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Critiques de Tim Gautreaux (148)
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Fais-moi danser, Beau Gosse

Fais-moi danser beau gosse" demande Colette à Paul. Et pourtant c'est elle qui mène la danse ! Car elle a de l'ambition, Colette. Elle ne supporte plus de vivre dans le bayou, envahi par les serpents et les ragondins, dans ce village ravagé par le chômage et l'ennui. Elle décide de partir faire fortune en Californie après avoir divorcé, mais revient finalement pour retrouver sa famille. Mais elle ne baisse pas les bras et invente mille moyens pour survivre, en sollicitant son ex-mari qui gagne en énergie et en maturité à son contact. Deux personnages embarqués dans de tumultueux remous, accompagnés par une kyrielle de cousins, oncles, amis tous un peu déjantés mais solidaires. Une histoire d'amour qui les entraîne dans des aventures peu conventionnelles et dans le dépassement de soi. Au point de ne plus savoir si ce n'est pas la nature elle-même qui mène la danse !
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Nos disparus

Un roman magnifique, entre roman historique et roman d'aventure. Un voyage le long du Mississippi dans une Amérique très violente. Sam, homme pacifique et bon, part en quête d'une petite fille kidnappée et va, peu à peu, se lancer sur la piste des assassins de sa famille. Mais pourquoi les retrouver ? Au rythme du jazz et du fleuve, une histoire bouleversante pour envisager un avenir sans fantômes.
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Nos disparus

J’avais déjà croisé à plusieurs reprises le livre de Tim Gautreaux en librairie (il est d’ailleurs sorti en Poche), et l’histoire me plaisait bien : un enfant est enlevé à la Nouvelle-Orléans, dans les années 20, au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Un jeune Cajun, Sam Simoneaux, embarque sur un bateau à aubes avec la ferme intention de retrouver la petite fille. Le voyage peut commencer….

J’ai choisi de le lire en anglais car je savais que le héros (et le romancier) étant Cajun, il y aurait de grande chance pour que le français fasse son apparition ci-et-là et ça n’a pas loupé. C’était pour moi plus marquant puisque le texte était en anglais et que le personnage raconte à un moment précis qu’il lui est désormais plus facile de parler anglais que cajun. Mais revenons au livre et à l’histoire. Tim Gautreaux a véritablement réussi un tour de force en nous faisant remonter le temps ! Le lecteur rencontre Sam, le héros de l’histoire alors qu’il débarque à Saint-Nazaire en 1918. Il découvre alors que l’armistice vient d’être signée, la guerre est terminée. Reste cependant de nombreuses zones à déminer. Sam revient au pays sans avoir combattu mais avec un sentiment coupable, il a blessé une petite fille, orpheline.



Installé avec sa jeune épouse à la Nouvelle-Orléans, Sam mène une vie plutôt confortable. Vigile dans un des plus grands magasins de la ville, il assiste impuissant à l’enlèvement d’une petite fille (âgée de 3 ans). Sam est congédié. L’homme ne s’en remet pas, il a perdu un enfant il y a peu à la suite d’une forte fièvre, et décide de rechercher les responsables. Les parents de la petite Lily Weller sont musiciens à bord du bateau à aubes, l’Ambassador qui remonte le Mississippi et organise des soirées dansantes. C’est l’époque de la prohibition et comme si, le lieu, un bateau, les autorisait : l’alcool coule à flots et certaines de leurs soirées ne comptent que des pauvres blancs-becs, prêt à dégainer sur tout ce qui bouge.



Sam raconte merveilleusement bien la vie sur ce bateau, le travail épuisant, mais aussi l’entraide, l’humour toujours présent, la musique, jouée par des musiciens noirs ou blancs (selon la clientèle) et cette époque charnière, entre les deux guerres, où le jazz (joué par des Noirs) commence à percer et puis cette classe prolétaire qui doit survivre comme elle le peut, alors que la bourgeoisie affiche ses richesses. L’enquête se poursuit, comme fil conducteur de l’histoire, mais Gautreaux va beaucoup plus loin. Il nous raconte sa Louisiane, celle des Cajuns, considérés encore comme des sous-hommes, et régulièrement raillés. Ils ont le malheur de parler français et d’être catholiques. Des bons à rien. Fort heureusement, le héros ne perd ni son intelligence, ni son humour face à ce genre de remarques. Il les envoie balader, en français, bien entendu.



Sam est un personnage très attachant, comme Elsie, la mère de la petite Lily ou son frère, August, l’adolescent perturbé par toutes ces tragédies. Sam est lui-même orphelin : alors qu’il n’était qu’un bébé, sa famille entière a été assassinée par un groupe d’hommes venus d’un autre État. Les années ont passé et Sam n’y a plus pensé. Il a grandi auprès d’un oncle et d’une tante aimants. La disparition de cette petite fille va pourtant le rapprocher des coupables, et le personnage poussé par un ami, va vouloir découvrir la vérité. L’auteur nous pose la question : la vengeance est-elle nécessaire ? La justice oui, mais la vengeance ?

Nous sommes dans les années 20, les escrocs, les braqueurs de banque ou les contrebandiers (en alcool) parcourent encore le pays et font encore régner la terreur et leur loi sur certaines parties du pays. Tim Gautreaux nous embarque dans ce Sud et nous voilà au milieu de cette musique de jazz, ou dans marécages poisseux de Louisiane, les odeurs et les sons nous assaillent comme si l’auteur avait su nous faire voyager dans le temps. On s’attache aux personnages et on n’a pas envie de les quitter, guidé par la quête de Sam, sa promesse faite aux parents (sera-t-elle tenue ?) mais aussi sa propre quête d’identité. Un roman passionnant de bout en bout.



Petit aparté : lors de mon premier voyage en Louisiane (3 au total), j’ai mis beaucoup de temps à réaliser que les gens parlaient français, tant leur accent et leur langage est différent. Ainsi, il m’a fallu plusieurs minutes pour réaliser que le groupe qui chantait dans ce bar de la Nouvelle-Orléans chantait en cajun ! Par contre, j’ai trouvé plus aisé de parler avec une femme Cajun lors de notre visite d’Avery Island où se trouve la première usine de la fameuse sauce Tabasco.



J’ai découvert dans ce livre le terme de « Coonass » pour désigner les Cajuns. Son origine reste incertaine, si j’ai pensé de suite à l’insulte française, il en ressort que le terme était employé avant que les Soldats américains ne reviennent de France avec une nouvelle liste de jolis noms d’oiseaux. Pour d’autres, le terme viendrait de racoon (raton-laveur), animal connu pour ses larcins, et d’ass (cul), genre de cul-terreux … Aujourd’hui, le terme est jugé insultant s’il est employé par un touriste ou un Américain lambda, mais beaucoup de Cajuns l’utilisent entre eux (de nombreux clubs sportifs ou de loisirs l’utilisent).
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Nos disparus



Sam, dont la famille a été massacrée quand il avait 6 mois, assiste impuissant à l’enlèvement d’une fillette de 3 ans alors qu’il est responsable d’étage dans un grand magasin à La Nouvelle-Orléans en Louisiane. Licencié pour faute grave, harcelé par les parents, il se lance à la recherche de l’enfant en s’engageant à bord de l’Ambassador, vieux bateau de croisières sur le Mississippi.



Le roman raconte la façon dont, désormais, Sam va s’efforcer de rattraper son manque de vigilance, de retrouver Lily pour ses parents, musiciens sur l’Ambassador. Embauché sur le bateau, il alterne emploi de pianiste et de vigile, et poursuit son enquête à chaque escale. Tim Gautreaux construit un personnage complexe, hanté par le remords des conséquences de son moment d’inattention, il campe autour de lui des personnages variés qui tentent, chacun à sa façon, de survivre dans un monde dur, et comme dans Le Dernier arbre, se pose la question de l’humanité au fond ; en filigrane, court le thème de la vengeance : la famille de Sam a été massacrée par vendetta, et l'une des grandes questions est : comment Sam assume-t-il ce massacre et éventuellement vit-il un «devoir de vengeance» qui lui incomberait ? Le sentiment de culpabilité du héros, ses hésitations, dans une société qui est plutôt animée de convictions solides, voire sommaires, en font un personnage émouvant.

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Nos disparus

J'ai aimé cette promenade le long du Mississippi sur un bateau à aube. Les gens y viennent danser mais aussi chercher la fraîcheur sur le fleuve.



J'y ai découvert que ces bateaux étaient de vieux rafiots qu'une simple collision pouvait transformer en allumettes et qui ne tenaient que par les couches successives de peintures.



Les musiciens sont aussi balayeurs avant ou après les concerts ; concerts qui pouvaient avoir lieu jusqu'à 3 fois par jour.



L'histoire de la recherche de la petite Lily m'a moins passionnée, car la petite fille semble trouver des avantages matériels dans sa nouvelle famille.



Enfin, l'histoire de la vengeance ne m'a pas passionnée, car j'étais déjà convaincue de l'inanité de celle-ci.



Au final, j'ai aimé suivre les pas de Sam depuis son enfance éclatée jusqu'à la fin de l'aventure.



L'image que je retiendrai :



Celle de Sam découvrant le violon de son père et se remettant à jouer du piano avec plus de sérieux.
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Fais-moi danser, Beau Gosse



Fais-moi danser, Beau Gosse.

Tim GAUTEREAUX

Coup de coeur



A Tiger Island s’il y a un couple qui détonne c’est bien celui de Paul, surnommé Beau Gosse et de Colette, la plus belle fille de la ville.

Paul est ouvrier et il adore : lire des revues professionnelles de mécanique , danser (c’est un fameux danseur d’ailleurs) et se bagarrer dans les bars.

Colette rêve d’ascension professionnelle (elle est guichetière dans une banque), d’une belle voiture et d’un mari un peu plus sophistiqué.

Alors un jour elle quitte le bayou de Louisiane (et son mari) pour la Californie et un emploi plus valorisant.

Fou de jalousie Paul la suit pour la faire revenir sur son intention de divorcer.

Mais la Californie n’est pas pour eux, alors ils rentrent et tentent malgré la crise pétrolière et le chômage omniprésent de trouver du travail.

Tout y passe : chasseuse de ragondins, pêcheuse de crevettes, Colette va tenter sans relâche de trouver une solution pour nourrir sa famille.

Jusqu’au drame qui lui rappellera que la vie n’a de sens qu’à condition de garder ceux que l’on aime près de soi et bien vivants.



Un merveilleux roman très travaillé.

Les décors et paysages des bayous m’ont rappelé de très bons souvenirs de Louisiane.

Tim Gautreaux nous raconte une très belle histoire sur le bonheur qui est sous nos yeux sans qu’on le voit, sur la valeur des choses et des personnes, sur le courage et sur la culpabilité.

C’est un formidable roman que je garderai en mémoire j’en suis certaine.

Lisez-le ! C’est à la fois touchant et dépaysant.

C’est un coup de coeur
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Le dernier arbre

Que le roman soit bien écrit, je ne le conteste pas, que Tim Gautreaux ait du talent, c'est certains, mais la magie n'a pas opéré sur moi. Je me suis ennuyé comme rarement. Après une entrée en matière que j'ai trouvé interminable, quand il commence à y avoir un peu d'action, celle-ci est diluée par des descriptions trop longue. Au final, cela a émoussé mon intérêt et je n'ai jamais été captivé par ma lecture. Une grosse déception.
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Fais-moi danser, Beau Gosse

Premier roman de Tim Gautreaux - deux autres sont traduits en français, le dernier arbre et Nos disparus - considéré par la critique comme le "Faulkner du 21e siècle" , cette histoire d'amour est aussi une ode à la Louisiane d'aujourd'hui, âpre, volupteuse et sinistrée .



Paul, dit Beau Gosse a épousé Colette, la plus belle fille de leur petite ville. Mais Colette rêve d'ailleurs, et d'une vie plus facile, alors que Paul s'épanouit dans son métier de mécanicien et les soirées dansantes avec des filles...



Quand Colette le quitte pour aller vivre sa vie plus au nord, Paul la suit. Entre la combativité et les ambitions de Colette, l'amour et la persévérance et la simplicité de Paul, il faudra reconstruire leur mariage, et survivre dans une Louisiane en pleine crise économique.



Aventures, rebondissements, psychologie et ambiance cajun, ce roman est un régal.
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Nos disparus

Voilà un long roman fleuve qui nous entraîne tel le Mississippi le long d'un chemin tortueux, en partant de la première guerre mondiale avec ses soldats américains qui arrivent le jour de l'armistice, (ils ont un peu raté leur coup) pour brutalement se retrouver dans un grand magasin tel que celui décrit par Zola dans le bonheur des dames. Nous attérissons au far west, où la vie est dure et les problèmes se résolvent avec les armes (sujet d'actualité) comme pour le héros, Sam, dont toute la famille a été tuée brutalement alors que lui a miraculeusement survécu à ce carnage dans lequel, par vengeance les parents sont tués, mais aussi les enfants, pauvres victimes innocentes. J'ai découvert la vie en Louisiane, sur les bateaux à vapeur qui se déplacent d'une localité à l'autre pour amener une certaine animation avec des musiciens qui jouent dans des orchestres. On découvre ainsi différentes strates de la société qui ne va pas s'amuser de la même façon. Différents thèmes sont abordés avec la disparition, plutôt l'enlèvement de la petite Lily, tel que le droit du sang, la filiation, les souvenirs de l'enfance, le pardon. Est-ce que l'on a droit d'arracher un enfant à sa famille qui est pauvre pour le confier à des riches qui pourront le gâter avec toute la démesure due à l'argent. Est-ce que enfant sera plus heureux dans un foyer qui n'est pas le sien mais qu'il peut lui apporter tout ce qu'il désire ou auprès de ses parents qui pourront lui apporter avant tout de l'amour. Peut-on se pardonner à soi même lorsqu'une faute a été commise et qui a entraîné des bouleversements irrémédiables dans la vie d'autres personnes. est-ce que l'on doit payer toute sa vie pour cet instant où nous n'avons pas pris la bonne décision qui aurait pu tout changer.

J'ai trouvé le livre très intéressant mais un peu long et surtout avec des rebondissements et une fin qui sont bien de style américain et qui pourraient mener tout droit vers les chemins de Hollywood.
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Nos disparus

Dans ce roman, Tim Gautreaux nous emmène au cœur de la Nouvelle-Orléans, pendant les années folles. Berceau du Jazz, cette ville marquée par l'héritage colonial français m'a toujours attiré, et c'est avec plaisir que je m'y suis plongée, le temps de cette lecture. Nous y retrouvons Sam SIMONEAU - surnommé Lucky - personnage principal du roman. Seul survivant d'un massacre qui a décimé tous les membres de sa famille, il a su avancer et se reconstruire malgré tout.

De retour aux Etats-Unis après la guerre, il a trouvé un travail paisible et bien payé : Responsable d'étage chez Krine, un grand magasin qui compte quatre niveaux. Malheureusement, il n'a pas su éviter l'enlèvement de la petite Lily, 3 ans. Tenu pour responsable, son patron le renvoie, lui promettant pourtant de le réembaucher, si et seulement s'il retrouve la petite fille. A la suite de plusieurs événements, il sera embauché sur l'Ambassador, un bateau à aubes complètement décrépi qui à mon sens, est un personnage à part entière. Dans cette salle de concert flottante, l'ambiance y est particulière. Au rythme du jazz et du fox-trot, on assiste à des bagarres générales de cul-terreux (pour reprendre les termes de l'auteur), on croise y d'élégants bourgeois ainsi que des brutes à la descente facile.



Sam assure la sécurité à bord et profite de son temps libre pour rechercher Lily. Pour soulager sa conscience et aider les parents de la petite qui comptent vraiment sur lui, Sam fera son possible, n'hésitant pas à braver bien des dangers. Il fera d'ailleurs de drôles de rencontres dans des endroits un peu sordides et désertiques. J'avoue que je m'attendais à lire une sorte de roman policier, mais cet ouvrage est beaucoup plus profond. Le récit est dense, l'atmosphère particulière et l'environnement aussi important que la quête. Au fil des pages, on en apprend plus sur le "commerce" en question et je n'avais qu'une envie : connaître le dénouement. J'ai beaucoup aimé le personnage de Lily. Elle est futée et malgré son jeune âge, elle est a déjà du caractère.



Tim Gautreaux a une plume fantastique. Il m'a fait voyager à travers la Louisiane, m'a conduit dans une autre époque. De jolies valeurs y sont véhiculées comme la force des liens du sang, l'importance de la famille et des thématiques fortes sont abordées : la résilience, le deuil, la culpabilité et surtout, l'inutilité de la vengeance.

Chaque événement est raconté avec beaucoup de détails, ce qui permet de mieux s'imprégner des lieux et de l'ambiance générale.



En bref, "Nos Disparus" est un roman riche, profond, qui a dû demander un travail certain à l'auteur. J'ai aimé le lire et que je vous le recommande !!!


Lien : http://bookinons.blogspot.fr..
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Nos disparus

Sam Simoneaux a gardé de la guerre un surnom, celui de « Lucky » : c’est vrai qu’il a débarqué en France le jour de l’Armistice. C’est vrai également qu’il a obtenu un emploi gratifiant à la Nouvelle-Orléans, de retour de la guerre : responsable d’étage dans un grand magasin. Pourtant, sa vie n’avait pas démarré sous les meilleurs auspices : sa famille tout entière a été massacrée quand il avait 6 mois, victime d’une vendetta. Et son existence ne va pas suivre un cours tranquille, loin s’en faut. Comme il n’a pu empêcher le rapt d’une fillette au sein du grand magasin où il travaille, son patron va le licencier et les parents de la fillette lui enjoindre de la retrouver. Alors, il embarque à leurs côtés sur un bateau d’excursion à aubes qui sillonne le Mississipi pour veiller au maintien de l’ordre. Son enquête l’emmène dans les bas-fonds de la pègre des bayous…



« Nos disparus », de Tim Gautreaux, explore à merveille la thématique de ceux qui, en creux, occupent et hantent l’existence des vivants, des êtres dont l’absence est auréolée d’un mystère : la famille de Sam disparue d’une manière brutale, la fillette kidnappée, … Autant de disparus qui provoquent chez ceux qui restent un mélange de sentiments disparates : envie de comprendre, de se venger tout aussi brutalement, de poursuivre son existence tant bien que mal, de la reprendre de zéro… Au milieu de ces disparus, le lecteur s’attache aux pérégrinations aussi bien physiques que psychiques de Sam, pris entre culpabilité, remords, désir d’aider et de s’en sortir.

« Nos disparus » évoque aussi habilement un autre temps, celui des bateaux à aube, des orchestres de jazz, de la ségrégation qui sépare, entre autres, les orchestres en orchestre noir et blanc, des bandits sans scrupules et sans âme. L’intrigue n’est jamais manichéenne et l’auteur sait louvoyer ingénieusement sur le fleuve des émotions sans verser dans une dichotomie facile.

Le lecteur ressort du roman grandi, à l’image de Sam. « Nos disparus » s’inscrit dans la même veine subtile et poignante que « Le Dernier Arbre », du même auteur, paru aux éditions du Seuil en 2013.
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Le dernier arbre

Une affaire d'hommes que ce roman âpre où deux frères éloignés l'un de l'autre finissent par se rapprocher lors de la reprise d'une scierie en Louisiane.

Les deux premiers tiers du roman installent le passé, les relations entre les personnages, l'action contrariée par Buzetti, mafieux, propriétaire du saloon - foyer de discorde - dans cet univers clos, j'ai trouvé ce préalable très fouillé et nécessaire mais avec certaines longueurs. Le dernier tiers est beaucoup plus intéressant, s'apparentant à l'histoire des sept mercenaires, où les deux frères vont tenter de se débarrasser du mafieux et de sa clique et doivent pour cela, monter une équipe soudée prête à se se sacrifier potentiellement.

Un roman intéressant sur le fond, pas très écologique (un des deux frères se pliant à la logique économique d'abattre tous les arbres perçus comme source de revenus uniquement) et qui nous fait découvrir dans le détail une région méconnue la Louisiane.
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Le dernier arbre



Ce très grand roman de Tim Gautreaux, écrivain américain encore peu connu en France, ne laisse pas indemne. L’intrigue tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page, le style est très travaillé et fluide, le sujet peu banal.

L’histoire se passe en Louisiane, dans les années 1920. Tout y est excessif. Les cyprès chauves utilisés dans l’industrie du bois ont plusieurs dizaines de mètres de hauteur, les animaux sont dangereux voire potentiellement mortels (alligators, mocassins d’eau, agélènes, grenouilles-taureaux, moustiques, cafards…) et les hommes capables d’une violence inouïe.

Aldridge père, homme d’affaires vivant en Pennsylvanie, a deux fils. Byron, l’aîné, celui sur lequel il avait fondé tous ses espoirs, est constable dans une exploitation forestière perdue quelque part au milieu des bayous de la Louisiane. C’est un « être immobile » (p.196), troumatisé par la guerre de 14-18, par la bataille de Verdun à laquelle il a participé, envoyé par son père pour des raisons patriotiques. Ses accès de violence sont parfois apaisés par les paroles ou les gestes tendres de son épouse et par sa Victrola grâce à laquelle il peut écouter de la musique sirupeuse mais lénifiante. Sa propension à tuer facilement vient de ce qu’on lui en a donné l’autorisation pendant la guerre : « après la guerre, j’ai appris à me la donner tout seul, vous voyez ? », dit-il (p. 216). Il refuse désormais de voir ce père qu’il ne comprend pas. Randolph, le cadet, est chargé par ce même père d’une mission délicate, celle de ramener son frère à la raison et aussi dans le Nord où la vie est plus calme. Il a une dette envers ce frère qui date de l’enfance et entre eux s’est instauré un lien ineffable.

Sur place, Randolph est confronté à l’hostilité de la vie dans les bayous, au ravage de l’alcool sur les ouvriers qu’il emploie, à la violence indescriptible, la ségrégation raciale, la mafia sicilienne …

Mais heureusement, il y a le courage, la fraternité, la présence salvatrice des femmes, un enfant « cataplasme que (Byron) avait besoin de poser sur une blessure douloureuse » (p. 265), l’espoir …

Ce roman interroge beaucoup le hors sens de la guerre et le réel du corps qui souffre.

D’après les remerciements à la fin du livre, cette aventure est inspirée de faits réels, de l’histoire de Clarence Adoue « qui a souffert en France et survécu pour nous raconter son histoire ».

Une phrase résume assez bien l’idée générale de ce magnifique roman : « Il savait que le monde des humains n’était qu’un installation temporaire, un ouvrage de pacotille qui exploitait la nature avant d’être lui-même absorbé par le monde qu’il avait tenté de détruire » (p. 408).

Tim Gautreaux publie un second roman en 2014, toujours aux éditions du Seuil, The missing.

A ne pas rater, ce serait dommage …


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Le dernier arbre

Timothy Martin Gautreaux, né en 1947 en Louisiane où il vit toujours, est le fils d'un capitaine de remorqueur. Professeur émérite d'anglais à la South Eastern Louisiana University, il est l'auteur de nouvelles publiées par The Atlantic Monthly, GQ, Harper's Magazine et The New Yorker. Le Dernier arbre, son premier roman, date de 2013.

En 1923. Noah Aldridge, le père des frères Byron et Randolph, négociant en bois de Pittsburg a acheté une scierie dans un bled perdu des marécages de Louisiane, « dans le trou du cul du monde, un endroit qui s’appelle Nimbus ». Il y envoie Randolph, le cadet, pour réorganiser et rentabiliser la scierie, mais surtout pour tenter de ramener dans le giron familial, Byron qu’il espère lui succéder. Byron qui est revenu traumatisé par la Grande Guerre en France et le carnage de Verdun, Byron qui a rompu tout lien avec sa famille, planqué dans ce trou où il a trouvé un job d’officier de police et fait régner la loi à la manière forte, parmi ces hommes seuls n’ayant que l’alcool du saloon et ses prostituées pour oublier la pénibilité du travail. Randolph, laisse sa femme, et débarque dans ce bourbier…

Un roman magnifique, très touchant avec des personnages inoubliables.

Le thème principal en est la fraternité. Byron et Randolph, deux caractères très différents et opposés, façonnés par leur expérience de la vie. Si le cadet n’a connu qu’une existence assez simple et tranquille, régie par les principes moraux inculqués par l’église, Byron lui, a vu et subi ce que les hommes sont capables de faire subir à d’autres hommes, Verdun cet épouvantable massacre où la vie humaine n’avait aucune valeur ; il en est revenu laminé moralement, ne croyant plus qu’en violence pour faire cesser les conflits de poivrots prompts à sortir le couteau ou le rasoir, souls d’alcool, lors de parties de cartes truquées où disparait leur maigre paye.

Le plus jeune vient pour changer l’état d’esprit de l’aîné mais le terrain et les circonstances, la réalité de la vie donc, vont déplacer l’ordre de ce qui était prévu. Quand Randolph, patron de la scierie voudra fermer le saloon le dimanche, il va déclencher un processus fatal, ce tripot appartient à Buzetti, un Sicilien résidant à La Nouvelle Orleans d’où il dirige trafic d’alcool et prostitution avec une poignée de sbires pas commodes qui vont lancer des représailles. Randolph en viendra à la manière forte…

Le roman se partage entre la crainte des actions que peut mener Buzetti et les acteurs de la scierie. Byron vit avec une femme qui l’aime et supporte son caractère difficile et violent, la femme de Randolph finira par le rejoindre et tentera de mettre de l’humanité dans le camp, en faisant venir les familles des travailleurs, construisant une petite école et permettant des messes le dimanche ; et il y a aussi May, la gouvernante de Randolph, une métisse instruite qui veut absolument un enfant d’un Blanc pour se reconstruire une vie ailleurs. Tous ces maillons « faibles » sont des cibles potentielles pour le Sicilien et nous valent des moments émouvants.

Un très beau roman qu’on pourra ranger à côté de ceux de Ron Rash.

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Ce que nous cache la lumière

Un recueil de nouvelles qui se passent dans le bayou. Les personnages sont tantôt des gens d'Eglise, tantôt des artisans, ou des enfants. Parfois pleines d'humour, ou de tragique, toutes ces nouvelles se lisent avec délectation.

Dépaysantes, elles proposent à chaque fois une réflexion sur le destin, sur la légèreté ou la gravité des choses.

Vraiment de bons moments de lecture.
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Nos disparus

Sam SIMONEAUX, de la première guerre, il as connu que le déminage des champs de bataille de l'Argonne. Quand il reviens il travaille dans un grand magasin, une petite se perds, il l'as recherche, et les ravisseurs l'assomme, a son réveil, on l'accuse de cette disparition, il décide de mener l'enquête.



Malheureusement je n'ai pas pu aller au bout de cette lecture, je n'ai lu que 100 pages, et ensuite j'ai décidé d'abandonner ce livre.

La période sur la guerre était extrêmement lente, déjà je m'ennuierais beaucoup, des descriptions qui desservaient le récit, mais je me suis dit je vais continuer, car l'enquête est peut-être plus intéressante.

Mais la suite fut désastreuse, je m'ennuierais toujours autant, énormément de détails inutiles, en plus c'est tourner du pot, et quand je réaliserais que j'avais encore 425 pages à lire.

De plus, ce livre m'as donné de plus envie de lire, dans ce cas-là, je ne me pose pas de questions, j'arrête.

C'est très rare que j'abandonne un livre, mais quand on s'ennuie à ce point et surtout qu'on frôle la panne de lecture, je préfère prendre une décision irrévocable.

Ce n'est pas si grave d'abandonner un livre qu'on a emprunter à la médiathèque, j'en ai pleins d'autres.



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Nos disparus

Je suis tombé sur une pépite, ce roman a plein d’atouts et nous offre une formidable épopée.



Sam Simoneaux est un cajun du sud de la Louisiane monté à la Nouvelle-Orléans et bien décidé à abandonner le français pour s’intégrer. On le suit d’abord en 1918, il débarque en France le jour de l’armistice, est envoyé nettoyer les champs de bataille et récolte le surnom de Lucky.



Trois ans plus tard, on le retrouve surveillant d’un grand magasin où il ne peut empêcher l’enlèvement de la petite Lily Weller. Tout le monde le rend responsable, c’est pourquoi il part à la recherche de la gamine et qu’il se retrouve sur le bateau de croisière qui remonte le Mississippi où travaillent les Weller.



A la fois agent de sécurité et pianiste, Sam est confronté à la faune qui vient danser sur l’Ambassador : congrégations, voyous ou péquenauds du Sud profond qui viennent danser et boire malgré la Prohibition. La vie à bord est un monde en voie de disparition lié à la navigation sur le Mississippi (et il me fait penser à Twain), mais l’orchestre du bateau amène aussi la modernité avec le jazz joué par un orchestre noir.



Sam trouve les ravisseurs mais ne peut empêcher la mort du père de la petite, obnubilé par la vengeance. Il retrouve plus tard Lily qui a bien changé et a du mal a réintégrer son ancienne vie.



Ce roman foisonne de thèmes, il offre une magnifique description de la vie à peine civilisée des bords du Mississippi, nous emmène à la Nouvelle-Orléans, nous fait vibrer au rythme du jazz et nous plonge dans la vie des cajuns. Les péripéties de Sam le font revenir sur son passé et partir à la recherche de ses racines car sa propre famille a été assassinée alors qu’il était bébé. L’oncle qui l’a recueilli lui a inculqué l’idée que « le pêcheur se punit tout seul » et son absence de volonté de vengeance passe pour de l’indifférence.



En plus de formidables aventures, ce livre apporte un réflexion profonde sur les liens familiaux, l’utilité de la vengeance. Une belle réussite !
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Fais-moi danser, Beau Gosse

Paul dit "beau gosse" aime la bagarre et danser le Jitterbug; Colette sa femme aspire à une vie plus riche et passionnante. A travers leurs difficultés, Tim Gautreaux nous transporte dans une Louisiane intemporelle, pauvre et rude. On sent les odeurs du Bayou, on goûte avec eux le Gombo quotidien. Il fait chaud et humide et on se laisse glisser dans une torpeur bienvenue et puis soudain ils nous montrent leur courage dans les moments extrêmes. Un roman dépaysant et plein d'un amour rude comme ce coin d'Amérique.
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Le dernier arbre

Un véritable bijou de littérature américaine dans la veine de Ron Rash. À découvrir absolument !





Ce roman est un véritable bijou, et une sacrée découverte !

Une très belle plume puissamment évocatrice porte ce texte magnifique, absolument captivant et totalement immersif tant il transporte le lecteur dès les premières pages dans un voyage au fin fond des bayous de Louisiane dans les années 1920.

À la fois sombre avec ses flambées de violence, poisseux et poignant, baigné d'une atmosphère moite saisissante, Le Dernier Arbre véhicule une palette riche en sensations et en émotions diverses, à travers des personnages éblouissants qui, tous, touchent le lecteur en plein coeur, y compris lors de scènes plus lumineuses.

La relation, pourtant compliquée au début, entre ces deux frères est fascinante.

Ce premier roman exceptionnel de Tim Gautreaux possède un grand souffle romanesque et révèle l'un des plus grands talents de la littérature américaine, qui n'a pas à rougir des comparaisons faites avec Faulkner ou, plus proche de notre époque, Ron Rash.

À découvrir sans faute pour tous les amateurs de grands romans noirs... et de belle littérature américaine !
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Le dernier arbre

Dans la Louisiane des années 20, Randolph Aldridge prend la direction d'une scierie où son frère, Byron, est chargé de faire régner l'ordre. Ancien combattant en France, Byron n'a rien oublié des horreurs vécues et ne sait plus vivre que dans la violence seulement adoucie par son amour de la musique. Son frère tente de le ramener vers la vie, quitte à se laisser lui-même entraîner dans une spirale de violence.

Plein de tous les sentiments intenses qui marquent l'humanité, le roman de Tim Gautreaux tisse une intrigue passionnante, baignée d'humour, avec des personnages éloignés de tout cliché. Un très beau et bon roman !
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