant la sérénité qu’il pensait y avoir abandonnée. Mal dans sa peau en ville quand il bossait comme illustrateur publicitaire pour son ami d’enfance Ivan, devenu homme d’affaires, Joe l’est tout autant à la campagne, allant jusqu’à confondre deux personnes différentes en prononçant une oraison funèbre. « Faut vraiment que je sorte de ce brouillard, se dit Joe. »

Abandonnant la réussite matérielle offerte par Ivan qui veut le détourner du « gâchis de son existence antérieure », Joe tentera le retour à la terre mais ça l’obligera à raviver des souvenirs pas toujours plaisants, sur son père rancher autoritaire devenu banquier et alcoolique (addiction dont souffrait le propre père de McGuane et qui revient souvent dans son œuvre), sur le voisin qui cherche depuis toujours à s’accaparer les terres familiales pour agrandir son domaine et les magouilles induites dont Lureen et surtout Smitty ne sont pas innocents. Et cette Helen, premier amour de jeunesse, mais fille du voisin qui veut les terres de Joe, dont la fille Clara pourrait être sa propre enfant, a-t-il encore sa chance avec elle ? Quand le roman s’achève, « le ciel était bleu (…) il dut reconnaître que son moral grimpait en flèche », le brouillard de sa vie semble s’être dissipé ?

L’écrivain ne se prive pas de glisser dans son texte des considérations désolées sur l’état de son pays et du monde en général, conséquences du libéralisme économique et de la société de consommation, refusant « de s’abandonner à la fiesta de la consommation qui définissait la vie même de la nation ». A moins, comme tout au long des dix pages des chapitres VIII et IX véritable road-movie entre la Floride et le Montana, qu’il n’utilise le travelling pour nous dépeindre le cœur de l’Amérique.

J’ai un problème avec Thomas McGuane, ses bouquins devraient me passionner, décors et thèmes ont peu ou prou des affinités avec ceux de toute la clique des plumes du Nature Writing, ses potes font tous partie de mes idoles personnelles (Par exemple : Warren Oates, Harry Dean Stanton pour le cinéma, Jim Harrison pour la littérature) mais pourtant, je n’accroche pas vraiment à ses romans. En son temps j’avais lu Le Club de chasse (1992) et comme pour cet Homme qui avait perdu son nom, même si j’admets que ce sont de bons romans, je ne me sens pas aussi enthousiaste que je voudrais bien l’être. En tant que lecteur je me sens trop extérieur à l’histoire, trop détaché. Peut-être est-ce dû à l’écriture que je trouve un peu froide, ici je n’ai réellement été transporté que lorsque l’écrivain évoque la terre et les prairies, alors seulement affleurent sensibilité et humanité (et aussi ce court passage très émouvant sur la révélation concernant la petite Clara).

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