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Citations de Vinciane Moeschler (78)


Vinciane Moeschler
Elle se hisse sur le Mur.
Ses pieds glissent, elle insiste, poussée par des mains anonymes.
And the shame was on the other side.
Ma mène la photographie dans le mouvement. Elle aime les gros plans. Visualiser les gens, les yeux dans les yeux. Un cadre serré sur son visage la révèle éblouissante et volontaire. Pas de doute en elle, seulement une fulgurante envie de vivre comme jamais. On la retrouvera plus tard, avenue Unter den Linden, où dans l’euphorie elle me tendra un bout de pierre. Un morceau du Mur, carré et rogné, épais et lourd. Éclat de cet instant imprégné de liberté. Fragment emblématique de l'histoire incongrue de ce monde. 
We can be heroes just for one day. p. 163
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Au fond de moi, je ne désirais qu'une chose : danser.Devenir un mythe dans une société qui ne vit que de cela, dans une société où l'on méprise les perdants, les gens de l'ombre, ceux-là même qui me touchent mais auxquels j'avais viscéralement peur de ressembler.
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Léa avait élevé seule sa fille, conçue par une de ces nuits d’amour fugaces. À Genève, les petits boulots ne manquaient pas dans cette ville prospère des années cinquante. C’est comme ça que sa mère était devenue tour à tour vendeuse dans un supermarché, dans une boutique de fleurs, serveuse la nuit dans une discothèque, puis manucure dans un salon d’esthétique. Une belle femme fière que les hommes ne pouvaient que dévorer des yeux. Ne jamais dépendre d’un homme, tu m’entends, Alex? Répétait-elle. Léa avait fait son choix, être une mère dévouée plutôt qu’une amante sur le qui-vive. p. 196
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Au début, un enfant c'est lumineux : le monde s'ouvre, une femme devient mère.
Un avenir empli de désir.
Mais il grandit et l'enfant se fait ogre.
Il dévore la mère.
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Son crime a bouleversé une génération de lecteurs dont Salomé ne faisait pas partie, parce que trop insouciante à l'époque.
Les avocats, les experts psychiatres avaient plaidé pour un internement psychiatrique, en pointant une non-responsabilité lors du passage à l'acte.
Son discernement était profondément altéré, disaient-ils. Ils avaient prononcé le mot de suicide altruiste: On tue les siens pour les protéger d’un avenir noir, puis on se suicide. Et insisté sur la non-prise en charge d’une dépression profonde. Parlé d’un dysfonctionnement familial. De déni, de l'abandon du mari.
"C'est une mère aimante que vous allez juger et non femme maltraitante."
Les jurés et la partie civile avaient quant à eux réclamé la condamnation à perpétuité pour préméditation.
"Les conditions concrètes, tant de la personnalité de l'accusée que de son contexte de vie, ne constituent pas des circonstances atténuantes, au regard de la gravité extrême des faits commis."
Qui est-ce qui penserait à déposer une étoile de mer sur un cadavre. p. 77
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La plus belle. C'est dingue ce qu'un compliment provenant des enfants peut faire comme effet.
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Pendant le trajet, il parla de Van Gogh, des champs de blé et me raconta " Peter Camenzind".
-..." L'histoire d' un arbre, la vie d'une bête, le voyage d'un nuage avaient assez d'intérêt pour moi, même sans les accessoires humains ", disait-il.Et pour vous Elisa, qu'est-ce que cela symbolise l'histoire d"un arbre ?
- Ce sont les racines, la terre, celle à laquelle je m'agrippais lorsque j'étais enfant.Finalement, c'est moi qui aurais dû être sculpteur.
- Comment étiez-vous lorsque vous étiez petite ?
- Sauvage et absolue. Je pensais que l'existence, c'était ça, de jolis moments où les accessoires humains n'avaient que peu d' importance, parce que je ne voulais pas souffrir. Et puis, j'ai grandi en regardant les grandes personnes. Combien elles étaient terribles avec leur hypocrisie collée sur leur visage.Avec leurs mensonges et leur manière de parler, elles m'auraient sans doute détruite. Alors, j'ai décidé de tricher.
- De tricher ?
- Oui, de vivre pour la danse.De tout lui sacrifier, de ne pas pénétrer dans le monde. Comprenez- vous, une danseuse reste toujours une enfant. On est pris en charge, on travaille pour un idéal, on ne se pose plus de questions.

( p.34)
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Paris est pollué. On a perdu l'habitude d'humer le parfum des fleurs. Il faut tendre l'oreille pour percevoir, au milieu des klaxons, le piaillement des oiseaux. On presse le pas, allez plus vite, dépêchez- vous. T'es - tu demandé pourquoi on passe notre temps à courir ? Pourquoi tous ces visages fermés ? N'y a-t-il dans cette ville que les fous pour rire dans la rue sans raison ? La pluie est teigneuse et froide. Là-bas, l'hiver n'existe pas. Le ciel est pur, les étoiles scintillent. Les sourires des enfants sont des bouquets de lucioles. Pourtant, certains n'ont presque rien. La nature est puissante, sauvage et brute : à la surface des océans, la lumière papillonne et t'aveugle presque, les ouragans sont comme des ogres qui rappellent que l'homme ne contrôle pas tout. Les mangues se ramassent sur les nervures des arbres, juteuses à souhait. Voilà pourquoi tu dois partir !
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... un douanier qui regarde papa avec un air bizarre lui propose, en échange de dix dollars, de nous laisser passer les contrôles sans ouvrir un seul bagage. Vu l'heure tardive, ça nous arrangerait bien. Mon père hésite, puis lui tend un billet vert que l'homme empoche discrètement. En chuchotant, je lui demande ce qu'il fabrique.
"Ca s'appelle de la corruption, mon chéri !"
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-Jean est analphabète. Un brave petit gars. Encore un qui s'est fait avoir ! Il est venu d'un bidonville de Port-au-Prince pour la coupe : seize heures par jour, sept jours sur sept. Un salaire ridicule, payé en fonction du poids de la canne qu'il ramène dans les camions. Parfois, les balances sont truquées, mais à qui se plaindre ?
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Il n’y avait pas de hasard, l’accident, l’hospitalisation, tout ceci avait une raison d’être, mais tout allait rentrer dans l’ordre maintenant, revenir dans le droit chemin Elle allait reprendre les choses en main.
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- Les femmes se révoltent, elles exigent qu'on rétablisse d'urgence l'électricité dans le quartier. Cela fait douze heures qu'on est privés.
(....) - Je comprends Hortensia, dis-je avec un air de circonstance. C'est terrible, plus de lumière...
-Non, non, la lumière, on s'en fout.
-Mais enfin, Hortensia, quoi ?
Que va-t-il arriver à Betty ?
-Betty?
-Va-t-elle coucher avec Armando ?
Alors que je me demande qui est cette fille, elle enchaîne:
- Betty la fea, tu ne connais pas ?
-Votre soeur ? Une fille, une nièce, une amie ?
- Non, Betty, notre héroine. La panne arrive juste avant l'épisode de ce soir. On devait enfin savoir. Sans électricité, pas de télé. Tia Rosa va faire une crise d'asthme. Madre de Dios !
(...) Je comprends maintenant pourquoi le pays est paralysé tous les jours à 18 heures. On s'entasse devant la télé dans les maisons bourgeoises comme dans celles des quartiers populaires - sauf que, dans celles-ci, pas d'électricité, donc pas de générateur, donc pas de Betty.
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Mes cauchemars sont des pays habités de trous noirs.
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(Les premières pages du livre)
Jugée responsable de mes actes, j’ai dû répondre des faits devant une cour d’assises.
Comme la main un peu ferme qui se dépose sur votre épaule, j’ai approuvé.
Accordez-moi la parole. Tout inculpé y a droit, non ?
Je ne souhaitais pas qu’on me prenne pour une cinglée, qu’on me tienne à l’écart.
Privée de ce procès, réduite au silence, je n’aurais pas eu la possibilité de raconter.
Mon histoire.
Cette histoire.
Qui m’a conduite à l’acte le plus indicible qui soit.
Donner sens à l’abominable allait me permettre d’accepter l’enfer que serait ma vie.
Non pas celle qui m’a été proposée à la naissance.
Pas celle que j’aurais souhaitée.
Celle que vous, eux, les autres, ont piétinée.
Celle qui m’a été confisquée parce qu’on m’a laissée trop seule.
J’avais besoin de comprendre, moi aussi.
Comment j’en suis arrivée là.
Lorsque les mots perpétuité, peine capitale ont été prononcés par le juge, l’odeur de ta nuque m’est revenue.
Comme une volupté dérobée à l’interdit.
La déchirure de nos deux corps.
Oui, j’étais soulagée parce que coupable.
J’ai dit pardon.
Juste pardon.

Je me suis liée d’amitié avec un parapluie.
Bleu foncé avec de gros points rouges.
Un rien vulgaire.
Il semblait abandonné dans un coin de rue.
J’ai d’abord observé si quelqu’un venait le réclamer, mais non, alors je l’ai emporté.
Disons que je l’ai emprunté.
J’ai fait comme s’il m’avait toujours appartenu et qu’on avait déjà toute une histoire ensemble.
Une histoire de solitude.
Grâce à lui, je porte un bout de la vie d’une autre, ses goûts, ses souvenirs, ses oublis.
Je dis qu’il est magique parce que quand la pluie glisse sur lui, sa texture donne l’impression qu’il est sec.
Bizarre, perdre un parapluie comme celui-là !
Quelle femme a bien pu faire ça ?
De la négligence sûrement.
Moi, j’ai jamais rien perdu.
Pas même mes enfants dans un supermarché. Pas même.
Depuis je ne le quitte plus.
Quand il fait beau, il m’arrive de le prendre avec moi.
J’ai oublié de te dire, il est blessé, ce parapluie : une baleine pend lamentablement.
C’est pas logique ça, maman, qu’elle m’a répliqué ta sœur.
Qu’est-ce qui est logique dans cette vie ?

Il n’y a pas si longtemps, j’ai commencé une collection.
Pourtant, j’ai jamais été collectionneuse, je trouve ça stupide.
Le même objet, pour quoi faire ?
Les objets, ton père, il n’en veut plus, ça encombre la maison.
Et pourtant, je ne peux pas m’en empêcher : tous ceux que je trouve, je les ramène.
C’est plus fort que moi, un truc viscéral.
Si on était plus riches, je leur réserverais bien une armoire entière.
Ma mère, elle, ce sont les hommes qu’elle a collectionnés.
Comme des perles qu’on enfile sur un collier.
De toutes les couleurs, de toutes les tailles, de tous les styles, de tous les horizons, de toutes les façons, de toutes les odeurs, de toutes les punitions.
Des perles qu’on choisit à la va-vite, qu’on entasse dans un bocal, négligemment.
Des perles qu’on compte : six, sept, huit, quinze, seize, vingt…
Il faudrait une armoire gigantesque.
Toi, tu t’es entiché du violet.
Tu as bon goût, c’est de loin le plus joli.
Quand je le fais tourner sur lui-même comme une toupie, tes yeux de chat le suivent.
Ton premier sourire, je le dois à ce parapluie violet.
Alors je recommence et je recommence, encore.
Souris mon bébé. Souris mon ange. Mon enfant mon bébé mon petit. Mon bébé mon bébé.
Tes bras potelés, ta tête douce, du velours, ta tête.
De la pâte à modeler.
Je pourrais la déformer à force de la caresser.
Tu sens si bon. L’embrun de l’océan, l’odeur de l’herbe coupée, la nature qui s’abandonne. Odeur énigmatique des bébés.
Celle du réconfort. Celle d’un adoucissant, celle d’une pommade à la rose, à la citronnelle, à la vanille.
Glissée là dans les replis du cou.
Viens là, viens là mon cœur.
Que je te touche, que je te respire, que j’en transpire.
Ton corps docile, il s’abandonne, ton corps docile, mon cœur mon cœur.
Tes yeux se noient dans moi, se fondent dans moi, se reflètent en moi, contre moi.
Jamais rassasiée.
Mon cœur mon cœur mon enfant.
Mes seins se tendent, mon lait pour ta bouche ronde, goulue, tendre.
J’effleure tes lèvres, elle m’aspire, ta bouche ronde et douce.
On dirait qu’elle va m’engloutir.
Tes mains à peine formées pétrissent ma peau, ma langue lèche un ongle de nacre.
Tu te blottis et quand tu te blottis, alors le dehors, la rue et le bruit de la rue m’échappent.
Reste notre quiétude.
Mon bébé mon enfant.
C’est comme ça que j’ai toujours imaginé mes petits : au creux de l’intime.
Regardez-moi ça, ces petites pattes qui remuent.
Là, calme-toi, chut… chut…
Là, là, bébé d’amour.

Et dire qu’ils pensaient que tu allais mourir.
Ils insistaient : « Trop petit, votre bébé, madame. Poids inférieur pour… »
Le médecin hochait la tête ostensiblement.
Il constatait, avait des doutes, puis sortait de la salle blanche, ôtait ses gants de silicone et reposait sa blouse immaculée.
Il s’autorisait à mettre une main sur mon épaule.
« Soixante pour cent des grands prématurés gardent des séquelles. Il y a parfois des miracles. Mais bon, 800 grammes, ce n’est pas beaucoup tout de même… Il va falloir être forte, chère madame. »
Il a fallu te mettre sous ces machines. Ces horribles tuyaux.
Comme autant de petits serpents.
Partout dans le corps, les orifices comblés.
Existence si minuscule déjà reliée à des artifices.
Tu ressemblais à un petit cosmonaute, le corps en attente, le corps inachevé et déjà surchargé.
Des veines si fragiles, trop fines, trop invisibles, on ne savait plus où piquer la perfusion.
Impossible fusion.
Impossible corps-à-corps.
Impossible tiédeur.
Ma petite statistique de bébé, ton corps à peine esquissé était déposé sous la couveuse, dans l’expectative d’un avenir.
Déjà, la vie te maltraitait.
Prenez garde de ne pas abîmer mon enfant avec vos mains puissantes, vos mots médicaux disgracieux. Vous le savez, pourtant vous, comme c’est dur à venir au monde, un enfant.

J’ai patienté.
Moi, je savais mon amour mon cœur que tu allais vivre.
C’était une évidence.
Il n’y a qu’une mère pour savoir ça.
L’autre, il était pas là, bien sûr.
Jamais là quand il faut, l’autre.
Ton poids a peu à peu progressé. Tu étais courageux, t’accrocher comme ça à la vie, sans savoir.
850 grammes, 910 grammes, 1 kilo, 1,5 kg, 2 kilos.
Et puis ce jour. On m’a dit : « Votre fils est sauvé, il peut rentrer chez vous. Tout va bien. »
Une phrase anodine, comme quand on demande : comment ça va, aujourd’hui, madame Lombardo ? Merci, TOUT VA BIEN.
Mais moi, j’y croyais pas, je me disais, ils me mentent, ils ne savent plus quoi faire, tu vas mourir là, dans ta couveuse, tu vas pas survivre.
À force, j’avais fini par douter.
Pourtant, tu étais vivant, beau, petit mais grandiose.
La miraculeuse proportion du bébé.
J’ai pleuré.
J’ai appelé maman : « Maman, mon bébé est sauvé. »
Elle a juste dit : « C’est bien, ça, ma fille. »
Elle n’a jamais beaucoup montré ses sentiments, ta grand-mère. Elle était contente je crois.
À la maison, les gosses ont sauté de joie quand ils t’ont vu, si magnifique.
Je vous présente votre petit frère.
Et lui, ben lui, il avait trop bu, alors forcément, il a pas réagi.
Pas réagi.

Je me souviens…
J’ai 7 ans, une peluche en forme de chien. Milou.
Je me démène grotesquement, d’une vie à l’autre.
D’un côté mon père, Giuseppe, le dimanche uniquement et une fois par mois.
De l’autre ma mère et mon beau-père.
Je traîne Milou chez l’un, chez l’autre.
Je traîne aussi David, mon frère cadet.
Ma toute petite histoire n’est rien.
Mon pays vit des moments horribles. Ça saute dans les métros.
À la télé, on voit des gens le visage en sang, ils crient dans les rues.
J’ai 7 ans. Cela m’affecte.
Là où je vis, c’est la province, un bled pourri.
Une mer grise et dure, des marées indéfinies.
Tantôt glaciale, tantôt poisseuse.
Mon beau-père cogne sur ma mère.
Un connard haut sur pattes, des cheveux fins qui s’émiettent.
Il sent la transpiration, ça me dérange.
La vulgarité de son regard me met mal à l’aise.
Il chlingue comme la raie de son cul, son regard.
S’envoie des Carlsberg à n’en plus finir. Un vrai ringard, mon beau-père.
Quand il est bourré, il met à fond une chanson de Rod Stewart.
Il se la pète avec son putain de tatouage dans le dos, un dragon, enfin un truc du genre.
Ma mère, ma mère je l’admire.
Elle est vraiment très belle.
Ma mère.
Qu’est-ce qu’elle fout avec cet hybride ?
Il l’abîme, la coince dans une vie médiocre.
Une putain de vie.
Mérite mieux. Sa douleur a annulé la mienne.
Je veille désormais sur elle.
Je suis ta bouée de sauvetage, ton ange gardien. Je ferai attention pour qu’il ne saccage pas notre vie, maman. Ça s’abîme vite, une vie. Et après, on peut plus rien récupérer, que des lambeaux, des lambeaux.
Maman, tu m’écoutes ?
Elle est belle ma maman.

J’ai 12 ans. Et je ne sais pas nager.
Personne n’a appris dans ma famille, et pourtant on côtoie l’océan à longueur de journée.
Pour une fois, l’eau est cristalline.
Pas une seule vague.
Je voudrais m’y jeter.
Si je m’y jette, je coule.
Tant pis, j’essaie.
Très vite, je sens le poids de mon corps s’enfoncer dans l’eau légère, puis s’enrouler dans les algues.
Tout va trop vite : ma tête pique vers le fond, au lieu de me laisser sombrer, je fais des gestes désarticulés, j’étouffe.
Et pourtant.
J’observe un tas de petits poissons verts, rouges et violets.
Des hippocampes aussi. Des étoiles de mer.
C’est tranquille sous l’eau, beaucoup de silence. Du silence, et c’est tout.
Une sirène me tend la main.
Elle cherche à m’attirer.
Ses cheveux emmêlés forment un léger sillon dans l’eau.
J’arrive, je lui dis, attends-moi.
Voilà que je remonte à la surface.
Je crie, je hurle : j’ai peur.
Ça doit se sentir dans ma voix que j’ai peur. Des mots incompréhensibles, des sons qui ne ressemblent à rien.
Enfin, elle a tourné la tête, ma mère. Mais elle ne bouge pas. On dirai
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Ce livre lui permettra peut-être de mettre sa souffrance à distance. De faire une trêve avec ses blessures et sa culpabilité. Il ne doute pas de l’intégrité de la romancière. M. Vincent sent ces choses-là. À la prison, charnière entre deux mondes, l’acuité sensorielle du dehors fait place à l’effroyable langueur de l’enfermement. La jeune romancière pense qu’il y a quelque chose ici qui ressemble à l’écriture. Ce temps en apesanteur la maintient, elle aussi, cloîtrée entre ses pages. Soustraite au monde.
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Les enfants de la danse vivent dans la solitude.Les enfants de la danse sont tissés de silence.Ils concentrent et rêvent d'un autre monde, poursuivant la même quête que leurs aînés, faire vivre leur corps à travers l'un des arts les plus nobles. Ils se mettent vite à grandir, alors que les autres jouent encore au nounours.

( p.37)
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Nanette était une vraie grand-mère. Une de celles qui tricotent des pulls et qui se cousent elles-mêmes leurs robes, en sirotant une verveine. Une grand-mère qui m'avait raconté des contes de fée lorsque j'étais petite et qui cultivait des bégonias sur son balcon de Carouge.

( p.65)
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En arrondissant l'échine, à terre, en position fœtale, je pris la pose.J'étais à nouveau son modèle. Et désormais sur un piédestal. L'intouchable.La muse sacrifiée sur l'autel de son art.La femme idéalisée et chaste que l'on fait naître amoureusement d'un coup de fusain.

( p.76)
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Bien que le combat soit un phénomène largement répandu au sein des espèces animales, on ne connaît que quelques cas au sein des espèces vivantes de luttes destructrices intra-espèces entre des groupes organisés. En aucun cas, elles n’impliquent le recours à des outils utilisés comme des armes. Le comportement prédateur s’exerçant à l’égard d’autres espèces, comportement normal, ne peut être considéré comme équivalent de la violence intra-espèces. La guerre est un phénomène spécifiquement humain qui ne se rencontre pas chez d’autres animaux. p. 82
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On ne tue pas son enfant.Dès que les gens connaîtront son histoire, elle subira rejet et répulsion.Dans leur regard, un crime contre nature ne mérite pas de répit, il y a des limites à ne pas franchir.On ne tue pas son enfant.La société n’oublie rien, ne pardonne pas.Sa mission est de maintenir le discours officiel de l’amour maternel : une mère aime son enfant, elle ne le sacrifie pas.
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