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Citations de Vivian Gornick (93)


Il existe deux sortes d’amitié : celle où l’on se remonte mutuellement le moral, et celle où il faut avoir le moral pour voir l’autre.
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Elle se détourne et, avec le tranchant de la main, fend l'air de son geste habituel de démission.
"Laisse-moi tranquille",dit-elle avec un tremblement de dégoût profond.
Je la regarde battre en retraite. Cette manière de faire semblant de se désintéresser : ce sera la dernière chose qui restera d'elle.
En réalité, ça la représentera à jamais. C'est son emblème, son idiome, ce qui la constitue à ses propres yeux. Ce geste, c'est son moyen de se différencier des bêtes, de s'élever au-dessus de la mêlée, de défaire le vrai du faux, de ne jamais prendre les choses à la légère, de toujours marquer un point. Tout à coup, sa vie presse sur mon coeur.
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Se libérer des blessures de l’enfance est une tâche dont on ne vient jamais entièrement à bout, même au bord de la mort.
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Par moments, ma mère posait dur moi un regard vitreux et se mettait à prononcer mon nom d'un ton aigu en disant :"Tu es orpheline,maintenant, une orpheline!"Personne n'osait lui rappeler que selon la coutume juive,on est orphelin quand votre mère meurt, et seulement à moitié orphelin s'il s'agit de votre père. Peut-être qu'oser n'était pas le problème. Peut-être qu'en réalité, les gens comprenaient qu'elle ne parlait pas de moi,mais d'elle.Elle vivait la perte de manière si primaire qu'elle avait pris tout le chagrin pour elle. Le chagrin de nous tous.Elle était à la fois l'épouse, la mère, la fille.(p.70)
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Pendant dix ans après mes études j'ai cherché de toutes mes forces le Graal l'amour avec un grand A, le travail avec un grand T. Je lisais, j'écrivais puis je m'effondrais. dans mon lit. J'ai été mariée 10 minutes, j'ai fumé de la marijuana pendant cinq ans. Pleine d'entrain et de vie, j'ai arpenté les rues de NY et d'Europe. Mais rien n'allait jamais.
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"Maman, si ce livre ne te plaît pas, ce n'est pas grave. Tu as le droit de le dire."
Elle me regarde d'un air inquiet, les yeux écarquillés, la tête à demi tournée vers moi. Tout à coup, elle est intéressée. Je reprends :
"Mais ne dis pas qu'il n'a rien à t'apprendre. Qu'il ne contient rien. Tu vaux mieux que ça, moi aussi, et le livre aussi. En disant ça, tu rabaisses tout."
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Mais,par dessus-tout,ce qu'offre la lecture,c'est un soulagement de notre chaos mental. Parfois ,j'ai l'impression que c'est la seule chose qui me donne du courage dans la vie,et ce depuis ma plus tendre enfance. (p.13)
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Vivian Gornick
Le salon était empli d'une terreur monocorde, figée, irrespirable. Avant d'entrer, on prenait une profonde inspiration et on gardait l'air dans ses poumons jusqu'à étouffer, sortir ou sombrer. Dans la cuisine, il y avait du ton et du timbre, une ambiance électrique, des remarques qui partaient en flèche avant de redescendre en piqué. Il y avait du mouvement et de l'espace, de la lumière et de l'air. On pouvait y respirer. Vivre.
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"J'ai pris conscience que je lisais différemment. J'ai repris des livres, surtout des romans que j'avais lu et relus , et je les ai re-re-relus. Cette fois j'ai compris que quel que soient l'intrigue, le style ou l'époque, le drame qui se jouait dans l'oeuvre littéraire dépendait en réalité presque toujours du coté pernicieux de toutes nos divisions internes: la peur et l'ignorance que ca génère, la honte que ça cause, le mystère débilitant dont ça nous entoure."
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J'ai un faible pour les hommes avec qui j'ai grandi. Ils sont pour moi l'équivalent d'un tissu imbibé de chloroforme qu'on presse contre mon visage : je les inhale, j'y enfouis le nez, j'ai envie de me fondre en eux. Quand j'étais petite, je voulais être comme eux - ces garçons des rues ténébreux et minces au regard de braise et aux passions ignorantes qui se regroupaient chaque jour au coin de la rue pour rire, lancer des jurons et apprendre la vie.
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Dans ces années-là, les femmes comme moi étaient qualifiées de Nouvelles, Libérées, Excentriques (je préférais quant moi le qualificatif d'excentrique, et c'est toujours le cas aujourd'hui). Dans les faits, j'étais nouvelle, libérée et excentrique à mon bureau dans la journée, mais le soir, allongée sur mon canapé à regarder dans le vide, ma mère se matérialisait sous mes yeux comme pour dire : "Pas si vite, ma chérie. Nous n'en avons pas encore fini toutes les deux."
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Lorsque ça a été mon tour de réclamer une chose comme ce droit d'exister en Amérique qu'on me déniait, je ne l'ai pas fait en tant que juive mais en tant que femme. C'est là que la vie a pris une tournure métaphorique. Certes, mon identité d'immigrant juif de la classe ouvrière avait un jour paru gravée dans le marbre, mais au coeur des années 1970, elle comptait moins que le stigmate inaltérable d'être née du mauvais sexe.
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Elle refusait l'idée que son comportement affecte désagréablement les autres, et la notion qu'un minimum d'échanges entre humains soit nécessaire lui était totalement étrangère. Elle refusait de comprendre que mettre l'accent sur son malheur revenait à accuser et à juger les autres. (p. 138)
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J'ai habité dans cet appartement entre l'âge de six et vingt et un ans. L'immeuble avait beau compter vingt logements, quatre par étage, je je me rappelle que femmes.Je n'ai presque aucun souvenir d'hommes. Pourtant, ils étaient partout-maris,pères ou frères-mais je ne me souviens que des femmes. Toutes vulgaires comme Mrs Drucker ou féroces comme ma mère. Quand elles parlaient, on avait l'impression qu'elles ne savaient ni qui elles étaient, ni quel pacte elles avaient conclu avec la vie.En revanche, elles se comportaient la plupart du temps comme si elles le savaient pertinemment. Futées, versatiles, illettrées, on les aurait crues issues des romans du naturaliste Théodore Dreiser.(p.8)
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Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours craint d'échouer. J'avais beau exercer le métier que je voulais, en aucun cas je ne pouvais être à la hauteur. Si je cherchais à rencontrer des gens dont je souhaitais faire la connaissance, je ne doutais pas d'être rejetée. Même si je cherchais à me faire belle, j'aurais toujours l'air banale.
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Pendant des années, cela a été le sujet fascinant de Duras, répété à l'envi dans ces abstractions courtes et denses qu'elle qualifie de romans -des textes écrits dans une prose associative qui taille dans les couches de la conscience jusqu'à atteindre notre part primitive où le désir à la fois de rester prisonnier et d'être libéré d'un souvenir fondateur étouffe, voire anesthésie.
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Cela fait des mois qu'elle n'a pas été conviée chez eux.Ni son fils ni sa belle-fille ne l'aiment.
-Maman,la question, c'est plutôt comment son fils a survécu à une mère comme Bella? Qu'il ait en plus réussi à faire des études de médecine, ça défient le bon sens.Et tu le sais.
-Mais c'est sa mère !
-Mon Dieu !
-Arrête avec tes "mon Dieu".Ce que je dis est vrai.C'est sa mère. Tout simplement .Elle lui a tout donné.
-Elle lui a donné quoi? Sa folie?Ses angoisses ?
-La vie.Tout simplement. Elle l'a fait naître.
- C'était il y a longtemps, maman.il ne peut pas en tenir compte.(p.48)
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Elle vivait la perte de manière si primaire qu'elle avait pris tout le chagrin pour elle. Le chagrin de nous tous. Elle était à la fois l'épouse, la mère, la fille. Au lieu de la vider, son chagrin l'emplissait. Elle n'était plus que vaisseau, conduit, expression. Elle possédait à présent une fluidité étonnante, sensuelle et exigeante.
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Je m'étais mariée par deux fois parce que dans mon enfance, une femme célibataire était considérée comme anormale, non désirable, indigne de tout. Pourtant, les deux fois, j'avais pris conscience que je ne supportais pas d'être vue comme la moitié d'un tout. Je sursautais quand on m'appelait madame. Et j'avais beau apprécier ma belle-famille, la vie familiale m'ennuyait. Pire que tout, parfois, lors d'une soirée agréable avec mon mari à la maison, je me sentais comme enterrée vivante. La vraie raison en était que je ne voulais pas être -une femme mariée- Je tournais les pages du grand roman de Lawrence [***"Amants & fils" ] comme s'il était écrit en braille avec l'espoir d'y trouver le moyen de me libérer de ma cécité émotionnelle, ce à quoi précisément ce livre encourage les lecteurs. (p. 55)
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Tolstoï a un jour déclaré que si on lui proposait d'écrire sur des sujets sociaux ou politiques, il ne gaspillerait pas un seul mot pour ça, mais si on lui demandait un livre qui, vingt-ans plus tard, ferait encore rire, pleurer et aimer davantage la vie, il y mettrait tout son coeur.
Une écrivaine dont l'oeuvre m'a souvent fait aimer davantage la vie, c'est Natalia Ginzburg. A la lire et la relire comme je l'ai fait si souvent au cours de mon existence, j'ai connu l'euphorie intellectuelle d'être aussi une créature sensible. (p.143)
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