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Critiques de Valeria Luiselli (44)
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Des êtres sans gravité

Des êtres sans gravité est le premier roman de cette auteure mexicaine qui avait déjà publié un essai. C’est une lecture que j’ai peu apprécié, la trouvant cryptique, voire confuse. Je lui reconnais un bon niveau d’écriture et une originalité dans la teneur, mais le résultat final ne m’a pas intéressé du tout. Heureusement qu’il y a pas mal d’humour, ce qui a facilité la lecture jusqu’au bout.



LE SUJET : une auteure souhaite écrire un livre sur le poète mexicain Gilberto Owen ayant vécu à New York vers les années 1920. En même temps cette auteure écrit sur sa propre vie comme traductrice, autrefois, à N. York, une vie assez bohème et très libre. De plus elle écrit aussi sur sa vie actuelle de femme mariée et mère de famille à Mexico, sur ses difficultés pour écrire dans un contexte de vie familiale.



Peu à peu les entités de l’écrivaine et du poète vont s’estomper dans une espèce de sfumato que Luiselli appelle « une fantomisation », les personnages paraissent moins réels et l’auteure perçoit « le fantasme » du poète dans le métro new-yorkais à plusieurs reprises.



Le récit est totalement fragmenté, sans chapitres et avec une superposition de séquences narratives apparaissant comme un puzzle, lequel, peu à peu, reconstitue le texte. Au fil du temps ce texte devient complexe, plus éthéré, à tel point, que dans certains paragraphes je n’arrivais pas à deviner qui était le narrateur.



Il se peut que ce soit un style narratif novateur, mais pour moi ce livre s’approche du roman expérimental.
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Desierto sonoro

L’autrice nous emporte dans 2 histoires plutôt qu’une:



D’une part, celle d’une famille new-yorkaise qui part vers le sud, vers la frontière avec le Mexique. Les parents travaille à étudier « les disparus » des 1eres nations, et aussi « les enfants disparus » migrants qui proviennent de l’Amérique centrale et traverse la frontière

.

D’autre part, on suit un groupe d’enfants migrants qui traversent la frontière MEX-USA vers le nord.



Deux histoires qui, au fur et à mesure du roman, tout lentement, tout doucement, se rapprocheront.



La 1ere partie de l’oeuvre est relatée par la mère de la famille new-yorkaise. La 2e par le fils, de 10 ans, de cette même famille.



Un roman surprenant, attachant, qui joue avec les styles et, de plus, avec habileté.
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Archives des enfants perdus

Archives des enfants perdus est un magnifique livre de l'autrice mexicaine Valeria LUISELLI que je découvre avec cette histoire. Celle d'une famille, d'un voyage à travers les USA, de New York vers l'Arizona. C'est aussi l'histoire du recueil de témoignages, but du voyage. Le père s'intéresse aux Apaches, la mère aux enfants perdus tels que sont appelés les enfants mexicains passant illégalement la frontière entre Mexique et USA. Ceux -ci sont laissés à eux-mêmes; ils errent dans le désert hostile et souvent meurtrier. Leur seul salut réside dans leur interpellation par des policiers qui les emmènent dans un centre de détention avant que les autorités statuent sur leur sort : admis ou expulsés. Les enfants du couple, issus des mariages antérieurs du père et de la mère vont tenter l'aventure des enfants perdus à force d'en attendre parler par la mère. Suspens pour le dénouement. Il se dégage une énorme humanité dans ce roman parfois si proche de la réalité et où chaque lecteur peut retrouver quelques situations vécues particulièrement lors du long voyage ver l'Arizona. La famille voyage avec sept boites à archives contenant les notes du père et la mère et destinées à recueillir la collecte des témoignages. Les deux enfants possèdent également leur boite. Ce livre m'a été offert par un collègue lors de mon départ à la retraite (31/12/2022) après avoir travaillé pendant 39 ans dans un service d'archives comme archiviste. Je recommande vivement cet ouvrage.
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L'histoire de mes dents

Ce court livre a été écrit environ 5 ans avant le fabuleuse ‘Archive des enfants perdus', et on peut dire qu'il s'agit d'un livre expérimental à bien des égards. Dans sa postface, Luiselli explique que c'est le fruit d'une interaction avec un club de lecture de travailleurs mexicains. Il peut être préférable de le savoir avant de commencer la littérature. Car le livre lui-même a ainsi pris la forme d'une installation, après les sculptures qui sont devenues à la mode au XXe siècle et qui tentent de combler le fossé entre les histoires et la matière. Luiselli semble essayer quelque chose de similaire avec un livre plein de références métafictionnelles, mais qui donne en même temps l'impression que tout cela n'est qu'un jeu.



Le roman est basé sur la curieuse vie de Gustave Sanchez Sanchez, surnommé Grandroute ; curieuse vie en effet, du moins dans les premiers chapitres, où l'on entend Gustave interpréter un monologue grandiose et raconter l'improbable histoire de sa vie. Ses dents tordues y jouent un rôle symbolique et matériel important. Comme je l'ai mentionné, Gustave est vantard, un peu intello (avec une accumulation de clins d'oeil aux grands de la littérature et de la philosophie) et dans l'ensemble plutôt espiègle, à la fois dans le sens charmant et répugnant (y compris un biopic de Luiselli elle-même).



À la fin, il y a un rebondissement un peu prévisible dans lequel on voit un autre narrateur éclairer la vie de Gustave d'un tout autre jour, qui s'avère beaucoup moins grandiose. Une dernière série de photos en noir et blanc (Sebald ?) et une chronologie tentent de donner à l'histoire de Sanchez une apparence pseudo-objective.

Comme mentionné, cela semble être une expérience d'écriture qui veut principalement raconter une histoire métafictionnelle, dans un sens postmoderne ; les nombreuses devises avant chaque chapitre portent presque toutes sur la relation problématique entre signe et signifié ; ça en dit assez. En même temps, Luiselli fait de son mieux pour percer le contenu intellectuel de son roman. Au moins pour moi, c'était amusant et intrigant au début, mais après un certain temps, la magie s'est dissipée.
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L'histoire de mes dents

Vous l'aimerez ou vous ne pourrez pas le finir, mais je gage que cet "essai-roman" ne vous laissera pas indifférent.

Gustavo "Grandroute" Sanchez devient par les hasards de la vie un commissaire-priseur. Ou plutôt un vendeur de tout et de rien, à condition qu'il s'enrichisse.

Un passé chaotique (un peu par sa faute, comme le montrent ses choix), une large propension à citer un certain Napoléon (pas Bonaparte, l'autre), et une péripétie très bizarre (coulrophobiques, s'abstenir), notre imitateur de Janis Joplin nous interroge sur notre rapport aux objets, à la valeur de l'art contemporain et à celle du poids des figures historiques.

En conclusion, parfait si vous aimez l'absurde !
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Raconte-moi la fin

Valeria Luiselli est interprète bénévole au tribunal de l’immigration de New York auprès de mineurs sans papiers arrivés par la frontière mexicaine. Elle doit leur soumettre un questionnaire en vue de l’obtention ou non d’un droit de séjour. Elle découvre alors la sinistre réalité derrière ces histoires d’enfants d’Amérique centrale fuyant la violence de leur pays et la guerre des gangs. Parcourant des kilomètres au péril de leur vie, ils sont confrontés à des dangers terribles : enlèvements, viols, tortures, trafics, milices armées, faim et soif.

Très documenté et riche en informations chiffrées, le texte de Valeria Luiselli donne la parole à des migrants souvent perçus en termes négatifs, désignés comme « étrangers illégaux » plutôt que « réfugiés ». Elle rend compte de la difficulté pour eux de raconter leur histoire, et pour elle de les aider à éviter l’expulsion. Émouvant, révoltant et militant, le récit expose la brutalité des politiques migratoires, le cynisme et la responsabilité des États, y compris la complicité des États-Unis dans les trafics d’armes et de drogue des cartels d’Amérique centrale. Valeria Luiselli évoque avec effroi les agissements xénophobes et la maltraitance dans les centres de détention gérés comme des entreprises lucratives.
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Archives des enfants perdus

Une famille entreprend un périple en voiture de New York vers l’Arizona. Les parents sont en couple depuis quelques années, l’un ayant un garçon, l’autre une fille, de précédentes unions. Ils sont documentaristes et traquent de la matière à reportages à l’aide de leurs micros, sur des sujets différents, toutefois. C’est ainsi que le thème des enfants migrants, arrivés seuls sur le sol américain, va s’inviter dans le véhicule, ainsi que le sujet des Apaches, derniers guerriers à s’être soumis aux Blancs. Mais pas seulement… le roman, par la voix de la mère et narratrice de la première partie, brasse beaucoup de thématiques variées.



Pendant les cinquante premières pages, j’ai été déconcertée par le fait que les quatre personnages principaux n’aient pas de prénom, par certains passages assez fumeux, et aussi parce que le thème principal semblait noyé dans une histoire de couple et/ou de famille au bord de l’éclatement. J’ai ensuite été agacée par quelques longueurs et par le grand nombre de citations recopiées par l’auteure pour éclairer son propos, puis j’ai fini par prendre un rythme de croisière et apprécier davantage le mélange entre infos sur les mineurs isolés, ou sur les Indiens Apaches, réflexions sur l’image ou le son, et road-trip familial.

À partir de la deuxième partie, un changement de narrateur bienvenu, m’a permis de reprendre la route de manière moins intellectuelle, puis un épisode auquel je ne m’attendais pas a relancé mon intérêt avec davantage de tension narrative et une jolie performance au niveau du style.

Globalement je suis donc contente d’avoir lu ce roman, et épatée par le travail qu’il représente, même si je suis soulagée d’enchaîner avec une lecture plus facile, tant pour le style que pour le sujet. C’est un bon roman, mais qui aurait gagné à être recentré sur les mineurs isolés, en évitant d’accumuler les recherches au niveau de la forme.
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Archives des enfants perdus

De loin le meilleur livre que j'ai lu jusqu'à présent, cette année. Mais aussi difficile à situer. C'est sûrement un livre essayistique sur l'horrible problème de la migration dans le sud des États-Unis, en particulier l'afflux de mineurs en provenance du Mexique. En même temps, c'est un récit de voyage, un roman de route classique, y compris les motels minables. Et parfois, il comprend des histoires sur l'expulsion et l'extermination partielle des Indiens Apache dans le sud-ouest de l'Amérique, à la fin du 19e siècle. Enfin, il s'agit d'un livre philosophique-réflexif sur un mariage en crise, sur l'interaction entre parents et enfants et sur la façon dont les enfants regardent le monde. C'est donc un paquet assez impressionnant.



L'ingéniosité du processus d'écriture de Luiselli est que pour chacune de ces perspectives, elle mélange les genres narratifs: monologues interieures, dialogues, listes du contenu de leurs valises, extraits d'un roman de fiction sur des enfants migrants passés clandestinement à travers la frontière, passages réflexifs et scènes descriptives. La voix narrative est principalement celle de la mère, ce qui donne l'impression qu'il s'agit d'un livre autobiographique (comme la femme, Luiselli est d'origine mexicaine).



J'ai trouvé deux thèmes centrales. En premier lieu, le problème des 'enfants perdus'', qui concerne à la fois les enfants migrants, les enfants du couple (un garçon de 10 ans et une fille de 5 ans), et par extension aussi plus universellement des personnes (comme les deux parents) qui semblent perdus dans leur propre vie. Le deuxième thème est celui de la documentation, de l'enregistrement, de la description de la réalité; c'est une découverte originale de Luiselli que ses deux personnages principaux (le père et la mère) sont des artistes sonores, enregistrant constamment toutes sortes de sons, le père passivement (il s'appelle un documentariste), la mère plus intrusive (documentécaire) . Là encore, l'auteur mélange constamment les différentes approches. Cela donne à ce livre une impression postmoderne, évoquant le caractère constamment changeant et insaisissable de la réalité: «la seule chose à faire est de la raconter encore et encore au fur et à mesure qu'elle se développe, se bifurque, se noue autour d'elle-même."



Le ton narratif réfléchi, les différentes couches, la forme en constante évolution et finalement aussi le changement de perspective, obligent à s'engager dans une lecture lente. Parfois, Luiselli semble un peu répétitif, ou s'engage dans des réflexions qui ne vont nulle part, mais n'est-ce pas inhérent à la façon dont nous réfléchissons tous? Formellement, l'avant-dernier chapitre en particulier est un morceau de prose magistrale, dans le style de Joyce et Woolf. Dans celui-ci, l'histoire du fils et de la fille du couple se confond avec l'histoire des enfants migrants du roman de fiction.



Je soupçonne que je n'ai en aucun cas pénétré toutes les couches du riche contenu de ce livre multiforme, qui demande certainement une relecture. Ce qui m'a aussi vraiment attiré, par exemple, c'est la façon dont Luiselli règle clairement des comptes avec des 'romans de route', tels que Kerouac's 'On the Road', et plus implicitement aussi avec Pirsig's 'Zen and the Art of Motorcycle Maintenance'. Et en même temps, le livre évoque le style réflexif de Siri Hustvedt et Rebecca Solnit, juste pour illustrer à quel niveau joue Luiselli. Avec «Lost Children Archive», elle a incontestablement écrit l’un des romans les plus marquants du début du XXIe siècle.
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L'histoire de mes dents

Je n’aime pas trop les dents.

J’ai la trouille des dentistes (mais violemment hein),

Et les nouvelles de Poe qui en parlent me terrifient.



Alors ce drôle d’ouvrage avec des gravures de dents en couverture : ce n’était pas pour moi.

Et puisque ce n’était pas pour moi, il fallait que je le lise !

Comment ça je ne suis pas logique ?



Alors un jour, dans le train, je m’y suis plongée.

Cet homme, commissaire-priseur naze, finit par vendre des dents en fabulant autour de leur histoire. Cet homme monstrueux qui se perd dans sa propre histoire m’a tout simplement fascinée.

Il est laid et fantoche, sincère et menteur, fuyard, trouillard, et attachant. Drôle de nabot !



Le retournement final m’a scotchée. Mais par politesse je n’en dirai rien !



En prime on a tout un pan de documentation à la fin du volume : notamment des chronologies ultra précises qui, bien que surprenantes, appuient merveilleusement le récit.



Ce texte est étrange, drôle et porté par une langue fluide et souriante, souvent moqueuse.

C’est vraiment une très belle découverte pour moi !
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Archives des enfants perdus

Un roman puissant et envoutant.

Ils se sont rencontrés, aimés et ont décidé de vivre ensemble dans un appartement à New-York, lui avec son fils de 6 ans, elle avec sa fillette de 2 ans. C'était il y a 4 ans mais maintenant tout se délite.

Ils décident alors de partir en voiture vers l'ouest, lui pour écrire sur les indiens déracinés, elle sur les enfants perdus ; ces enfants arrivés seuls aux USA et qui vont être expulsés.

Ils verront bien ce qui se passera au bout du voyage.

Cette traversé sera un voyage d'apprentissage pour eux 4.

La parallèle entre l'éradication des apaches et l'extradition des enfants perdus est omniprésent.

Il est question de déracinement, d'amour qui s'enfuit, d'un presque frère et d'une presque soeur qu'on va séparer.

L'écriture est sublime, ensorcelante et déchirante.

Un roman formidable.

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Archives des enfants perdus

Ils se sont rencontrés à New-York. Lui acoustémologue, enregistrant les bruits, les sons, les silences, elle journaliste et documentariste, ils travaillaient sur le même projet, visant à collecter des extraits des multiples langues parlées dans la grande ville.

Ils se sont mariés et avec leurs enfants respectifs (lui, un fils de 10 ans, elle une fille de 5), ils ont recomposé une famille. Lorsque leur projet commun est arrivé à son terme, chacun s'est cherché un nouvel objectif professionnel.

Il a entrepris un travail sur les Apaches, les derniers Indiens à s'être soumis à l'Homme Blanc, et veut maintenant tailler la route vers l'Arizona sur les traces de ces guerriers.

Elle, elle a senti que leur vie commune touchait elle aussi à sa fin, et ne sait pas trop dans quoi se lancer. D'origine mexicaine, elle est préoccupée depuis longtemps par le sort des enfants migrants en provenance du Mexique et du triangle Guatemala-Honduras-Salvador. Subissant l'ultra-violence des gangs, la misère et les abus en tous genres, ces enfants sont confiés, parfois très jeunes, avec un numéro de téléphone cousu sur leur t-shirt, à des passeurs pour tenter de gagner clandestinement les États-Unis et d'y rejoindre un parent déjà immigré. A supposer qu'ils arrivent vivants à la frontière, qu'ils arrivent à sauter le mur, à ne pas mourir dans le désert du Nouveau-Mexique, ces enfants tombent souvent sur les Border Patrols puis dans les filets des services de l'immigration avant d'être expulsés sans grande forme de procès vers leur pays d'origine.

Elle décide d'aller sur place pour (se) rendre compte de cette réalité et la documenter.

La petite famille s'embarque donc pour un long road-trip vers le sud-ouest des Etats-Unis, dans une atmosphère de fin d'époque et de "faisons-comme-si-tout-allait-bien", d'incompréhensions et de désamour. Les enfants à l'arrière, des boîtes de documents et de livres dans le coffre, le père au volant, la mère en copilote le nez dans les cartes routières, et dans les hauts-parleurs, les radios locales, des play-lists ou des livres audio. Et tout au long du parcours, des réflexions et des interrogations. Celles de la mère, surtout, narratrice de la première partie : "Inquiétude éthique : et qu'est-ce qui me fait dire que je peux ou devrais faire de l'art avec la souffrance d'autrui ?" Elle n'a pas de réponse, moi non plus, et sur cet aspect cette lecture me laisse un peu perplexe. Quel est l'objet de ce roman, quelle(s) histoire(s) raconte-t-il ? Je m'attendais à quelque chose de plus concret sur ces "enfants perdus" et la politique migratoire des Etats-Unis*. Mais je ne suis pas sûre que cela soit le thème principal du livre, tant il est question d'autres pertes, d'autres séparations : celle du couple semble inéluctable, et entraînera celle des enfants, la perte de l'amour, de l'innocence, des repères, des souvenirs, presque celle de la vie. Et le père, la mère et le garçon (narrateur des 2è et 4è parties) s'acharnent tous trois, d'une façon ou d'une autre, à documenter, archiver le présent pour en garder des traces, sonores, écrites ou photographiques, à tenter de capter les échos du passé.

La construction de ce roman est un tour de force : la 2ème partie répond magistralement à la 1ère en complétant la narration de la mère par celle du garçon, le chapitre "Echo Canyon" est une performance stylistique d'une seule longue phrase de 25 pages en mode flux de conscience, la façon dont la rencontre des enfants est amenée m'a épatée, le dernier chapitre est très touchant, l'écriture est une merveille de concision. Ce livre est remarquable par sa forme, mais j'ai eu un peu trop souvent l'impression que celle-ci prenait le pas sur le fond. Mais malgré quelques longueurs, "Archives des enfants perdus", qui fourmille de références littéraires, est un roman subtil et puissant qu'on n'oublie pas de sitôt.



Et, une fois de plus, merci Bookycooky pour cette idée de lecture!



*je devrais lire "Raconte moi la fin", un essai de la même auteure sur cette question.
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Archives des enfants perdus

Un livre original, des paysages magnifiques la présence des enfants rend ce livre attachant. Une belle découverte
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Archives des enfants perdus

Une narration trop froide et trop impersonnelle sur un sujet pourtant intéressant
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Archives des enfants perdus

Elle a une fille de 5 ans, qu'elle élève seule. Il est veuf et élève seul son fils de presque 10 ans.



Ils se sont connus au cours d'un travail de documentation des langues parlées dans New York.



Elle se dit documentariste, il se préfère documenthécaire.



Le reportage achevé, il s'enthousiasme pour le projet d'aller à la recherche de l'écho des Apaches disparus, dans le sud-ouest des Etats Unis, dans ce qui était l'Apacheria.



Elle aurait préféré continuer d'assister des parents d'enfants en passe d'être déportés au Mexique, n'ayant pas réussi leur passage clandestin aux Etats Unis.



Ils partent tous les quatre au lendemain des 10 ans du garçon. Dans le coffre de la voiture : une petite valise pour chacun, quatre boîtes d'archives pour le père contenant cartes, livres, extraits d'archives sur les Apaches, une boîte pour la mère contenant elle aussi cartes et livres sur les lieux d'enfermement des réfugiés, et une boite vide pour les souvenirs qu'amasseront chacun des enfants. Pour les parents du matériel d'enregistrement sonore, pour ce garçon, cet appareil photo Polaroïd qu'il vient de recevoir en cadeau d'anniversaire ... 



Au cours de ce road trip, la mère copilote, décrit les paysages, cherche des podcasts ou des livres audio pour divertir les enfants.  Après les états de l'est, la traversée de la Shenandoah Valley quasi sauvage précède les grandes plaines puis l'Oklahoma, un brin du Texas, et enfin le Nouveau Mexique et l'Arizona.



Ce roman est l'histoire de ce voyage, démarré avec des objectifs divergents où se creusera lentement la séparation du couple, au fil des incompréhensions et de la non-communication ...  Mais la séparation du couple sera aussi la séparation des enfants ...



Un roman lent, au rythme de cette traversée des Etats Unis par les petites routes, au fil de la crainte de ne pas trouver d'essence ou d'hébergement, au travers de cette Amérique rurale, sauvage et si méconnue.



Un roman triste et poignant ; un roman qui parle de la solitude en couple, quand chacun vaque à des tâches contiguës mais divergentes, quand la dérive des intérêts creuse un fossé infranchissable 



Un roman sur les souvenirs, sur la mémoire des lieux, sur la mémoire de l'enfance, sur les petits riens qui réactivent des souvenirs 



Un roman qui va longtemps vivre en moi ...



 
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L'histoire de mes dents

Voilà un livre atypique et farfelu, pas désagréable mais qui laisse un goût pour le moins étrange.



On suit les aventures de Grandroute. Celui-ci est atteint de collectionnite aigüe depuis l’enfance (ongles, pailles, tout y passe) et souffre d’un complexe concernant ses dents. Il se découvre sur le tard une passion pour la vente aux enchères et devient commissaire-priseur. Il invente des méthodes de vente originales et il décide un jour de vendre ses propres dents en les faisant passer pour celles de personnages célèbres.



Si j’ai trouvé ce début assez amusant bien que déroutant, j’ai nagé dans la perplexité par la suite. C’est une plongée dans l’absurde le plus total. J’ai hésité entre un rire franchement nerveux et une envie d’envoyer le livre en l’air en hurlant au foutage de gueule. Le récit tourne à l’exercice de style, sûrement brillant mais très agaçant. Cela devient une succession de digressions, un étalage de références littéraires, d’extraits de textes, de mots en chinois, latin ou russe et de phrases sans queue ni tête qui semblent tout droit sorties d’un cadavre exquis.



Je suis têtue, j’ai continué à lire pour voir jusqu’où tout ça pouvait bien aller. Et voilà que la dernière partie et la postface apportent un nouvel éclairage sur tout le récit ! L’ensemble prend alors un tour beaucoup plus ironique et devient une réflexion sur l’intérêt qu’on porte aux objets, à la valeur qu’on leur accorde en fonction des histoires qu’on nous raconte sur ces objets et qui influencent nos perceptions. On découvre alors une mise en abyme du récit puisque, de la même manière, on porte un regard différent sur le texte après avoir lu les histoires qui l’entourent. Que ce soit une œuvre d’art ou ce livre, le sens qu’on lui donne dépend de ce qu’on nous en raconte et c’est plus l’esprit de l’œuvre que l’œuvre elle-même qu’on achète ou qu’on lit. Car, en fait, le réel ne nous suffit pas, personne ne s’en contente et nous aimons tous qu’on nous raconte des histoires.



Ce texte a donc finalement une démarche assez intéressante. Il semble placer la littérature dans l’art contemporain et donne l’impression de mettre le lecteur au cœur d’une expérience. Je dois dire que je ne sais pas encore vraiment ce que j’en pense. En tout cas, il ne laisse pas indifférent.

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Archives des enfants perdus

Valeria Luiselli nous embarque en voiture avec une famille recomposée, à la recherche de deux fillettes disparues au Texas. Les adultes constituent des archives sonores, l'homme est tourné vers le passé (les sons liés aux Apaches), la femme, elle, veut capter la parole des migrants présents à la frontière mexicaine. Les deux enfants écoutent les histoires qu'ils racontent, notamment les aventures d'adolescents fuyant sur le toit d'un train. Un parallèle se fait entre la disparition des Indiens de l'"Apacheria" et l'"effacement" des migrants dans le désert. Les paysages désolés ou chargés d'histoire sont décrits avec réalisme. Très documenté, le roman expose le sort des migrants dans toute son horreur (les corps retrouvés dans le désert, les centres de détention, les expulsions). Roman sur la transmission, évoquée par le biais d'une narration alternée où la mère passe le relais au garçon qui reprend le cours de l'histoire, donnant sa version des faits, c'est aussi un récit initiatique pour les "enfants perdus", rassemblés lors d'un passage à la puissance d'évocation inoubliable.
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Archives des enfants perdus

Si vous voulez accompagner un couple et leurs deux enfants sur les routes des USA de New-York vers le Sud, si vous voulez avoir un point de vue différent sur les Indiens, mais aussi sur les enfants perdus, ces enfants latinos qui migrent pour rejoindre leurs parents aux USA, si vous voulez réfléchir, vous attarder, vous émouvoir, alors plongez dans ces archives très particulières.





Le père est acoustémologue, càd qu’il enregistre tous les bruits qui l’entourent, le vent, les oiseaux, la rivière, les trains, les gens, le silence. Passionné par les Apaches, il entraine sa famille près de Skeleton Canyon, Echo Canyon, pour suivre la trace de Geronimo et du chef Cochise, expulsés par les « yeux blancs » pour les parquer dans des réserves à la pauvreté extrême.

La mère est journaliste et amasse des documents, tracassée par ces enfants dont on ne semble pas faire grand cas, ces enfants qui doivent se débrouiller, à n’importe quel âge, lancés sur les routes, les fleuves, le désert, à pied, par train appelé la « Bestia », et qui souvent reviennent en avion à leur lieu d’origine, expulsés par des gens qui les imaginent à la recherche d’un paradis, alors que tout simplement ils fuient l’enfer.

Les enfants de ce couple, « le garçon » âgé de 10 ans et « la fillette » de 5 ans, enregistrent ce que disent leurs parents, écoutent, réfléchissent…et agissent.





Ce roman magistral laisse des traces, je peux vous le dire. Touffu, passionné, plein de références vivantes à la littérature, il questionne et remue. Très original de par sa narration, il nous fait pénétrer au cœur même du problème universel des expulsés.





Merci à Idil (Bookycooky) qui m’a incitée par sa critique enthousiaste à me lancer dans ce nœud mouvant et inextricable, par essence difficile à archiver.

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Archives des enfants perdus

C’est dans un périple en voiture de New York vers le Sud des Etats-Unis que nous entraîne ce roman de Valeria LUISELLI qui tend plus vers l’essai que vers le roman.

Il y a à la fois la vie d’une famille recomposée de deux parents et deux enfants, avec son mode d’éducation très réfléchi, mais également la quête de deux esprits différents, lui vers les derniers indiens à s’être soumis, les Apaches, elle vers les enfants migrants depuis l’Amérique centrale jusqu’aux états du Sud des Etats-Unis.

L’homme veut faire une étude sur ces indiens, la femme veut constituer des archives sur les enfants perdus, et « le garçon » et « la fillette » vivent ce voyage entre aventure et ennui. Tout au long de ce périple, les parents tentent d’inculquer à leurs enfants des valeurs intellectuelles et littéraires qui vont leur permettre de se construire comme de futurs adultes intelligents.

Hormis les sons riches et inattendus qui ponctuent le roman, j’ai trouvé le style de l’auteure froid et dénué de sentiments. Le récit a un côté méthodique et déshumanisé qui ne m’a pas accrochée, et je n’ai pas adhéré à cette éducation sans instinct et contrôlée qu’ils pratiquent.

Je regrette que ce roman n’ait pas réussi à me passionner alors qu’il traitait de sujets passionnants et je le referme avec un sentiment d’inabouti. C’est dommage.
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Archives des enfants perdus

Le commentaire de Lynda : COUP DE COEUR!



Une famille dans une voiture qui traverse les États-Unis.

Le père, la mère et deux enfants.

Les parents sont spécialistes dans la recherche du son et se sont rencontrés sur un projet pour ramasser les bruits de la ville de New-York.

Ils sont tombés amoureux et forment maintenant une famille recomposée.

Mais il décide de séparer leur passion et d'en faire un voyage, direction l'Arizona en famille et en auto. Une épopée. Une aventure avec les aléas d'un tel projet avec des jeunes enfants.

Papa, pour suivre les traces des derniers Apaches à qui on a volé les terres,

et maman pour enquêter sur les enfants de migrants qui errent dans les dédales de la justice américaine, dans l'injustice et dans la peur.

Dans le coffre de la voiture, 7 cartons contiennent leurs documentations en plus des livres, de la musique, dont un certain Bowie et quelques photos.

Quatre pour papa, un pour maman et un par enfants.

Tout au long du voyage, ils essaient d'expliquer le monde à leurs enfants,

avec plusieurs références littéraires et artistiques, mais qui ne sont malheureusement pas toujours adaptés pour des enfants. Parfois se sont les histoires de papa sur les derniers Apaches ou encore celles de maman, sur le destin des enfants réfugiés à qui on refuse l'entrée et le bonheur de revoir leurs parents.

Parsemé des disputes enfantines tout le du long voyage, ils voient, à travers les vitres de l'auto, défiler les états un après l'autre, les motels, les restaurants, les garages et les petites villes aux drôles de noms.

Ce roman, très critique sur la politique de l'immigration surtout face à ses enfants seuls, sans espoir et sans repère. Eux, qui ne veulent qu'un peu de réconfort, d'amour et de la tendresse d'une famille et non de la froideur d'une prison.

Ils ne veulent qu'être des enfants, mais malheureusement, la bureaucratie en décidera souvent autrement.

Très beau roman à la fois dur, sombre et noir, mais qui heureusement est agrémenté par les questionnements des enfants en route vers le lointain, mais vers où ?

Un rêve à la Jack Kerouac, peut-être ?

Une plume qui nous garde très accroché, du début à la fin. Un gros roman, mais qui nous fait passer un très bon moment tout en nous instruisant sur la dure réalité de ces enfants, sans oublier la réalité de l'immigration en passant par les histoires du papa sur les Apaches.

Comme quoi le passé peux toujours revenir nous hanter, et le passé parfois nous rattraper.

Un vrai coup de cœur !




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Archives des enfants perdus

Ils sont quatre à effectuer un périple en voiture à travers les Etats-Unis pour rejoindre le Sud. Une voiture avec en son bord les deux parents et leurs deux enfants de dix et cinq ans nés d'unions respectives, et dans le coffre des boîtes d'archives contenant livres, enregistrements et un joyeux fatras. Une famille recomposée où le père poursuit sa quête professionnelle sur Geronimo et sur les Apaches, et où la mère veut constater par elle-même le sort des enfants sud-américains immigrants, des enfants souvent refoulés près de la frontière mexicaine et séparés des leurs.



Ce roman est absolument étonnant et fascinant de la première à la dernière ligne tant par sa forme que par ses propos. Valeria Luiselli mêle l'histoire intime de cette famille à celle des Etats-Unis et à sa politique migratoire actuelle. On est sur la trace des indiens, on plonge dans l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui, on sourit des descriptions si précises sur le comportement des deux enfants, de leurs mimiques et de leurs discussions. Et l'auteure nous livre bien plus que des réflexions. A travers la voix de la mère puis celle du garçon, il y a leurs visions, leurs perceptions du monde et de celle de leur famille qui vit sans le savoir son dernier voyage.



Il y a une grâce dans cette écriture où l'imaginaire côtoie le réel, une sincérité qui m'a bouleversée et une musicalité envoûtante. Une beauté et une fragilité que l'on ressent viscéralement, des sons qui nous enveloppent et qui contrastent avec l'horreur du sort réservé à certains de ces enfants qui ont perdu le droit à l'enfance.

Un livre où des enfants se construisent et d'autres se perdent, un livre où les sons oubliés ou en passe de le devenir sont capturés et archivés, un livre dont l'écho résonne et vous habite longtemps.



C'est subtil, intelligent et puissant bien loin d'une enquête de type journalistique. Un coup de coeur émaillé de références littéraires, de photos et de notes qui en font une lecture rare.
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