Citations de Valérie Zenatti (423)
Les filles, quand elles ont réussi à entrer dans ton cœur, tu ne peux plus les mettre dehors , et ça t'envahit tout entier.
ça, c'est le problème avec les meilleures amies: on leur dit tout, on partage tout et à la fin on ne peut pas avoir deux centimètres de jardins secrets sans qu'elles se transforment en supers inspecteurs du FBI pour retourner la terre jusqu'à ce qu'elles trouvent un os.
C'est la ville de tous ses romans, même ceux dans lesquels elle n'apparaît pas, c'est la ville qu'il n'a pas besoin de nommer pour qu'elle existe, elle est là, enneigée, protectrice, peuplée de Juifs cultivés et inquiets, c'est la ville bordée par la Pruth, la rivière de son enfance, la rivière de la vie, des promenades avec ses parents, la rivière de la mort, Juifs noyés dans les eaux glacées, c'est la ville des écrivains et des poètes, Paul Celan, Ilana Shmueli, Gregor Von Rezzori, c'est la ville le plus à l'est de l'ex-empire austro-hongrois, Czernowitz, dont le nom prononcé par Aharon avait l'éclat d'un mythe.
Les questions battent dans ma tête comme une porte qui claque dans le vent, obsédantes.
Mais depuis hier soir, j'ai un besoin incroyable d’écrire,je ne pense qu'à ça. Comme s'il y avait un fleuve de mots qui devait sortir de moi pour que je puisse vivre.
Je voudrais mettre le silence à fond, mais comment fait-on ?
C’est une journée sans boussole, ou bien avec une dont l’aiguille ne cherche plus le nord puisque j’y suis, au nord, je suis dans le lieu qui m’aimante depuis des semaines, et sans doute secrètement depuis des années, j’aimerais que cette journée porte pleinement le nom d’Aharon, comme le silence dans lequel j’ai été depuis sa mort et jusqu’à ma venue ici, et que je ne suis pas sûre de parvenir à saisir, même si son absence ici aujourd’hui est moins douloureuse pour moi que partout ailleurs, même si mes sens sont à la fois curieusement en éveil et anesthésiés, et même si je m’interdis de le penser, je sais que j’attends qu’il se passe quelque chose.
Un petit bureau, une dernière page écrite, un stylo encore ouvert, des mots tracés à la main d’une écriture que je connais si bien, des lignes penchant de la droite vers la gauche, les derniers mots d’un écrivain sont déjà une relique, une adresse à ceux qui restent, ils ont sans doute la même importance que les millions de mots qu’il a écrits tout au long de sa vie mais ils prennent la valeur bouleversante de ce qui demeure interrompu et à jamais inachevé.
Je suis désolée pour vous, puis elle m’a dit avec une conviction et une gentillesse infinies, un savoir qu’elle semblait détenir spécialement pour me l’offrir ce matin-là : Il faut que vous alliez à Czernowitz, je suis sûre que ça vous fera du bien, ça vous ouvrira à quelque chose d’important, vous verrez, c’est une ville très inspirante.
Son regard, les lueurs vives, graves et espiègles de ce regard, c'était sa langue précise, celle qui lui permettait de communiquer aussi bien avec les enfants qu'avec ceux qui ne parlaient pas ses langues. (p. 57)
On dit que je lui ai donné ma voix en français, mais ce n'est pas tout à fait ma voix, c'est la sienne que je porte en moi, et qui existe dans ma voix pour lui, pour le comprendre et le traduire, livre après livre, et pour toutes nos conversations silencieuses. (p. 51)
Chaque livre m'a accompagnée dans l'amour, la rupture, le ravissement, la plongée dans les eaux boueuses et claires de l'enfance. Chaque livre m'a dit quelque chose de moi, à un moment précis de mon existence, chaque livre a été une pointe de roche que je pouvais saisir pour me relever ou monter plus haut. (p. 39)
Un petit bureau, une dernière page écrite, un stylo encore ouvert, des mots tracés à la main d'une écriture que je connais si bien, des lignes penchant de la droite vers la gauche, les derniers mots d'un écrivain sont déjà une relique, une adresse à ceux qui restent, ils ont sans doute la même importance que les millions de mots qu'il a écrits tout au long d'une vie mais ils prennent la valeur bouleversante de ce qui demeure interrompu et à jamais inachevé. (p. 20)
Et vivre, cela signifie faire ce que l’on désire sans déranger autrui. Respirer un air pur, avoir du plaisir à sentir sur soi les rayons du soleil, profiter du monde pas de manière hédoniste mais en toute liberté.
A. Appelfeld
page 106
On a tendance à considérer l’écrivain comme un être qui comprend le monde, mais il n’y comprend pas grand-chose, c’est surtout quelqu’un qui le perçoit autrement.
A. Appelfeld
page 99
Le jardin
Petit, mais plein de roses est le jardin
Un petit garçon s’en va sur le chemin
Il est adorable, beau comme un bourgeon
Lorsque le bourgeon s’ouvrira
Il ne vivra pas, car il mourra, ce petit enfant
page 82
Pour connaître un homme, il faut savoir comment il aime ses parents, et comment il a été aimé d'eux.
(A. Appelfeld)
page 54
On ne peut écrire sur des grandes catastrophes avec des mots trop grands.
(A. Appelfeld)
page 49
La littérature doit concilier les trois temps, le passé, le présent, le futur, autrement elle n'est qu'Histoire, journalisme ou science-fiction.
(A. Appelfeld)
page 30
Une vie ne lui suffirait pas, il le savait, le disait avec regret, notre passage sur terre est éphémère, et lui voulait marcher encore, arpenter ce passage entre la vie et la mort, la condition existentielle de l'homme.
Page 29