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Citations de Valérie Zenatti (419)


Dans la réalité il ne peut y avoir que moi d’un côté, elle de l’autre, nos deux peuples qui se haïssent et se tapent dessus, nous sommes les Roméo et Juliette du troisième millénaire mais personne n’est là pour écrire notre histoire.
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Je me suis dit: ça semble si loin. Pas loin comme un rêve inaccessible mais comme un cauchemar que l’on est soulagé de ne pas vivre.
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Un peuple qui a souffert pendant deux mille ans a forcément appris à se fabriquer des munitions contre le désespoir.
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J’avais des frissons, j’ai revu ce fameux soir où le ciel s’est abattu sur nos têtes, où la terre s’est dérobée sous nos pieds, où nous nous sommes tous sentis orphelins et perdus.
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Je me dis, naïvement peut-être, naïvement certainement à tes yeux, que, si des gens comme toi et moi essaient de se connaître, l’avenir aura des chances d’avoir d’autres couleurs que le rouge du sang et le noir de la haine.
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Il a vingt ans, il fait son service militaire à Gaza, des horreurs, il en voit tous les jours certainement, ou tous les deux jours lorsque c’est calme. J’imagine qu’il a appris à ne pas voir, ou à oublier, pour ne pas ressembler trop tôt à un vieillard.
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Il n'y a plus de singulier, moi, toi, il, elle, il y a juste un pluriel : les Palestiniens. Les pauvres Palestiniens. Ou les méchants Palestiniens, c'est selon. Mais le pluriel est toujours là. Pour ceux qui nous aiment sans nous connaître, ceux qui nous détestent sans nous connaître, nous ne sommes jamais un + un + un, mais quatre millions. On porte tous notre peuple sur le dos, c'est lourd, lourd, lourd, ça écrase, ça donne envie de fermer les yeux.
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Garde tous tes rêves intacts, Tal. Les rêves, c'est ce qui nous fait avancer.
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- Le temps passe si vite. Il faut profiter de chaque seconde.
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À la caserne de Touggourt, on prend à peine le temps de répondre à la femme qui s’exprime moitié en français moitié en arabe, passe du vouvoiement ou tutoiement de manière incohérente, appelle « mon fils » le lieutenant qui s’est arrêté un instant pour l’écouter, touché, elle lui évoque sa grand-mère corse, elle est à la recherche du sien, de fils, il est tirailleur, Jacob Melki, il a une très belle voix et des cheveux châtains, une cicatrice sur le crâne côté gauche, il s’est cogné au coin de la table quand il avait un an et demi, il était sage mais plein de vie aussi, il avait dansé en battant des mains, perdu l’équilibre, c’est comme ça qu’il s’est cogné, il a beaucoup saigné, ça saigne tellement la tête, j’ai couru avec lui dans les bras jusqu’au dispensaire sans m’arrêter, sans respirer, maintenant il est soldat français, tu ne sais pas où il est, mon fils ? Le lieutenant demande à Rachel la date d’incorporation de Jacob, elle ne comprend pas le mot incorporation, il explique, quel jour votre fils est-il parti à l’armée ? Le 22 juin, à neuf heures il est parti, je ne l’ai pas vu depuis, je languis beaucoup. Le lieutenant se doute que Jacob est déjà prêt à accoster en Provence, il n’en dit rien Rachel, il pense qu’elle serait heureuse de savoir qu’elle peut le retrouver quelque part, elle vivra quelques jours encore en l’imaginant toute proche et non pas de l’autre côté de la mer face à l’ennemi allemand dont on dit que la cruauté est sans limites, il saisit un bordereau de l’armurerie, le feuillette, concentré, dit, Jacob Melki, oui, voilà, il est à la caserne d’Aumale.
La caserne d’Aumale, comme le lycée d’Aumale, c’est bon signe, songe Rachel, Jacob est protégé par le duc d’Aumale. Il avait de si bonnes notes, toujours dans les premiers, premier prix de récitation et deuxième prix de composition, il a pourtant raté l’école pendant deux ans quand on l’a renvoyé en 1941 parce que la France avait décidé que les juifs d’Algérie étaient de nouveau des Indigènes. Le directeur du lycée avait convoqué Jacob dans son bureau avec d’autres camarades dont la sonorité du nom ne laissait planer aucun doute sur leur qualité d’éléments irrémédiablement étrangers à la France. Je suis désolé, avait-il dit, ce sont les directives, les enfants juifs n’ont plus le droit de fréquenter nos établissements. Jacob l’avait regardé comme si on lui avait découvert une bosse dans le dos, il avait baissé la tête en murmurant mais comment va faire alors pour étudier, le directeur avait écarté les bras en lançant un coup d’œil en biais sur le portrait du Maréchal Pétain accroché près de la fenêtre. Dans la soirée, le professeur d’anglais, Monsieur Adda, était venu frapper à leur porte. Rachel était gênée de le recevoir dans un appartement aussi petit où on se cogne les uns aux autres, elle avait envoyé Madeleine et les enfants dans la chambre à coucher, Monsieur Adda avait fait semblant de ne rien remarquer, s’était assis sur une chaise comme s’il était dans la salle des fêtes de la mairie et avait dit : ce décret est une infamie. Tous avait hoché la tête vigoureusement sans comprendre, devinant qu’ils ne pouvaient qu’être d’accord avec le mot et le ton catégorique qui l’imprégnait. Nous aussi on nous a chassés du lycée, ils ne veulent plus de juifs, ni comme professeur ni comme élèves, alors on a décidé de continuer à donner des cours aux enfants, ça se passera chez moi, tu viendras tous les matins à neuf heures, avait-il précisé en fixant Jacob, et on leur prouvera que les juifs tiennent par-dessus tout à l’instruction. Ainsi, en étudiant quelques heures par jour dans l’appartement de Monsieur Adda, entassés dans la salle à manger avec ses camarades, Jacob avait appris tout le programme de seconde, les yeux rivés sur le dessin du tapis qui aimantait son regard, et l’année suivante, retournant au lycée après le débarquement américain, il avait même eu le premier prix d’anglais, à force de le chanter, il savait bien le parler, ça lui permettra sûrement de trouver une bonne situation, à mon Jacob, ma vie, Dieu le protège là où il est, à la caserne d’Aumale, maintenant la France ne le rejette plus, au contraire, elle le juge suffisamment français pour porter l’uniforme de son armée, il est lavé de la honte d’avoir été chassé de l’école.
Page 52 – 54
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Je remonte par la rue Petrowicz, retrouve la rue Olga Kobylyanska, j’aime prononcer cette phrase, égrener les noms des rues et connaître les trajets qui mènent de l’une à l’autre, j’aime que ta ville me soit si familière, Aharon. Ici, la nuit de ta mort a rejoint celle de ta naissance, la nuit des paroles oubliées a rejoint celle du silence, son immensité immobile, j’aime que nos enfances soient ainsi mélangées, et pas seulement nos enfances mais les traces qu’elles ont laissées en nous, vivantes, ne demandant qu’à prendre des formes nouvelles au contact des mots, des images qui nous traversaient, des découvertes que nous faisions, en retournant vers ta ville,
en la quittant, en y revenant encore, tu m’as enseigné la fidélité à soi-même
et la liberté, tissées dans un même geste, un même corps, l’adulte pouvait
rejoindre l’enfant et l’enfant rejoindre l’adulte, la vie était tout sauf figée,
elle était plus que jamais mouvement, voilà, c’est peut-être l’image que je
cherche depuis ta disparition, elle est un peu floue puisqu’il s’agit d’un
mouvement, celui que je te dois, celui qui donne du courage, qui fait que
l’on ne reste pas pétrifiés dans le passé mais au contraire vivants, portant en
nous tout ce que la vie a déposé, et innocents encore, capables d’aimer, de
croire à l’amour et de lancer un regard circulaire sur chaque jour, effleurant
à la fois l’instant et la parcelle d’éternité contenue dans cet instant, je te dois
cela, oui, la conscience aiguë du dérisoire et du sacré de nos vies.
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Il disait après la guerre j’étais muet, je traduisais en sentant ma gorge se
dessécher et durcir, et j’ai compris : avant de partager la même langue, avant que l’hébreu soit conquis au terme d’un combat où chaque mot
introuvable était un désarroi amer et chaque mot correctement employé un
soulagement, avant cela nous avons partagé le silence hébété des « nouveaux immigrants ». Puis nous nous sommes mis à parler cette langue
dans laquelle nous n’avions pas vécu, c’est-à-dire une langue dans laquelle
nous n’avions pas découvert le monde ni été aimés, dans laquelle nous n’avions pas souffert non plus, et surtout dans laquelle n’étaient pas inscrits
les silences de l’enfance. Nous nous sommes glissés dans l’hébreu comme
dans des draps rugueux, dans une hospitalité qui créait grossièrement mais
sûrement un espace inviolable par le passé, dont on pouvait se donner
l’illusion qu’il n’avait pas eu lieu. Le merveilleux oubli avait aussi permis
la renaissance.
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Les rêves, c'est ce qui nous fait avancer. Continue à croire, à vouloir tout ce que tu as toujours voulu. Que ce soit dans le domaine du cinéma ou de la paix.
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Je déteste l'inventeur du couvre-feu. Tu n'imagines pas comme c'est terrible, cette interdiction de sortir de chez toi, quel que soit le prétexte. Tu es enfermé, et personne ne se préoccupe de savoir si tu dois rendre visite à ton grand-père, faire des course, aller à l'hôpital pour un traitement ou pour accoucher. Ou si tu as envie d'aller au cinéma pour te changer les idées.
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Je dois être le seul Palestinien de Gaza pour qui quelqu'un s'inquiète, de l'autre côté. L'Unesco devrait me classer monument historique ou patrimoine mondial. On dirait me filmer tee montrer au monde entier, comme un objet rare et précieux.
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Ma tête c'est le seul endroit où pas un soldat de Tsahal, pas un type du Hamas ni mon père, ni ma mère ne peuvent entrer. Ma tête, c'est chez moi, mon seul chez moi trop petit pour tout ce que j'ai à y mettre et c'est pour ça que je me suis mis à écrire, il y a plusieurs années déjà, j'ai pas attendu la petite Tel ratée de Jérusalem pour m'y mettre? J'écris puis je brûle, je déchire, je mouille le papier et je le jette aux toilettes, j'ai trop sur que quelqu'un tombe dessus. Mais au moins, ça me fait du bien, ça m'allège un peu. IL y a trop de gens que je déteste, trop de gens qui m'empêchent de vivre, et des panneaux rouges qui n'existent pas mais que je partout. Dessus est écrit : TOUT EST INTERDIT.
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J'étais sur le sable, je regardais la mer. J'enviais les poissons qui n'ont pas besoin de laissez-passer pour changer d'eaux.
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Je me dis, naïvement peut-être, naïvement certainement à tes yeux, que, si des gens comme tout et moi essaient de se connaître, l'avenir aura des chances d'avoir d'autres couleurs que le rouge du sang et le noir de la haine.
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Je voudrais mettre le silence à fond, mais comment fait-on ?
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