AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Upton Sinclair (160)


80 km/h, disait l'indicateur de vitesse. Telle était la règle de Papa en rase campagne ; il ne la modifiait jamais, sauf par mauvais temps. Les côtes ne comptaient pas ; une pression un tout petit peu plus forte du pied droit et la voiture filait en bondissant jusqu'au haut de la crête, replongeait vers le vallon suivant, toujours exactement au centre du magique ruban de ciment gris. Elle se mettait à reprendre de la vitesse en descendant le versant ; Papa diminuait un tantinet la pression de son pied et laissait à la résistance du moteur le soin de modérer l'allure. 80 km/h étaient assez, déclarait Papa : c'était un homme méthodique
Commenter  J’apprécie          30
Quand, par exemple, un homme tombait dans une cuve et était transformé en saindoux de luxe ou en engrais supérieurs, à quoi cela servait-il d'ébruiter l'affaire et de causer du chagrin à sa famille ?
Commenter  J’apprécie          20
Ils n'étaient que de pauvres travailleurs, pour qui l'argent représentait la seule force, constituait l'essence même de leur corps et de leur âme, était ce qui les faisait vivre… ou périr, s'ils en manquaient.
Commenter  J’apprécie          20
La vie d'errance perd tout attrait quand on ne peut plus dormir au chaud dans une meule de foin.
Commenter  J’apprécie          20
Il en est ainsi du ressac sur les plages : l'eau n'est jamais la même, mais les vagues se ressemblent toutes.
Commenter  J’apprécie          20
Pendant ce temps, les ouvriers travaillaient avec fureur pour arrêter l’écoulement. Ils couraient çà et là en titubant, à demi aveuglés par ce brouillard noir. Aucun endroit où ils pussent reprendre haleine ; rien où pouvoir s’accrocher : tout était gras, la graisse ruisselait sur tout. Vous vous agitiez dans les ténèbres, tâtonnant autour de vous sans autre guide pour déterminer la place du monstre, que son rugissement, ses coups sur votre corps, son crachement sur votre visage. On travaillait en haute tension, car des primes avaient été offertes : cinquante dollars par homme si l’écoulement était arrêté avant minuit, cent dollars s’il l’était avant dix heures. Nul ne pouvait se représenter combien de richesse ce monstre gâchait, mais cela devait être des milliers de dollars toutes les minutes. M. Culver y alla lui-même à corps perdu pour aider, et, dans ses téméraires efforts, il eut les deux tympans crevés. « Essayer d’arrêter le jaillissement avec sa tête ! » commenta sans sympathie un ouvrier. En outre, le propriétaire découvrit au cours des semaines suivantes qu’il avait accumulé un total de quarante-deux procès pour dégâts envers immeubles, vêtements, poulets, chèvres, vaches, choux, betteraves et automobiles qui avaient glissé dans les fossés sur les routes trop bien graissées.
Commenter  J’apprécie          20
Paul lui avait proposé un idéal grave et âpre : ne dépendre que de soi même, garder l'indépendance de son propre jugement, affronter résolument l'existence et la comprendre, au lieu de se laisser entraîner à la poursuite de l'argent ou du plaisir. Cet idéal, Bunny n'avait pas eu la force de le suivre, non, il a vécu dans le luxe, il avait recherché les femmes ; mais il en avait senti la beauté; il avait eu le désir de ressembler à Paul. p699
Commenter  J’apprécie          20
La radio est une invention unilatérale : vous pouvez écouter, mais vous ne pouvez pas répondre. Et c’est en cela que réside son immense utilité pour le système capitaliste. Le particulier, tranquillement assis dans son fauteuil prend ce qu’on lui donne, comme l’enfant en bas âge qu’on nourrit au biberon. C’est sur une telle base que repose le plus grand empire d’esclaves qu’ait jamais connu l’histoire.
Commenter  J’apprécie          20
Grâce au cinéma le monde s’unifie, c’est-à-dire qu’il s’américanise.
Commenter  J’apprécie          20
Le magnat américain apportait chez les Anglais à peu près autant de tact et de bonnes manières que l’un de ces bœufs à longues cornes des plaines du Sud-Ouest. Il n’allait pas se mettre à faire des chichis mondains : il n’était, lui, qu’un ancien toucheur de bestiaux de l’Oklahoma et, si ça ne plaisait pas au « vieux coco à guêtres et à monocle », comme il appelait le plus gros pétrolier anglais, eh bien, il s’en foutait pas mal.
Commenter  J’apprécie          20
Bunny communiqua cette lettre à son père et, comme toujours, elle revêtit aux yeux du vieil homme une signification diamétralement opposée à celle que Bunny lui attribuait. Assurément, la politique était pourrie et vous deviez voir que c'était de la folie de confier à un gouvernement les questions d'affaires. Retirez les affaires aux politiciens et confiez-les aux gens d'affaires qui les feront marcher sans pots-de-vin. Si l'on avait donné ces terrains pétrolifères à Verne et à Papa, dès le début, il n'y aurait pas eu de graissage de pattes, c'était bien clair. Papa et Verne faisaient oeuvre de patriotes en mettant fin aux agissements malpropres des administrations publiques.
Papa le croyait-il réellement ? Il était bien difficile à Bunny de le savoir. Papa avait des mensonges à l'usage du public, d'autres peut-être à l'usage de son fils, et d'autres encore à son propre usage. Si vous aviez pu le prendre et le dépouiller de ses mensonges, il n'aurait pu soutenir la vue de sa nudité.
Commenter  J’apprécie          20
Eli avait des avantages sur la plupart de ces fondateurs de sectes. Tout d'abord, il avait été réellement pasteur d'ouailles et de troupeaux, profession à laquelle sont attachées des traditions millénaires. Cela avait également une utilité symbolique : ce qu'Eli avait fait jadis pour les brebis, il le faisait maintenant pour les brebis humaines d'Angel City, il les ramenait au bercail et les protégeait contre Satan, ce loup cruel. Il s'était mis à porter sur l'estrade une houlette de berger et, en robe blanche, une étoile brillant parmi ses cheveux couleur de filasse, il vous appelait ses brebis tout comme il avait fait sur les collines, et, lorsqu'il faisait passer le plateau de la quête, c'était d'elles-mêmes qu'elles se tondaient.
Commenter  J’apprécie          20
La population de la Californie du Sud se compose pour la plus grande part de fermiers retirés du Middle West, qui sont venus y finir leurs jours parmi le soleil et les fleurs. Naturellement, ils veulent les finir en paix, avec l'assurance de retrouver dans l'autre monde des fleurs et du soleil. Aussi Angel City est-elle la terre promise des doctrines et des cultes les plus extravagants. Il est impossible de s'en faire une idée si on ne l'a vu de ses yeux. Si l'on parcourt la liste des services dominicaux que l'on trouve aux pages d'annonces des journaux du dimanche, il y a de quoi éclater de rire ou se mettre à pleurer, suivant votre tempérament. Partout où plus de trois personnes sont réunies au nom de Jésus, de Bouddha, de Zoroastre, de la Vérité, de la Lumière, de l'Amour, de la Nouvelle Pensée, du Spiritualisme ou de la Science Psychique, c'est l'avènement d'une nouvelle révélation aux mystiques béatitudes et aux ésotériques moyens de salut.
Commenter  J’apprécie          20
_ Est-ce bien vrai, M. Roscoe ? Vous avez pu acheter les officiels des ouvriers pétroliers ?
Verne se pencha de plusieurs centimètres en travers du bureau et, pointant son gros doigt sous le nez de Bunny :
_ Mon petit gars, dit-il, enfoncez-vous bien cela dans la tête : je peux acheter n'importe quel dirigeant de syndicat, aussi bien que n'importe quel politicien ou que n'importe quel type qu'une bande de ballots peut élire à une charge. Je sais bien ce que vous pensez : voilà un ancien toucheur de bestiaux sans aucun idéal, il a de l'argent à pleins tonneaux et il se figure qu'il peut faire tout ce qu'il veut avec cela. Mais ce 'est pas là l'affaire, mon garçon. Le tout c'est que j'aie de la jugeote pour faire de l'argent, et que j'en aie pour savoir l'employer. L'argent n'est une force que lorsqu'on s'en sert, et la raison pour laquelle je peux acheter le pouvoir, c'est qu'on sait que je peux m'en servir, ou alors, nom de D..., ils ne me le vendraient pas. Vous avez compris ?
_ Oui, mais qu'allez-vous faire du pouvoir, M. Roscoe ?
_ Je m'en vais découvrir du pétrole, l'amener à la surface, le raffiner et le vendre à quiconque le paiera le prix. Tant que le monde aura besoin de pétrole, ce sera mon boulot, et, lorsqu'on pourra s'en passer, je ferai autre chose. Si quelqu'un veut sa part dans ce boulot, qu'il fasse comme j'ai fait, qu'il se grouille, qu'il sue et trime et joue le jeu.
Commenter  J’apprécie          20
La "première mondiale" de l'Envoyé du Diable devait avoir lieu au Théâtre mélanésien d'un million de dollars. Ces "premières mondiales" sont, comme vous pouvez le savoir, les grands événements mondains de la Californie du Sud. (..)
Jamais, dans toute l'histoire de l'humanité il n'y a eu une telle gloire, jamais les yeux des mortels n'ont contemplé une pompe si royale ! Des trappeurs et des chasseurs ont péri dans les déserts glacés de l'Arctique pour se procurer les hermines et les zibelines dont ces reines sont vêtues ; des plongeurs se sont fait déchirer par les requins pour remonter des tréfonds des mers tropicales les perles qui les parent ; des mineurs ont été ensevelis dans les profondeurs de la terre pour extraire les diamants dont elles rayonnent ; des chimistes se sont fait sauter en recherchant leurs cosmétiques et leurs fards ; des brodeuses se sont rendues aveugles à broder les arabesques compliquées qui brillent sur leurs jambes gainées de soie. Tout cela synthétisé dans les quelques pas d'une marche triomphale ! Vous étonnerez-vous qu'elles portent haut la tête et que leurs regards soient des regards de reines ? Ou que cette foule déferle en une ruée sauvage, comme des vagues, que des femmes s'évanouissent et que des ambulances arrivent en faisant retentir leur timbre ?
Commenter  J’apprécie          20
Dès que le soleil se leva, on entendit des coups de sifflet, et alors, soudain, des milliers d'ouvriers apparurent, qui venaient des cafés et des hôtels voisins, ou qui sautaient des tramways. Ils semblaient sortir de terre, dans la brume grise. Ils s'engouffraient dans la porte comme un fleuve dans une écluse... et bientôt leur flot s'éclaircit ; il n'y eut plus que quelques retardataires qui couraient, un garde qui faisait les cent pas, et la troupe des sans-travail affamés, claquant des dents et battant les semelles.
Commenter  J’apprécie          20
Chicago disparaît, avec ses bars et ses taudis ; surgissent des prairies verdoyantes, des rivières étincelantes sous le soleil, de majestueuses forêts et des collines enneigés
Commenter  J’apprécie          20
Je vis sur la même planète que tout le monde, je porte le même style de chaussures et je dors dans le même genre de lit, mais j’ai mes propres goûts intellectuels et je ne souhaite pas payer pour des penseurs élus par une majorité. Je veux que ce domaine-là soit laissé à la libre-initiative de chacun, comme c’est le cas à présent. Ceux qui veulent écouter tel prédicateur n’ont qu’à se cotiser pour le rétribuer et lui faire construire une église. Ils pourront alors assister à ses sermons à leur guise. Moi qui n’ai aucune envie de l’entendre, je ne m’associe pas à l’entreprise et je ne débourse rien. De la même façon, je sais qu’il existe des revues dédiées à la numismatique égyptienne, aux saints de l’Eglise catholique, aux aérostats, aux prouesses sportives, mais je ne connais aucune de ces publications. Par contre, si les salariés cessaient d’être traités comme des esclaves et si je pouvais gagner un peu plus sans payer de tribut à quelque exploiteur capitaliste, alors je contribuerais à la parution d’une revue consacrée à l’interprétation et à la vulgarisation des théories de Friedrich Nietzsche, le prophète de l’Evolution, ou à celles d’Horace Fletcher, l’inventeur de la noble science de la diététique !
Commenter  J’apprécie          20
Mais j'ai la certitude que parmi vous qui êtes là ce soir, si nombreux que vous soyez à avoir sombré dans l'abrutissement et l'indifférence, à être venus par simple curiosité ou pour me tourner en ridicule, il y aura au moins un homme que le chagrin et la souffrance auront poussé à bout, à qui la soudaine révélation des injustices et des horreurs du monde aura fait dresser les l'oreille. Pour celui-là, mes paroles seront comme l'éclair qui illumine le chemin du voyageur dans les ténèbres.
Commenter  J’apprécie          20
Un miracle s’accomplissait en lui. Il était trop abasourdi pour pouvoir penser. Il savait pourtant que le bouleversement phénoménal qui s’était produit dans son âme avait fait de lui un autre homme, l’avait délivré de l’anéantissement, arraché à l’emprise du désespoir. Le monde entier s’était transformé à ses yeux. Il était un homme libre, oui, libre ! Dût-il recommencer à souffrir, à mendier, à mourir de faim, rien ne serait plus pareil car, désormais, il comprenait les raisons de son malheur et pourrait le supporter plus facilement. Il ne serait plus le jouet des circonstances ; il serait résolu, tendu vers un objectif. Il combattrait pour une cause et mourrait pour elle s’il le fallait ! Des camarades étaient là pour l’aider et lui montrer la voie. Il allait avoir des amis, des alliés, avec qui coopérer à l’œuvre de justice et, main dans la main, marcher vers le pouvoir.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Upton Sinclair (500)Voir plus

Quiz Voir plus

Robert Merle ou Maurice Druon

En nos vertes années ?

Robert Merle
Maurice Druon

10 questions
26 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}