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Citations de Tim O`Brien (81)


Lorna Sue m'a quitté un mardi après-midi, le 9 juillet. Elle a dit : "Je déménage vers une nouvelle ville."
Elle a dit : "Il y a quelqu'un d'autre, il est innocent."
Elle a dit : "Je ne veux pas de scène, Matt."
Elle a dit : "Ne te conduis pas comme un gamin de dix-huit ans."
J'ai ôté ma veste et ma cravate, ma chemise et mon pantalon. Je me suis tenu devant elle en caleçon. Je n'ai pas pleuré parce que cette horreur dépassait trop largement ce à quoi servent les larmes, mais je l'ai prise par les épaules, je l'ai conduite jusqu'à notre lit en cuivre et je me suis appuyé contre elle, comme si le sexe pouvait me sauver, sachant qu'il ne le pouvait pas, et j'ai supplié et fait des promesses et parlé de la pureté et de la perfection de mon amour, mais Lorna Sue me fixait avec des yeux froids de crocodile et m'a lancé : "Ne te conduis pas comme un gamin de dix-huit ans."
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Peut-être un paradis, peut-être pas.
Peut-être n'avait-elle pas la force de lui dire. Peut-être avait-elle tout manigancé. peu probable, mais pas complètement invraisemblable. Les motifs ne manquaient pas - excédée, effrayée, épuisée par le malheur. Peut-être s'est elle réveillée tôt le lendemain matin, glissée hors du lit et habillée, avant de sortir sur la véranda, fermer doucement la porte et marcher sur la route de terre jusqu'à l'endroit où une voiture l'attendait.
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Elle est antédiluvienne, ton histoire, disait Johnny. Vieille comme les protons. Quand on a vu ça une fois, on l’a vu des milliards de fois. On est au royaume de la grande illusion. Des contes de fées. Tu te crois dans Hair, ou quoi ? Ces conneries de Laissons, Laissons entrer le soleil, ça a fini par vous bousiller les neurones, à ta génération de barges.
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La guerre [du Vietnam] était elle-même un mystère. Personne ne savait ce qui était en jeu, ni pourquoi il était là, ni qui l'avait commencée, ni qui la gagnait, ni comment elle pourrait s'achever. Les secrets étaient partout - pièges à fil dans les haies, mines bondissantes sous l'argile rouge du sol. Et les gens. Les papa-sans silencieux, les enfants aux yeux caves et les vieilles femmes jacassantes. Que voulaient-ils ? Que ressentaient-ils ? [...] Tout cela était secret. L'histoire était un secret. La terre était un secret. Il y avait des caches secrètes, des pistes secrètes, des codes secrets, des missions secrètes, des terreurs, des appétits, des désirs et des regrets secrets. Le secret était souverain. Le secret était la guerre.
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La guerre [du Vietnam] était aveugle. Pas d'objectifs, pas d'ennemi visible. Il n'y avait rien à quoi riposter. Des hommes étaient blessés, puis d'autres, et d'autres encore, et ça n'avançait jamais à rien. Les embuscades ne marchaient jamais. Les patrouilles ne rencontraient jamais que des femmes, des enfants et des vieillards.
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Ce n'était pas une question de vie ou de mort. Il n'y avait pas de péril réel. Il était presque certain que le jeune homme serait passé pas là. Et il en serait toujours ainsi. Plus tard je me souviens, Kiowa ma dit que c'était une cible parfaite, que j'étais un soldat et qu'on était en guerre, que je devais me ressaisir et arrêter de le regarder fixement en me demandant ce que cet homme mort aurait fait à ma place si les rôles avaient été inversés. Rien de tout cela n'avait d'importance. Les mots semblaient trop compliqués. Tout ce que je pouvais faire c'était observer, bouche bée, la réalité du cadavre du jeune homme. Même maintenant je n'ai pas encore tout démêlé. Parfois je me pardonne, d'autre fois non. Dans la vie quotidienne, j'essaye de ne pas m'appesantir sur le sujet, mais de temps en temps, lorsque je lis le journal ou que je suis assis seul dans une pièce, je lève les yeux et je vois le jeune homme sortir du brouillard matinal. Je le vois s'élancer vers moi, les épaules légèrement voûtées, la tête penchée sur le côté, il passe à quelque mètres de moi et soudain il sourit comme s'il avait un secret entre nous. Et puis il continue d'avancer sur la piste vers l'endroit où elle tourne pour s'enfoncer à nouveau dans le brouillard.
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Pendant une quinzaine de jours, dit Sanders, ils vécurent comme des noctambules. C'était une expression que tout le monde utilisait: vivre comme des noctambules. Un jeu de mots. Cela rendait les choses tolérables. Comment se passe ton séjour au Vietnam? demandait un type, et un autre lui répondait: Hé, c'est une fête permanente, on vit comme des noctambules.
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Ce que les hommes emportaient était fonction en partie de leur rang, en partie de leur spécialité militaire.
En tant que lieutenant et chef de section, Jimmy Cross emportait une boussole, des cartes, des livrets de code, des jumelles et un pistolet de calibre. 45 qui pesait 1,3 kg une fois chargé. Il emportait également une torche électrique Strobe et la responsabilité de la vie de ses hommes.
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Je crois donc qu'un homme devient encore plus humain lorsqu'il essaie de reconnaître et de comprendre ce qui est juste, lorsqu'il essaie de questionner les choses en utilisant sa raison, et lorsqu'il se demande : est-ce que ce que je vais faire est juste ? Enfin, je crois qu'un homme ne devient vraiment humain qu'à partir du moment où, lorsqu'il essaie de comprendre si ce qu'il fait est juste ou non, ses actions donnent une véritable réalité à ce soi-disant courage de l'esprit. Mon père, je pense que la guerre n'est pas juste. Je ne devrais donc pas la faire.
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Une histoire existe pour l'éternité, même quand la mémoire est effacée, même quand il n'y a plus rien d'autre à se rappeler que l'histoire elle-même.
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Mais le problème des souvenirs, c'est que l'on ne peut pas les oublier.
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Ils avaient seulement trop peur pour être des lâches.
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Je me souviens de Mitchell Sanders, tranquillement assis à l’ombre d’un vieux banian. Il se servait de l’un de ses ongles pour s’épouiller, procédant lentement, et déposant avec soin les poux dans une enveloppe bleue de l’USO. ses yeux étaient fatigués. Il était resté deux longues semaines dans la jungle. Environ une heure après, il cacheta l’enveloppe, écrivit GRATUIT dans le coin supérieur droit, et l’expédia à son bureau de recrutement dans l’Ohio.
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Tout se passa de façon automatique. Je ne haïssais pas le jeune homme ; je ne le considérais pas comme un ennemi ; je ne me posai aucune question de moralité ni de politique ni de devoir militaire. (...) L'idée de tuer ne me vint même pas à l'esprit. Cette grenade était destinée à le faire disparaître - à le faire s'évaporer -, alors je me penchai en arrière et je sentis mon esprit se vider, puis je le sentis se remplir de nouveau. J'avais déjà jeté la grenade avant même de me dire de le faire.
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Une histoire de guerre véridique n'est jamais morale. Elle n'est pas instructive, elle n'encourage pas la vertu, elle ne suggère pas de comportement humaniste idéal, elle n'empêche pas les hommes de continuer à faire ce que les hommes ont toujours fait. Si une histoire vous paraît morale, n'y croyez pas. Si, à la fin d'une histoire de guerre, vous vous sentez ragaillardi, ou si vous avez l'impression qu'une parcelle de rectitude a été sauvée d'un immense gaspillage, c'est que vous êtes la victime d'un très vieux et horrible mensonge. La rectitude n'existe pas, la vertu non plus. La première règle, me semble-t-il, est qu'on peut juger de la véracité d'une histoire de guerre d'après son degré d'allégeance absolue et inconditionnelle à l'obscénité et au mal.
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Le problème était au delà de la discussion. Pendant ce long été, j'avais tourné et retourné les différents arguments, réfléchi aux avantages et aux inconvénients, et ce n'était plus une question qui pouvait être résolue par un acte de pure raison. Mon intellect s'était insurgé contre mes émotions. Ma conscience me disait de m'enfuir, mais une force puissante et irrationnelle lui résistait,comme un poids qui me faisait basculer vers la guerre. Le résultat, stupide au demeurant, était un sentiment de honte. Une honte brûlante. Je ne voulais pas que les gens aient une mauvaise opinion de moi. Ni mes parents,, ni mon frère et ma sœur, ni même les gens qui se réunissaient au café de Gobbler. J'avais honte d'être là au Tip Top Lodge. J'avais honte de ma conscience, honte de faire mon devoir.
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La nuit, quand je ne pouvais pas dormir, j'avais de violentes discussions avec ces gens. Je me mettais en colère contre eux, je leur disais combien je détestais leur acquiescement aveugle, borné, automatique à toutes ces choses, leur patriotisme de simples d'esprit, leur ignorance orgueilleuse, leurs platitudes du style : "America love-it-or-leave-it" , la façon dont ils voulaient m'envoyer combattre dans une guerre qu'ils ne comprenaient pas et qu'ils ne voulaient pas comprendre. Je les tenais pour responsables. Mais oui, bon Dieu, ils l'étaient vraiment. Tous ces gens - je les tenais personnellement et individuellement pour responsables -, les gars du Kiwanis Club en costume synthétique, les commerçants et les fermiers, les pieux paroissiens, les ménagères bavardes et les notables irréprochables du Country Club. Ils ne faisaient pas la différence entre Bao Dai et le Père Noël. Ils ne connaissaient pas l'histoire. Ils ne savaient absolument rien de la tyrannie de Diem, ni de la nature du nationalisme vietnamien, ni de la longue colonisation française - tout cela était bien trpo compliqué, il aurait fallu s'informer -, mais peu importe, c'était une guerre pour arrêter les communistes, un point c'est tout, ce qui était le genre de choses qu'ils aimaient, et on vous considérait comme un putain de fils-à-maman si vous n'étiez pas immédiatement partant pour tuer ou mourir en vertu de ces vertus pures et simples.
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J’observais le sergent-chef. Il a fait marche arrière, s’est accroupi, et de la poussière et un nuage de fumée rouge sont montés dans les airs, tout autour de ses cuisses. Il s’est redressé et il est resté bouche bée en voyant la brève explosion. Il n’a rien dit. Comme s’il essayait de se protéger des éclats d’obus et de tout ce raffut, il a fait trois pas en arrière. Là, ses jambes se sont désagrégées sous son poids et il est tombé sur le dos comme une masse.
Ça a explosé juste sous ses pattes. Personne ne s’est senti vraiment triste quand l’hélico a atterri et qu’on l’a foutu à bord.
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- Quel est le problème ? La cantine distribue pas assez de benzédrine ? (...)
- Négatif, chef, mon vrai problème, c'est un problème de conscience, de philosophie, d'intellect, d'émotion, de peur, de douleur physique, d'un désir de vivre tempéré par un désir de ne pas faire le mal, et aussi, malgré tout, le désir de prouver que je suis un héros.
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