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Citations de Upton Sinclair (160)


Jurgis avait pris l’habitude d’acheter le journal du dimanche quand il en avait les moyens. Pour cinq petits cents, il avait droit à une brassée de pages merveilleuses pleines des nouvelles du monde entier ; il en déchiffrait lentement les gros titres, avec l’aide des enfants pour les mots un peu longs. On y parlait de rixes, de meurtres, de morts violentes. Comment était-ce possible d’avoir connaissance de tant d’évènements aussi distrayants, aussi palpitants ? […] Ces lectures valaient largement, comme délassement, une entrée au cirque, et procuraient presque autant de plaisir qu’une « bonne bringue ». C’était une magnifique récompense pour un travailleur éreinté et hébété par sa semaine ; pour un homme qui n’avait reçu aucune instruction et qui accomplissait jour après jour, année après année, une besogne sale et abrutissante, sans jamais entrevoir le plus petit coin de verdure, sans jamais bénéficier de la moindre distraction et qui n’avait que l’alcool pour exciter son imagination.
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Les ateliers [de fabrication d’engrais] étaient situés à l’écart des autres bâtiments de l’entreprise Durham. […] C’était là qu’arrivaient les « fonds de cuve », ainsi que les rebuts en tout genre des abattoirs. Là aussi qu’on déshydratait les os et que, dans les caves étouffantes où la lumière du jour ne pénétrait jamais, des hommes, des femmes et des enfants, penchés au-dessus des scies mécaniques, découpaient en formes différentes toutes sortes de bouts d’os, dans des gerbes de poussières microscopiques qui se logeaient dans leurs poumons. Tous, jusqu’au dernier, étaient condamnés, à plus ou moins long terme, à une mort certaine. C’était ici qu’on extrayait l’albumine du sang des animaux et qu’on transformait mille substances puantes en produits plus pestilentiels encore. […] Dans cette atmosphère chargée de vapeur d’eau et de particules en suspension, les lumières électriques scintillaient comme de lointaines étoiles rouges, bleues, vertes ou violettes, selon la couleur du brouillard qui émanait des différents mélanges.
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L'âme de Jurgis avait été tuée puisqu'il avait renoncé à espérer et à lutter, qu'il s'était accommodé des humiliations et de la désespérance.
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Quiconque connaît un tant soit peu la boucherie vous dira que la viande d'une vache qui est sur le point de vêler, ou qui vient de vêler, n'est pas comestible. Or, tous les jours, de nombreuses femelles prêtes à mettre bas, parvenaient aux abattoirs. Mais, pour économiser du temps et du fourrage, il était de règle d'amener les vaches prêtes à mettre bas avec les autres. […] À l'étage au-dessous, les ouvriers récupéraient ces veaux "mort-nés" pour les débiter comme viande de boucherie. On utilisait même la peau.
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Je travaillerai encore plus.
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On lui racontait qu'ici, à Chicago, les abattoirs broyaient les hommes et détruisaient leur vie à jamais [...]
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Les hommes ont tellement pris l'habitude d'assommer des animaux à longueur de journée qu'ils ne peuvent s'empêcher de se faire la main de temps à autre sur leurs amis, voire sur leur famille.
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Ont-ils d'autre choix que cette pauvreté pour se construire une vie, malgré tout, pour tenter d'exprimer leur âme ?
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Quand on crève la faim, […], et qu'on a quelque chose qui vaut de l'argent, il faut le vendre.
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[…] il ignorait qu'il pût avoir des droits, hormis celui de chercher à gagner sa vie et d'obéir.
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On utilise tout dans le cochon, sauf son cri.
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Il n'avait plus de foyer, plus d'attache, il ne connaissait d'autre affection que cette camaraderie du vice qui 'est qu'un pitoyable simulacre d'amitié.
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Upton Sinclair
Il est difficile de faire comprendre quelque chose à un homme lorsque son salaire dépend précisément du fait qu'il ne la comprenne pas.
Upton Sinclair
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Tout de même, Papa préférait encore les Américains. Au cours de ses flâneries, il avait déniché le propriétaire retiré d’un bazar de Des Moines, qui s’ennuyait aussi mortellement que lui, et les deux hommes restaient assis pendant des heures sur l’esplanade à deviser de leurs affaires et de leurs soucis. Bientôt se joignit à eux un banquier du Dakota Sud, puis un fermier qui avait « touché » du pétrole dans le Texas. Leurs femmes et leurs filles ne voulaient démordre de ces ridicules tournées en Europe, et tout ce que pouvaient faire les « paternels », c’était de se tirer des pattes et de grogner à l’examen des factures. Mais en voici quatre qui s’étaient retrouvés et ils se donnaient mutuellement du courage. Ils finirent par découvrir un petit coin où ils pouvaient jouer au bouchon, et en bras de chemise, s’il vous plaît, tout comme s’ils n’avaient jamais fait la bêtise de gagner trop d’argent et de gâcher leur vie familiale !
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A Paris, il faisait également froid et humide, Papa était enrhumé ; il errait à travers les salons de l’hôtel, désoeuvré à faire pitié. Il se laissa emmener faire un tour et visiter les monuments. Certes, c’était très beau, c’était une ville magnifique ; on y avait longtemps travaillé et nous n’avions pas encore eu le temps de faire rien d’aussi bien chez nous. Mais, malgré tout, vous pouviez voir qu’au fond cela n’intéressait guère Papa. Il n’aimait pas ces étrangers avec leur jargon : les hommes ressemblaient à des pantins et les femmes avaient l’air de dévergondées, on essayait toujours de vous refiler des pièces fausses et les plats avaient des garnitures fantaisistes qui faisaient que vous ne saviez jamais au juste ce que vous mangiez. Cela dépassait Papa d’imaginer pourquoi diable les Américains tenaient tant à traîner par ici.
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Bunny et Vi s'aimaient avec plus de passion que jamais. Du moins c'étaient eux qui l'affirmaient, mais le désir du changement opérait en eux comme un subtil poison. Les hommes et les femmes n'ont pas que des corps ; les seuls plaisirs du corps ne peuvent les satisfaire. Ils ont aussi une âme, et leurs idées doivent correspondre. Vi et Bunny pouvaient-ils en avoir mutuellement assez de leurs idées et s'aimer toujours autant ? Hommes et femmes ont des caractères, et ces caractères se traduisent en actes ; qu'advient-il, s'ils se traduisent par des actes opposés ? Si l'homme désire rester à lire, alors que la femme veut aller danser ?
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Ils avaient une philosophie qui les protégeait comme une cotte de mailles contre toute espèce de doute ou d'hésitation. C'étaient à ceux qui avaient l'argent, les idées et l'expérience, de diriger les affaires du pays et, puisque les gens n'étaient pas assez sensés pour leur accorder spontanément le pouvoir, il fallait bourrer le crâne aux gens. Il fallait trouver des formules types et les leur enfoncer dans la tête en les répétant des millions et des milliards de fois. C'était tout un art ; il avait ses spécialistes que vous payiez, mais, sacredieu, un prix qui vous faisait suer du sang !
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Tout cela semblait raisonnable et Bunny écoutait Papa lui inculquer sa leçon favorite : prenez garde à votre argent. Un jour, un accident pouvait arriver à Papa, et Bunny aurait alors toute l'affaire sur les épaules, aussi fallait-il se rendre compte au plus tôt que les gens qu'il rencontrait essayaient, par des moyens plus ou moins subtils, de mettre le grappin sur votre argent. Bunny, sans intention de riposter aux arguments de son père, mais par un simple rapprochement qui se fit dans son esprit, fut amené à remarquer :
_ Mais, Papa, tu te rappelles ce garçon, Paul ? Il n'essayait certainement pas d'avoir notre argent, car je lui en ai offert et il n'a pas voulu le prendre ; il s'en est allé sans me revoir.
_ Oui, je sais, dit Papa ; mais il nous a dit que toute sa famille était timbrée, et il est simplement timbré d'une façon un peu différente, voilà tout.
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Un vent de mécontentement soufflait et l'orage qui grondait menaçait d'éclater d'un jour à l'autre. Un mois seulement après les débuts de Marija en tant qu'apprêteuse de carcasses, son ancienne fabrique annonça que les salaires seraient diminués de moitié. L'indignation des ouvrières fut telle que, sans même se concerter, elles quittèrent leur poste et organisèrent une manifestation devant l'usine.
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Il travaillait dans la pièce où la viande de boeuf était préparée pour la conserve. Des hommes munis de fourches la sortaient de cuves pleines de produits chimiques, où elle était restée à mariner, puis la lançaient dans des wagonnets qui l'emportaient vers les cuisines.
Quand ils avaient récupéré tout ce qu'ils pouvaient, ils vidangeaient les cuves dont le contenu se déversait par terre, puis, avec des pelles, raclaient les restes qu'ils jetaient eux aussi dans le wagonnet.....
Comme si cela ne suffisait pas, tous les deux ou trois jours, le vieil Antanas devait dégager d'une grille située dans le conduit tous les petits bouts de viandes et autres résidus qui y étaient retenus, et les charger à l'aide d'une pelle dans un des wagonnets, avec le reste de la viande !
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