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3.19/5 (sur 34 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Véronique Beucler a deux passions, le théâtre et l’écriture, mais elle prétend que c’est la même chose, qu’en mettant en scène elle écrit et qu’en écrivant, elle fait jouer des personnages. Elle a vécu dans des îles : Mallorca, Vanuatu, Corse, Madagascar, puis en Colombie, au Mexique, à Sarajevo, à Casablanca. Elle habite actuellement à Madrid où elle enseigne la littérature. Elle a mis en scène une dizaine de pièces et publié trois romans : L’amour en page, La Berlue, Les Particules de mon mari sont authentiques.

Source : Editeur
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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Il se demanda si c’était cela vieillir. La loi du temps lui était révélée, avec ses changements de vitesse sans préparation.; il découvrait que dix ou quinze ans peuvent passer sans vous effleurer et qu’en l’espace d’une minute, ses reptations jusque là invisibles se resserrent et vous étranglent.
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Ce jeudi-là, Vladimir Fradel se réveilla d'un sommeil agité. Il grognait, se retournait, sans trouver de position confortable ; il finit par se redresser sur un coude et s'asseoir, les pieds hors du lit. Il porta machinalement les mains à son visage ; tout semblait à sa place. Dans le rêve qu'il venait de quitter, son corps, entendez : toute sa personne, celle d'un beau gaillard de 28 ans, avait été remplacée par une trompe. Une belle trompe, notez bien, ni grincheuse ni enrouée, fringante au contraire, alerte, butineuse, décidée à faire son office de trompe : fureter et avertir.
Il s'ébroua, tentant de se débarrasser de ces images, comme on secoue une chevelure pleine d'eau. Les gouttelettes trompeuses éclaboussèrent la chambre.
Le jour se levait dans une lumière rose qui perçait la grisaille de la nuit. Il se prépara un café, accompagné de la radio, en bruit de fond. Il vivait dans un petit immeuble ouvrier du sud de la ville appartenant à ses grands-parents qui l'avaient élevé. Il travaillait aux halles du nord, chargeait et déchargeait les camions ; ses épaules et ses biceps de lutteur lui facilitaient la tâche. Aux heures d'affluence, il donnait un coup de main à un volailler. Il avait maintenant sa clientèle de petites mères qui ne juraient que par lui et qui insistaient, c'était devenu un rite ou une provocation : «Allez, Vladimir, tâtez-y un peu !», elles le regardaient, rigolardes, enfoncer son pouce dans la cuisse souple des poulets et repartaient, ravies, avec leur volaille chatouillée par le beau gosse.
Pieds nus, les cheveux en bataille, il chercha un bout de chocolat dans le placard. Le jingle des infos de 7 h le sortit de sa torpeur, il augmenta le volume. Un fou furieux avait posé une bombe dans un hôpital de Washington, bilan trente morts et une centaine de blessés. Un convoyeur de fonds s'était évaporé avec onze millions d'euros. Sans menacer personne, il avait fait ça en danseuse, sur la pointe des pieds. Pour sa peine - ou son mérite -, il ne risquait que trois ans de prison. Voilà qui était plutôt réjouissant.
Le message publicitaire pour la vaccination nationale clôtura le journal. La dernière grippe porcine monopolisait une fois de plus l'information. Il coupa la radio et laissa les volutes de Cohen nettoyer la pièce. «...this waltz, this waltz, this waltz, this waltz / with its very own breath of brandy and death...»
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Avant ses scientifiques ou ses hommes politiques, une société a besoin de rêveurs. Et pas n'importe lesquels ! Il nous faut des poètes, des rhapsodes, ceux qui recousent le monde. La science ne parle qu'après.
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Je chercherai les paroles sur ta musique, je t’écrirai
le fil de notre histoire et te la donnerai, cette ligne de
vie de toi en moi, de moi par toi. Oui, je suis encerclée
au cœur de tes remparts, tu m’as enclose dans ta vie,
tu m’as emprisonnée dans ton corps en train de se
tisser. Embrassée par toi, je transcrirai tes battements,
ta présence, te dessinerai du dedans. Hauts murs
imprenables de la vie à l’œuvre, forteresse de chair où
les bâtisseurs du monde s’activent, infatigables maçons
et charpentiers, tout le bâtiment, peintres, plâtriers,
menuisiers ; une tabatière miraculeuse pleine de petits
métiers s’est ouverte et travaille en chantant pour édifier
une tour d’ivoire, un monde enchanté où ne peuvent
circuler que ta présence et mon amour. Et pour que tu
puisses voir un jour l’apparition de ta vie, son tracé, son
élan, je vais photographier pour toi chaque semaine,
l’enveloppe de ta maison, de face et de profil, et mon
visage pour que tu lises le développement de ta
conscience en moi.
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Le sujet s'orienta naturellement du côté des prénoms. L'épouse du responsable financier de Peugeot Amérique ne se prénommait pas plus Maureen, que celle du directeur de Saint-Gobain, Électre. Elles s'humectèrent les lèvres d'une gorgée d'earl grey, attendant le ragot d'enfer de l'ambassadrice qui trahissait les secrets de l'état civil. La première était née sous le nom de Marcelle, et la seconde, de Josette. La grande dame eut cette conclusion rassurante, la tasse de porcelaine de Sèvres au bout des doigts :
-Dieu merci, les particules de mon mari sont authentiques.
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Ce fut là qu'elle s'évanouit, de peur sans doute, emportant pour dernière image les piles de livres, veillant sur leurs rayons, du sol au plafond; si elle mourait maintenant, ce serait au milieu de ses compagnons préférés.
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On n'entend que ce qu'on veut entendre, on ne lit que ce qu'on veut lire, c'est bien connu.
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