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Citations de Witi Ihimaera (118)


En jouant en douceur sur la couche glaciaire, la lumière irradiait le royaume sous-marin d’une lueur fantasmagorique. Les racines de glace géantes qui plongeaient de la surface vers le fond étincelaient, rutilaient, scintillaient et dardaient des prismes stroboscopiques dans la gigantesque cathédrale souterraine. La glace craquait, gémissait, frissonnait et sussurait, en glissando, comme une symphonie titanesque jouée sur un orgue géant.
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Jeff devait rentrer. Je savais qu’il le faisait à contrecœur. En fait, s’il était venu à Sydney, c’était pour s’éloigner le plus possible de sa famille. Il l’aimait infiniment, mais l’amour se change parfois en un jeu de pouvoir entre les ambitions que les parents nourrissent pour leurs enfants et les ambitions que ces enfants nourrissent pour eux-mêmes.
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Je découvrais que tout ce que l’on m’avait dit sur l’Australie se vérifiait : c’était un pays balèze, beuglard, baratineur, brutal et beau. Quand j’arrivais à Sydney, je fus hébergé par mon cousin Kingi qui avait un appartement a Bondi. J’ignorais que tant d’autres maoris habitaient là-bas (...) mais je compris bientôt pourquoi on surnommait la banlieue ”la vallée des kiwis”.
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Dans les temps anciens, dans les années qui nous ont précédés, la terre et la mer éprouvèrent un sentiment de grand vide et d’ardent désir. Les montagnes semblaient mener droit au paradis, et la forêt humide, verte et luxuriante ondoyait comme une cape multicolore. Les remous du vent et des nuages animaient les cieux iridescents, où se reflétait parfois le prisme d’un arc-en-ciel ou d’une aurore australe. La mer chatoyante et moirée se fondait dans la voûte céleste. C’était le puits du bout du monde ; quand vous le regardiez, vous aviez l’impression de voir les limites de l’infini.

(Incipit)
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L’Antarctique. Le puits du monde. Te Wai Ora o te Ao. À la surface, le continent blanc essuyait une tempête déchaînée, inhumaine. Dans les profondeurs hors d’atteinte des Furies, la mer était calme, comme détachée du monde. En jouant en douceur sur la couche glaciaire, la lumière irradiait le royaume sous-marin d’une lueur fantasmagorique. Les racines de glace géantes qui plongeaient de la surface vers le fond étincelaient, rutilaient, scintillaient et dardaient des prismes stroboscopiques dans la gigantesque cathédrale souterraine. La glace craquait, gémissait, frissonnait et susurrait en glissando, comme une symphonie titanesque jouée sur un orgue géant.
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Mais avec le vieillissement du monde, au fur et à mesure que l’homme négligeait sa part de divinité, il perdit aussi le pouvoir de parler aux baleines, le pouvoir de fusionner avec elles. C’est ainsi que la connaissance de leur langue fut réservée à une poignée d’individus. L’un d’eux était notre ancêtre Paikea.
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Kahu fixait l’océan, mais semblait perdue dans un passé lointain. Son expression calme, résignée, nous força à nous retourner pour voir ce qu’elle voyait.
La terre basculait vers la mer. L’eau était d’un vert brillant qui se mêlait à un bleu foncé, puis à un violet vif. Le nuage illuminé bouillonnait au-dessus d’un emplacement précis à l’horizon.
Soudain, un claquement étouffé retentit dans les profondeurs, comme un portail géant s’ouvrant un millier d’années auparavant. Sous les nuages, la surface de l’eau poudroyait comme de l’or. Puis des éclairs bleus, de véritables missiles, jaillirent de la mer. Je crus apercevoir quelque chose voler dans les airs, traverser l’éternité et plonger au cœur de notre village.
Une ombre ténébreuse, suivie d’autres, montait des profondeurs en un essor continu. Soudain, la première ombre surgit et je distinguai le tohorā . Un colosse. Issu des abîmes et crevant la peau de l’océan. Son bond fut accompagné de marbrures d’éclairs et de chants effarants.
Koro Apirana poussa un cri tragique, car ce n’était pas une bête ordinaire, pas une baleine ordinaire. Elle venait du passé et son chant satura l’atmosphère.

Karanga mai, karanga mai,
karanga mai. Appelez-moi.
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Kahutia Te Rangi était au nombre de ceux qui amenèrent la bénédiction chez nous. Il traversa l’océan à califourchon sur sa baleine, apportant les forces vitales qui nous permirent de vivre en intime communion avec le monde. Ces forces vitales, sous forme de sagaies, provenaient des maisons de la Connaissance situées à Hawaiki. (...). Les lances étaient les offrandes de ces maisons pour le pays nouveau. Elles étaient très importantes car, entre autres choses, elles instruisaient l’homme sur les moyens de communiquer avec toutes les créatures de l’océan afin que les uns et les autres puissent établir une alliance mutuellement bénéfique. Elles enseignaient ”l’harmonie universelle”.
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Depuis que, il y a tant d’années, elle et son père ont vu le ngangara - le train qui crachait sa vapeur au milieu de la campagne-, les signes de la nouvelle civilisation n’ont cessé de proliférer sur l’ensemble du pays. Nouvelles voies de chemin de fer et construction de routes, petites ou grandes. Déboisement intensif de forêt pour permettre aux fermes de moutons et de bétail de s’agrandir. Là où se trouvait une passerelle, on franchit maintenant la rivière sur un pont à double voie. Et bien que les pistes maories continuent à exister, elles sont souvent bloquées par des fils barbelés, qui nécessitent de faire un détour pour trouver un passage.
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Les instruments chirurgicaux reposent sur une petite table. Contrairement à ses frères et sœurs guérisseurs, Paraiti évite les outils pakeha (des blancs) et privilegie les traditionnels bâtons et racloirs en bois, coquillages tranchants et éclats d’obsidienne pour sectionner, les épines pour crever les abcès et les pierres à chauffer qu’il faut placer sur le corps.
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- Elle sait que je suis ici. C'est grâce à vous que je peux continuer à nourrir ma famille.
Mon épouse ... elle sait que je suis un régal pour les yeux.
Alors elle m'a dit : " Tu dois offrir ta beauté en cadeau à la takuta".
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"Si tu ne poses aucune question, on ne te répondra aucun mensonge"
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Mais père et fille menaient une existence heureuse, la seule ombre au tableau avait été le texte de loi adopté contres les "tohunga" (charlatans).
Te Teira avait dû entrer en clandestinité.
Il avait continué à pratiquer de manière illicite et à enseigner son art à sa fille pour qu'elle puisse gagner sa vie.
Il lui avait en particulier transmis le rare don des massages maoris, la patience qu'il fallait pour travailler en profondeur, sous la peau, et pour remettre les muscles, os et tissus à leur place quand ils étaient cassés, déchirés ou déboîtés.
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Taare Waitara prononça l'éloge funèbre : "Que ce soit bien clair dans l'esprit de tous les Maoris, Pakeha et membres d'autres nations. La plume blanche est signe d'harmonie pour toutes les nations du monde ; les noirs, les rouges et tous les autres qui répondent au nom d'êtres humains. Cette plume sera le signe de l'unité, de la prospérité, de la paix et de la bonne volonté."
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L'homme peut imprimer sa marque dans un lieu, mais à moins de rester vigilant, la nature reprend vite ses droits.
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- Honore ton père et ta mère, Simeon.
- Quand vas-tu faire un choix en fonction de moi, papa ? De ma mère et de mes soeurs ? De toi ? Et quand prendras-tu le parti de ce qui est juste ? Prendras-tu toujours son parti uniquement parce qu'il est ton père ? Et s'il avait tort ?
Mon père me dévisagea, effrayé.
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La seule ombre au tableau avait été le texte de loi adopté contre les tohunga « charlatans ». Te Teira avait dû entrer en clandestinité. Il avait continué à pratiquer de manière illicite et à enseigner son art à sa fille pour qu’elle puisse gagner sa vie. Il lui avait en particulier transmis le rare don des massages maoris, la patience qu’il fallait pour travailler en profondeur, sous la peau, et pour remettre les muscles, os et tissus à leur place quand ils étaient cassés,
déchirés ou déboîtés.
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C’est le problème avec l’histoire. On croit qu’il n’y a qu’une seule version, mais la plupart du temps, il en existe trois, quatre ou plus emmêlées et noués comme les brins d’une corde
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Dans les temps anciens, dans les années qui nous ont précédés, la terre et la mer éprouvèrent un sentiment de grand vide et d'ardent désir. Les montagnes semblaient mener droit au paradis, et la forêt humide, verte et luxuriante ondoyait comme une cape multicolore. Les remous du vent et des nuages animaient les cieux iridescents, où se reflétait parfois le prisme d'un arc-en-ciel ou d'une aurore australe. La mer chatoyante et moirée se fondait la voute céleste. C'était le puits du bout du monde ; quand vous le regardiez, vous aviez l'impression de voir les limites de l'infini.
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Une affaire de femmes; les hommes avaient plus important à faire. Ca ne me dérangeait pas. C'est le soutien actif des femmes -leur présence, leurs prises de position et leurs revendications pour des changements dans la langue et la culture maories - qui finirait, dans l'avenir, par faire changer toutes nos vies.
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