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Critiques de Will Eisner (196)
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New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble

Dans cette BD c’est un immeuble new-yorkais qui est au centre de l’histoire, un immeuble qui a fait partie de la vie d’un tas de personnes qui un jour fut démolit et remplacé par une superbe structure de verre.



Pourtant le vieil édifice était plus qu’une bâtisse sans « vie » c’était lien entre les différents personnages, et les quatre personnages en question sont maintenant des fantômes errants aux abords de l’immeuble, se remémorant leur passé. Un passé que l‘on va visiter comme l’on peut visiter un monument.

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New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble

Au contraire du 1er tome, celui-ci commence avec une longue histoire, ou plutôt 4 histoires, les destins de 4 personnes autour du même immeuble.

La 2ème partie revient avec des instantanés et des réflexions sur la vie dans les grandes villes, qui sont pour la majorité encore très pertinents aujourd'hui (30 ans après la publication de l'ouvrage).
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New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble

http://lacasebd.overblog.com/2014/04/the-building-will-eisner.html



Hello les amis,



Aujourd’hui j’ai l’esprit léger et le pas guilleret, un peu comme la floraison des cerisiers au Japon, car j’ai déterré pour vous un auteur figure de proue d’un renouveau bd aux US, j’ai nommé Will Eisner (ouais, rien que ça !).



Ne prenant que mon courage à deux mains je suis parti tirer les vers du nez de mon libraire, ce qui n’était pas une mince affaire vu son rhume, et j’ai déniché un « pas si vieux que cela » (1987) bouquin portant le nom de « Building ».



Pour la petite anecdote, Will Eisner est un gars genre bien mort (1917-2005) mais qui est devenu avec les années un pilier de l’art visuel de la BD américaine grâce notamment à une inventivité graphique en avance sur son temps, un style narratif unique et une vision des choses différente des us et coutumes de l’époque ; du coup il a été une inspiration pour pas mal d’auteurs underground et estampillé « bête de guerre » dans son genre. Il a même défini le concept du « roman graphique » tel qu’on le connait aujourd’hui c’est-à-dire des histoires bd sérieuses et pas forcément chiantes. Alors oui, aujourd’hui c’est presque du petit lait mais à l’époque les comics et bd avaient une connotation infantile et ça faisait un peu rétrograde quand un adulte un poil sérieux en lisait une (pointage du doigt, bonnet d’âne, ricanement, plumes et goudron, etc.). Bref, un auteur des plus célèbres outre-Atlantique à tel point que l’Oscar de la bande dessinée porte son nom.



On ne va pas se repasser tout son curriculum en vue mais si l’on doit retenir quelques œuvres notables du gaillard, je ne citerais que The Spirit, A contract with God, Fagin le Juif, The building et j’en passe.



The Building va nous téléporter à une époque où la longueur des jupes commençait à rétrécir et les pantalons à pinces étaient toujours à la mode ; nous voilà en plein sixties ! Quatre personnages complètement atypiques vont nous faire découvrir la vie d’un immeuble new-yorkais : un violoncelliste passionné, une femme infidèle éprise d’un poète, un homme aigri par l’argent ainsi qu’une personne ayant eu un traumatisme et qui s’est donné pour mission d’aider les enfants, voilà pour nos guides attitrés. Tous vont partager une histoire, leurs histoires ; parfois triste, mélancolique et avec des sursauts de joies ayant pour lieu commun : l’immeuble (The Building en VO) ; cet immeuble qui est justement l’élément central, et qui sera le témoin de cette tranche de vie, du temps qui passe et des liens entre les hommes. Un immeuble peut-il avoir une âme ?



Vous l’aurez compris, ici on ne cogne pas, pas de communistes en mal de destructions massives ni de terroristes palestino-indiens, et encore moins de tripes virevoltantes ne vous laissant pas le temps de faire marcher vos neurones. Au contraire, décapsulez une boisson gazeuse, respirez un bon coup et mettez-vous plutôt à l’aise sous la couette.



Visuellement c’est beau, sobre, agréable à lire et est un vrai plaisir à regarder avec sa mise en page hors-norme remplie d’audace graphique et au dessin épuré ; chaque planche est émouvante et emplie d’émotions et vous plongera dans le gris de l’existence comme un bon coup de pelle projetant du mortier dans les dents (désolé, c’est mon côté maçon qui ressort). Mitonné de second degré et d’un double niveau de lecture, vous verrez au fil de la lecture les cases s’effacer pour donner vie à cette histoire au thème humaniste et qui étudie le comportement humain et social sans pour autant porter un quelconque jugement, ni être moralisateur.



Non content d’être un excellent album se suffisant à lui-même, celui-ci fait partie d’une trilogie (The building est en fait le tome 2), et est composé de 80 pages nous montrant un instantané de la vie raconté avec une finesse poétique assez rare, à tel point qu’on le termine sans s’en apercevoir. Bref, c’est une lecture un poil étrange, qui sort des sentiers battus et qui est rafraichissante.



Au final, voici une œuvre intemporelle, originale et même novatrice vis-à-vis de tout ce qui sort actuellement et qui se résume trop souvent à un gros méchant, un complot et des boy-scouts qui sauvent la princesse à coup de semelle cloutée pointure 44. Alors, pardonnez mon hardiesse, somme toute pas subtile du tout, de vous suggérer la lecture de cette bd sous peine de passer à côté de quelque chose.



Si vous aimez les bonnes et belles BD avec une histoire intelligente qui vous ouvrira l’esprit, celle-ci est clairement pour vous !
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New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble

Dans la trilogie de Will Eisner on lit des histoire tragiques, des histoires tristes, des histoires absurdes, des histoires de solitude, des histoires drôles … tel NY on y retrouve un melting pot d’émotions. En quelques cases, quelques détails dans le dessin Will Eisner arrive à nous transporter dans la Grande Pomme. On entend les bruits, on s’imagine les odeurs … en lisant cette BD j’avais l’impression de me retrouver dans une nouvelle de Damon Runyon.
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New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble

Après avoir fait un panorama de la Ville en un premier tome que j'ai trouvé particulièrement réussi, Will Eisner focalise son regard, toujours mordant, peut-être un peu plus tendre cependant, dans ce deuxième tome, sur un immeuble comme les autres, enfin presque, qui, après avoir trop vécu, a été démoli, et remplacé par un autre immeuble, plus grand, plus clinquant, plus dans l'air du temps.



Au pied de cet immeuble, quatre fantômes de son passé, dont l'auteur va raconter un à un l'histoire. Les saynètes laissent ainsi place, cette fois, à de véritables récits, qui trouvent leur liaison dans le fait que chacun a fait partie, plus ou moins directement, de l'histoire de l'immeuble démoli, et s'est croisé, à un moment ou à un autre, en son parvis.



Ce sont des histoires tragiques que celles de ces fantômes, qui montrent encore une fois toute la cruauté de la Ville, de la Vie, même s'ils finiront par trouver un sens à leur présence en raison d'un autre évènement tragique qui aura lieu, encore, sur ce même parvis, même si d'un nouvel immeuble.



Les graphismes servent toujours à merveille les histoires douces-amères que nous transmet l'auteur, et je n'ai qu'une hâte : pouvoir enfin me procurer le troisième tome !
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New York Trilogie, Tome 3 : Les Gens

J'ai découvert le coup de crayon de Will Eisner lors du Challenge New York pour lequel j'avais emprunté à la biblio le tome 2 : L'immeuble du triptyque New York. Cette fois c'est le tome 3 que je découvre (faute d'avoir trouvé le tome 1) et il s'agit cette fois des gens, trois personnes en particulier que la société va "manger". Pincus est repasseur, il a passé sa vie à tenter de passer inaperçu à tel point qu'un jour il trouve dans le journal sa nécrologie, il est mort et malheureusement pour lui il sera très vite remplacé et oublié.

Puis vient l'histoire de Morris, il ressent depuis longtemps ce besoin d'accomplir une chose importante, le souci c'est qu'il ignore ce que c'est, il enchaîne les petits boulots jusqu'à sa rencontre avec une voyante avec qui il mettre sur pied une petite arnaque mais au bout de quelques années sa morale prend le dessus, quitte tout et finit dans la rue avant de mettre à profit un soit disant don de guérison, malheureusement pour lui aussi la société n'accepte as l'échec, s'il ne sait pas trouver sa place autant qu'il disparaisse.

Enfin c'est l'histoire d'Hilda que l'auteur nous conte, bibliothécaire de 40 ans, vieille fille qui s'est occupé de son père malade jusqu'au bout, maintenant qu'il n'est plus là il est temps qu'elle pense à elle et finira par trouver l'amour en la personne d'un vieux garçon qui prend soin de sa vieille mère possessive. La pauvre Hilda n'aura pas de chance.

Ces trois personnages auront un destin tragique.

Le drame ponctue donc ces trois "fables" et avec force ironie l'auteur met en scène ces trois bougres que la vie n'épargne pas. Leur sort ne nous attriste pas au contraire on en rit (ce n'est pas très gentil de rire du malheur d'autrui) mais la réalité est telle que ce genre de situation ne nous étonnerait guère. Le dessin en noir et blanc apporte de nombreux détails aux scènes, les sentiments des personnages sont clairement identifiables sur leur visage et les décors sont parfois suggérés de quelques traits. Le tout me fait penser au cinéma muet dans lequel la parole n'est souvent pas nécessaire, ici les dessins suggèrent l'histoire à eux-seuls.
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New York Trilogie, Tome 3 : Les Gens

Après la Ville, l'Immeuble, au tour des Gens d'avoir la part belle dans ce dernier volet de la Trilogie de New York. Will Eisner prend le parti de raconter la ville des invisibles, de ceux qui passent dans les rues sans que l'on ne les remarque au milieu du bouillonnement de la vie des grandes métropoles, de ceux qui ont des existences de prime abord banales, auxquelles personne ne semble s'intéresser, le tout dans un style graphique toujours aussi riche, dans une narration toujours aussi sensible et tendre, non dénuée d'une petite pointe d'humour qui les dédramatise, sans en ôter le caractère parfois ironiquement tragique.



C'est le portrait de l'Humain, dans toute sa réalité, tout autant commune qu'exceptionnelle, faite de petits riens qui changent tout, pour le meilleur comme le pire, à travers les portraits de ces Gens, qui nous est dépeint, tout simplement.



Un dernier volet qui clôt avec réussite la trilogie, que je suis ravie d'avoir lu, et qui m'a permis de découvrir le travail de Will Eisner, que je vais continuer de découvrir par d'autres de ses œuvres désormais.
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New York Trilogie, Tome 3 : Les Gens

Dans la trilogie de Will Eisner on lit des histoire tragiques, des histoires tristes, des histoires absurdes, des histoires de solitude, des histoires drôles … tel NY on y retrouve un melting pot d'émotions. En quelques cases, quelques détails dans le dessin Will Eisner arrive à nous transporter dans la Grande Pomme. On entend les bruits, on s'imagine les odeurs … en lisant cette BD j'avais l'impression de me retrouver dans une nouvelle de Damon Runyon.
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New York Trilogie, Tome 3 : Les Gens

Ce tome contient trois histoires complètes et indépendantes de toute autre. Dans la bibliographie de son auteur, il est paru entre Au cœur de la tempête (1991) et Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Bronx (1995). La première édition date de 1993. Il a entièrement été réalisé par Will Eisner (1917-2005) : scénario et dessins, avec des nuances de gris. Cette histoire comporte 110 pages de bande dessinée.



Sanctuaire (32 pages) - Dès son plus jeune âge, Pincus Pleatnik avait appris à se cacher pour éviter d'être vu, d'être trouvé, pour vivre tranquillement. Il avait instinctivement compris qu'être invisible fait partie des compétences primordiales dans l'art de la survie en milieu urbain. En marchant sur le trottoir, il évitait de poser le pied sur les fissures. Il donnait toujours une petite pièce aux mendiants. Il était tellement dépourvu de tout trait remarquable que les filles à la fac n'arrivaient pas à se souvenir de son nom, que les caissiers des magasins ne le remarquent jamais. Il exerce un métier de repasseur blanchisseur dans l'arrière-boutique, n'ayant jamais de contact avec les clientes ou les clients. Mais un matin en lisant son journal, il constate que la rubrique nécrologique fait état de son décès.



Will Eisner n'en est pas à son coup d'essai pour raconter la vie d'individus banals. En plus il annonce dès le titre de l'ouvrage qu'il va s'intéresser à des gens en rien remarquable, qui n'existent pas aux yeux des autres. Pincus Pleatnik est un cas d'école : il fait tout pour ne pas être remarqué avec une efficacité telle que personne ne se soucie de lui. Il n'y a que son employeur qui connaisse son nom et qui le reconnaisse. Par la force des choses, le lecteur a sa vision sur sa propre existence, et a une conscience plus ou moins aiguë du nombre d'êtres humains ayant vécu avant lui, dont il n'a jamais entendu parler et dont il ne saura jamais rien, sans parler des milliards d'êtres humains vivant en simultanéité avec lui dont il ne connaîtra jamais qu'une poignée. Il est fort vraisemblable que lui-même ne laissera aucune trace dans l'Histoire ou à l'échelle de l'humanité. Il sourit en découvrant cet individu que personne ne remarque, qui peut aller à sa guise dans le monde urbain sans craindre son agressivité parce qu'il s'y est adapté au point de développer une banalité qui le rend invisible. Il suffit d'une erreur administrative le déclarant mort pour que cette sécurité vole en éclat et que sa vie bascule dans une suite de drames loufoques. Le lecteur peut penser à la folle nuit de Paul Hackett dans After Hours (1985) de Martin Scorcese.



Dès la première page, le lecteur est séduit par la personnalité narrative de l'auteur. Il lui conte une histoire qui relève à la fois du drame réaliste, à la fois de la fable. En 2 pages et 9 cases, le lecteur a l'impression d'avoir toujours connu Pincus Pleatnik, de le comprendre, de savoir comment il fonctionne, juste avec quelques remarques du narrateur omniscient et des dessins comme posés sur la page, sans bordure de case. Dans la première page, il (re)trouve la façon dont Eisner sait lier des dessins en les apposant sur un fond noir, comme des images apparaissant en blanc au travers du noir de la scène. Le lecteur se rend compte qu'il dévore chaque page, sans se soucier de la manière dont elles sont dessinées, et qu'il ressent une proximité extraordinaire avec chacun des personnages. Il lui suffit de regarder Pincus se raser, arroser sa plante, enfiler son pardessus, pour voir son absence de toute prétention, le plaisir qu'il prend dans son quotidien, sa banalité. Il faut prendre du recul pour comprendre comment Will Eisner insuffle une telle vie dans ses personnages. Le lecteur peut voir les vêtements tous confortables et un peu informes de Pincus Pleatnik, leurs plis qui montrent à la fois qu'ils sont un peu lâches, à la fois déjà portés de nombreuses fois. De la même manière, il peut regarder les petits gestes : les expressions de son visage, sa manière de tenir le journal sous son bras pendant qu'il suspend son manteau humide, la manière d'enfiler son pull, ses postures un peu résignées tout en conservant une énergie sous-jacente. Will Eisner ne représente pas n'importe qui : ses dessins donnent l'impression de regarder un individu qui existe vraiment. Il en va de même pour les autres personnages : la confiance en ses compétences professionnelles de la rédactrice des avis de décès, la capacité à prendre des décisions du propriétaire de son appartement pour qui ses locataires ne sont que des noms dans un exercice comptable, la contenance inquiète et séductrice à la fois du propriétaire du pressing, etc. Aucun d'entre eux n'est un stéréotype, chacun est un individu pleinement développé, unique.



S'il essaye de regarder les techniques d'enchaînement de cases, le lecteur a du mal à croire à ce qu'il observe. À la lecture, il éprouve la sensation d'être aux côtés de chaque personnage, à chaque fois dans la même pièce qu'eux. En relisant, il s'aperçoit que Will Eisner gère les arrière-plans avec une dextérité quasi surnaturelle, ne les représentant qu'en cas de besoin. Or le lecteur serait près à jurer qu'il y en a dans plus de 80% des cases, ce qui est loin du compte. Pourtant chaque endroit présente une ambiance unique, plausible au point d'en être plus réaliste qu'une photographie. En parcourant à nouveau les pages, le lecteur remarque également une forme discrète d'humour sans pitié : la silhouette de Pincus dans la vapeur du pressing le rendant effectivement invisible, le fait qu'il renverse sa tasse de café en découvrant l'annonce de sa mort dans la rubrique nécrologique, la façon dont Pincus embrasse un poteau, les mimiques du propriétaire du pressing en train de se lamenter sur son sort, etc. Effectivement en arrière-plan, se dessine également le portrait d'une partie de la société : les petits boulots, les personnes à la rue, l'administration inflexible, la cupidité des uns et des autres, les sans-abris, les manœuvres d'intimidation musclées. Sous des dehors de récit léger et rapide, Will Eisner réalise un drame à l'humour noir, brossant le portrait d'une partie de la société, avec un épilogue aussi joyeux qu'horriblement noir.



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Le pouvoir (40 pages) - De manière inexpliquée, Morris dispose d'un don. Il se manifestait occasionnellement quand il était enfant. Il suffisait qu'il serre sont chat contre lui pour que celui-ci guérisse, ou qu'il se tienne proche de son père alité, pour que celui-ci guérisse aussi. Mais ces occurrences étaient peu nombreuses, et Morris finit par oublier son don. Après la mort de ses parents, devenu adulte, il se mit à la recherche d'un boulot qui le satisfasse. Il est embauché comme aide-soignant, mais il gêne les médecins. Il occupe ensuite un emploi d'aide à la ferme, mais finit par être attiré par un cirque et vouloir devenir un magicien. Comprenant que tout n'est que truc et artifice, il devient l'assistant de Lil, la diseuse de bonne aventure.



Au départ, le lecteur est décontenancé par le don de Morris, se disant que ce n'et pas compatible avec une forme d'invisibilité dans la société. Mais en fait ce don est montré de manière prosaïque sans effet surnaturel, sans explication religieuse ou scientifique. Ce don ne transforme pas Morris en un messie ou un individu extraordinaire. Le lecteur retrouve des individus tout aussi ordinaires que dans la première histoire, tout aussi remarquables par leur unicité, leur humanité, en tout point différents de ceux de la première histoire, et tout aussi banals, plausibles et palpables. Il remarque que cette histoire comprend 6 pages muettes d'une incroyable expressivité. Il reste ébloui par la manière dont Eisner compose ses pages : des cases sans bordure qui s'entremêlent naturellement alors qu'elles montrent des choses très disparates, la façon dont la pluie trempe les vêtements et les individus jusqu'à l'os, la descente d'un escalier par 2 personnages qui acquiert une dimension métaphorique, etc. Plus encore que dans le premier récit, le lecteur voit comment le créateur parvient à combiner des techniques de mise en scène cinématographiques avec des techniques théâtrales pour un amalgame uniquement réalisable en bande dessinée. Les personnages de papier se révèlent être d'incroyables comédiens au jeu de scène un peu appuyé, mais totalement réaliste. Le lecteur s'attache tout autant à Morris qu'à Pincus et comprend ses choix, partage ses valeurs, ressent ses déceptions, se résout à son anonymat avec lui.



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Combat Mortel (31 pages) - Toute sa vie d'adulte, Hilda s'est occupée de son père alité et cacochyme, sans relation amoureuse, aux dépens de sa vie professionnelle. Elle a maintenant 40 ans, et son père rend l'âme dans un dernier râle. Il est temps pour elle de se construire une vie. À la bibliothèque municipale où elle travaille, elle remarque Herman, un célibataire d'une cinquantaine d'années. Elle se renseigne : il vit seul avec sa mère dont il s'occupe.



Avec cette troisième histoire, Will Eisner commence par un drame, mais ajoute bien vite une pincée de gentille moquerie qui inscrit le récit dans le registre de la comédie dramatique. À nouveau le lecteur prend partie pour Hilda dès la première page, sensible à ses valeurs morales qui l'ont menée à se sacrifier pour prendre soin de son père. Il sourit à sa réaction quand son père exhale son dernier soupir, et à sa détermination pour mettre la main sur un mari, un individu quelconque sans rien de remarquable, mais avec une histoire personnelle particulière et unique. Il sourit franchement quand le combat (mortel) s'engage entre Hilda et la mère d'Herman pour capter ses attentions matérielles et affectives. Bien sûr, le lecteur peut trouver qu'Hilda est un peu manipulatrice, que la mère d'Herman est très possessive, et qu'Harry aurait bien besoin d'une colonne vertébrale. Dans le même temps, il comprend aussi que ces personnages aient adopté cette façon de vivre, et il ressent de l'empathie pour cette femme qui ne souhaite pas gâcher les années qui lui reste, pour cet homme qui a accepté sa condition, et pour sa mère qui continue de veiller sur son poussin.



Comme dans les 2 histoires précédentes, le lecteur voit que Will Eisner continue d'utiliser les mêmes outils pour construire ses pages (case sans bordure, dessin sur fond noir, mise en scène de théâtre) et qu'il aboutit à des pages qui n'ont rien de semblables à celles des 2 autres récits. À nouveau, il suffit de voir évoluer Hilda, Herman et sa mère pour avoir une idée claire de leur personnalité respective, et que celle-ci n'est pas la même que celle des personnages précédents. À nouveau, l'artiste gère les arrière-plans avec une élégance sophistiquée, faisant de la clarté de sa narration la priorité, ce qui n'empêche pas le lecteur de pouvoir se projeter dans chaque lieu. À nouveau, il savoure des cases uniques : l'expression du chagrin d'Hilda à la mort de son père, la délicatesse avec laquelle Herman lave les pieds de sa mère, les simagrées de la mère d'Herman face à Hilda, la bougie qui se renverse, etc. Cette fois-ci encore, Will Eisner fait preuve d'un humour cruel et malicieux, maltraitant ses personnages avec autant de sadisme que d'affection.



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Ce recueil de trois histoires qui s'apparentent à autant de copieuses nouvelles est à savourer comme autant de perles de comédie humaine, d'une rare justesse et d'une rare finesse, permettant des côtoyer des personnages banals qui révèlent toute leur saveur, dans des drames très humains, faisant ressortir leurs qualités et leurs défauts, toute la richesse de la condition humaine, sans une once de méchanceté ou de mépris, avec un humanisme sans limite.
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New York Trilogie, Tome 3 : Les Gens

Une superbe trilogie, de la grande bande dessinée, un plaisir absolu
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Nuits d'encre

Denny Colt, le jeune et séduisant criminologue, détective privé à ses heures perdues, est sur la trace du docteur Cobra. Au cœur de Chinatown, il se glisse dans l'ombre des ruelles jusqu'à une bouche d’égout. Enfin, il parvient dans le repaire secret du savant criminel. Un lutte farouche s'engage, au cours de laquelle un récipient est brisé, qui inonde Denny de son liquide toxique.

Lorsque le commissaire Dolan arrive sur les lieux, le jeune détective git, déjà rigide, dans une flaque et le docteur Cobra a fui, traînant son assistant inanimé.

Denny Colt est mort et enterré dans le petit cimetière de Wildwood.

Le Spirit, lui, vient de naître et jure de s'occuper des criminels qui échappent à la police.

Dans la rue noire, au nord de Central-City, la nuit venue, le silence remplace l'activité bruyante des entrepôts. Les ombres se faufilent entre les bâtisses.

Ce soir là, Augie Freeze a tendu un piège au Spirit. Il a décidé de le tuer au 122 de la rue noire...

Joli Coeur s'est évadé et il est le seul à connaître Mr Octopus, le maître du crime. Le Spirit va l'utiliser comme appât mais la traque promet d'être périlleuse....

Ce magnifique album qui semble restituer les planches originales, en noir et blanc, des premières aventures du Spirit est un petit bijou. Édité en 1983 par "les Humanoïdes associés", dans la collection "Sang pour sang", il remonte jusqu'aux origines du plus sympathique des héros masqués.

Will Eisner crée avec jubilation un mythe et déborde de talent et d'inventivité. Il réinvente déjà l'art de la bande dessinée.
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Petits Miracles

Quatre petites histoires toutes aussi touchantes les unes que les autres...

Quatre petites histoires qui relèvent du miracle...



Dans le miracle de la dignité, l'oncle Amos est sans le sou et à la rue. Par chance, il croise un de ses riches cousins, Irving. Ayant un peu pitié de lui, celui-ci lui donne 5$. Mais, Amos s'offusque, il a encore de la dignité! Il refuse donc l'offre mais par contre, il ne serait pas contre un petit prêt de 10000$! Qu'à cela ne tienne, Irving accepte, certain que ce dernier le remboursera. Il a bien parlé de dignité, n'est ce pas ?...

Dans Magie de rue, comment trois gamins qui croyaient ridiculiser le p'tit Mersh vont finalement se trouver bien bêtes devant la malignité et la ruse de ce dernier pour les prendre à leur propre piège !

Dans Un nouveau dans le bloc, un jeune garçon, ne parlant pas, habillé de haillons et ayant l'air de fuir toute personne qui l'approche, va être sous la protection de Melba, la libraire qui tentera de le percer à jour... Ce jeune blondinet a tout l'air de faire des miracles dans le bloc...

Enfin, dans Une bague de fiançailles spéciale, deux dames, mesdames Fegel et Grepps n'ont pas de chance: l'une a une fille sourde et muette et l'autre un garçon handicapé. Et si le hasard les faisait se réunir ? Un petit coup de pouce...et les voilà dans les bras l'un de l'autre, grâce à cette belle bague en diamants, semble-t-il...



Will Eisner nous plonge dans le «bloc», le quartier juif de Brooklyn et nous offre quatre petites histoires, sur la nature humaine, l'amour, la chance ou la malchance. Toutes empreintes d'humanité, très émouvantes et tellement incroyables, elles reflètent à merveille les revers de fortune. Toutes possèdent une certaine profondeur, un certain charme et une fin imprévisible. Avec une couverture alléchante, un trait léger et subtil, une mise en page aérienne, des tons marron-gris apaisants et réconfortants rappelant de vieilles photos, cet album à l'ambiance douce et nostalgique est un vrai concentré de petits bonheurs.



Petits miracles... c'en est un !
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Petits Miracles

Dans la carrière de l'auteur, ce tome est paru entre Mon dernier jour au Vietnam (2000) et Fagin le juif (2003). Il est initialement paru en 2000, écrit, dessiné et encré par Will Eisner, C'est une bande dessinée d'environ 110 pages, en noir & blanc, comprenant 4 histoires courtes. Une citation de William James (1842-1910) est mise en ouverture sur les petites forces invisibles passant d'humain à humain. Suit une introduction d'une page rédigée par Will Eisner en 2000, où il évoque la notion de miracle, à la fois des coïncidences fortuites, à la fois une manière d'expliquer des choses inexplicables.



The miracle of dignity (16 pages) - Dans sa famille, l'oncle Amos était considéré par certains comme shnorrer (un mendiant doué), et par d'autres comme un individu incarnant littéralement la dignité. Un jour d'hiver, alors qu'il neige, le riche cousin Irving remarque l'oncle Amos en train de fouiller dans les poubelles. Il s'approche pour lui donner quelques pièces (5 dollars), mais Amos lui dit que c'est une bien piètre aumône. Irving finit par accepter de lui prêter 10.000 dollars sous la forme d'un chèque, sans reconnaissance de dette. Reconnaissant de cette bonne fortune, Amos invite Irving au restaurant pour déguster une bouteille de leur meilleur vin. Au cours de la discussion Irving accepte de lui céder une concession pour vendre ses produits sur une belle rue. Quelque temps plus tard, Irving vient trouver Amos dans son magasin pour lui demander de rembourser car il se trouve dans une situation financière délicate.



Will Eisner se montre aussi à l'aise dans les formes longues que dans les nouvelles. Le lecteur familier de l'auteur sait qu'il est autant susceptible de trouver des histoires remarquables dans les 2 registres. Par contre, il ne sait pas trop ce qu'Eisner entend par le terme de miracle. L'introduction l'éclaire un peu, mais il se doute que ce seront les histoires elles-mêmes qui vont définir le terme. L'histoire de l'oncle Amos brosse le portrait d'un individu digne, et plutôt fier. Il refuse la simple aumône et fait face aux difficultés de la vie avec une certaine assurance qui lui permet de conserver ladite dignité. Comme toujours, les dessins insufflent une vie incroyable aux personnages. L'artiste utilise des cases sans bordures, comme à son habitude pour que le regard du lecteur ne soit pas arrêté par les bordures, ne se sente pas prisonnier des bordures. Les traits de contour apparaissent un peu moins lâches et fluides que dans certaines autres œuvres d'Eisner. Il habille ses dessins d'élégants lavis de gris, dans des nuances différentes. Dès les 2 premières pages, le lecteur se retrouve transporté aux côtés de l'oncle et du cousin, et il ne fait plus attention à la technique de l'artiste. Il éprouve la sensation la sensation de se trouver dehors sous la neige douce, dans une sorte de grisaille qui gomme l'arrière-plan. Par la suite, il ressent la chaleur du restaurant, il observe le confort des fauteuils dans le magasin de l'oncle Amos. Il imagine les bonnes dimensions de la pièce où se déroule la fête de famille. Eisner n'a pas besoin de dessiner tout cela avec précision pour donner la sensation d'y être. Mais il sait aussi dessiner dans le détail si la scène le nécessite par exemple pour la façade d'immeuble où se trouve le magasin de l'oncle Amos.



Ces 16 pages sont l'occasion d'observer Amos vivre sous les yeux du lecteur. Will Eisner est un maître en direction d'acteur, que ce soit pour le langage corporel ou pour les expressions du visage. Le lecteur éprouve tout de suite une sympathie doublée de prudence vis-à-vis d'Amos qui donne l'impression d'être en représentation, avec une façon bien à lui d'ajouter de l'emphase à chacun de ses gestes, comme pour mieux communiquer son émotion ou y faire croire. Ce n'est pas vraiment un cabotin, mais plutôt un individu conscient qu'être c'est jouer un rôle social et il se doit d'être à la hauteur. Le lecteur éprouve une forte empathie, et une compassion irrépressible lorsqu'il est dans la dèche, mais aussi par la suite quand son rôle l'oblige à se montrer généreux une fois que la fortune lui a souri. Will Eisner reste égal à lui-même, à la fois humaniste par son don à donner vie à des individus inoubliables, à la fois vachard avec ses personnages qu'il n'hésite pas à faire souffrir, ne serait-ce que du fait de l'absurdité de la vie.



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Street magic (8 pages) - Cousin Mersh (un garçon d'une dizaine d'années) raccompagne son jeune cousin (5 ou 6 ans) chez lui, en passant par une rue ou des adolescents du coin font la loi. En les voyant arriver de loin, ils préparent un chapeau avec 2 papiers, pour en faire tirer un à Mersh. S'il tire celui avec marqué Coupable, il va se prendre une dérouillée. Il y a marqué coupable sur les 2 papiers.



Une courte scène basée sur la rouerie de jeunes costauds, et sur la capacité d'anticipation de Mersh, grâce à une solide expérience. Une fois qu'il a planté le décor de la rue dans les 2 premières pages (les façades et les marches d'escalier où les mauvais garçons attendent leur prochaine victime), tout se joue dans la direction d'acteurs pendant 4 pages. À chaque dessin (toujours sans bordure), le lecteur regarde la posture des 3 lascars et des 2 garçons, l'assurance des uns en train de se préparer à tabasser leur victime, le calme de Mersh réfléchissant à la manière dont il va s'en sortir. L'état d'esprit des uns et des autres se lit dans chaque posture, chaque visage avec une évidence déroutante. Le lecteur n'a pas simplement l'impression d'assister à la scène, il bénéficie du décodage effectué par Will Eisner, les dessins faisant apparaître l'intention de chacun comme si un observateur expliquait en temps réel ce qui se passe dans l'oreille du lecteur.



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A new kid on the block (46 pages) - Un jour, un très jeune homme fait son apparition dans le quartier. Personne ne l'a jamais vu avant, et il ne parle pas la langue, en fait il ne sait pas parler du tout. Tout le monde le regarde bizarrement, mais il finit par trouver un coin de trottoir assez abrité pour y dormir la nuit. Le matin, il se lève et va faire du lèche-vitrine devant une boulangerie. La boulangère lui donne du pain et du lait. Il mange en flânant et passe devant un couple qui se dispute. Après son passage, ils décident de faire la paix. Il va s'installer dans une ruelle déserte, et 2 voleurs y jettent leur butin pur éviter de se faire serrer par la police. Il ramène la caisse à la libraire Melba, et la propriétaire (Melba) décide de lui trouver une chambre où dormir pour le remercier.



Le lecteur passe ensuite à 2 récits plus long. Le premier est très étrange : le jeune garçon agit comme un catalyseur permettant à des situations conflictuelles d'aboutir à une résolution apaisée et dans le calme. En cours de route, Melba se lance dans une courte enquête pour essayer de découvrir sa véritable identité. Le lecteur retrouve toute la verve graphique de Will Eisner avec des personnages de papier incroyablement incarnés, des lieux extérieurs et intérieurs donnant l'impression de pouvoir s'y déplacer, s'y promener, et une direction d'acteurs toujours aussi vivante. Le lecteur se prend tout naturellement d'amitié pour cet adolescent perdu, pour Melba et son élan maternel, pour Missis Rizzo et son autre forme d'élan maternel, et pour les habitants du quartier, tous plus vrais que nature. Le lecteur suit la manière dont la présence et la vie du jeune garçon s'entremêle à celle des habitants du quartier, les effets qu'il a sur eux et la réciproque. Il envisage ce récit sous l'angle du concept de petit miracle, mais les différents ingrédients ne parviennent pas à un plat équilibré : un peu trop de mélodrame, un peu trop de rebondissements, un peu trop de comportements soudains.



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A special wedding ring (38 pages) - Shloyma Emmis est un célibataire d'un certain âge qui mène une vie bien réglée, vivant de la vente de bagues avec diamant, et étudiant la Torah et le Talmud tout le reste du temps. Dans le même quartier vit miss Fegel qui prend soin de son fils adulte infirme Marvin, une jambe mal formée, et miss Grepps qui prend soin de sa fille Reba adulte sourde et un peu attardée. En papotant, elles finissent par se dire que le mieux pour leur enfant respectif serait d'épouser l'enfant de l'autre, afin qu'ils prennent soin l'un de l'autre. Après un peu de travail de conviction qui emporte un accord du bout des lèvres de Reba et Marvin, Missis Fegel va acheter une alliance à Shloyma Emmis.



En entamant ce deuxième long récit, le lecteur se dit qu'il risque de se produire le même ressenti que pour le précédent : démarrage du récit avec Shloyma Emmis, pour partir ensuite sur les deux jeunes adultes handicapés et leur mère. En fait le récit vire au mélodrame, avec quelques touches d'humour un peu vache, comme l'auteur sait si bien en distiller. À nouveau le petit miracle semble artificiel, mais dans le même temps les personnages sont toujours aussi proches et émouvants, la narration graphique fluide et facétieuse. Le lecteur dévore les pages, ému par l'évolution de la relation entre Reba et Marvin, tout entier absorbé par l'histoire de ce couple.



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Comme d'habitude, ce recueil est d'abord une leçon de narration graphique aussi élégante que virtuose, aussi sensible qu'amusante. En fonction de sa sensibilité le lecteur apprécie plus une histoire qu'une autre, trouvant forcément 2 pépites dans le lot, et le reste largement dans le dessus du panier.
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Petits Miracles

Cette bande dessinée n'est en aucun cas mon style de lecture, c'est toute bête mais j'ai choisi de la lire à cause de la police d'écriture à la Disney du nom de l'auteur de cette bande dessinée. Je n'ai même pas pris la peine de lire la quatrième de couverture avant de la commencer. Et j'ai été très déçus une fois tourner la dernière page.





Pour commencer, j'ai eu beaucoup de mal avec le style de dessin, je trouve le tout assez grossier. Les histoires au nombre de quatre ne touchent pas toutes de la même façon. La première relate la vie de L'oncle Amos clochard, puis chef d'entreprise par le biais de moyens peut orthodoxes. Je n'ai pas été toucher par cette histoire, ce personnage n'est en aucun cas attachant. La deuxième histoire est quant à elle très courte et raconte les lynchages communautaires. Très courtes mais sympathiques. Pour la troisième histoire c'est un peu comme un Tarzan à la sauce américaine des quartiers. Je n'ai pas été toucher plus que cela mais cela restait une petite histoire plaisante à lire. Et pour la dernière histoire l'auteur nous compte la vie d'un homme infirme et d'une femme sourde et muette. Leur vie va être chamboulée par l'arrivée d'une bague de fiançailles. Pour certaines personnes la fin peut paraître belle, pour m'à part c'est tout le contraire. J'ai trouvé cette fin bien moche, de par le comportement des personnages principaux.



En conclusion je cherche encore les miracles... Une grande déception, je n'attendais pas grand-chose de cette bande dessinée et heureusement sinon je pense que je ne l'aurais même pas terminé. Vite lue vite oubliée. Après je préfère préciser que ce n'est que mon avis. Cette bande dessinée peut très bien avoir touché certains lecteurs et c'est tout en leur honneur.
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Petits Miracles

On aime ou on n'aime pas le style graphique, l'esthétique noir et blanc de Will Eisner. De même, on est plus ou moins sensible aux thèmes qu'il affectionne : tissu urbain new-yorkais, envers du rêve américain, communautarisme, déviances humaines, etc.



Moi, j'aime plutôt bien, sans être toutefois une inconditionnelle. Cet album, Petits Miracles, m'a beaucoup rappelé l'esprit de son Dropsie Avenue mais appliqué à une tout autre fin.



Ici, il n'est nullement question de dresser un panorama ni une séquence historique mais bien plutôt, d'écrire des nouvelles graphiques, exactement de la même manière que son auteur fut l'initiateur du roman graphique.



On va donc voir le quartier par le petit bout de la lorgnette et à travers le prisme de trois ou quatre histoires particulières — singulières, même, devrais-je écrire — qui nous plongent dans le Bronx de l'entre-deux guerres ou de la fraîche après guerre, au sein de la communauté juive qu'Eisner connaît si bien.



L'album se présente sous forme de quatre histoires courtes (dont une très, très courte) où il est question d'un revirement du sort, d'un petit truc inattendu, qui en dit long sur l'état d'esprit, la température ambiante dans le New York de cette époque-là et de ce quartier-là.



C'est tout sauf le strass et les paillettes du rêve américain, mais c'est également tout sauf déprimant. On sent le réel attachement de l'auteur pour ces gens qu'il nous dessine et qu'il nous raconte au travers d'anecdotes surprenantes.



Le message pourrait en être : croyons en la vie, croyons en nous, sans trop rêver non plus.



Dans la première nouvelle, intitulée Le Miracle De La Dignité, Will Eisner nous dépeint les fortunes et infortunes successives de l'oncle Amos et de certains de ses proches. Successivement quasi clochard et chef d'entreprise, on y retrouve tout l'esprit et l'humour juif des films de Woody Allen.



Dans Magie De La Rue, l'auteur traite, en une minuscule histoire, des stratégies développées par les immigrants pour éviter les lynchages communautaires.



Avec, Un Nouveau Dans Le Bloc, il revisite le mythe de l'enfant-sauvage mais à la sauce des bas-fonds de l'Amérique...



Enfin, dans Une Bague De Fiançailles Spéciale, il nous offre sa nouvelle la plus ambiguë, celle qui doit nous questionner le plus également. Il y est question de croyance populaire et du " pouvoir " prétendument magique d'une bague et de l'impact que cela aura tant sur les récipiendaires de l'anneau que sur le donateur. Une très étrange nouvelle, mais assurément celle qui a le plus suscité mon intérêt avec la première.



Au final, un album peut-être pas miraculeux mais très sympa à lire et qui fait revivre un New York probablement déjà mort sous cette forme depuis des lustres. C'est donc aussi un ouvrage de mémoire qu'il convient de chérir pour nos générations futures.



Mais ceci n'est que mon avis, qui, ne rêvez pas, ne fera pas de miracles aujourd'hui, car il n'est, tout bien pesé, pas grand-chose.
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Petits Miracles

J'aime beaucoup le trait de Will Eisner combiné à sa capacité de faire ressentir dans ses histoires une réalité sordide de l'Amérique d'en-bas. Au fur et à mesure des albums que je lis, j'ai l'impression de vivre dans les bas-fonds de New-York, là où la misère est réelle et permanente, là où se jouent des drames quotidiens et des vies gâchées. On sent que l'auteur veut une sincérité dans son propos, et c'est louable.



Cependant, tout les albums ne se valent pas. C'est souvent des histoires courtes, comme ici, combinée par rapport aux thématiques, mais j'ai été un peu plus circonspect sur celles-ci. Même si les trois sont assez bonnes et donnent une vision entre pessimisme et optimisme de l'humaine, elles m'ont moins marquées que celles de Fagin le Juif ou Le Complot. Ici les histoires parlent d'enfant sauvage trainant dans les rues, de couples d'infirmes et de l'oncle Amos, qui abuse de sa famille. Le sentiment est curieux, certains personnages sont odieux mais humains, les relations sont souvent conflictuelles aussi. J'ai du mal à définir le ressenti que j'ai au sortir de ma lecture, un peu de malaise face aux comportements des personnages mais aussi une sorte de recul vis-à-vis de ce qui est raconté. C'est souvent assez glauque, entre enlèvement d'enfant et mariage arrangés, mais tempéré par ces "miracles" qui sont ces petits riens de la vie qui rendent la vie plus supportable et plus belle. C'est touchant, mais en même temps l'impression générale n'est pas chouette.



Bref, c'est un ouvrage de trois petites histoires au gout amer tempéré par des petites (toutes petites) pointes de douceur. Le trait de Will Eisner est toujours aussi précis, avec une façon de représenter les corps de manière assez "souple" et des décors présents, presque lourd autour de la petite vie de ces personnages. On a l'impression que les bâtiments et les rues enferment les personnages dans des espaces cloisonnés, toujours plus petit.

En somme, pas le meilleur à mes yeux de Eisner, mais un opus un peu dérangeant. C'est étrange, un peu partagé sur ces histoires.
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Petits Miracles

Si vous êtes un amateur de couleurs bariolées, de récits fantastiques, de super-héros ; si vous n’aimez pas l’humour juif, le réalisme et si vous ne croyez pas aux petits miracles du quotidien, cet album pourrait ne pas vous plaire. Mais ça serait néanmoins dommage de ne pas vous pencher dessus.



La suite sur mon blog :
Lien : http://tagrawlaineqqiqi.word..
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Petits Miracles

Avec cette bande dessinée, Will Eisner propose de faire vivre au lecteur, à travers quatre histoires, le quotidien de familles dans le quartier imaginaire de Dropsie Avenue.



La première histoire, "Le miracle de la dignité", m'a plutôt fait sourire par son côté quelque peu ironique et par le renversement de situation à la fin.

Parti de rien et clamant qu'il veut retrouver sa dignité, l'oncle Amos réussira à manoeuvrer pour devenir riche tandis que son cousin Irving qui l'avait aidé financièrement s'appauvrit.

La situation s'inverse, mais voilà, il connaîtra un revers de fortune et se retrouvera dans sa situation antérieure, sauf que cette fois-ci chacun dans la famille se gardera bien d'aider l'oncle Amos à repartir de zéro, puisque "C'était, après tout, un homme d'une si grande dignité."

Je ne peux m'empêcher de trouver à cette histoire un petit côté moralisateur, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur et surtout ne peut pas contribuer à lui seul à rendre sa dignité à un homme.



La deuxième histoire, "Magie de rue", commence à devenir un peu plus cruelle, dans le sens où la violence de certains quartiers de New-York commence à se faire sentir.

Très courte, elle n'en est pas moins percutante et j'ai beaucoup aimé son côté optimiste, dans le sens où l'un des personnages prend un risque et finalement s'en sort très bien.

Là aussi, s'il devait y avoir une morale ce serait "Tel est pris qui croyait prendre".



La troisième histoire, "Un nouveau dans le bloc", est la plus longue de toute et sans doute celle qui m'a le plus marquée.

Elle revêt un caractère magique, surnaturel, que les autres histoires n'ont pas, et pendant longtemps j'ai, naïvement, espéré une conclusion heureuse.

Un jeune garçon apparaît mystérieusement dans un bloc de Dropsie Avenue et à partir de ce moment des petits miracles ont lieu.

Il ne parle pas, ne sait ni lire ni écrire, c'est un enfant sauvage sans mémoire sauf qu'il apporte le bonheur à ce bloc.

Mais voilà, les hommes sont cruels, et pour une malheureuse histoire comme quoi cet enfant ne va pas à l'école, il s'enfuira et disparaîtra à jamais : "Le garçon s'était évanoui aussi mystérieusement qu'il était apparu."

Mais ce que j'ai trouvé de plus amer encore, c'est la phrase de conclusion : "Et en fin de compte, on n'entendit plus jamais parler du garçon qui était venu dans le bloc.", c'est sans doute l'histoire la plus sombre, la plus triste et la plus amère de cette bande dessinée.

J'ai beaucoup de mal à y voir les petits miracles qui donnent son titre à l'oeuvre, tant elle décrit la noirceur de l'âme humaine.



La quatrième et dernière histoire, "Une bague de fiançailles spéciale", revêt également un côté moralisateur et, sans être aussi amère que la précédente, a tout de même un caractère sombre qui éclipse quelque peu le miracle lié à la bague de fiançailles.

Deux êtres peu gâtés par la vie vont se retrouver mariés par l'entremise de leur mère respective et vont alors connaître le bonheur, grâce à la bague de fiançailles.

mais voilà, alors que la femme retrouve sa voix, elle sort, abandonne son mari et finit par lui dire : "Je veux divorcer.", "Je ne peux plus vivre comme ça ! Ce n'est pas un bon mariage ! Après tout, il a été ... arrangé !"

C'est alors qu'elle connaîtra un revers de fortune et finira par revenir à de meilleurs sentiments et vers son mari qui l'aime toujours.

De manière plus marquée que dans les précédentes histoires, il y a un côté punitif à cette histoire qui lui donne un aspect triste et déstabilise quelque peu l'idée que l'on se fait du bonheur.



Avec uniquement des dessins en noir et blanc et un coup de crayon sûr, Will Eisner dresse à travers "Petits miracles" quatre histoires de la vie quotidienne dans le quartier imaginaire de New-York de Dropsie Avenue.

Ce quartier imaginaire n'est pourtant pas sans rappeler certains quartiers bien réels de cette ville, et même si la violence n'est pas trop présente, le lecteur arrive à ressentir l'aspect déshumanisé que peut prendre une grande ville comme New-York.

C'est pourquoi l'auteur choisit d'apporter dans le quotidien des habitants de ce quartier des petits miracles qui vont rendre la vie plus belle.

Oui, mais jusqu'à un certain point, car je ne peux m'empêcher de ressentir un goût amer à la fin de cette lecture et je n'y ai pas vu un optimisme permanent mais plutôt furtif.

Visuellement et graphiquement, cette bande dessinée est réussie et permet de se plonger dans le quotidien d'un quartier New-Yorkais.

A lire pour découvrir une part de l'enfance de Will Eisner dans des quartiers populaires et également un autre aspect de la mégalopole qu'est New-York.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Petits Miracles

Sincèrement, je suis persuadé que Will Eisner ne jouit pas totalement de la célébrité qui lui revient. Bien entendu, son personnage fétiche, The Spirit, sorte de détective masqué, est bien connu des aficionados de la bande dessinée américaine. Mais au-delà de ces aventures-là, qu’en est-il de tous ces petits récits courts ayant New York pour toile de fond ? Et tout particulièrement, le Brooklyn des années 1920, les années de son enfance … Eisner nous parle d’un temps où la vie de quartier avait encore une importance, quelques rues où tout le monde se connaissait, quelques pâtés d’immeubles habités par des tailleurs, des commerçants, de petits diamantaires, des rabbins (et d’un curé pour la communauté italienne). Sans oublier les enfants vagabonds, les veuves éplorées, les voisins susceptibles, les couples au bord de l’implosion… car, bien sûr, dans ce quartier, tout se sait, pas moyen d’avoir une vie sans le regard des autres braqué sur soi.

Eisner nous présente quatre contes à portée plus ou moins philosophique, en tout cas, avec une réelle bienveillance pour les divers protagonistes. Il nous présente la vie de son Brooklyn natal, sans occulter les mesquineries, la tromperie, la violence, la folie qui s’y trouvent mais il parvient presque toujours à positiver : ces gens-là vivent en dépit de tout cela. L’histoire avec les deux petits garçons en butte aux tracasseries d’adultes m’a particulièrement touché et m’a bien fait rire par sa chute. L’intelligence n’est pas question d’âge ou de peuple.

Le graphisme de Will Eisner est sous influence cinématographique, avec ses cadrages et ses mises en pages si particulières. Ainsi les images en noir et blanc, sans véritable cadre, se succèdent sous l’éclairage si particulier des films expressionnistes européens, comme ceux de Fritz Lang ou de Friedrich Wilhelm Murnau. Cette esthétique est au service d’histoires (les petits miracles, du titre) où se rencontrent intrigue et merveilleux, morale et humour, mais surtout l’émotion.

Will Eisner était non seulement un excellent dessinateur, un parfait conteur, mais il était également un « être humain ». N’hésitez pas à découvrir son univers !
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Petits Miracles

Je ne me lasse pas de lire ces petites chroniques des habitants du Bronx plus précisément du quartier juif dans les années 50. Encore du Will Eisner, me direz-vous ! Certainement. Cependant, on ne peut qu'admirer cette nouvelle oeuvre dans la précision d'un trait vif et dépouillé à la fois. ::



Il y a là 4 petites histoires indépendantes pour souligner que les miracles n'existent pas vraiment. C'est d'abord de la volonté humaine dont il s'agit puis des coups de hasard. Le destin d'un individu peut alors basculer pour le meilleur ou pour le pire.



J'ai beaucoup aimé le récit de ce petit garçon victime d'un rapt qui est totalement oublié et qui revient des années plus tard pour bouleverser la vie de tout un quartier.



L'auteur restitue ici une essence: celle du merveilleux. Will Eisner est véritablement le Dieu de la bd américaine. A découvrir au plus vite !



Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
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