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Critiques de Valeria Luiselli (44)
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Archives des enfants perdus

To leave is to die a little.

To arrive is never to arrive.

MIGRANT PRAYER

( Partir c’est mourir un peu

Arriver est ne jamais arriver.

PRIERE DU MIGRANT)



L’écrivaine mexicaine Valeria Luisella aborde ici un sujet actuel et grave, d’enfants migrants en détention. Plus de quatre-vingt milles enfants mexicains et des pays du Triangle du Nord ( Guatemala/ Honduras/ San Salvador ), sans papiers, sont détenus à la frontière sud des États-Unis. “Des enfants perdues* “, qui fuient une violence terrible et des abus sexuelles systématiques dans leurs pays, infestés de gangs para-étatiques. Des enfants à la recherche non d’un Eldorado, comme présentée par les politiques et les médias, mais tout simplement d’une protection, souvent chez des parents déjà immigrés aux États-Unis.

L’écrivaine relate le sujet dans le contexte d’un couple de chercheurs américains, des documentaristes . Un couple recomposé avec deux enfants, un pour chacun d’une première union, chacun à la poursuite d’un projet sur le son, sur différents sujets en apparence non compatibles. Un couple “On the road” ( comme Kerouac ) avec les deux bambins......partis de NewYork ils descendent vers le sud-ouest sans destination précise alors que leur couple bat de l’aile......

Des enfants perdues,

Un couple perdu,

Dans les dédales d’un monde perdu,

Celui d’Emmet Golwin, Larry Clark, Nan Goldin **......





Ce qui est particulier dans ce livre lu en v.o. ( l’écrivaine écrit en anglais), est le ton et le style de narration. Simple, concis, sans fioritures, impersonnel et une structure très singulière que je vous laisse découvrir. La femme d’origine mexicaine est en partie la narratrice, l’homme y est référé comme « mon mari », et les enfants comme « la fille »(cinq ans) et « le garçon »(dix ans). Ce dernier étant le savoureux narrateur de la seconde partie, et co-narrateur de la troisième et quatrième partie.

Plus on avance dans le livre, plus on se rend compte de la justesse de ce ton et de ce style. En faites ces deux histoires qui semblent emboîtées, traitent de deux sujets différents actuels mais aussi intemporels, le problème de l’immigration, infantile dans ce cas, et la difficulté de l’homme en tant qu’être humain, à prendre ses responsabilités dans une vie de couple et de famille. Vient s’y greffer aussi divers thématiques et de superbes réflexions sur les mots,la photo, les sons, les archives, la littérature, et même sur la danse contemporaine avec Martha Graham..... et aussi de nombreuses questions d’éthique,

«  Comment pourrais-je même oser penser faire ou faire de l’art avec la souffrance d’un autre ? »,

Pourquoi constituer une archive sur ces « enfants perdus »? Quel en est le but ? “Pour le faire écouter et susciter- de la pitié ? - de la rage ? Et après faire quoi ? ....Personne ne décide de ne pas aller travailler ni de faire une grève de faim....Tout le monde continue leur vie normale ...., après avoir écouté une émission à la radio à ce sujet. »



Excellent livre multi- thématiques, où on ne se perd jamais grâce aux narrateurs,

qui à travers leurs états d’âmes et digressions, maintiennent le cap de ce voyage qui ressemble à une migration, et est en faites un voyage migratoire. Un livre qui nous montre oh combien nous simples humains sommes désarmés face à la misère du monde......Un des meilleurs livres que j’ai jamais lu sur la complexité de ce dit Monde !

Superbe découverte grâce à ma libraire , l’unique librairie pour 40000 habitants de la ville voisine.



“When life itself seems lunatic, who knows where madness lies? ....To surrender dreams—this may be madness.”

(Quand la vie elle-même semble délirante, qui sait où alors est la folie ? ..... Mais renoncer à ses rêves- Ça peut-être la vraie folie.)



*Des enfants qui ont perdus leur droit à l’enfance “.

** Photographes américains, témoins d’un monde perdu.
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Raconte-moi la fin

Aux États-Unis, plus de soixante mille enfants non accompagnés ont été arrêtés aux abords de la frontière avec le Mexique en 2014 alors qu’ils fuyaient la plupart du temps la violence des gangs d’Amérique centrale. La principale réponse du gouvernement Obama a été d’accélérer les procédures de jugement et d’expulsion, rendant l’examen des dossiers par des avocats et la défense de ces enfants beaucoup plus difficile.



Raconte-moi la fin, court essai percutant et remarquablement écrit de Valeria Luiselli (publié en 2017, traduit de l’anglais par Nicolas Richard pour les éditions de l’Olivier, 2018) est né de cette crise, de la volonté de la comprendre et d’en parler autrement face à des médias et des hommes politiques qui présentent la plupart du temps les immigrés – y compris lorsqu’ils sont des enfants – comme une invasion menaçante sans jamais s’interroger sur les causes racines de cette immigration.



Valeria Luiselli, qui est née au Mexique et vit aujourd’hui à New York, attendait en 2014 le renouvellement de sa carte verte et ne pouvait donc plus enseigner. Elle a alors commencé à faire des recherches sur cette crise, à étudier le droit de l’immigration et est devenue en 2015 interprète bénévole pour des associations cherchant à trouver des avocats et à assurer la défense de ces enfants.



Portant le sous-titre «un essai en 40 questions», Raconte-moi la fin est construit autour du questionnaire mis en place par les ONG pour commencer à comprendre le parcours des enfants, leur trouver un avocat pour assurer leur défense, aider à déterminer s’ils pourraient être éligibles à l’immigration sur le territoire des Etats-Unis.



On ne sait pas comment se terminent les histoires des enfants évoquées ici par Valeria Luiselli, question que sa fille ne cesse de lui poser, d’où le titre de l’essai. Valeria Luiselli ne connaît en général sans doute pas « la fin » de l’histoire des enfants qu’elle questionne : les histoires individuelles qu’elle évoque ne visent pas à créer de la compassion (même si elle est forcément présente) mais à faire connaître la situation de ces enfants, l’origine de la violence qui les pousse à fuir et à entreprendre un voyage si périlleux, qui apparaît généralement comme le dernier recours pour leur survie. Ainsi, Valeria Luiselli transforme le parcours déchirant des enfants en histoires, et une expérience émotionnelle terrible en récit politique, afin de passer de la sidération à la considération, pour reprendre les mots de Marielle Macé.



La question de la forme écrite de ces histoires est centrale, pour la défense de ces enfants, pour transformer leurs histoires en récit politique et plus tard en roman, dans l’impressionnant Archives des enfants perdus, récemment paru aux éditions de l’Olivier et dont nous parlerons bientôt sur ce blog.



Le lecteur ressent ce qu’il faut de tact pour « administrer » un tel questionnaire à des enfants qui ont le plus souvent traversé l’enfer (disparitions, viols, kidnappings en route vers les Etats-Unis pour tous les réfugiés en provenance d’Amérique centrale), et créer un espace où les enfants se sentent en sécurité pour parler malgré l’inhumanité des procédures ; les paradoxes déchirants perceptibles à la lecture sont la neutralité obligatoire de celle qui les questionne et qui sait que l’intérêt des enfants est d’avoir à raconter les histoires les plus insoutenables car ce sont celles qui permettront de leur éviter une expulsion du territoire des États-Unis, danger très souvent mortel. Certains ne le peuvent pas, comme ces deux fillettes de cinq et sept ans originaires du Guatemala, venues seules aux Etats-Unis pour rejoindre leur mère, trop petites pour comprendre et pour mettre des mots sur leur histoire.



Essai politique, Raconte-moi la fin permet de toucher du doigt les causes de l’immigration, la violence endémique en Amérique centrale qui trouve ses racines aux États-Unis (avec des gangs formés initialement à Los Angeles et expulsés vers l’Amérique centrale, qui se sont développés plus tard comme une gangrène des États-Unis à l’Amérique centrale en passant par le Mexique).

La compréhension profonde des destins de ces enfants et de leurs causes est mise en regard des réactions souvent ignorantes des citoyens américains croisés sur les routes et qui se réfugient dans la peur et le rejet, réaction opposée à celle des étudiants de Valeria Luiselli qui forment une association pour aider les jeunes demandeurs d’asile.



Choisir de ne pas agir est devenu inacceptable. Valeria Luiselli le fait comprendre avec force dans ce livre, lecture indispensable.



Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de Charybde : https://charybde2.wordpress.com/2019/10/13/note-de-lecture-raconte-moi-la-fin-valeria-luiselli/
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Archives des enfants perdus

L’écriture de Luiselli est vivante et vibrante. On est assis dans la voiture avec eux, on regarde le paysage défiler, on a chaud dans le désert, on tremble pour les enfants. [...] Le résultat est tout simplement bouleversant.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Archives des enfants perdus

Le remarquable nouveau livre de Valeria Luiselli est à la fois le road-trip d’une famille recomposée, une critique acerbe de la politique migratoire américaine, une réflexion sur la façon de transmettre les histoires, mais aussi un dispositif expérimental tissé d’allusions littéraires.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
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Archives des enfants perdus

C’est l’histoire d’une famille, de nos jours, aux États-Unis. La mère avait une petite fille, le père un petit garçon, ils forment tous les quatre une famille. Un beau jour, le père a décidé qu’ils quittaient New-York pour s’établir en Apacheria. Le lendemain des dix ans du petit garçon les voilà tous les quatre sur la route.

« Je me rappelle avoir lu Kerouac quand j’avais vingt et quelques années, à l’époque où je sortais avec un libraire. Il était fan de Kerouac et m’avait offert tous ses livres, l’un après l’autre. Je les lisais comme si j’étais obligée de finir un interminable bol de soupe tiède. »

C’est le projet du père, et le sien seul.

« Ce qui se passe lorsqu’on habite avec une personne, c’est que même si on la voit tous les jours et qu’on peut anticiper toutes ses répliques dans une conversation, même quand on peut lire derrière ses actions et estimer de manière assez précise ses réactions selon les circonstances, même quand on est sûr que pas un seul repli de cette personne ne reste inexploré, même dans ces conditions, un beau jour, l’autre peut soudain devenir un inconnu. »

C’est l’histoire d’un voyage, nourri de rancoeurs et d’incompréhension, c’est la fin d’un amour et c’est un déchirement annoncé, la séparation d’un frère et d’une soeur, c’est l’histoire de deux passionnés qui nous font découvrir le monde de la documentation, « tariste » et « thécaire », c’est l’histoire d’enfants qui « cherchent à échapper à leur cauchemar quotidien » en tentant de rejoindre quelqu’un aux États-Unis et dont on retrouve les corps, morts d’hyperthermie dans les plaines d’Arizona, c’est l’histoire d’une mère qui plante des graines un peu trop conceptuelles dans la tête d’enfants qui prennent trop au premier degré, c’est une histoire incroyable racontée de manière inouïe. C’est évidemment impossible d’en parler correctement, ça m’est impossible à moi en tous les cas, tant j’ai été bouleversée par ce roman.

« Peut-être en raison de son prénom étrange, Emmet, j’ai toujours cru que c’était une femme, jusqu’à ce que j’apprenne que c’était un homme. Cela ne m’a pas empêchée de continuer à l’apprécier, mais peut-être pas autant. »

À la fois éminemment concret (chacun a sa ou ses boites et y collecte ses propres données) et profondément lyrique, ce roman possède une étrangeté qui plaît ou déplaît, il n’y a pas de juste milieu. Original aussi bien dans sa forme que sur le fond, il a exercé tout au long de ma lecture une profonde fascination qui ne s’est jamais démentie.

« Toutefois, je ne suis plus certaine de savoir ce que signifie « plus tard ». Quelque chose a changé dans le monde. Il n’y a pas si longtemps, il a changé et nous le savons. Nous ne savons pas encore comment l’expliquer, mais je pense que nous pouvons tous le sentir, quelque part au fond de nos entrailles et de nos circuits cérébraux. Nous ressentons le temps différemment. Personne n’a été tout à fait capable de capturer ce qui est en train de se passer ni d’expliquer pourquoi. Peut-être est-ce simplement que nous sentons une absence d’avenir, parce que le présent est devenu trop envahissant, et donc l’avenir inimaginable. Et sans avenir, le temps n’est vécu que comme une accumulation. »

C’est aussi un roman intensément triste, il faut être prêt à y faire face.

Un grand choc de lecture !

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Archives des enfants perdus

Une passionnante réflexion sur les traces des enfants d’Amérique centrale arrêtés et perdus à la frontière américaine, auxquels l’auteure rend brillamment hommage.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Archives des enfants perdus

Valeria Luiselli donne un roman majeur sur les enfants sud-américains perdus aux États-Unis, sur le présent et sur la littérature.
Lien : https://www.lesoir.be/242327..
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L'histoire de mes dents

Nous suivons Gustavo « Grandroute » Sanchez, vendeur de dents de célébrités aux enchères, pour ainsi dire sous forme de performance, liée à l’histoire de sa propre dentition, en arrière-plan une ville de seconde zone du Mexique.

J’ai aimé l’originalité de l’emplacement où l’action de déroule, du sujet, des personnages, du déroulement de l'action et ai beaucoup aimé les ‘annotations’ en fin de livre avec incursion d’art contemporain ainsi que l’humour omniprésent.

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Raconte-moi la fin

Sur un ton très personnel et en remontant le fil des 40 questions que les services d’immigration leur posent après qu’ils ont été interceptés à la frontière, Valeria Luiselli donne la parole à ces enfants migrants qui n’hésitent pas à mettre leur vie en péril pour s’en construire une meilleure.
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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Raconte-moi la fin

Dans un essai coup-de-poing, Valeria Luiselli retrace le parcours de migrants mineurs venus d’Amérique centrale et du Mexique pour entrer aux Etats-Unis.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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Raconte-moi la fin

Livre d'à peine une centaine de pages mais d'une concentration et d'une urgence rares. Cette écrivaine mexicaine (qui a également la nationalité italienne) s'est installée avec sa famille à New York. En attente de sa "green card" elle se présente aux tribunaux comme interprète. Pendant ce travail, elle se sent de plus en plus désemparée à l'égard de la situation précaire des mineurs hispano-américains qui demandent l'asile aux E.-U. pendant l'ère Obama. Ils proviennent presque tous du triangle du Guatemala, Le Salvador et l'Honduras. L'écrivaine, qui compatit avec ces jeunes parce qu'elle même se trouvant en procédure, commence à voir des parallèles entre les différentes histoires qu'elle traduit de jour en jour. Avec une grande lucidité et concision, Valeria Luiselli dissèque la réalité à laquelle elle est confrontée. Pourquoi ce livre n'est-il pas encore traduit en français????
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L'histoire de mes dents

Ce livre, commande pour une exposition dans la galerie d’art d’une usine de jus de fruit à Ecatepec, dans un quartier pauvre de Mexico, est le résultat d’une collaboration entre l’écrivain et un groupe d’ouvriers de l’usine. En cela, il constitue déjà une œuvre particulière et intéressante.



Le héros est un sympathique escroc à la petite semaine, ancien portier de l’usine de jus de fruit et actuellement commissaire-priseur de son état, possesseur des dents de Marylin … et inventeur de théories sur le discours des commissaires-priseurs. L’atmosphère est très bien rendue et rappelle les romans de Céline et le très beau « Amores Perros » d’Inarritu. Le tout est parsemé de clins d’œil à Sartre, Proust, Montaigne, Quintilien, …



Malheureusement après ce début déjanté très réussi, le roman s’essouffle et j’ai dû m’accrocher pour terminer cette histoire. Et donc impression mitigée …

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L'histoire de mes dents

Ce livre est né de la commande véridique d'une entreprise de jus de fruits, le groupe Jumex qui finance parallèlement à son activité commerciale une galerie d'art du même nom installée dans une banlieue déshéritée de Mexico. L'auteur, Valeria Luiselli, a créé son personnage, Grandroute, avec la collaboration d'employés de l'usine réunis hebdomadairement dans un atelier de lecture improvisé. La progression de son histoire a tenu compte des réactions de ces ouvriers-lecteurs au fur et à mesure que des épisodes du roman leur étaient livrés. Grandroute, le héros, après avoir végété de nombreuses années dans un emploi de gardien de sécurité, est soudain devenu commissaire priseur après avoir effectué un stage aux Etats Unis. Mais un commissaire priseur d'un genre particulier. En effet il collectionne les objets les plus hétéroclites, dont certains proviennent même d'une décharge privée, et les revend aux enchères en attribuant leur possession à des auteurs célèbres de la littérature mondiale, tels que Unamuno, Virginia Woolf et bien d'autres. Il crée à leur propos des anecdotes qui stimulent l'imagination du public des salles de vente et parvient à amasser une fortune considérable. Cela va-t-il durer, et dans quelles aventures cocasses notre personnage va-t-il s'embarquer ?

Ce roman ressemble à une parabole : le post-capitalisme ne finit-il pas par vendre du vent, et ne devrait-il pas tout aussi bien se reconvertir dans les productions immatérielles que constituent les belles histoires ? L'histoire m'a d'abord déconcertée, mais elle ne manque ni d'intérêt, ni d'originalité. Elle est même furieusement inventive quant au fond et à la forme : elle s'apparente dans le domaine de la littérature à ce qu'est la performance dans celui de l'art.
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L'histoire de mes dents

Un écrit d'une rare fantaisie ! On pourrait dire que c'est un peu tiré par les cheveux, mais Valéria Luiselli ne manque pas, au passage, de mordre à belles dents dans l'existence de certaines grandes figures de notre patrimoine culturel.

Un moment de lecture peut-être pas sérieux-sérieux au regard de certains lecteurs, mais carrément jubilatoire.
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Raconte-moi la fin

DITES-MOI COMMENT CELA SE TERMINE



L'ouvrage aurait pu s'intituler : comment vivent les gosses latinos et réfugiés aux États-Unis ? Une question pertinente et actuelle depuis l'arrivée du grand humaniste Trump à la Maison-Blanche avec son idée géniale d'un énorme mur entre son pays et le Mexique. C'est la question à laquelle Valeria Luiselli se propose de répondre. Et pour le faire est s'est portée volontaire comme interprète-traductrice au tribunal de l'immigration de New York City.



Le livre "Tell Me How It Ends", que l'on pourrait traduire par "Dites-moi comment cela se termine", vient de paraître en anglais et en espagnol. Qu'une version française suivra est sûre et bien pour 2 raisons : le sujet est à la fois trop important et original, d'où son succès non seulement outre-Atlantique, mais aussi déjà outre-Manche et la jeune Valeria Luiselli n'est point une inconnue en France. En effet, ses oeuvres précédentes "Des êtres sans gravité" et surtout "L'histoire de mes dents" ont été chaleureusement accueilli chez nous. L'histoire de ses dents a été couronné du Prix du meilleur livre de fiction par le Los Angeles Times, il y a 2 ans, ainsi que du Prix Azul au Canada. Par ailleurs, ses livres ont été traduits dans plus de 20 langues.



Valeria Luiselli est née à Mexico City en 1983 et a passé une bonne partie de sa jeunesse en Afrique du Sud. Après des études de philosophie dans sa ville natale, elle a étudié la littérature comparative à l'université de Columbia à New York. Dans le "Big Apple" - pour employer le surnom de New York - elle enseigne à présent la littérature et donne des cours d'écriture créative. Notre Valeria est l'épouse de l'écrivain mexicain Alvaro Enrigue (°1969), auteur de "Hypothermie", "Vies perpendiculaires" et plus récemment "Mort subite".



Le sous-titre de l'ouvrage "An Essay in Forty Questions", se rapporte aux 40 questions du formulaire standard du tribunal de l'immigration que ces enfants sont supposés remplir, s'ils veulent éviter un renvoi immédiat. Comme la grosse majorité ignore l'anglais, c'est là qu'interviennent des volontaires comme notre Valeria. Une tâche pas simple, car comme l'indique l'auteure pour les mômes leur histoire ne connaît ni début, ni fin.

Si, certaines questions sont évidentes et logiques, comme "Pourquoi es-tu venu aux États-Unis ?" et "Avec qui es-tu venu ?", d'autres le sont beaucoup moins, telle "À quel endroit exact as-tu passé la frontière?" Même des questions apparemment simples comme "Où sont tes parents ?", ne peuvent recevoir de réponses pour la simple raison qu'ils n'en ont aucune idée, puisqu'ils se sont enfuis de chez eux.



Beaucoup de gosses voyagent cachés à bord de trains à marchandises, comme celui qui relais Tapachula dans le Chiapas en passant par Ciudad Juárez à El Paso au Texas, surnommé "La Bestia", qui a causé la mort à des milliers d'entre eux, ou duquel ils sont sortis physiquement blessés à vie. D'autres enfants essaient de traverser le désert à pied et espèrent rencontrer "un migra" ou agent de la patrouille des frontières (Border Patrol), qui les mettra dans un centre de détention, surnommé "hielera" ou icebox, nom dérivé du sigle ICE (Immigration and Customs Enforcement).



Ceux qui sont moins chanceux deviennent des "bones in the desert" (des os dans le désert), sont violés, ce qui est le cas de 80% des filles, capturés et employés comme esclaves ou recrutés par des gangs pour le trafic de drogue. S'ils ne font pas l'objet de parties de chasse organisées par des rustres criminels locaux, soit comme sport, soit parce qu'ils ont horreur de ces petits basanés ! Bref, les risques et horreurs sont multiples et défient l'imagination.



J'arrête là ma petite description, tout en insistant sur le fait que Valeria Luiselli a signé une oeuvre qui combine une documentation solide avec une approche admirablement compatissante. Elle ne s'est pas pour rien portée volontaire pour un job qui doit être au point de vue humain foncièrement triste. Et frustrant, si un gosse pour qui elle a fait tant d'efforts est purement et simplement renvoyé par décision de l'un ou l'autre officier du tribunal des immigrés.



Ce qui depuis l'avènement du président-au-grand-coeur au pouvoir, arrive évidemment de plus en plus souvent. À ce point qu'un critique professionel a qualifié l'ouvrage comme : "Le premier livre à lire obligatoirement sur l'ère Trump". Et c'est aussi mon avis.





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L'histoire de mes dents

Gustavo Sanchez Sanchez, dit « Grandroute », autoproclamé meilleur commissaire-priseur du monde.raconte aux pauvres lecteurs que nous sommes comment il est venu à exercer ce métier et comment il a abouti à un morceau de bravoure totale à savoir la vente aux enchères de ses propres dents, qu'il fait passer pour des dents d'illustres grands hommes.Il se fait retirer r toutes ses dents pour les mettre aux enchères en faisant croire qu’elles appartiennent à différentes figures historiques, de Platon à Virginia Woolf.



Farce complètement farfelue et rocambolesque autour d'un personnage qu'il est tout autant, ce texte écrit par une jeune romancière mexicaine vivant à New York n'est jamais linéaire et facile à appréhender.



Un style et un projet aussi atypique que cynique et drôle, qui pourra dérouter un lecteur peu habitué à ce genre de littérature.



A l'origine, comme Valéria Luiselli l'explique dans une post face, cette histoire une commande pour une exposition et a fini par devenir une réflexion le sens et la valeur des objets, et plus profondément l’attachement sentimental aux objets quotidiens. De même on apprend que le livre a largement évolué entre la première parution ( édition en espagnol) et les suivantes ( édition en anglais), la romancière ayant utilisé des éléments qu'on lui a donné au gré de rencontres et ateliers pour faire évaluer certains de ses personnages et même construire des arbres généalogiques dans le roman, qui n'existaient pas à l'origine.



Cette réflexion, qu'on peut voir comme une critique de l'art contemporain, rend, une fois qu'on a pris connaissance de ses éléments, la fantaisie de départ plus profonde et moins gratuite que prévu et font de cette histoire de mes dents un objet aussi déroutant que prenant et certainement l'un des OLNI ( objets littéraires non identifiés) les plus marquants de cette rentrée littéraire 2017 .


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'histoire de mes dents

Roman qui se veut résolument original dans sa structure, sa présentation et son histoire. Je m'y étais plongée sur conseil de ma libraire et vu la référence à Vila-Matas (encore lui !) au quatrième de couverture.



C'est largement trop déjanté pour moi, je n'ai pas ris ni même souri, mais j'ai apprécié cette recherche de style pour sortir des sentiers battus. J'aime tellement peu les romans construits avec algorithmes ou lorsque l'on sent les études à l'américaine de "creative writing" dans la trame convenue de beaucoup trop de romans aujourd'hui que je souligne grandement ce genre de tentatives.
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L'histoire de mes dents

Je ne suis peut-être pas le bon public pour ce genre de roman, oscillant entre absurde et allégorie. J'ai trouvé ça grotesque. Même pas drôle. Pourtant à la base, l'idée n'était pas mauvaise..
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L'histoire de mes dents

Déjà traduit dans une vingtaine de langues, un roman complètement farfelu qui nous fera parfois sourire de toutes nos dents.
Lien : http://www.journaldequebec.c..
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L'histoire de mes dents

Comme j'aime les ouvrages atypiques, celui-ci m'a particulièrement plu. Et ce qui est encore mieux, c'est que c'est à la fois l'histoire ET le style de l'écrivain qui sont originaux! Dès les premières pages, je me suis sentie embarquée tambour battant, de manière pétillante et intelligente, marrante et subtile, en bref j'ai été séduite au premier regard! Le rythme est soutenu et ne laisse pas de répit! Du côté de l'histoire, on suit un personnage principal, "le meilleur commissaire-priseur du monde", lancé dans une fuite en avant vers le profit, guidé par la recherche du meilleur moyen d'extorquer encore plus d'argent à ses clients, avec le plus de panache possible. Une idée saugrenue concernant ses dents, alliée au pouvoir de l'hyperbole, va l'entraîner dans une situation imprévue. Très tôt dans le roman, l'absurde s'invite dans tous les interstices, il faut l'accepter, sous peine de passer à côté du livre! Le chapitre final donne le sens à l'ensemble, et éclaire les errances hyperboliques précédentes. Il est vrai que les longues diatribes farfelues du personnage principal me sont apparues lassantes à un moment du récit, mais il faut passer l'étape car l'auteure sait mener sa barque et la chute vaut le détour! J'ai beaucoup aimé le travail de l'écrivaine, qui sait dépasser l'histoire qu'elle raconte, et sait manipuler son récit comme une œuvre plastique et malléable. Une histoire qui fait également réfléchir sur les objets et le sens qu'on leur donne, sur la variabilité de nos perceptions, sur l'importance du contexte et sur les possibilités infinies des interprétations des uns et des autres... A découvrir!
Lien : https://lorenaisreadingabook..
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