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Citations de Virginie Linhart (69)


"La jalousie, c'est vraiment de la merde, il faut s'en émanciper, il faut réussir à vivre autrement, le couple, c'est nul..." Dans les communautés où nous passions nos vacances avec nos parents, c'était un leitmotiv. Je me souviens précisément de deux hommes en particulier qui portaient le projet. Et l'un a piqué la femme de l'autre - bien sûr ça ne se disait pas comme ça à l'époque ! Mais le fait est. Cependant, pas de problème, ils sont restés amis et d'ailleurs ils vivent encore ensemble. Après il y a eu une autre femme, pas de problème non plus... Quand aux enfants : ils étaient à tout le monde... Moi ce que j'ai remarqué, c'est que c'était comme une communauté de singes : il y avait un mâle dominant, dont toutes les femmes étaient amoureuses et qui couchait avec toutes, et les autres mâle se faisait arnaquer. L'abolition des rapports de forces était un des thèmes privilégiés en ce temps. Je crois au contraire que les rapports de forces étaient magnifiés ; petite, j'observais ces sentiments, le désir, la jalousie, l'enthousiasme amoureux, et je les décryptais. Ils y avait toujours un gagnant et des perdants.
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Ainsi, sur quatre générations, nous sommes de père en fils, alternativement, soit révolutionnaire soit banquier
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Les paroles recueillies me remplissent. Une histoire se raconte, une histoire se transmet. Je l'ignore encore mais j'en ferai mon métier, d'écouter et de restituer, par écrit ou en images, tous ces récits qu'on me confie. Je les utilise pour me construire. Cela deviendra le sens de ma vie professionnelle. Mais je n'en suis qu'au tout début de ces nombreuses quêtes-enquêtes qui seront comme autant de victoire arrachées au silence et à l'oubli.
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Un père aussi aimant que peu rassurant. Un père qui ne peut pas protéger. (...) Un père qui consacre sa vie à rester en vie. Objectif unique, courageux et immense, qui aura mobilisé l’ensemble de ses maigres forces. Je te remercie Papa d’avoir tenu bon et d’être encore là en dépit des abîmes dans lesquels tu te noies parfois.
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68 comme façon pour les enfants des juifs rescapés de sortir du statut de survivants, pour affirmer leur appartenance au monde des vivants… (…) Les survivants ne parlent pas. Mes grands-parents se sont tus, mon père également par la suite, et moi aussi, de façon différente pendant longtemps. Je revois soudain tous ces gens que j’ai rencontrés au cours de ma vie, comme ils aimaient me raconter combien mon père était un orateur fascinant, le meilleur, le plus fort, imbattable sur le plan de la rhétorique, on ne parvenait jamais à l’interrompre, on n’avait jamais le dernier mot. C’était douloureux de les entendre. Je comprends maintenant que dans ces années 68 mon père a vécu pleinement dans le monde des vivants, et que c’était bon, et que c’était drôle, et que c’était excitant. Je crois désormais que mon père parlait en ce temps comme jamais dans sa famille personne ne s’était autorisé à parler. Que cela devait être formidable de tant parler, de se soûler de paroles alors qu’il avait été élevé dans le silence. Puis son statut de survivant l’a rattrapé et lui a cloué littéralement le bec. Et le nôtre dans la foulée.
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et puis cette tentative de suicide en 1981, et depuis le silence. Mon père a arrêté de parler. Il est devenu quasiment mutique...
Roland : Et gentil, surtout ! Alors qu'il était méchant...
Moi : Méchant : Méchant ???
Roland : Oui, méchant, comme tous les gens qui ont une intelligence extrème. J'aimais bien Robert, mais j'étais assez moqueur parce qu'il avait un sérieux un peu ridicule. Ceux qui ont choisi Lacan s'en sont sortis, ceux qui ont choisis Althusser ne s'en sont pas vraiment sortis ! Ton père était un glorieux qui se mettait en danger. Un grand chef de guerre. En même temps, il fait partie de ces gens qui, entre le réel et la théorie, choisissent la théorie. À l'époque, ils étaient tous pris dans le délire des structures, "le sujet était pris dans la structure", ils adoraient ça, c'était une possibilité de manipulation formidable. Ils ont été fous de structuralisme, et d'Althusser. Althusser osant écrire à propos de 68 dans l'Humanité : " Le mouvement est contraire à la théorie"! Sauf que le mouvement était là ! Ils avaient une passion abstraite pour la pensée, surtout celle de Marx : "la pensée de Marx est toute-puissante parce qu'elle est vraie", répétaient-ils ! Ils avaient une passion scientiste pour le marxisme, et ils ont loupé ce qui pointait en 68 : l'individu. Ils se sont enchaînés à une pensée qui n'avait rien à voir avec 68, alors que 68 c'était l'individu déchaîné.
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Ma mère ne s'est pas pourvue au fond. Nous l'avions déjà touché.
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Je replonge dans l'allégresse que me procure cette vie à l'étranger, où je me sens paradoxalement si en sécurité. Par la suite, je découvrirai, à travers des récits ou des rencontres, que ceux qui s'exilent - lorsqu'ils n'y sont forcés ni pour des raisons économiques ni pour des raisons politiques - sont des grands blessés de la famille.
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La rigueur morale, c'est avant tout être responsable de ses actes ; c'est aussi, par exemple respecter celui qui est portier et dire merde au chef s'il le mérite. La rigueur intellectuelle, c'est décider que l'intellect prime sur tout.
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Jacques était un homme beau. Cultivé, bon et courageux, mais la tentative de suicide de son unique fils, et le désastre qui en résultait, ça, il ne pouvait pas l'appréhender. Peut-être un survivant est-il encore moins qu'un autre en mesure de supporter qu'un de ses enfants veuille se donner la mort? En tout cas mon grand-père a fait comme si rien ne s'était passé. Tous les dimanches, nous déjeunions au restaurant, comme avant, comme lorsqu'on était une famille normale pour de vrais.
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Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme!
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On écrit pour tenter de répondre aux questions qui nous hantent. On écrit pour comprendre. On écrit parce que c’est la façon qu’on a trouvé de traverser la vie en atténuant la souffrance.
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Virginie Linhart
A Central Park, comme partout aux Etats-Unis, ce sont les fonds privés qui financent l'aménagement, comme la culture ; les plus riches y ont gagné un banc à leur nom pour l'éternité.
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Les hommes, c’est pour elle. La prudence est la règle. Je rase les murs, je suis une adolescente discrète, je ne veux pas plaire, ça fâche trop maman, ça me met trop en danger.
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Leur lecture du monde était celle d'un affrontement permanent, cela portait sur tous les domaines de la vie, et je dois dire que ça m'a marqué. Tout était un jeu à somme nulle : si certain s'en sortaient, c'était forcément parce que d'autres avaient la tête sous l'eau. Toutes ces contradictions sociales devaient immanquablement déboucher sur une catastrophe d'où émergerait un monde meilleur.
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Je suis dans le perpétuel marchandage intérieur entre les valeurs qui m'ont été inculquées petite et le monde dans lequel je vis actuellement.
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J'avais plongé dans le roman d'Olivier Rolin, Tigre en papier, qui retrace l'histoire d'une poignée de militants maoïstes de ces années-là. Je m'étais bien sûr identifiée à cette jeune fille qui cherche auprès du narrateur un témoignage sur son père, mort lorsqu'elle était enfant : "Alors toi, évidement, son "meilleur ami" ... tu es le premier témoin appelé à la barre... (...) Dis-moi qui il était. Mais, Marie, je ne peux pas te parler de lui sans te parler de nous. Je ne sais pas comment te faire comprendre ça, on n'était pas tellement des "moi", des "je", à l'époque. Ça tenait à notre jeunesse, mais surtout à l'époque. L'individu nous semblait négligeable, et même méprisable. Treize, ton père, mon ami éternel, c'est l'un des nôtres. Un des brins d'une pelote. Je ne peux pas le débrouiller, le dévider, l'arracher de nous, sinon je le ferais mourir une seconde fois. Sans nous son image se fanerait - sans nous "nous", toutes nos mémoires s'effacent."
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On écrit pour tenter de répondre aux questions qui nous hantent. On
écrit pour comprendre. On écrit parce que c’est la façon qu’on a trouvé de
traverser la vie en atténuant la souffrance.
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En explorant leurs souvenirs surgissent les miens. Sans eux je ne peux rien. Leurs récits libèrent ma parole.
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« Et alors, seule avec ta fille tu y arrives ? Comment va-t-elle ? Elle voit son père ? » je hais ces questions qui n’en sont pas. Ces raccourcis qui ignorent la complexité de nos trajectoires. Je veux rester maître du récit. C’est moi qui décide de ce que je dis et quand je le dis.
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