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Critiques de Will Eisner (194)
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Affaires de famille

Eisner perd donc un peu de cette justesse à laquelle il nous avait habitué, pour nous offrir une fable quelque peu grossière, dans le sens ou ça manque quand même vraiment de finesse et de subtilité.
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Affaires de famille

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Dans la bibliographie de son auteur, il est paru entre Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Bronx (1995) et Mon dernier jour au Vietnam (2000). La première édition date de 1998. Il a entièrement été réalisé par Will Eisner : scénario et dessins, avec des nuances de gris. Cette histoire comporte 70 pages de bande dessinée.



Une citation anonyme évoque le lien qui unit les membres d'une famille, qui peut n'être ni l'amour ni la loyauté. Dans une petite ville au pied des montagnes, Al est en train de boire un café au comptoir. C'est le garçon de salle. Il explique à Joe le propriétaire qui est aussi le barman, qu'il a reçu une lettre de sa sœur Greta qui l'invite au repas d'anniversaire des 90 ans de leur père Ben. Il demande une avance à Joe pour pouvoir s'acheter son billet d'avion. Il l'obtient. Il va ensuite dire au revoir à sa conjointe Alma qu'il part pour quelques jours. Il lui promet d'envisager un avenir plus durable avec elle à son retour. Il espère bien qu'il aura des nouvelles sur l'héritage potentiel. Dans une riche banlieue résidentielle, Molly raccroche le téléphone : Greta vient de l'inviter pour le repas d'anniversaire des 90 ans de Ben. Elle explique à son mari Charlie Garnett qu'elle a bien l'intention de s'y rendre, avec lui, leur fille Sherry et leur bébé, et montrer à tous les autres à quel point ils sont une famille heureuse. Dans un magasin de vêtements féminins, Selena demande à la propriétaire Marylou de pouvoir bénéficier de sa soirée pour se rendre à l'anniversaire de son père Ben, chez sa sœur Greta. Marylou accepte de mauvaise grâce car c'est la période des soldes. Selena passe se changer chez elle, où son copain Joe est encore saoul. Elle le gifle pour avoir la paix, puis sort alors qu'il est inconscient sur le sol sous les effets de l'alcool.



Dans son bureau de notaire, Leo se prépare à partir pour se rendre chez sa sœur Greta, agacé de ne pas trouver le dossier qu'il veut emmener. Sa secrétaire Irma lui tend. En conduisant, il repense aux propos désobligeant de son père sur le gâchis de la vie professionnelle de son fils alors qu'il lui a payé de bonnes études. Occupé à parler à sa secrétaire, il ne remarque pas qu'il est au-dessus de la limite de vitesse autorisé et il se fait arrêter par une voiture de police. Chez elle, Greta s'affaire pour préparer la table du repas, en demandant à son jeune fils de l'aider. Celui-ci lui demande si tout le monde viendra. Elle lui répond qu'elle n'est pas sûre qu'Al fasse le déplacement. Elle demande à son fils d'amener le grand-père Ben dans la salle à manger. Celui-ci va chercher son grand-père immobile et muet sur son fauteuil roulant, les suites de son attaque cardiaque. Dans sa tête, Ben repense au fait qu'il s'est marié tardivement à 40 ans, trop occupé par les affaires avant. Harry, le mari de Greta, l'appelle pour dire qu'il sera en retard du fait de problèmes au bureau.



C'est un fait : Will Eisner est un auteur incontournable dans le monde des comics et même de la bande dessinée mondiale. On lui reconnaît le fait d'avoir été le premier à écrire et publier une bande dessinée sans prépublication, un roman graphique même, abordant des thèmes adultes, s'adressant à des adultes, sans utiliser des conventions de genre que ce soit le policier, ou les superhéros : Un pacte avec Dieu en 1978. Auparavant cet auteur était devenu célèbre pour les aventures d'un détective privé The Spirit. Une affaire de famille est considérée comme l'un des romans graphiques mineurs d'Eisner, ce qui le rend aussi plus accessible pour se familiariser avec son écriture. Le lecteur peut entretenir d'autres a priori, tels que la crainte d'une narration vieillotte, des dessins maladroits, une morale un peu appuyée ou orientée. Il commence timidement sa lecture, en espérant également être à la hauteur. S'il est déjà familier des œuvres de Will Eisner, il retrouve son lettrage aisément identifiable, sinon il découvre ces lettres un peu épaisses, généreuses et confortables. La première séquence s'avère on ne peut plus accessible, une prise de contact avec Al, un peu fauché, un prolétaire, et la présentation du fil rouge de l'histoire : un repas d'anniversaire avec des enfants attendant d'hériter sans pour autant être aux abois. Les acteurs sont vraiment très bons dans leur jeu. Les décors sont assez présents, sans voler la vedette. Il n'y a que la teinte grise qui ternit un peu l'ambiance.



Le lecteur a compris qu'il est dans une comédie dramatique peu angoissante. Les personnages se comportent effectivement tous différemment en fonction de leur situation sociale et de leur histoire personnelle, des époux Garnett avec leur bonne pour s'occuper des enfants, au pauvre Sammy bénéficiant des aides sociales et suivant une psychothérapie. Néanmoins, il n'y a pas de misérabilisme. Charlie Garnett s'accommode avec philosophie du caractère autoritaire de sa femme. Sammy a accepté son état mental et fait des efforts pour l'améliorer. Le lecteur se rend compte que son ressenti participe à la fois de la compassion pour des situations délicates, à la fois de l'amusement pour la manière dont Charlie se soumet aux volontés de sa femme, pour la manière dont Al se trouve gêné en se retrouvant face à son fils dont il ne s'est jamais occupé. Le langage corporel des personnages est extraordinaire d'expressivité et de justesse, que ce soit dans les postures, les gestes, les occupations du quotidien. Pour la première apparition de chaque personnage, l'artiste représente le lieu où il se trouve dans un dessin en pleine page. Pour le reste, il représente plus ou moins de détails, de nombreuses cases ne montrant que les personnages comme s'ils se tenaient sur une scène de théâtre. La lecture est effectivement très facile, plutôt agréable du fait de l'absence de drame larmoyant, assez touchante grâce à l'empathie pour les personnages, et l'intrigue s'avère assez classique, avec une révélation faite doucement et une chute très logique. Le lecteur a passé un bon moment sans ressentir de révélation, sans vivre de moment inoubliable.



… mais les personnages restent avec lui quand il a refermé la BD, ainsi qu'une douce sensation de chaleur humaine ineffable et précieuse. Pourtant, avec un peu de recul, Will Eisner a créé des personnages assez proches de stéréotypes : l'homme quadragénaire incapable de s'engager et de s'installer, le mari dominé par son épouse, l'épouse fière de son statut social, la jeune femme incapable de s'installer, le jeune homme manquant de confiance en lui du fait d'avoir été abandonné par son père, la grande sœur qui veut absolument rassembler la famille pour l'anniversaire du père. La narration est visuelle est simple et sans chichi, sans séquence spectaculaire, parfois comme juste griffonnée. Pourtant, en 70 pages, l'auteur a réussi à donner vie à une dizaine d'individus très différents. Avec un trait souple à l'apparence superficielle d'esquisse, il capture avec une précision incroyable l'apparence de chacun d'entre eux, avec une cohérence parfaite. Même dans les scènes les moins visuelles, les personnages vivent sous les yeux du lecteur. Par exemple, page 20, en rentrant chez lui Leo téléphone en conduisant, et l'artiste le dessine de face en plan fixe. Le lecteur peut voir l'expression de son visage changer en fonction de ce qu'il dit et donc de ce à quoi il pense, tout en penchant plus ou moins la tête sur son téléphone en fonction de l'intensité de son état d'esprit, sans oublier de tourner le volant pour suivre la circulation. Pages 48 & 49, Al se retrouve face à son fils Sammy dans la même pièce, et rien qu'en regardant les personnages, le lecteur ressent la gêne d'Al derrière ses fanfaronnades, et le détachement de Sammy indiquant à son père qu'il est au chômage, sachant que son père se montrera aussi égocentrique que d'habitude, incapable de s'intéresser à lui.



Le lecteur se rend également compte que ce qu'il pouvait prendre pour de l'économie relève en fait d'un sens très sûr de la narration. Les dessins de bâtiment en pleine page montrent des endroits que le lecteur sait qu'il pourrait retrouver tellement ils ont l'air vrai. Pourtant un examen attentif de la page montre bien de simples traits, pas toujours réguliers, l'artiste sachant jouer avec ces variations d'épaisseur pour donner plus de relief à chaque élément. Le lavis gris semble apposé de manière uniforme à grands coups de pinceau, mais en y prêtant attention il apparaît que les irrégularités de teinte rehaussent discrètement le relief de chaque élément pile poil au bon endroit, comme par magie. La disparition des décors en arrière-plan concentre l'attention du lecteur sur les personnages exactement au moment où un enjeu émotionnel important apparaît et s'exprime. L'absence de bordure de case accentue l'impression que chaque dessin se déroule au même endroit, faisant naître une forte continuité de l'un à l'autre. Will Eisner a trouvé un moyen de représenter les souvenirs d'un personnage en les inscrivant dans des bulles aux contours particuliers, les mêmes contours qu'il s'agisse d'un dessin ou d'une pensée. Toute la narration visuelle est d'une élégance aussi discrète que gracieuse. Les personnages s'attardant dans son esprit, il repense à ce qui les unit, à la manière dont l'auteur expose leur relation à leur père, par petites touches. En fait, ils ne sont pas des archétypes, mais ils se sont bien incarnés sous les yeux du lecteur, avec chacun un bon fond, malgré leurs réels défauts qui apparaissent alors comme l'expression de leur humanité. La résolution de l'intrigue devient alors encore plus poignante dans la solidarité qu'elle exprime, et l'empathie désintéressée de Sammy.



Effectivement, la lecture facile donne l'impression d'une histoire simple, d'un récit peut-être mineur. Il faut un peu de temps au lecteur après avoir refermé cette bande dessinée pour que toutes les saveurs subtiles s'exhalent et qu'il prenne la mesure de son attachement aux personnages, de la douce sensibilité de l'auteur pour eux, de leur humanité faillible, de leur façon de former une famille malgré leurs différences.
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Au coeur de la tempête

Ce roman graphique de pas moins de 200 pages relate l'histoire de la famille Eisner, leur parcours d'immigrants juifs d'Europe de l'Est depuis le début du XXème siècle. Pourtant, le récit n'a rien d'une fresque historique ou d'une saga, il est focalisé sur les " personnages " qui se racontent tour à tour. C'est l'Amérique certes, mais c'est surtout la vie familiale, le quotidien difficile, souvent précaire, un regard resserré profondément humain sans pathos ni concession. C'est hélas aussi une chronique de l'antisémitisme ordinaire.



Dans l'introduction, Will Eisner témoigne : " Fiction et réalité, en se mêlant peu à peu à des souvenirs sélectifs, ont débouché sur une réalité subjective. Et j'ai fini par m'en remettre à la justesse de la mémoire viscérale. Mon souvenir le plus indélébile de ces années-là est sans doute celui du préjudice insidieux qui imprégnait mon univers. "



Un récit foisonnant construit sur des flash-back, riche d'histoires et de personnages d'une lisibilité, malgré sa densité, remarquable. La maîtrise graphique et narrative, la fluidité de lecture des bulles et des dessins, pourtant compacts, m'ont impressionnée. Les pages de noir et blanc s'enchaînent naturellement bien que l'on passe d'une période à une autre, d'un passé à un autre. C'est le contexte social qui est développé, le contexte historique relevant de l'évocation de fond habilement mis en images par touches. Le regard est porté sur l'atmosphère des rues, les mentalités, les relations entre les différentes communautés d'immigrants. Un regard autant extérieur qu'intérieur, la mémoire sollicitée par les scènes entraperçues dans ces paysages qui défilent à travers la fenêtre d'un train militaire, lien entre les vignettes, entre les époques.

Les contrastes des fonds noirs - fonds blancs éclairent les planches, exemptant les vignettes de cadre, les rythmant et donnant un relief magnifique aux portraits des personnages. Le dessin est parfaitement abouti, expressif, éloquent, ne négligeant jamais les détails significatifs des décors malgré les plans rapprochés soignant les visages et les attitudes. On se laisse totalement prendre aux vues, on est pris par cette lecture qui nous entraîne sur les longs chemins des parents Eisner des ateliers viennois aux usines new-yorkaises. Des tableaux en mouvement, bien vivants, désarmants, écoeurants, émouvants.



" Dans la vie comme en dessin, Willie...il y a de la perspective ! "






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Au coeur de la tempête

De l'autre côté de l'océan, il y a un peu longtemps (genre en 42 histoire d'être bien cliché), Will Eisner s'improvise capitaine de voyage. Et c'est pas pour nous déplaire.



Beaucoup d'auteurs trouvent souvent bon de nous raconter ce qu'ils ont vécu, pourquoi ils en sont arrivés là, etc.

Ok.



Mais Eisner s'impose. Déjà par son trait de crayon culte, les petites cases (très) noires et (très) blanches, son humour new-yorkais indémodable, sa façon d'aborder la vie avec naïveté...



En parcourant cette bd on se retrouve embarqué pour un petit trip au pays du grand Will, toutes voiles sorties. Le jeune Eisner vient d'être enrôlé dans l'armée US pour en découdre avec l'armée d'Hitler et partage ses souvenirs en regardant par la fenêtre du train qui l'y conduit.





Se faisant, il décrit le climat social du New-York des années 20/30/40, mais aussi de celui d'Europe de l'Est avec l'histoire de ses parents. La difficulté d'être juif, de construire un bateau avec son meilleur ami allemand nationaliste, ...



Quoiqu'il en soit, une nouvelle fois, je suis complètement conquis par ce type, une envie de devenir un super-héros, un besoin de fumer une clope et de l'apprécier pour ce qu'elle est et d'écouter un bon morceau de musique bien jazzy new yorkais.


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Au coeur de la tempête

Cette histoire est parue pour la première fois en 1991, après Jacob le cafard (1988) et avant Peuple invisible (1993). Il s'agit d'une bande dessinée noir & blanc, de 205 pages, écrite et dessinée par Will Eisner (1917-2005). Le tome commence avec une page d'introduction rédigée par Will Eisner en 1990. Il indique que son idée de départ pour ce récit a évolué de l'évocation des États-Unis avant la seconde guerre mondiale, à un récit semi autobiographique, et un regard sur le rêve américain de l'intégration culturelle et raciale, et sur l'évolution de la signification du mot préjugé



En 1942, la guerre en Europe a fini par se faire sentir aux États-Unis et les jeunes américains sont appelés sous les drapeaux. Ils devaient se rendre à la caserne indiquée, où ils recevaient un uniforme, puis prenaient un train pour une destination qui ne leur était pas précisée. Ils savaient que ce voyage était le moment pour emmagasiner de l'énergie, et pour se préparer aux épreuves à venir qui allaient remettre en question leurs valeurs et leurs préjugés. Ce jour de 1942, Willie se trouve dans le train en uniforme de troufion, à côté d'un autre appelé Mamid. En réponse à un troisième bidasse, Mamid explique que tout ce qu'il sait c'est que le train les emmène vers un camp d'entraînement pour les préparer à la seconde guerre mondiale, et que quelques jours avant il était l'éditeur d'un quotidien turc à Brooklyn. L'autre fait une remarque sarcastique sur leurs qualités de soldats et Mamid pique un petit roupillon. Coté fenêtre, Willie repense à son enfance à Brooklyn, avec ses parents en 1928. Cette année-là, ils ont déménagé dans le Bronx, pour que son père se rapproche de l'usine dont il était le propriétaire. Alors que ses parents déballent les cartons, sa mère lui demande d'aller promener son petit frère Julian dehors. Ils se font prendre à partie par des adolescents du quartier qui rossent Willie, sous les yeux de son petit frère.



Willie et Julian reviennent à la maison : la mère s'inquiète pour Willie qui va dans sa chambre pleurer de frustration sur son lit. Son père Sam l'y rejoint et lui explique comment ça se passait dans son village (shtetl en yiddish) quand les villageois du coin venaient chercher la bagarre et que les juifs devaient faire le dos rond. Leur conversation est interrompue par un coup frappé à l'entrée. Le père va ouvrir et se retrouve face à Tony, un homme baraqué de haute taille qui vient demander des excuses du fait que Willie ait mordu l'oreille de son fils. Il exige que Sam sorte dehors pour qu'ils se battent. Ne pouvant faire autrement, Sam accepte et déclare d'entrée de jeu que l'autre a gagné. Tony déclare qu'il est hors de question qu'il se contente de cette déclaration et qu'il a bien l'intention de se battre. Quelques instants plus tard, Sam rentre chez lui indemne et indique à sa femme Fannie que le vendredi suivant ils amèneront du poisson qu'elle prépare si bien, chez Tony. Le voyage en train continue et le trouffion essaye d'asticoter Willie sur le fait qu'Hitler extermine les juifs. Willie ne répond pas. Il repense à Helen, une jolie demoiselle blonde du quartier qui l'invitait régulièrement dans l'atelier naval de son père, un communiste qui lui expliquait le principe de la lutte des classes et de la révolution. Willie était revenu chez ses parents, alors que les gamins du quartier avaient pris le landau avec son petit frère dedans pour chahuter. Willie avait récupéré son frère sans avoir à se battre, utilisant son cerveau, comme son père avec Tony.



L'introduction de l'auteur explicite donc son intention : mettre en scène l'intégration culturelle de juifs au sein de la société américaine. La séquence la plus lointaine se déroule en 1880 lorsque Fannie (la mère de Willie) évoque son père, un émigré roumain qui a eu trois enfants (Irving, Mike et Rose) d'une première femme et trois autres (Fannie, Goldy et Bobbie) d'une seconde. La séquence la plus récente est celle du train en 1942. Le lecteur peut donc voir trois générations différentes interagir avec les américains dans leur entourage. Il observe des comportements relevant de l'ignorance crasse (le troisième soldat qui est incapable de savoir où se situe la Grèce), le harcèlement peu importe la raison (les jeunes irlandais s'en prenant à leur voisin plus jeune et pas de leur milieu), l'antisémitisme ordinaire, juste comme ça, sans fondement idéologique ou religieux, juste par habitude. Il est également témoin de l'amitié spontanée et désintéressée entre enfants, de l'entraide, de l'absence de préjugés de race ou de culture, du lien amical plus fort que les préjugés de classe, des lieux communs antisémites plus forts que l'amitié, de l'entraide au sein d'un même communauté, mais aussi de ses limites, et de la fraternisation indépendamment des convictions et des préjugés. Tout est littéralement possible et rien n'est joué d'avance ou immuable.



Cette histoire relève de la fresque historique et sociale à hauteur d'individu. Le lecteur passe d'une vague d'immigration à la fin du dix-neuvième siècle à l'approche de la première guerre mondiale, puis traverse la grande crise économique des années 1930, jusqu'à la déclaration de la seconde guerre mondiale, tout ça en toile de fond, avec les répercussions sur le commun des mortels. Comme toujours chez cet auteur, les dessins insufflent une vie incroyable dans chaque personnage, chacun étant différencié par ses vêtements, sa morphologie, ses gestes et ses postures, ses expressions de visage. Il n'y a pas deux personnages identiques. Will Eisner met en œuvre sa science de la direction d'acteur, poussant parfois jusqu'à la pantomime, mais sans tomber dans l'exagération comique, conservant toujours cette justesse dans les nuances et dans l'expressivité. Le lecteur éprouve la sensation de voir exister devant lui aussi bien des enfants dans une bagarre de rue, qu'un père en train d'expliquer comment éviter la bagarre à son fils honteux de s'être fait rosser, une mère ayant une petite tendance à se montrer théâtrale dans ses réactions dramatiques, une épouse autoritaire houspillant un mari qui a capitulé depuis belle lurette (avec des épaules tombantes et une posture avachie et résignée), une jeune femme courageuse essayant d'arracher sa petite sœur d'un tripot, un artiste bohème dans la Vienne de 1910, un américain communiste habité par ses convictions, un jeune américain bon teint, etc. Le lecteur se rend compte qu'il a déjà une idée du caractère de chaque personnage, de son origine sociale, de ses émotions rien qu'en le regardant le temps de 2 cases. Il y a là une science incroyable du portrait vivant.



Les qualités artistiques de Will Eisner ne se limitent pas à représenter les êtres humains dans leur diversité. Sa narration graphique est à nulle autre pareille, d'une richesse roborative. Il pense ses constructions de page en fonction de chaque séquence, utilisant aussi bien des cases sans bordure laissant une liberté de mouvement total au regard du lecteur, que des pages à fond noir (plutôt que blanc) que des dessins enchevêtrés comme coulant l'un dans l'autre, que des cases traditionnelles avec une bordure rectangulaire tracée. Il n'utilise pas de bulle de pensée, les phylactères étant consacrés aux dialogues. Il intègre parfois de courts textes sous une image, comme une sorte de texte illustré, ou plutôt d'image commentée, sans nuire en rien à la fluidité de la narration. Ce récit étant explicitement situé dans le temps, le lecteur attend une reconstitution historique. Will Eisner fait le nécessaire avec la même élégance que pour les personnages. Sa narration visuelle ne devient pas un exercice académique de recréation d'une époque ou d'une autre. Les éléments apparaissent naturellement dans les cases, sans que le lecteur n'ait l'impression de devoir s'extasier devant la pertinence d'un détail. Dans le fil du récit, il peut effectivement s'intéresser aux costumes, à l'architecture des bâtiments, aux outils d'un menuiser, aux différentes formes de landau, au lange d'un bébé, au modèle d'une automobile, au mobilier, etc. Il peut aussi n'en faire aucun cas et ne pas s'y attarder, en se limitant à l'impression globale que tout est bien d'époque et à sa place.



Du coup, sans même s'intéresser à la notion d'intégration, le lecteur se projette dans les différents individus qu'il voit vivre sous ses yeux, ressentant leurs émotions, partageant leurs espérances, leurs envies, leurs émotions. Il se sent aussi proche d'un jeune garçon malmené par les gosses du quartier que de son petit frère qui regarde ce qui se passe sans comprendre, que d'une femme inquiète de voir son mari sans travail et donc sans revenu pour nourrir ses enfants, que d'un jeune peintre à Vienne exploité par son maître, que d'une jeune adolescente contente de son indépendance à travailler dans un tripot, que d'un homme d'une vingtaine d'années franchissant une étape après l'autre pour pouvoir devenir médecin, que d'un adolescent dépassé par l'antisémitisme larvé et implicite de ses parents, que par un père de famille résigné à être un mauvais entrepreneur, mais philosophe. Cette histoire est à l'opposé d'un exposé stérile et magistral : elle est habitée par des êtres humains faillibles et toujours sympathiques quels que soient leurs défauts. L'humanisme de Will Eisner rend chaque personne très réelle avec cette complexité inhérente qui fait qu'il n'est pas possible de les haïr ou d'y voir un méchant d'opérette.



À chaque nouvelle œuvre, Will Eisner se lançait un nouveau défi. Loin de déboucher sur des récits conceptuels, cette méthode accouche à chaque fois d'une histoire pétrie d'humanité, avant tout des individus très incarnés qui vivent leur vie de leur mieux en fonction de leur éducation, de leur milieu, de l'environnement dans lequel ils évoluent, des circonstances historiques, avec un trait toujours aussi élégant et vivant.
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Au coeur de la tempête

Encore une grande oeuvre de Will Eisner que j'apprécie tout particulièrement. J'ai été tout d'abord abasourdi par la qualité de la préface de l'auteur. Il sait trouver les mots justes pour se raccrocher à un espoir d'un monde plus juste et fraternel.



"Au coeur de la tempête" nous fait découvrir l'Amérique profonde où le racisme et l'antisémitisme n'ont pas disparu comme par enchantement. Il n'est rien à côté de ce qui se passe en Europe à la même époque. La tempête, ce sont les deux guerres mondiales qu'il va falloir affronter. Et surtout le nazisme que l'auteur part combattre en 1942.



Dans ce train qui l'emmène au combat, il se remémorre toute sa jeunesse ainsi que l'histoire de sa famille. C'est une véritable saga familiale non dénuée d'intérêt pour le lecteur tant l'auteur sait y faire.



C'est étonnant de découvrir la jeunesse de l'auteur dans un récit semi auto-biographique. On se rend compte que sa famille a dû véritablement galérer pour survivre. L'intégration ne s'est pas faite sans douleur.



Will Eisner avait déjà expérimenté le récit auto-biographique dans Le Rêveur. Cependant, en l'espèce, c'est beaucoup plus passionnant. On se rend compte que l'auteur se livre dans la dernière partie de sa vie comme pour nous laisser un héritage. Et les mots indiqués dans la préface résonnent encore comme un ultime message laissé aux générations futures.
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Au coeur de la tempête

Le sujet était séduisant et l'auteur reconnu alors je me suis lancé.



Finalement, je n'ai pas vraiment accroché au ton choisi par l'auteur: un mélange de caricature et d'auto-dérision. Le dessin est simple, en noir et blanc, et cherche à mettre en valeur le discours.



Je me suis ennuyé et n'ai jamais vraiment été intéressé par le propos. Finalement, j'abandonnerai au 2/3.

L'aspect le plus séduisant est finalement la couverture.
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Au coeur de la tempête

Dessinateur de comics (la BD américaine) né aux Etats-Unis en 1917, Will Eisner est un des grands maitres de la bande dessinée contemporaine. Créateur du célèbre héros masqué « The Spirit », Eisner va surtout révolutionner la bande dessinée en éditant le premier roman graphique « Un Pacte avec Dieu ». Il n’aura ensuite de cesse de raconter et représenter l’Amérique du 20ème siècle, avec une prédilection pour le New York de sa jeunesse.

Elément central de l’œuvre d’Eisner, l’intégration des minorités dans le creuset culturel américain est ici au cœur de ce roman graphique magnifique.

Au Cœur de la tempête raconte avec force et poésie, l’enfance d’Eisner et le parcours de vie difficile de ses parents, immigrants juifs autrichiens. Sans pathos, avec toujours beaucoup d’humour, il brosse un portrait réaliste de l’assimilation des minorités au sein de la société états-uniennes. Ne rejetant la faute sur personne, il met en lumière racisme, préjugés et antisémitisme, démontrant avec force que nous sommes tous les étrangers de quelqu’un d’autre. Album d’un profond humanisme, Au Cœur de la tempête nous enseigne un morceau de notre histoire, tout en nous divertissant par ses personnages croquignolesques !

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Autobiographix

Ce tome est une anthologie regroupant 14 récits courts autobiographiques en noir & blanc, initialement parues en 2003. Le projet a été supervisé par Diana Schutz qui a rédigé une postface d'une page.



Le jour où j'ai rencontré Richard Nixon, par Sergio Aragonés, 8 pages. De passage dans les bureaux de Warner Publishing, Sergio remarque la queue des employés attendant que Nixon signe son livre. Le jour où je suis devenu un professionnel, par Will Eisner, 4 pages. Le jeune Will vient présenter son portfolio a un responsable éditorial. Des règles de vie, par Jason Lutes, 6 pages. Jason déménage dans une ville inconnue et réfléchit à l'influence qu'un lieu peut avoir sur la personnalité d'un individu. L'immeuble qui n'a pas explosé, par Paul Chadwick, 7 pages. Paul se souvient du groupe d'appartements où il habitait quand il était étudiant, des autres locataires, et de la gérante. Les yeux, par William Stout, 3 pages. Employé à Disneyland, Will réalise des portraits de visiteurs, dont celui d'un enfant à qui il manque un œil. Ma vie en chauve-souris, par Bill Morrisson, 6 pages. Enfant, Bill était fan de Batman et de la série télévisée et il avait réussi à se faire offrir un beau déguisement de son héros. Mardi soir au club de jazz, écrit par Diana Schutz, dessiné par Arnold Pander, 3 pages. Attablée, Diana regarde Leroy, un contrebassiste, jouer sur scène.



Comic Book Chef, par Matt Wagner, 6 pages. Matt raconte comment préparer du poulet au parmesan. J'ai perdu mon sens de l'humour, par Eddie Campbell, 4 pages. Eddie explique comment il s'est aperçu qu'il avait perdu son sens de l'humour. Qu'est-ce que c'est ?, par Fábio Moon & Gabriel Bá, 8 pages. Le 26 avril 1999, Fábio & Gabriel prennent le métro parisien pour rentrer à leur hôtel, mais ils sont pris à parti par un groupe de jeunes et les autres passagers de la rame ne réagissent pas. France, par Stan Sakai, 6 pages. Stan et son épouse séjourne à Angoulême où il a été invité, puis à Paris où ils vont déguster un repas gastronomique dans un grand restaurant. Une histoire de voyageur, par Metaphrog, 6 pages. Richard voyage en bus en France et le conducteur a une drôle d'attitude, avec un humour noir inquiétant. L'arbre, écrit par Richard Drutt, dessiné par Farel Dalrymple, 6 pages. Richard raconte à petite fille une histoire de quand il était jardinier dans un vieux cimetière à côté d'une église, et qu'il avait sympathisé avec une vieille femme qi lui avait demandé un jour de l'aider à planter un arbre. De ça on en est sûr, de Paul Hornschemeier, 8 pages. Paul se lève, accomplit cahin-caha les gestes routiniers du matin, et commence à paniquer. Il s'assoit sur son siège, prend son pinceau et se met à dessiner. Par où commencer ?



Dans la postface, Diana Schutz explique que Will Eisner fixe l'entrée dans l'âge adulte pour les comics avec les premiers récits autobiographiques réalisés dans les années 1960. Elle est d'accord avec ce marqueur temporel car les histoires biographiques permettent d'établir un contact plus étroit entre les auteurs et les lecteurs. Ce contact est rendu encore plus palpable par le noir & blanc qui permet de contempler sans filtre les traits tracés par l'artiste. Pour cette anthologie, elle a demandé à des raconteurs de réaliser un court récit autobiographique, la plupart n'en ayant pas produit dans leur carrière. Au fil de ces récits, le lecteur constate qu'ils ont tous joué le jeu : d'une anecdote qui sort de l'ordinaire (discuter avec Richard Nixon) à des moments essentiellement banals (prendre le métro, réaliser un dessin à Disneyland, se déguiser en Batman, se mettre à sa table de travail). Dans le même temps, aucun récit ne ressemble à un autre, et chaque artiste fait entendre sa voix d'auteur, ou au minimum sa voix personnelle. Chaque histoire se lit rapidement, même celle d'Eddie Campbell à la forme peu séduisante (de petites cases avec des dessins s'apparentant à des esquisses, et un texte copieux avec une graphie irrégulière). La preuve d'un excellent travail de l'éditrice.



Toutes les histoires sont réalisées par un unique créateur, à la fois scénariste et dessinateur, à l'exception de deux, celle de Schutz et celle de Drutt, ce qui assure une cohérence entre la personne qui a vécu l'anecdote, et la manière de la raconter visuellement. S'il est familier d'une partie de ces créateurs, le lecteur retrouve toute la faconde généreuse de Sergio Aragonés créateur de Groo le barbare (avec Mark Evanier) et contributeur du magazine MAD, le naturalisme élégant de Wil Eisner, la minutie précise de Paul Chadwick (Concrete), la force des dessins à l'encrage épais de Matt Wagner (Grendel, Mage), le caractère un peu névrotique des dessins d'Eddie Campbell (From Hell), les dessins gentils et souriants de Stan Sakai (créateur d'Usagi Yojimbo). Au-delà de la banalité de la plupart des anecdotes, chaque artiste la raconte avec une personnalité graphique unique apportant une saveur particulière. La minutie et la propreté de Jason Lutes, le réalisme et l'expressivité de William Stout, les dessins pour enfants de Bill Morrison, l'âpreté des dessins de Jacob Pander, les textures des dessins de Moon et Bá, l'encrage tirant vers l'expressionnisme de Metaphrog, la nostalgie des dessins de Farel Dalrymple, l'étrangeté expressionniste des dessins de Paul Hornschemeier qui a laissé quelques traits de construction. Chaque artiste fait passer une sensibilité propre, différente, personnelle.



Du coup, en fonction du récit, le lecteur ressent une tonalité différente, induisant un état d'esprit particulier : le sourire aux lèvres face à l'entrain de Sergio, l'émotion générée par la comédie humaine d'Eisner, le calme posé et réfléchi de Lutes, la tension dans le visage de Stout, la surcharge cognitive dans la boîte de jazz, la totale assurance de Wagner, etc. En outre, ces artistes l'emmènent dans des lieux très variés : un bureau d'éditeur dans les années 1970, un bureau d'éditeur dans les années 1940, une petite ville aux États-Unis, une banlieue pavillonnaire, une vision de Notre Dame encore intacte en 1999, une table de dédicace lors du festival international de la bande dessinée à Angoulême, une forêt hantée par les spectres des soldats britanniques de la première guerre mondiale, un cimetière, un studio d'artiste avec sa table à dessiner. De même, le lecteur côtoie des personnages d'origines diverses : surtout des artistes par la force des choses, mais aussi un président des États-Unis, des dames dans le métro newyorkais, des parents très protecteurs de leur enfant, l'épouse de Matt Wagner, un conducteur de bus très inquiétant, une vieille grenouille de bénitier. En outre, les thèmes développés par les uns et par les autres conduisent à des cases totalement inattendues : une dédicace sous forme d'Alfred la mascotte du magazine MAD, un polygraphe, un adulte déguisé en Batman pour Halloween, un marteau à viande, l'excentrique John Mytton (1796-1834) à cheval, un décès dans un restaurant huppé, une représentation de l'oreille interne.



Outre l'admiration qu'il peut avoir pour la majeure partie de ces créateurs, le lecteur découvre qu'il peut y avoir une chute dans certaines histoires, ou un développement philosophique inattendu. Il se rappelle rapidement que le propre d'un narrateur est de devoir choisir ce qu'il va raconter et comment il va le faire, intégrant par la force des choses son point de vue, mais aussi un ordonnancement, ce qui induit une forme d'explication ou de sens à l'anecdote, même si la forme narrative n'est pas explicative. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver amusant, ironique ou dramatique certaines situations. Difficile ne pas sourire devant le trublion qui obtient une dédicace de Nixon alors que ceux qui faisaient la queue en ont été privés parce qu'il a passé trop de temps avec Sergio. Il s'interroge sur le concept de synchronicité et de perception primaire (ou biocommunication), pas très sûr du degré de conviction de l'auteur qui les met en scène. Il sourit devant un souvenir d'enfance, tout en pensant à quel point cette période façonne l'individu pour le reste de sa vie. Il constate toute la distance qui sépare le spectateur du musicien expérimenté, faisant l'expérience d'une altérité paradoxale car le musicien et le spectateur vibrent à l'unisson par la musique. Il sourit en suivant la recette racontée sur le ton d'une formidable épopée tout en se disant que la bande dessinée peut tout raconter. Il ressent pleinement l'inquiétude du voyageur ne sachant pas comment se conduire dans une situation qu'il ressent comme étant menaçante, faute de connaître les codes de la société dans laquelle il se retrouve, de pouvoir se dire si c’est normal ou pas. Il prend un recul épatant en envisageant le temps qui s'écoule pour qu'un arbre atteigne une taille adulte. Il fait l'expérience de la perte d'équilibre de manière sensorielle, alors qu'il ne s'agit que de traits et de zones noircies sur une page de papier.



La postface de l'éditrice exprime très bien la richesse de l'expérience que constitue la lecture de cette anthologie. Il s'agit à la fois d'histoire sur des moments banals de la vie, à la fois d'une expérience unique permettant de prendre le point de vue de l'auteur sur cet événement, de le percevoir avec sa personnalité, de l'envisager avec la conscience d'un autre être humain. Ce changement de point de vue s'opère grâce à de simples traits et zones noirs sur du papier, un acte de création et de communication presque magique en opérant ainsi un tel changement dans la personnalité du lecteur, en permettant un tel degré de communication d'un être humain à un autre sans qu'il ne soit besoin qu'ils se rencontrent.
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Bande dessinée art sequentiel

Ce livre fut mon livre de chevet pendant pas mal d'années, et je le relis encore régulièrement avec plaisir.



J'y ai trouvé de nombreux conseils pratiques sur comment découper une histoire en planches ainsi que leurs compositions, la manière de donner un rythme de lecture en se servant de la taille, l'agencement et la composition des cases, la façon dont la forme d'un phylactère altère le texte qu'il contient, la manière de gérer la quantité de texte, par rapport à l'image et tant d'autres choses...

La perspective, l'anatomie et les expressions du corps et du visage sont également traités.



Le texte est clair et didactique, on sent vraiment l'expérience de l'auteur derrière les mots, et le tout est illustré par des planches de Will Eisner himself, ce qui ne gâche rien.



Si un jour vous caressez l'idée de vous lancer dans la bande-dessinée, je ne saurais que trop vous conseiller la lecture de cet ouvrage.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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City People Notebook

Ce tome contient 32 récits courts de 1 à 8 pages. Ce recueil est paru pour la première fois en 1989. Toutes les histoires sont écrites, dessinées et encrées par Will Eisner. Certaines histoires comportent un ton unique de trame de gris, d'autres sont en noir & blanc sur fond blanc, d'autres sur fond noir. Il comprend 83 pages de bande dessinée.



Introduction (3 pages) - Dans un court texte, illustré par des dessins, Will Eisner indique que vivre en milieu urbain est un peu comme exister dans une jungle. Les habitants s'intègrent à l'environnement, et développent des comportements adaptés. Pour lui, la manière d'être d'un citadin dans une métropole est foncièrement différente de celle d'un individu de la campagne, prouvant que l'environnement s'impose à la personnalité. 4 facteurs sont prépondérants dans cet environnement : le temps, les odeurs, le rythme et l'espace. La compétence de la ponctualité (8 pages) - Un individu se réveille dans son appartement. Il consulte le réveil : il est déjà en retard. Il se lave les cheveux, s'habille en avalant son café, appelle l'ascenseur qui ne vient pas, décide d'emprunter les escaliers (l'ascenseur s'ouvre dès qu'il est sur le palier de la cage d'escalier). Il doit marcher à contre-courant de la marée humaine qui emprunte le même trottoir que lui mais dans l’autre sens. Il descend dans la station de métro pour découvrir une énorme queue pour prendre son ticket. La course est encore longue pour qu'il arrive à l'heure à son rendez-vous. Temps de journée (1 page) - Un homme passe dans la rue, devant les étals de fruits, les gens en train de passer le temps sur les marches, un monsieur qui lui demande du feu. Temps de nuit (1 page) - Un homme passe dans la rue, jetant des regards partout, se méfiant de tout. Temps d'une vie (4 pages) - Dans une rue, un clochard est délogé de son carton par un policer. Un peu plus tard un joggeur passe. Un peu plus tard des déménageurs se stationnent pour livrer. Etc.



À court de temps (4 pages) - Un homme arrive en courant dans une église pour se confier au prêtre. Horloge interne (4 pages) - Un provincial arrive par le train à New York. Un porteur lui propose de prendre en charge ses valises, mais le visiteur préfère marcher. Il se mêle à la foule pressée du trottoir. Dans le hall de l'hôtel, il doit s'écarter pour laisser passer le groom en train de courir. Il se rend compte qu'il n'est pas assez rapide dans la porte à tournante pour sortir de l'hôtel. Cadre temporel (4 pages) - Sur le trottoir, un passant avec un bouquet de fleurs à la main regarde les horloges dans un magasin. Il règle sa montre, hèle un taxi, retrouve son amie. Ils vont au restaurant, puis voir un spectacle, l'homme consultant sa montre à intervalles réguliers. Temps compté (4 pages) - Un représentant commercial entre dans l'appartement d'un vieil homme pour lui faire la démonstration d'un ordinateur personnel. Odorat (3 pages) - La ville dégage de nombreuses odeurs, plus perceptibles pour les personnes de petite taille : celles des beaux quartiers, celles des quartiers populaires. Insensibilité aux odeurs (1 page) - L'abondance d'odeurs peut finir par insensibiliser l'odorat. Odorat sensible (8 pages) - Au contraire, un homme peut être mené par le bout du nez par les odeurs prometteuses et alléchantes.



Pourquoi cet album de Will Eisner plutôt qu'un autre ? Pour découvrir l'auteur ou pour compléter une collection ? Il s'agit donc d'un recueil d'histoires courtes et même très courtes, développant toutes une facette différente d'un même thème : la vie urbaine les comportements qu'elle induit chez l'individu. Néophyte ou chevronné, le lecteur retrouve tout ce qui fait la personnalité de l'auteur. Comme à son habitude, il structure ses planches à sa guise : texte sans bordure avec des illustrations sur le côté, texte avec bordure comme une feuille arrachée d'un calepin et comme posé sur une illustration, cases sans bordure alignées ou non alignées, cases avec bordure alignées ou non alignées, répétition d'une grille rigide de 2 lignes de 2 cases chacune pour toute l'histoire, disposition différente d'une page à l'autre avec une suite de 4 cases sur une même bande pour décomposer une action, ou une case de la largeur de la page pour montrer la vue en panoramique, case avec un fond uni pour mettre en avant les personnages, cases avec une description détaillé du milieu urbain… Les planches présentent une variété à la fois extraordinaire et à la fois étudiée et maîtrisée. Chaque séquence bénéficie d'un découpage sur mesure pour exprimer au mieux son histoire.



Ces histoires courtes sont donc l'occasion pour Will Eisner de croquer le portrait de nombreux citadins pris sur le vif. Le lecteur retrouve son don surnaturel (enfin, surtout des années de travail pour en arriver à un tel naturel) pour faire apparaître l'état d'esprit d'un personnage ou son émotion. En fonction de la séquence, le langage corporel du personnage peut être appuyé pour relever de l'expression théâtrale (la dame étant tombé sous e charme de son voisin de palier) et parfois de la pantomime (l'expression de l'impatience du monsieur attendant pour acheter un jeton de métro). L'artiste sait conférer une vie extraordinaire à chaque personnage, principal comme secondaire, et même figurant. Le lecteur en prend conscience dès la couverture avec ce groupe d'individus qui traversent la rue en rang serré, se dirigeant droit vers lui : ils sont différents, individualisés, uniques dans leur tenue, leur maintien, leur expression de visage. Dans l'histoire où un provincial arrive en ville, il se retrouve emporté par le flot des piétons, ne pouvant pas lutter contre ce véritable fleuve. Le lecteur éprouve la sensation de regarder passer ces individus devant lui, bien à l'écart pour pouvoir les observer, mais aussi voir leur écoulement, et là aussi ils sont tous individualisés, uniques, du grand art, mais aussi la preuve patente que chaque individu compte pour l'auteur.



Au fil des pages se dessine également le portrait de la ville, de New York. Il regarde le modèle de candélabre, typique de la ville. Il observe les façades d'immeuble, les bouches de métro, les poubelles, les murs en brique, les étals des marchands de quatre saisons, une église, la devanture d'un bijoutier, une rue dans un quartier populaire, une rue dans un quartier huppé, les taxis, le métro, les vendeurs de hot-dog, les embouteillages, etc. Le lecteur éprouve la sensation de se promener dans les rues de New York telles qu'elles pouvaient être à cette époque. Le tome se termine avec trois dessins en pleine page, le premier montrant une rue vide, le second une rue agressive et le troisième une rue triste. Effectivement le lecteur peut ressentir ces émotions en regardant les dessins quasiment dépourvus de personnages. Les autres saynètes reposent sur les interactions d'un personnage avec l'environnement de la ville, ou sur des interactions entre personnages façonnées par le milieu environnant. À chaque fois, le lecteur voit par lui-même comment la ville dicte le comportement aux individus. Par le biais de ces séquences à la lisibilité immédiate, aux personnages très incarnés, à l'humour sympathique et souvent vache, le lecteur bénéficie d'une étude sociologique étonnante et édifiante.



Qu'il découvre Will Eisner ou qu'il complète sa collection, le lecteur est vite en immersion dans cette mégapole, regardant ces êtres humains adopter un comportement différent en fonction des contraintes de temps, des odeurs, du rythme et de l'espace. En page 76, les 4 cases montrent le mouvement sur le trottoir et dans la rue depuis un étage élevé d'un immeuble, indiquant qu'avec ce point de vue les schémas de déplacement des individus deviennent indéchiffrables. Pour le reste des pages, Will Eisner tient la main au lecteur pour qu'il puisse les déchiffrer. Les 3 dernières pages montrent des rues avec uniquement 2 minuscules silhouettes, évoquant leur atmosphère vide, en colère ou triste. Ainsi chaque rue devient un être vivant possédant sa propre personnalité qui influe différemment sur l'état d'esprit des usagers de la voie publique. De fait, le lecteur se reconnait complètement dans le comportement des uns et des autres, pour peu qu'il soit lui-même habitant d'une grande métropole ou qu'il ait eu l'occasion d'y séjourner. À chaque page, il reconnaît totalement ce qu'il voit, il ressent le stress de l'individu devant se déplacer et se retrouvant en butte à un retard après l'autre, quelle que soit l'énergie qu'il déploie et son ingéniosité à trouver une alternative. Il ressent la pression de la foule en mouvement contre laquelle il est impossible de lutter, l'obligeant à aller dans le sens du flot. Il voit comment un tout petit événement (2 voitures s'étant percuté en démarrant) impacte des dizaines de personnes. Il fait l'expérience du manque de place, le luxe étant bien l'espace. Il assiste même à la propagation d'une rumeur sans fondement, mais tenue de source sûre.



Au final, cette collection d'histoires courtes et très courtes n'a rien d'anecdotique, de mineure, ou de projet pour renflouer les caisses. Tout l'art de Will Eisner est présent dans ces pages : la personnalité et la vitalité extraordinaire de chaque individu, les lieux uniques et tangibles, la vie humaine dans toute sa diversité, l'humanisme bienveillant qui n'exclut pas une forme de vacherie, et des touches d'humour. L'auteur sait faire preuve de recul pour montrer en quoi l'environnement urbain dense induit le comportement des individus, d'un point de vue sociologique et même anthropologique.
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Comment éviter la mort et les impôts et vivre he..

Fan de l'absurde, du loufoque, du délirant, procure toi cette ouvrage indispensable et fait un pied de nez à ton percepteur et à la camarde en lui émoussant la faux. Quoique... Quoique disait Raymond Devos, il paraît qu'on peut mourir de rire. A consommer avec modération, tensiomètre au bras et pause avant l'arrêt de la respiration dit le docteur.
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

L'histoire d'un quartier sur un siècle.

Un roman graphique sur un siècle ça donne une histoire en vitesse rapide. On survole l'Histoire et les gens à partir de 1870.

Du coup, ça met en évidence des choses différentes que si on avait une histoire sur une seule décennie. On ne s'attache pas vraiment aux personnages mais plutôt aux pierres. Intéressant.

Pour ma part, je retiens l'explosion démographique.

Je retiens les éternels conflits qui opposent les ethnies, le dernier arrivé étant toujours le plus récriminé.

Je retiens la fréquente envie de quitter ce quartier d'origine parce que ce n'est plus comme avant.

Je retiens l'Amérique raciste.

On croise dans l'ordre chronologique, Hollandais, Anglais, Irlandais, Allemands, Italiens, Juifs, Latinos, Afros.

Vous remarquerez que les premiers habitants sont déjà des immigrés, ça ne les empêche pas de détester la vague suivante d'immigrés d'origine différente. Et ainsi de suite...

Ce roman graphique ne laisse pas entrevoir le visage avenant des États-Unis. S'il existe...

Ce côté négatif est peut-être accentué par le noir & blanc exclusif de ce comics.

Le coup de crayon est, lui, précis et détaillé. J'aime ça.



Par contre une fois terminé cette biographie d'une rue du Bronx, j'ai découvert qu'il s'agit d'un troisième volume de la trilogie du Bronx ! Je n'ai aucune idée si la lecture dans l'ordre est conseillée ou pas !
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

La "grande histoire" vue de la rue Dropsie, qui, des premiers migrants hollandais va voir défiler des cortèges de nationalités différentes, chacune faisant la désapprobation de celle qui l'a précédé. Eisner nous permet d'observer les mutations d'un quartier du Bronx à travers les histoires de familles, les guerres, on voit se construire l'identité américaine. Le dessin très en mouvement, les visages frôlant la caricature ajoutent à l'ambiance dramatique. Une saga magistrale.
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

Dropsie Avenue, c'est une rue imaginaire nourrie des souvenirs d'enfance de Will Eisner à travers 4 siècles d'immigration durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portugais ont construit l'identité américaine.



Nous suivons ici l'évolution d'un quartier en mutation permanente. L'auteur retrace la trajectoire sociale de la mythique avenue depuis 1870 alors qu'elle n'était qu'un vaste carrefour du Bronx délimité par quelques fermes.



Ce n'est pas une Amérique glorifiante que Will Eisner décrit mais celle qui souffre dans les rues miséreuses. Une vérité historique saisissante que cette survie en milieu urbain. C'est un véritable regard humaniste que pose l'auteur avec une sensibilité qui le caractérise. Le scénario semble s'effacer car ce qui compte c'est de découvrir l'évolution de ce quartier et ce qui forge son identité. L'auteur s'affranchit du format des cases: c'est d'une véritable audace graphique!



Cet album est le dernier d'une trilogie commencée en 1978 par Un Pacte avec Dieu. Suivra plus tard le combat existentiel d'un Jacob le Cafard. J'ai pris du plaisir à découvrir cette trilogie dressant le portrait d'une Amérique multiculturelle de la fin du XIXème siècle à nos jours. Vous également, vous le serez !



Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

L'avenue de la discorde



Publiée en 1995, cette bande dessinée au propos politico-social est finalement toujours d’actualité et permet en tout cas, de (re)mettre en perspective certains comportements, réactions ou phénomènes sociaux que l’on perçoit encore parfois aujourd’hui.



Dropsie Avenue, c’est l’histoire, comme son titre l’induit, d’une avenue au cours des siècles, et plus précisément, en parallèle de son histoire du bâti, de son évolution matériel et physique, de la mutation de la vie sociale et culturelle qui l’entoure. C’est donc l’histoire des individus qui occupent ou ont occupé cet espace, des successions de communautés y ayant résidées et cohabitées ainsi que leurs interactions.

Prosaïquement, l’ouvrage montre que cette rue a vu défiler de manière successive des communautés nationales et culturelles différentes. D’abord les hollandais, puis des anglais, irlandais, allemands, afro américains ou encore des individus d’Amérique Latine. C’est enfin, d’une certaine manière, un certain pan de l’histoire de “l’immigration” en zone urbaine voire de l’histoire étasunienne (ou du moins une partie) qui s’incarne dans ce roman graphique.



Ce qui marque d’emblée à la lecture de l’oeuvre, c’est bien cette difficulté (aporie ?) dans la cohabitation de populations d’histoire(s) et de cultures différentes. Chaque groupe est méfiant et/ou rejette les autres groupes. On a ainsi le droit pour chaque “épisode” au lot de caricatures et propos discriminants, xénophobes, à connotation raciste, sur chaque population-type. C’est d’une certaine manière, les soubresauts du “vivre ensemble” qui y sont portraiturés.

Peur de l’autre, crainte du remplacement, sensation de ne plus être “chez soi” (entre-soi ?) dans « sa » communauté. Finalement, comme une réaction d’anticorps face à une présence étrangère. Comme si le corps social réagit à la façon d’un corps biologique.



Ces situations font d’ailleurs échos à l’histoire de nos grands ensembles, ayant accueillies à l’origine une population blanche de “classe moyenne”, qui sont au fur et à mesure devenus des lieux de paupérisation-ghettoïsation ayant accueillis une population plus pauvre mais aussi diversifiée. A l’inverse on a pu observer un phénomène de “fuite” de ces classes moyennes blanches corrélée à l’arrivée d’un (ou plusieurs) nouveau(x) groupe(s) sociaux différents, soit, des individus aux assises financières moindres et d’une autre sphère culturelle, ce qui a pu créer, du coup, un double sentiment de différenciation (“ethnicité” et pauvreté) pour ces populations préalablement installées dans ces zones urbaines.

Du point de vue des échos, Dropsie Avenue renvoie aussi à la lecture de l’ouvrage (et sans doute bien d’autres) collectif La misère du monde, qui débute d’ailleurs par un entretien avec un couple de blancs résidant dans un quartier multiculturel et qui met bien en exergue les difficultés de cohabitation, mais d’abord de compréhension de l’autre. Dans un genre annexe, on pourrait surement faire de nombreux rapprochements avec la série Show me a hero de David Simmons (le créateur de The Wire) questionne aussi le rapport à l’autre dans cette ville où un maire doit faire face à la décision de construire des logements sociaux qui profiteront à des afro-américains au sein d’un quartier blanc.



Tous ceux qui travaillent dans le secteur de la politique de la ville peuvent constater au quotidien ce qui semble être un être un des fils rouge de Dropsie Avenue, ce rapport au passé, idéalisé pourrait-on dire, sans cesse vu comme un modèle et qui semble devenir au fil du temps une légende, un mythe, une destinations idyllique inatteignable. Finalement, cette sempiternelle phraséologie passéiste déjà ferment de l’identité romaine trouve ici une nouvelle incarnation-illustration.



Même si l’auteur n’efface pas les individus et les trajectoires personnelles (quelques individus aux complicités, solidarités voire plus entre groupes), on sent bien que pour lui, le cadre social reste le plus solide contraint globalement les quelques comportements différenciés du groupe. C’est là toute la force des infrastructures et des superstructures.



En définitive, Dropsie Avenue, c’est une fresque sociétale dure, parfois violente, désabusée (réaliste ?) mais aussi touchante, poignante, et surtout, toujours d’actualité, et qui semble-t-il, le sera encore longtemps.



PS : J’ai oublié d’en parler, mais artistiquement et techniquement l’oeuvre est superbe, c’est superbement rythmé et régulièrement ponctué de pages qui assènent un coup de poing au lecteur. Grande maîtrise.
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

Quatrième de couverture : Dans ce troisième et denier volet de la trilogie du Bronx, Will EISNER retrace avec humour et sensibilité le paysage social de la désormais mythique "Dropsie Avenue". A travers quatre siècles d'émigration, durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portoricains ont construit l'identité américaine, ce maître de la narration lègue aux futures générations une partie vitale de son oeuvre. Avec "Dropsie Avenue", Will EISNER clôt le récit complet de la trilogie du Bronx (volume 1 : "Un Pacte avec Dieu", volume 2 : "Jacob le cafard") et dresse le portrait d'une Amérique survivaliste et multiculturelle au cours des années 30.
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

Ce roman graphique présente un intérêt sociologique certain avec l'étude de ce quartier américain. L'histoire débute en 1870, on suit la fin des dernières fermes, les débuts d'un beau quartier fréquenté par les anglais. Puis au fil des ans et des migrations, les populations changent, les ethnies aussi. Pour ce qui est du dessin, noir et blanc; j'ai eu du mal à suivre, car les visages ne sont pas précis, presque caricaturaux.
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

Histoire d'un quartier à travers 4 siècle d'immigration. Les évolutions d'un quartier chic qui au fil des années va se dégrader, se diversifier et évoluer jusqu'à la décrépitude totale. Beaucoup de rejet, d'intolérance, de racisme, de délinquance, de violence. Des bribes de l'histoire américaine. Un peu complexe pour les jeunes, plutôt pour 3e ou lycée. Beaucoup de personnages, d'évolutions qui nous perdent un peu mais on trouve bien le climat de tout un peuple d'émigrants qui a construit l'Amérique.
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Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Br..

Le portrait d’une rue imaginaire mais très représentative de la réalité américaine.

L'histoire commence en 1870 et voit (presque) chaque décennie un changement de population et chacun se croit plus légitime que celui qui arrive. Le racisme dans toute sa splendeur. Heureusement il y a quelques personnages un peu plus solidaire.

Une BD en noir&blanc, extremement bien dessinée. J'ai beaucoup aimé
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