En 2008, j'ai rencontré lors de mes pérégrinations littéraires un livre « La fin est mon commencement.... » de Tiziano Terzani. Passage de témoin à son fils Folco.
Oui il raconte à son fils « le grand voyage de la vie », livre lumineux.
Robert Solé le qualifie de « grand baroudeur du journalisme ».
En effet journaliste italien, très impliqué et légende du grand reportage, lorsqu'à 59 ans il apprend qu'il est atteint du cancer, il part une dernière fois en reportage et nous offre ce voyage avec générosité et sans moralisme.
Je m'aperçois qu' « un autre tour de manège » n'a pas la même traductrice que « La fin est …. » et je retrouve les mêmes sensations de lecture qu'en 2008...
Tiziano a toujours voyagé et naturellement il va continuer. Après avoir traité son mal par la médecine occidentale et entre ses contrôles tous les trois mois, il va faire ce qu'il fait le mieux, une enquête de terrain.
Le sujet , la médecine occidentale et orientale : opposition, complément...Une autre vision de la vie, de la mort et entre les deux de la maladie.
New-York
Son séjour à New-York, où il choisit de vivre cette expérience de la maladie, seule sans sa femme.
Trois cancers lui sont détectés sans qu'il est un contact humain avec les médecins : « le fait que je sois sans cesse traité comme un ensemble de morceaux et jamais comme une unité me laissait un peu insatisfait . »
Ne croyais pas que ce constat de Tiziano Terzani soit un blanc seing pour vous tourner vers les médecines alternatives qui fleurissent partout, il vous invite à une réflexion sur la vie et surtout sur vous même.
Il clôt sa première période new-yorkaise par cette réflexion profonde : « Pour beaucoup, l'angoisse est celle d'une rechute dans la maladie. Pour moi, c'était celle de retomber dans « l'avant ». »
INDE THAILANDE PHILIPPINES HIMALAYA
Ce que cherche notre homme se résume à cette philosophie que l'on retrouve dans beaucoup de contes indiens : « La mort nous enlève tout. Si nous réussissons à nous alléger avant, nous nous sentirons plus libre. »
Une autre histoire éloquente : « Un jour, le Calife envoie son Vizir écouter ce qui se dit au bazar. Ce dernier s'y rend et remarque dans la foule une femme grande et maigre, enveloppée d'un grand manteau noir, qui le regarde fixement. Terrorisé, le Vizir s'enfuit. Il court voir le Calife et l'implore : Sire, aidez_moi ! J'ai vu la Mort au bazar. Elle est venue exprès pour moi . Laissez-moi partir, je vous en supplie . Donnez-moi votre meilleur cheval. Avec lui, en forçant le pas, je serai sain et sauf ce soir à Samarcande.
Le Calife accepte. Poussé par la curiosité, il se rend au marché. Il s'adresse à la Mort et lui sit : pourquoi as-tu fait peur à mon vizir ? Celle-ci lui répondit : je ne lui ai même pas parlé, j'étais seulement surprise de le voir là, car notre rendez-vous est ce soir à Samarcande. »
Son dossier est épais pour chercher la médecine qui lui convient, il investigue et trouve beaucoup de charlatans . Il se tourne vers la médecine ayurvédique ( connaissance de la vie).
De voyage en voyage, de conte en conte que trouve-t-il ?
La réponse et simple et complexe à la fois : lui-même.
Pas celui que tout le monde connaît et admire, mais son être profond celui qu'il est depuis toujours et qu'il a oublié au fil de sa vie trépidante.
Cette vie où l'émerveillement n'a jamais laissé la place à la vulgarité.
Des connaissances accumulées,de sa vaste culture il fait quasiment table rase pour se trouver et nous livrer que l'essence de l'homme est dans la spiritualité.
L'être avant le paraître et la consommation.
Cette lecture nous livre un parcours essentiel et généreux.
Se trouver soi-même, faut-il attendre qu'il soit trop tard ?
Comment rester fidèle à l'essence de l'être humain dans un monde qui prolifère de l'inutile ou se côtoie le pire et le meilleur...
Une belle leçon au sens noble du terme celui de la transmission, jamais triste, réaliste et cocasse.
« La fin était son commencement …. »
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