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Citations de Virginie Carton (59)


Bien sûr que j’ai triché. Bien sûr que je n’ai jamais su t’oublier. Bien sûr que dès le jour où tu m’as touchée, j’ai voulu t’apprivoiser. Bien sûr que le reste du temps, je me suis raisonnée. Bien sûr que je n’ai jamais su n’être qu’une amante. Bien sûr que j’ai fait semblant d’accepter. Bien sûr que toute mon âme y était. Bien sûr que j’ai préféré ça, plutôt que de renoncer. Bien sûr que je me suis dégoûtée. Bien sûr que bien des fois, j’ai espéré. Bien sûr que tes mots m’ont manqué. Bien sûr qu’on fut de bons amants, réguliers et discrets. Bien sûr qu’on n’aurait jamais pu le rester. Bien sûr que je t’aimais. Bien sûr que tu le savais. 
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Tout le monde était là. D'où venait ce sentiment bizarre qu'il était seul ?
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Le message était succinct, sans un mot de trop. A son image. Il disait : "mon père est mort cette nuit". Sébastien n'avait rien trouvé à y ajouter. Maria posa le téléphone et noua ses cheveux défaits.
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Mais à cet âge de mon existence, la vie à deux m'apparaissait comme un défi à relever. J'avais été si sauvage, si éprise de liberté. J'aimais cet homme, d’une façon nouvelle, inédite. Le savoir là, toujours pour moi, me réconfortait. Je ne vivais pas l’état amoureux, violent, dévastateur, mais quelque chose de profond, qui s’installait, me ferrait. Il me domptait. Au fil du temps, je me sentais dépendante de son odeur, de sa chaleur. Il était mon mari, le père de mes enfants. Mon socle.
Mon amie Cécile me dit un jour que je l'avais dans la peau. Je crois que c'était ça, oui.
Souvent, je me disais qu’il n’y avait qu’auprès de lui que je pourrais réussir ce pari. p. 39
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C'est là sans doute que tout a commencé. Que notre lien, malgré nous, s’est noué. L’envie de nous revoir s’est mise à nous taquiner. Sans que jamais nous nous fixions de rendez-vous. Ta vie était si pleine et j'avais toute la vie.
On s’est revus au hasard des villes. C'était toujours léger. Tu prenais tous les risques et je nous protégeais. J’apparaissais, disparaissais, évitant de laisser des traces, brouillant les pistes. Ton sourire, toujours, m’accueillait. Nous prenions parfois des chambres séparées. C'était plus drôle. Plus discret. Tu venais frapper à ma porte, me retenais. On passait la journée à s'inviter.
Tu as très vite appris mon corps. Les coins où il fallait s’attarder. Tu y mettais beaucoup de soin, de patience, tu prenais ton temps. Tu ne pensais qu’à mon plaisir. Après seulement au tien. Tu étais un amant fin, distingué. Un amant absolument parfait.
À présent, je peux te l'avouer, avec toi, j'ai presque tout appris de la sensualité. Avec toi, j'ai grandi. p. 21
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(Les premières pages du livre)
La maison a repris vie. Les enfants jouent dans leur chambre. Le feu crépite dans la cheminée. J’ai fait un crumble aux pommes. Ça sent bon. Dehors, c’est la fin de l’automne. J’aime l’automne. Ses odeurs, ses pluies. Mon mari passe derrière moi, me caresse les hanches. Je me blottis dans son cou. Oui, j’ai déjà commencé à préparer les listes de Noël avec les petits. Ce n’est pas si tôt. C’est même un peu tard. Dans les magasins, en ville, c’est la cohue. Les catalogues de jouets sont tombés à flots dans la boîte aux lettres, il est difficile de les garder hors de leur vue. Alors oui, ils ont déjà rêvé devant les pages, eux qui croient au père Noël.
La maison a repris vie. J’ai repris mon souffle. Mon rythme. Je sais maintenant que je ne te verrai plus, que je vais vieillir comme tout le monde, sans plus rien qui me sorte de mon quotidien. Je sais maintenant que je suis ordinaire. Que notre histoire le fut. Puisqu’elle avait une fin. Nous nous étions pourtant promis de ne jamais rien vivre qui puisse ressembler à un amour. Nous nous étions promis de ne nous attacher à rien, ni à nous-mêmes. Et nous voilà défaits.

« C’est sûr, cela va nous déséquilibrer un petit peu, tous les deux. »

Nous nous étions promis de n’être que des amants. Que nos vies resteraient belles et ordonnées. Que nos amours seraient respectées. Que des amants, parce qu’il est des gens destinés à s’unir pour la vie. Que nous n’en étions pas.
Que des amants, parce que nos corps se trouvaient bien ensemble, ne voyaient aucune raison de s’en passer.
Que des amants parce que tu vois, déjà demain, je suis si loin.

Mon mari me caresse les cheveux, je me serre contre lui. Il fait bon rester à la maison. Les enfants rient dans le salon. Après Noël, nous partirons à la montagne, comme chaque année. Je ferai les sacs. Ils s’endormiront en regardant les lumières de l’autoroute défiler par les vitres du monospace. Mon mari me demandera de changer de disque : « Simon and Garfunkel, ça m’endort, c’est mortel… » Il fera des arrêts sur des aires éclairées aux néons, pour boire un café. À travers les gouttes de pluie dégoulinant sur le pare-brise, j’observerai mon homme déambuler dans une salle un peu vide, parmi quelques routiers, un ou deux vacanciers fatigués, son café fumant à la main, un peu blafard. J’attendrai qu’il jette son gobelet en plastique dans une poubelle, qu’il reprenne place à côté de moi et qu’on redémarre.
L’odeur de la cheminée me fait du bien. Je regarde le jardin. Mes camélias sont jeunes, comparés à celui que tu as sur la terrasse de ta chambre. Tu venais de le tailler.
On s’est aimés de longues années. Je ne l’aurais pas cru. Je n’aurais pas cru qu’un non-amour puisse autant durer.

I
Olympia. Paris. « Tu viens ? » Je te suis. Nous montons l’escalier. Un étage. Deux. Ton nom sur la porte. Tu ouvres. Me fais entrer. Refermes à clé derrière nous. Face à face. Debout devant la porte. On se regarde. Tu vas t’asseoir au bout de la loge chaude et feutrée, devant le miroir. Ouvres ton courrier. Sur la tablette, un gros bouquet de fleurs. Des petits mots, des fax accrochés sur les bords de la glace. Un silence. Tu te relèves et soupires en t’approchant de moi : « Un gars qui m’envoie son CV pour être chanteur, que veux-tu que j’en fasse ? » Je souris.
Tu es debout devant moi, tu me regardes. Tu me murmures avec un drôle de sourire, comme mélancolique : « Tu es belle… » J’ai vingt-trois ans, je suis libre. Toi, pas très. Entre nous, vingt années.
On s’est rencontrés quelques semaines auparavant, dans une ville de bord de mer. Un hôtel luxueux, une terrasse face à l’océan. Je me remets d’un mariage éclair et tes chansons ont bercé ma jeunesse. Entre nous, une familiarité immédiate. Tu me demandes quelle est ma préférée. Au concert, je suis au premier rang. Au moment du rappel, tu me la chantes, sans me quitter des yeux. Le soir, tard, une idylle. Et l’envie de se revoir.
Dans la pièce, il fait très chaud. On entend un bruit dans le couloir. D’autres artistes sont attendus ce soir. Il est un peu plus de 18 heures et ils ne vont sans doute pas tarder à gagner leur loge, proche de la tienne. Tu m’attrapes par la taille. Ton désir est brûlant. Nous devons être discrets.
Je suis assise sur tes genoux, tu caresses mes cheveux, tu me souris. On ne prononce pas un mot. On reste comme ça. Que dire après ça ? Une question me brûle les lèvres. « Est-ce que ça t’arrive souvent ? – Non. Non. J’ai parfois des élans de tendresse… Mais ça fait longtemps que j’ai arrêté… (Tu cherches le mot juste, tu ris un peu, d’un rire grave.) … ce genre de folie ! » Silence. Je me lève, reprends mes affaires. Comme je suis encore nue, tu saisis mes hanches, me tournes face à toi. Tu as l’air de prendre plaisir à me contempler de près et ton regard s’attarde sur les moindres détails de mon anatomie. J’ai envie d’enfiler au moins ma culotte. « Arrête… Je suis timide. » Tu me relâches, me libères. Je termine de me rhabiller. Tu te passes de l’eau sur le visage.
« Tu viens au concert ce soir ?
– Oui.
– Tu me retrouves dans la loge après ?
– Je ne crois pas.
– Tu dois rentrer chez toi ?
– Non. »
J’ai ton odeur plein le pull et les cheveux. On dirait que ça t’a fait du bien. Faire l’amour, comme ça, pour rien, juste avant de monter sur scène, avec une fille dont tu ne sais pas grand-chose. Je ne trouve pas cela moche, ni triste. Faire l’amour pour rien, c’est sans doute la seule façon de faire l’amour. On ne se doit rien. C’était bien. Salut. Bon concert. Dans la salle, parmi le millier de personnes venues t’écouter, je suis l’élue. Celle qui t’a vu nu, juste avant. Celle qui t’a vu sans la lumière des projecteurs et qui sait où tu as dîné, ce que tu as fait, juste avant. De mon fauteuil, je t’observe. Il me semble que tu me vois, que tu me souris parfois. Et moi, j’ai fait l’amour avec toi.
« Alors au revoir ?
– Oui. Au revoir. »
La première fois, on s’était dit au revoir.

II
« Mais que fais-tu là ?
– Je me promène.
– Par hasard ?
– Presque.
– C’est bien. Ça me fait plaisir de te revoir. »
La deuxième fois, on s’était revus pas tout à fait par hasard, dans une région maritime du sud de la France. C’était en été. Une saison plus tard. On est allés boire un verre. Il y avait beaucoup de soleil et pas mal de vent. On s’est souri. Tu m’as donné le nom de ton hôtel, le numéro de ta chambre. Dès que nous nous sommes quittés, je t’y ai rejoint. Tu m’as dit : « Il y a beaucoup de paparazzis dans ce petit coin de France. » Alors j’ai fermé les rideaux et nous avons fait l’amour bercés par le bruit des vagues. C’était moins fougueux que la première fois. On a pris notre temps. Tout tourbillonnait. Le vent, la mer, le soleil, les vacanciers qui passaient sous nos fenêtres ouvertes, la musique dans l’air, nos deux corps qui se serraient l’un contre l’autre avec reconnaissance, avec plaisir. J’aimais tes os fins, ta peau douce. Tu paraissais heureux.
Le soir tombé, après ton concert en plein air, nous avons pris un bateau, quitté la terre ferme pour aller dîner sur une île, éclairée de lumières douces. Tout était doux. Notre table sur la plage, ton regard brûlant, rieur et sans promesses, les serveurs qui s’efforçaient de débarrasser la réalité de toute contrainte matérielle.
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J'ai aimé ton élégance. Jamais d'interrogatoire. Jamais de téléphone qui sonne au mauvais moment. Jamais de mot déplacé. Tu me parlais de jolies choses, de ta vie un peu. Je bénissais l'instant présent, prenais pour miracle que l'on soit toujours dans nos vies, si longtemps après. Tant de gens s'oublient. Nous étions de fidèles amants.
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Heureux dans nos vies. Heureux ensemble. Un bonheur sans convention, qui nous convenait. Un bonheur à cacher. Sans convention, ce bonheur-là n'a aucun droit. Ce bonheur-là, tout le monde lui en voudrait.
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On s'est aimé de longues années. Je ne l'aurais pas cru. Je n'aurais pas cru qu'un non-amour puisse durer autant.
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Tu vois, dans « faire l’amour », il y a le mot « amour », on ne peut pas l’éluder.
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Il aurait voulu réveiller Marine, lui expliquer qu’il ne pouvait pas se marier, et encore moins avec elle. Mais il n’avait jamais réveillé quelqu’un qui dort. Bêtement il ne transgressa pas ce principe qu’il avait toujours respecté.
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Dans le train, le visage collé à la vitre à regarder les paysages défiler à vive allure, Mathilde sentait qu'elle se mettait en danger. Mais lorsque le présent ne propose rien, que l'avenir est incertain, on est parfois tenté de retrouver ce qu'on a bien connu, de revenir là d'où l'on vient. On se cherche un refuge, on se tapit, en quête d'une terre amie, on retourne à l'endroit où l'on s'est arrêté avant de s'égarer. Un lieu vierge de nos hontes, de nos déboires.
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Quitter celle ou celui qui a cristallisé des rêves et des fantasmes puissants, promptement et sans scrupule, n'est pas facile. Des semaines s'écoulèrent encore où Marine et Vincent firent un peu semblant, s'accompagnaient dans la vie plus qu'ils ne la partageaient.
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Il faut être vraiment débutant en amour pour ne pas savoir qu'il est imprudent de montrer de l'emballement alors qu'une histoire n'a même pas débuté. Il est d'ordinaire bon ton de feindre une certaine résistance, de marquer un temps, laisser en l'autre un léger doute s'installer et le désir monter.
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Si elle ne voulait pas finir ses jours seule à mettre du vieux pain sur son balcon pour attirer les moineaux, les pigeons, il fallait peut-être qu'elle cesse de s'enliser dans ses habitudes.
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On n'imagine pas l'épreuve que représente pour un ignare la pudique envie de fréquenter l'élite. Combien de barrières à soi-même faut-il abolir, de combien d'audace faut-il s'armer pour aller là où tout semble mieux que soi?
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C'est le problème avec les engagements: la plupart de temps, on essaie de s'y tenir. Aussi, Mathilde quitta son banc et un homme qui lui plaisait pour aller faire connaissance avec un autre censé lui plaire.
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On porte en soi des images de films, des chansons qui surgissent à des moments inattendus de nos vies, qui font de nous quelqu'un ayant appartenu à une époque.
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On porte en soi des images de films, des chansons qui surgissent à des moments inattendus de nos vies, qui font de nous quelqu'un ayant appartenu à une époque. Il nous reste des empreintes de ces histoires qui nous ont marqués, de ce temps où nos vies étaient vierges et où l'on croyait la blancheur éternelle. On voulait que notre vie ressemble à ce moment-là, à ce plan parfait.
Parfois, elle y ressemble un peu. On est heureux.
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Mathilde détestait parler de maquillage, ou de coiffeur, ou de vêtements. Elle trouvait que cela était de l'ordre de l'intime, de la poésie que l'on mettait à paraître ce que l'on voulait paraître. Que les autres devaient se contenter d'être spectateurs sans chercher à entrer dans nos coulisses. Il lui était déjà si difficile de se sentir acceptable pour elle même. Si en plus elle devait expliquer qu'elle usait parfois d'artifices...
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