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Citations de Virginie Deloffre (76)


Ça y est, elle voit le spectacle mirifique : la grande étendue blanche qui scintille, et les lumières boréales ivres qui dansent devant le traîneau de tête. Elle avance sa petite main, attrape le menton de sa mère et le tire vers elle. "Elles brillent, maman, les lumières elles brillent !" Sa mère tourne la tête, elle revoit son visage doré avec une incroyable acuité, elle se colle contre sa joue chaude et douce ... Elle est là, elle l'a retrouvée.
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Mon bon et cher Mitia et toi ma douce Varia,
Je crains le stylo du départ et le moment de le reprendre. Je crains le papier, l'enveloppe pour la la lettre de son départ. Ils sont là pourtant, étalés sur ma table. Vassili est reparti à la Base. Et me voilà repartie moi aussi, dans l'attente, qui m'est comme un pays. Comme il est long mon pays, comme il est plat, infiniment plat et long. Il n' a pas de terme mon pays, il n'a pas de contours, il offre au regard ses alentours semblables, de tous côtés la même étendue devant soi étalée.
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"C'est pourtant vrai que vous l'emmeniez avec vous dans vos expéditions ! Comment j'ai pu laisser faire çà ? J'avais une de ces peurs, j'en dormais pas tout le temps que vous étiez partis. Mais elle était tant réjouie au retour ! Elle bavassait - Varia, si tu savais tout ce qu'on a vu, viens voir petite mère les beaux cailloux qu'on a rapportés .. à ne pas la reconnaître. Vous partiez avec la souche et vous me rameniez une petite commère. Et je reconnais que pas une seule fois elle n'est rentrée malade".

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C'est une matière la brume, humide, douce. Moi-même je suis faite de cette grisaille qui m'enveloppe tout entière. C'est la matière de la nostalgie. Elle a la même texture que le manteau couleur du temps de Peau d'Âne. Quand Vassia s'en va la brume se lève en moi puis m'imprègne entièrement, et je suis faite de cette étrange matière, de pure nostalgie.
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En 1961 la plupart des adultes du pays n'avaient connu que la guerre et les privations, et pour la première fois ils touchaient de leurs mains calleuses cet avenir radieux qu'on leur avait promis, auquel ils ne croyaient plus. Alors petit frère, c'était donc vrai...
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L'homme a besoin de cathédrales, de quelque chose qui le dépasse et qu'il faut des générations pour construire.
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Ca sentirait l'odeur un peu écoeurante de soupe aux choux, et il y aurait une brique chaude enveloppée de papier journal au fond du lit qui réchauffe délicieusement les pieds quand on les pose dessus. Ce serait bon.
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Le rêve s'est effondré. L'homme nouveau s'est révélé aussi égoïste et haineux que le précédent, on n'a pas trouvé de combustible et on n'a fabriqué aucun médicament dans l'espace. On a fait des recherches laborieuses et des progrès scientifiques modestes.
Mais on a relié les hommes entre eux. On leur a donné des moyens de communication dont ils n'avaient jamais disposé, qui tôt ou tard rendront caduques les frontières entre les pays. Et l'ironie du sort, c'est que cela va précipiter notre perte.
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Depuis le temps que la Sibérie sert de dépotoir aux gouvernements, tsariste ou communiste, voilà une chose qui ne change guère à travers les siècles qu'on fait office de poubelle de la Russie.
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Elle a beau dire, un enfant ça bouge. Sans être spécialiste, c'est même ce qui vous saute aux yeux les concernant, c'est une espèce mobile, très différente des pierres auxquelles il était familier.
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On avait atteint une sorte d'acmé quand le gouvernement avait annoncé que les examens d'histoire n'auraient pas lieu parce qu'il fallait refaire les manuels. C'est là qu'on avait pris la mesure du vide de passé dans lequel on était plongés, et de l'apnée que cela représentait. Les fariboles avaient repris de plus belle. Quand on n'a pas de mémoire en soi, et pas d'avenir devant, il faut bien inventer.
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L’hospitalité était pour eux plus qu’une tradition. Dans ces étendues désertiques, les hommes sont si rares que toute rencontre avec un être humain est une fête.
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- Varia, qu'est-ce qu'il se passe quand on a perdu son âme ?
- Eh bien... c'est difficile à expliquer. On s'agite, mais pour rien. Chez les Nénètses, on raconte que l'âme détachée se met à courir en tous sens à travers la toundra. Elle erre seule, abandonnée. On a beau l'appeler, elle ne revient pas, elle ne reconnaît plus son propriétaire. C'est ce qui est arrivé aux gens du monde libre à mon avis, c'est la raison pour quoi ils se remuent comme ça toute la journée. Ils courent à la poursuite de leur âme. Et comme ils n'arrivent pas à la rattraper, forcément ils s'arrêtent jamais.
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Et moi je m'emporte comme une imbécile, comme si j'avais besoin de ça avec mon coeur qu'est fragile. Le docteur me l'a pourtant dit de plus vous écouter, il l'a même écrit sur l'ordonnance : 10 gouttes de Cardiotonine par jour et ne plus discuter avec Dimitri Fédorovitch.
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Et quand tout s'écroule, est-ce qu'une image peut suffire à sauver le monde ? Un homme qui flotte dans l'univers dans son costume de papier blanc...
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Elle est tombée sur moi la menace que je sentais rôder. Oh tu avais raison ma Varia, ce n'est pas une femme, non, ce n'est pas son genre. C'est bien pire. C'est l'ailleurs qui me l'a pris.
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Dès ce jour là probablement, Gagarine comprend que la gloire a des semelles de plomb et qu'elle va le clouer sur terre. Il est devenu une icône. On va le couler dans tous les métaux, le reproduire en médaille, en porte-clés, en timbre. On va l'incruster dans le chocolat, le représenter en tapis arménien, en bol tadjik, en mosaïque ouzbeke. Il ne volera plus jamais.
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L'été sibérien est aussi bref et éblouissant qu'un éclair. Dès les premiers signes de printemps, la nature se précipite. Elle sait que le temps lui est compté, alors les plantes rivalisent de vitesse. On verdit, on bourgeonne, on fleurit, on s'active au galop. Chacune fait ses préparatifs dans le plus grand secret, l'air est encore froid, le sol trouble et hésitant. Mais quelques jours passent et soudain, l'été est là. La végétation se montre dans ses plus beaux atours, parée comme une mariée pour la noce. Des rouges incandescents, des rouilles, des safrans, des pourpres embrasent alors la terre l'espace d'un point d'orgue, avant de disparaître sous le poids de l'hiver.
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Le seul espoir de survie quand la glace cède sous vos pieds, c'est de lancer au loin un crochet, un harpon, n'importe quoi qui puisse tenir un peu, et d'essayer de se hisser tout doucement, à plat, en rampant sur la plaque. Le problème, c'est le traîneau. Les affaires qu'on tire derrière soi, parce qu'on ne peut vivre sans, la tente, le duvet, le réchaud. Ou encore la petite balle rouge qu'on trimbale partout. Quand la glace se rompt, si le traîneau part aussi c'est fini. Il vous entraîne vers le fond de tout son poids. Il faut le détacher, il n'y a pas d'autre solution de s'en sortir. [...]
C'est cela qu'elle n'avait pas voulu faire. Elle avait cru que Vassia avait suffisamment de force et qu'en s'accrochant à lui, il arriverait à haler le tout, elle et ce passé qu'elle portait, si lourd, dont elle cherchait sans fin le souvenir en restant immobile sur la chaise.
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La terre et la mer se confondent, uniformément blanches et plates l'une et l'autre, sans ligne de fracture visible. L'oeil porte si loin dans cette blancheur, qu'on croit percevoir la courbure de la terre à l'horizon. A ce point d'immensité l'espace devenait une stature, imprégnant chacun des êtres qui l'habitent, une irréductible liberté intérieure qui fait les hommes bien nés, les Hommes Véritables, ainsi que ces peuples [les Nénètses] se désignent eux-mêmes. (p.85)
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