Citations de Véronique Ovaldé (788)
L’étrange coucou que c’était. Qui avait choisi de se civiliser (jusqu’à un certain point), mû par le désir de séduire tout un chacun, de répondre à l’attente, de s’infiltrer partout, dans tous les milieux et de regarder le monde à travers les yeux de ceux qui n’avaient rien vu de ce que lui-même avait vu.
Sa mère était très belle, mais tout un chacun ne trouve-t-il pas incommensurablement belle sa mère sur les clichés qui datent de l’âge de pierre ?
[...] peut-être Taïbo était-il vraiment là, allongé sur ce lit, impossible de le certifier, cet homme avait la possibilité d'être tout près de vous et très loin à la fois, c'était une sorte de qualité mélancolique, de qualité tragique, son absence était palpable et douce, Vida aurait pu embrasser l'absence de cet homme, alors Taïbo s'est levé, il s'est levé pour l'accueillir, [...]
Irigoy ressemblait à une ville de ferrailleurs dépressifs.
Taïbo est un flic qui n'aurait pas du être flic. Quand il était gamin il voulait devenir professeur ou avocat ou ethnologue.
Il avait fait voeu de passivité. Son culte de l'inertie l'avait souvent mis à la merci de la tyrannie et de la dépendance mais lui avait permis, ce qui pour Lancelot n'avait pas de prix, un lent et plaisant étiolement. C'était une agréable façon de vivre très légèrement à côté des choses. Une absence paisible aux autres.
C’est ici que les choses importantes se passent et peut être aussi les choses agréables.
Après avoir réorganisé le monde, elle s’accoude à la rambarde et scrute la colline.
Elle l’avait rangé dans son tiroir de cons ordinaires. Ordinaires et inoffensifs.
Ce fût la condition pour ne pas retourner sur ses pas et pour se remettre en marche, la mémoire neuve et la crâne dépeuplé.
… Elle dirait que parfois l’on se met dans des situations qu’on ne maîtrise et ne veut pas maîtriser.
…L’air d’être là sans y être, le sourire entendu, le hochement de tête, une absence étudiée et bienveillante comme si tout cela ne l’affectait pas directement.
… Elle a la tentation de se laisser aller à un désespoir tranquille.
Itxaga pensa, pour le moment ça me fait du bien de la revoir, mais c'était une promesse d'ivrogne et d'amoureux, à quel moment bascule-t-on dans la douleur et la dépendance, y a-t-il un moment précis où la joie disparaît ?
C'est très difficile, pensait Vera Candida, d'oublier que votre enfant est un organe siamois de l'un des vôtres, c'est très difficile de ne pas le considérer tout le temps comme un membre supplémentaire et parfait de votre propre corps.
Quand Itxaga voulait évoquer une impression d'ensemble de son enfance, il parlait d'une longue pluie incessante.
Véra Candida avait très peur de perdre Monica Rose, sa fille. Elle essayait alors d'éloigner ses angoisses, de les ranger dans des commodes à clés, d'égarer les clés, et de pousser au fond de tiroirs ténébreux les pensées macabres.
Les crabes pour Rose Bustamente, n'avaient jamais été rien d'autre que des araignées blindées et Dieu sait comme Rose détestait les araignées.
La pêche fut moins bonne.
Puis devint quasi désastreuse.
Et comme un malheur n'arrivait jamais seul (mais les malheurs, on le sait tous, n'arrivent jamais seuls, ils viennent à plusieurs, ils viennent par cycle, c'est ce qu'on dit à Vatapuna et à peu près partout dans le monde), Rose Bustamente ne réussit plus jamais à s'endormir dans sa maison.
Elle n'aimait pas particulièrement les enfants, ll s'agissait en général de petites personnes moqueuses et bruyantes qui n'avaient pas, jugeait-elle, développé une intelligence et un comportement plus élaborés que ceux d'un chiot de quatre mois.