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Citations de Yann Moix (601)


(...) s'il est bien quelque chose qu'on ne déduit ni ne devine, c'est ce dont sont capables les gens normaux loin des regards. Tapis chez eux, ils retournent dans leur enfance malade, dont ils s'avèrent les ventriloques brutaux, et rejouent les jeunes années, les uns en victimes nécessaires, les autres en bourreaux consentants.
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Nous allâmes nous promener dans les rues du seizième arrondissement, cimetière pour les vivants.
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Je m'endormis sur un banc du square Montholon. Je fus réveillé par la main d'un clochard qui me caressait les cheveux.
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Caillette, seigneur des radins, ne supportait pas de se répandre. Suer était faire don de sa sueur, et lui semblait inadmissible. Uriner, déféquer, trahissaient une propension à faire sortir de soi quelque chose qui y eût dû demeurer.
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C'est qu'à force de lectures romantiques, j'avais conclu que seule la capitale, cosmogonie des éditeurs et société des gloires, me permettrait de cesser d'être moi pour devenir quelqu'un.
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L’absence d’éternité, chez l’homme, ne dispense étrangement ni de la médisance ni de la mesquinerie.
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Combien d’entre nous accepteraient-ils de naître s’ils connaissaient leurs parents ?
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La solitude n’est pas cette punition qu’ont définie les hommes pressés, inintéressants, pour fuir la perspective de n’avoir qu’eux-mêmes à contempler. Elle est une crevasse dans l’espace et le temps, une déchirure dans nos vitesses où, arrogance abolie, valises posées, se crée la possibilité dérisoire et vitale de se proposer comme rempart à la débilité du monde.
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C’est dans l’ennui que s’écrira ma vie, un ennui bâti sur mesure, avec ses îlots pleins de souvenirs, ses lagunes trempées de remords et ses petites églises où ma mémoire se déroule comme une prière.
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On ne s’évade pas du monde comme on s’évade de sa mère. On s’évade de sa mère par la vie ; on s’évade du monde par la mort.
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On peut définir la masse ainsi, ma chérie : somme des individus qui refusent de faire partie de la masse !
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On allait me donner la vie ; jamais on ne me fournirait de quoi la remplir.
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[La naissance] rend miracles les minuscules carambolages humains.
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Je serais le pitoyable héros d’une seconde et d’une seule, après quoi je rejoindrais l’océan de mes toujours déjà semblables.
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L’horreur, c’était une fois la séance terminée. Comblé, vidé, il fallait composer avec la part restante de toi, la part non sexuelle, non charnelle, non corporelle, non sensuelle, cette part restante qui non seulement ne donne pas de plaisir, mais crée des problèmes, cette part qui possède des rêves, revendique des goûts, recèle des envies, emmagasine des projets, abrite des interrogations et enferme des avis. Prononcés par une poussière, par une marguerite, par une statue, tes propos, tes commentaires, tes remarques m’eussent poussé à la nausée, tellement ce que tu proférais, très vite, m’apparut comme un inutile, un futile, un aberrant caquetage.
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La littérature était étalée sur le parquet ; dans chaque livre que je lisais, que j’essayais de lire, je te cherchais. Toutes les expériences devenaient miennes – je revivais joies et douleurs en empruntant d’autres vies. Je redécouvrais la prose et la poésie à l’aune de cette seule perspective : y retrouver, intacte, notre « histoire d’amour ». Je m’aperçus qu’Ovide, Stendhal, Pétrarque, Racine, Byron, Shakespeare, Baudelaire, Zweig, Aragon, Proust ne me parlaient que de toi. L’écrivain de génie était celui qui te connaissait mieux que moi
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« Je ne suis plus amoureuse de toi. » La phrase avait duré moins de trois secondes ; ce qu’elle provoqua s’étendrait, avais-je stupidement pensé, sur toute ma vie. Prononcée une seule fois dans ta bouche, je savais qu’elle serait appelée à résonner cent mille fois dans ma tête, plus sourde ou plus aiguë, plus dramatique ou plus absurde, à peine émoussée par les années, sans cesse ravivée par le souvenir. Avant d’exister dans ta bouche, désespérément mâchée jusqu’à ce qu’elle perdît en toi son goût neuf, elle existait pourtant au mot près dans tes regards, cette phrase, et au bout de tes doigts qui me serraient moins fort à l’arrière des taxis.
Tes mains, elles aussi, s’étaient tues peu à peu. Elles ne me renseignaient plus, ici par un passage attendri dans mes cheveux, là par une pression excessive sur ma cuisse, sur tes intentions ou tes désirs. C’étaient des mains qui ne voulaient plus rien dire. Des mains mécaniques, faites pour en serrer poliment d’autres ou saisir des objets. Et quand les miennes, demandeuses, fébriles et remplies d’offrandes caressaient ton visage, cherchant à t’arracher l’expression d’un bonheur consenti, c’était la gêne d’un amour non partagé qu’elles récoltaient. Alors elles désapprirent à te chercher dans le noir, elles lâchèrent prise et, jointes, t’implorèrent bientôt de ne pas m’abandonner
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Malédiction des amoureux : ils se ressemblent tous, et ne veulent ressembler à personne. Surtout pas à eux-mêmes. Nous n’avons pas échappé à la règle. Nous nous sommes imaginés seuls au monde (je note aujourd’hui que je me sens plus seul à deux que tout seul ; tout seul je peux profiter de ma propre compagnie, là où ta présence m’en empêchait). Nous nous sommes crus plus différents que tous les gens différents avant nous. Nous avons fait les malins. Nous avons fini par nous persuader, forclos dans une secte bicéphale, d’avoir réinventé l’amour. Mais si infinie que soit, dans cette séraphique discipline, la quantité d’originalité disponible, c’est toujours l’aventure d’une Terre promise qui dégénère en lopin mesquin, c’est le refrain d’une grande perpétuité qui s’achève en petite promiscuité.
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L’extrême fatigue est la meilleure longueur d’onde pour faire jaillir les vérités tues, les aveux empêchés. On ne devrait se parler que dans cet état limite, où la force laisse à la faiblesse le soin d’être plus forte qu’elle. On ne devrait communiquer que depuis l’anéantissement, l’amoindrissement, depuis cette absence momentanée de nous-même où, dévastés, nous sommes ouverts au monde comme une béance. L’abîme rend, non pas honnête, non pas sincère, mais vrai – mais vivant.
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Une femme, quand elle aime, se fait accroire que son dernier amour en date est confondu avec son amour ultime ; elle appelle « homme de sa vie » un être humain qu’elle tentera, à force de mille contorsions, de mille arrangements, de mille dénis, d’inscrire dans une figure idéale. Tandis qu’un homme, quand il aime, aime toujours déjà ailleurs ; il appelle « femme de sa vie » la prochaine femme qu’il rencontrera – il vaque de brouillons en brouillons. La définitive, pour lui, est incessamment la suivante.
 
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