Aujourd’hui je vous emmène chez nos cousins cajuns dans le fin fond d’un bayou en Louisiane avec aux commandes Tim Gautreaux.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi l’affaire, un petit rappel, en 1803 ces terres Françaises ont été vendues par Napoléon (Louisiana Purchase). Résident aux États-Unis Pierre Samuel du Pont de Nemours, qui est en étroites relations avec le Président Thomas Jefferson, propose à Napoléon Bonaparte de céder la Louisiane en 1802 y incluant les territoires de l’Ouest.
Et oui, il y a des dialogues en français, cela sent les plats épicés et la mangrove, les vapeurs à roue à aube approvisionnent l’estuaire, on entend des aires d’accordéon… Les vacances, quoi ? Bon il faut dire que dans les années 20 et de plus dans une scierie les vacances…
Tim Gautreaux est un écrivain connu, reconnu et plébiscité dans ce style de roman, ce livre ne fait pas exception, c’est un très bon livre.
En temps que lecteur nous sommes sur du très haut niveau, vous ne serez pas déçu c’est certain.
L’histoire se passe dans les années 20 :
Les personnages principaux sont deux frères, Byron le fils ainé traumatisé par la première guerre mondiale a quitté le foyer pour partir en errance poursuivi par ses fantômes. Et Randolph, le cadet qui a repris l’activité familiale en tant que Directeur de scierie, il est marié avec Lillian. Le père, Noah a fait fortune à Pittsburg dans l’exploitation forestière.
A la lisière du monde, l’action se passe dans une scierie de Louisiane où Randolph vient retrouver Byron à l’occasion du rachat du site par le père.
Le Directeur, Byron découvre le Sud, pays étrange, sombre chaleur, sol usé couvert de cuivre. Ici pas de maison en brique, ni de route goudronnée, les habitants trainent un accent frustre et geignard.
Byron lui y habite depuis un certains temps, il est le constable, employé par la société pour y assurer la sécurité. Il est confronté à la violence des ouvriers alcoolisés lors de leurs moments de détente dans le saloon géré par la pègre de Chicago.
Très vite un conflit larvé éclate entre les frères qui veulent protéger leur outil de travail et les mafieux qui veulent exploiter la misère des travailleurs.
« C’est le temps qui rend cela possible, le temps qui permet à un homme de tirer profit de ce que ses souffrances lui ont appris ».
Les méchants d’origine sicilienne :
Anthony Buzetti est le « Boss » sans retenue, sans humanité, dans le profit ;
Crouch, un cousin sicilien, un tueur, traumatisé par son séjour sur le front pendant la 1ère Guerre mondiale ;
Vincente encore un sicilien truqueur de parties de cartes ;
Galleri, l’homme de main qui tient le saloon… Des vilains, des pas beaux !
Les Bons :
Merville, le Sheriff vieillissant ; Minos, le spécialiste en machines à vapeur fils de Merville ; Jules, le Directeur adjoint ; May, la gouvernante de la maison du Directeur qui rêve d’avoir un enfant d’un blanc ; Sydney Rosen, le chirurgien/ Médecin qui a du travail sur l’exploitation.
L’ambiance, l’histoire, les personnages, tout est merveilleusement agencé !
Difficile de s’arracher de la lecture d’un roman aussi bien écrit. Allez, encore une page et puis une autre et puis zut je veux savoir la fin je continue…
Des phrases cultes du livre :
Le pasteur Schultz « Etre fou, c’est une façon d’être mort. On en échappe pas d’avantage » ;
Rodolphe affolé qui vient chercher Sydney, le médecin, s’entend dire : « Pourquoi vous mettre dans cet état ? Vous ne pourrez pas envoyer ce gamin au travail avant 12 ans au minimum ! » ;
May la gouvernante : « La parole, ce n’est pas seulement des mots, mais le reflet de la personne que vous êtes » ;
Melville « Ses enfants étaient passés à travers lui comme s’il était une porte ouverte, et ils ne regardaient plus en arrière » ; « Dans cette vie, les châtiments étaient si nombreux qu’il fallait sérieusement s’attendre à ce qu’ils continuent dans la suivante » et « Le téléphone, c’est l’invention qui révolutionne tout, ce n’est pas simplement des oreilles et des voix c’est aussi des yeux… » ;
Byron à son frère «...tout comme toi et moi, on nous a gravé pour jouer notre chanson et c’est tout… »…
Ne me dites pas que cela ne donne pas envie, je ne vous croirais pas !
Nous sommes pareils face à une belle écriture, une histoire solide, des personnages touchants, nous craquons.
Tim Gautreaux, ses paires lui ont donné le surnom de « Conrad des bayous ». Conrad ? Joseph Conrad, 1857 à 1324, il est certainement le plus réputé des auteurs de romans d'aventures, celui qui a eu la plus grande influence dans l’évolution du genre, avec le Grybouille on s’instruit.
Pour conclure :
A prendre en compte pour les fêtes de fin d’année, d’après les statistiques communiquées via les médias le 12 Novembre 2014, depuis 17 ans c’est la première fois que le livre arrive en tête des intentions de cadeaux pour les adultes. Et vous…
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