Citations de William Boyle (180)
Ce qui est triste, c'est de penser que je suis moi-même dans le carnet d'adresses de personnes qui me rayeront quand je claquerai aussi sûrement que je les raye quand ils claquent, dit Mme Epifanio avant de pouffer de rire.
Seule avec la musique. Elle veut arriver dans les bras d’une nouvelle ville comme on l’aurait fait à une autre époque : épuisée, déphasée, affamée de contact humain. Peut-être se sentira-t-elle alors neuve pendant quelque temps, cette dernière catastrophe en date ne lui semblant être qu’un film qu’elle compte bien ne plus jamais revoir.
L’insomnie, c’est horrible. En général, je ne dors pas de la nuit. Je fais les cent pas. Je regarde la télé, et il n’y a jamais rien. De ce côté-là, tomber malade a été une bénédiction. Ça m’a forcée à rester au lit. Pendant quelques jours, j’étais K.-O. Je faisais de drôles de rêves, mais au moins je dormais.
“Ça va.” Elle se rend compte qu’elle a beaucoup utilisé ces deux mots, comme une béquille ; comme si à force de les répéter, ça finirait par devenir vrai.
Therese est le prénom qu’elle avait choisi pour sa confirmation. Quand on grandit et qu’on s’éloigne de l’église, c’est le genre de choses qu’on oublie, les noms de confirmation.
On aurait dit que le monde entier n'était qu'une cicatrice
a façon de dire "Tout va bien, ici ?" irrite copieusement Wolfenstein. Ca paraît évident que tout ne va pas bien ici, pense-t-elle, mais elle ne lui claque pas ça comme ça. Les prêtres, il faut les contourner comme on contournerait un clochard fou armé d'un couteau. Ils sont prêts à partir au quart de tour. D'après son expérience, en tout cas. Parmi les prêtres qu'elle a rencontrés, elle estime que pas plus d'un tiers étaient normaux. Et elle en a croisé plein à Los Angeles, certains qui accomplissaient un travail important et d'autres qui aimaient traîner dans le caniveau, l'oeil dérangé et fébrile, flirtant avec le péché.
- Tout ne va pas bien, non, dit Wolfstein.
L'ennemi, c'était l'accumulation. Et si, prenant modèle sur les saints, on ne laissait derrière soi que des os et de l'amour ?
- Mesdemoiselles, dit Joe en souriant, si vous comptez vous disputer ici, la moindre des choses serait d'enlever vos T-shirts.
On va sur nos quarante ans et on n'a pas d'argent, pas de baraque. On n'a même plus de famille. Tout ce qu'on a, c'est un gigantesque cimetière d'occasions ratées derrière nous.
Elle a un blog et un compte Instagram avec des photos de vieilles enseignes et devantures new-yorkaises, tout ce qui disparaît. Elle n'utilise que son iPhone, rien de très sophistiqué, mais chercher des endroits à photographier lui donne l'impression d'avoir un but.
A mon avis, les ordures ne se demandent pas s'ils sont oui ou non des ordures.
Personne n’échappait aux ténèbres, avait-elle appris. Simplement, certains parvenaient mieux à les enfouir.
Un gros plan emplit l'écran de la télévision : Bette Davis la cigarette aux lèvres.
Rena fixe ces grands yeux beaux et tristes. Elle se perd dedans un moment, regrette de ne pas avoir des yeux comme ça, de ne pas mener une vie différente, de ne pas être Bette Davis.
Elle adore tous les filous de ce monde.Etre un filou, c'est se libérer d'une souffrance à laquelle les gens normaux semblent s'accrocher.Les filous connaissent l'échec par cœur, mais ne le laissent jamais les arrêter .Au contraire, être un filou aide à dépasser l'échec .
Il avait toujours négligé l’Histoire ; il sentait parfois sa présence comme un frisson sur sa peau, mais il n’arrivait pas à s’intéresser à autre chose qu’à son propre coeur débile. Les maisons en pierre tapies tristement derrière leurs clôtures rafistolées n’existaient que pour refléter le dégoût ou l’amertume qui lui rongeaient les os à tel ou tel moment.
- A son âge, c'est presque instinctif de se braquer contre ses parents, observa Frank
- Sans doute, dit Erica. Il est quand même un peu vieux pour ça, non ?
- Je ne crois pas qu'il cherche à être méchant. Simplement, vous êtes comme deux pierres qui se heurtent l'une à l'autre sans qu'il y ait d'étincelle. Ca passera.
Un homme n’a pas le droit de toucher une femme qui lui a dit non. De la légitime défense, tout simplement. S’il n’avait pas mis ce film porno, pris cette pilule et insisté pour la toucher ! S’il ne lui avait pas parlé comme il lui a parlé ! Elle ne se sent pas coupable. Être un vieux pervers n’est pas une excuse.
Elle s’imagine allant au cinéma avec Alessandra, ou en randonnée. Chaussures de marche assorties, gourdes en inox. Un beau rêve pour combler la distance et le vide de la réalité. (p. 258.)
La morale de l’histoire, c’est que j’aurais dû lui voler au moins une partie de son putain de fric. Elle l’a probablement claqué n’importe comment, ou perdu, ou je ne sais quoi. On se raconte qu’on est quelqu’un de bien, on aime croire ça, et du coup on loupe tout un tas d’opportunités. Cet argent aurait pu me changer la vie.