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Citations de Yann Moix (601)


(…) il fallait dans l’existence que je décidais de commencer sur le champ et qui serait la mienne si je me donnais le droit, le courage et la liberté de la vivre de ne jamais subir les règles des autres. Tout effort ne devait être qu’un travail sur ce qui nous semble d’abord simple et naturelle. Plus jamais on ne me forcerait à trafiquer ma nature, à la faire ployer jusqu’à supplier pour qu’elle se configure selon le goût, la morale ou l’intérêt d’autrui. C’est en moi même que je voulais faire carrière, devenir quelqu’un qui ne fut que moi ou plus exactement devenir un moi qui n’aurait pu être quelqu’un d’autre. Nul jamais ne pourrait plus m’infliger ce que je refusais de tout mon être. Quiconque m’éloignerait de mes penchants, de mes impulsions intime, de ma personnalité profonde représenterait désormais un ennemi que je n’aurai aucun scrupule à éliminer.
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Dans six ans, dix ans, il ne restera rien de ce chagrin. Pourtant je suis là, lacéré, déchiqueté. Ridicule dans mes larmes, avec mes simagrées.
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Où voudriez-vous que je vive ? Le passé est supérieur à l'avenir. Le passé est le lieu où l'on naît ; l'avenir, le lieu où l'on meurt. On prétend que l'optimiste aime l'avenir et le pessimiste, le passé. Or, préférer l'avenir au passé, c'est préférer ce qui va mourir à ce qui est né. Aimer l'avenir, c'est aimer la mort. Le passé n'est ni statique ni clos. L'avenir est borné par la mort quand le passé, lui, reste ouvert de toutes parts, béant, mouvant, renouvelé, évoluant ; il remue ; il surprend ; il étonne. II palpite. II ne cesse de charrier des nouveautés, de publier des inédits. Le passé est le seul monde où nous pouvons faire des découvertes. L'avenir n'existe pas encore ; le présent n'existe déjà plus ; la seule chose qui existe, ne cesse d'exister, existe sans cesse davantage, c'est le passé. Il est profond, se compose de strates, de niveaux, d'étages, d'anfractuosités, de girons, de gouffres, de reliefs. Seuls les idiots ont de l'avenir. Moi, j'ai du passé.
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II est vrai qu'à présent que je puis être moi sans entrave, je brûle d'être deux. Permettez-moi de citer de nouveau Sacha : « Je vais donc enfin vivre seul, et déjà je me demande avec qui ! » Je brûle d'être deux ; non pas de pas de tout faire à deux. Aimer, c'est rechercher une présence ; être en couple, c'est rechercher une compagnie. La présence me multiplie ; la compagnie me mutile. La présence m'amplifie ; la compagnie m'atrophie.
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Ce qui fait du mal, dans une rupture, ce n'est pas l'absence d'une présence, mais la présence d'une absence.
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Les barbelés se dessinaient en ombres chinoises. Aucune porte, ni pour sortir d'ici, ni pour sortir de moi. J'étais foutu.
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Je n'habite plus le présent, ni le passé, mais un temps spécial où le passé est incessamment façonné par le chagrin du présent...
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Je n'ai jamais cherché dans l'être aimé que la saveur d'un été perdu.
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Ce que nous désignons dans la femme aimée, n'est-ce pas d'abord, sur fond de ciel d'automne et de matins partagés, l'impression vivace d'un gâchis ?
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La gloire, c'est lorsque les siècles durent un peu moins que les hommes.
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Les jours de langueur, dans la plainte d'exister, nous consumions notre présent comme des enfants gâtés.
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Nous vivions dans l'arrogance erronée de notre éternité présupposée, de la remise à plus tard du sentiment d'être mortel.
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Je peux concevoir qu’une ville puisse laisser de sombres souvenirs mais créer une corrélation négative imaginaire qui semble toutefois automatique entre un lieu de vie (ou non vie ou survie) et des êtres en devenir, me semble un peu rapide…

En outre, s’acharner contre une école de commerce de province et s’approprier les destins fracassés de ses camarades d’infortune en oubliant qu’ils font déjà parti, à ce stade, de personnes privilégiées, c’est déjà donner l’impression de lire la chronique d’enfants "gâtés" déjà dépassés par leurs limites.
La quête de sens semble noyée par des fantasmes d’adolescents recherchant la satisfaction de plaisirs toujours fugaces.

Je trouve néanmoins courageux pour un écrivain de se montrer dans de si terribles atours. L’escapade en Allemagne est un point d’acmé pour moi dans l’horreur de souvenirs inracontables.

Reims, me laisse à penser que l’envie de s’autoflageller tout en tentant de s’expliquer avec franchise a peut être eu pour but de lancer son Cri (en norvégien : Skrik) ... rappelant l’œuvre expressionniste de l'artiste norvégien Edvard Munch …
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Le sommeil leur est une vie plus heureuse, quand il ne devrait leur être qu’une mort plate.
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Vous allez prendre vingt-cinq ans dans la gueule : les miens. Oui, c’est mon âge. La postérité me fait crédit.
Salut vieilles branches, j’ai l’âge qui fait rire le nombril des blondes sous la nuit, l’âge qui ne sait pas les heures gâchées ni n’accuse les rides si pleines de mort qui pend. Vieux scribouillards : j’ai lu vos livres, vous ne lirez pas les miens. Vos livruscules pleins de goutte et de lumbagos, crachats mauves précieux. J’ai devant moi ce qui est derrière vous, plus l’infini. L’avenir ne me donnera pas l’oeuvre ? La jeunesse me donne raison.
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Il faut s'interroger sur le never de « Neverland » ; ce « jamais ». Michael n'a pas intitulé, n'a pas baptisé son parc d'attractions « Always-land » (« le pays de toujours »), mais « Neverland » (« le pays de jamais »). Pays de jamais, qu'on pourrait facilement traduire par : pays du jamais. Le pays que vous ne trouverez jamais, même en le cherchant bien – parce que ce pays c'est l'enfance, précisément, et que vous êtes incapables, tous autant que vous êtes, d'y retourner. Pays où généralement on ne peut jamais revenir, retourner : c'est le lieu de l'alya impossible. Pays, aussi, où l'on ne vieillit jamais – ce qui, dans la traduction géographique, dans l'acception spatiale, donne : pays dont on ne peut jamais s'enfuir. Ne peuvent, donc, y retourner que ceux qui ne peuvent s'en échapper. N'est-ce pas une excellente définition de l'enfance ?
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Les petits enfants détaleraient, ils jugeraient aussitôt que seul un monstre a pu se déguiser en eux. Au contraire, celui qui est adulte au maximum, parce qu'il a de l'emprise, une manière d'autorité tranquille, une assurance qui fascine les enfants, une volonté qui peut les impressionner, une sévérité, aussi, qui sait les pétrifier, une gentillesse paternelle, maternelle, grand-paternelle, grand-maternelle qui les séduit, les envoûte, celui-là seul se fraiera un chemin jusqu'à la chair des enfants. Quand le grand méchant loup, dans Le Petit Chaperon Rouge, entend croquer le chaperon, il ne se déguise pas en petit copain de classe, en petite copine de son âge, mais en mère-grand.
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Les adultes ont décrété, une fois pour toutes, que Bubu, Poupou et Riri (font les fous) seraient plus adaptés aux enfants que Picasso, Miró, Stravinski, Mozart ou Kafka. Or, je prétends que les enfants peuvent instantanément (Michael Jackson savait tout cela bien sûr), non pas seulement comprendre, mais devenir fous amoureux de Picasso, Miró, Stravinski, Mozart et Kafka.

Je suis tombé des nues, l'autre jour, lorsque j'ai découvert, sur Internet, qu'une maison de disques éditait des versions pour enfants de Mozart : il s'agit (j'ai téléchargé pour écouter) de sonates de Mozart réorchestrées à la façon des boîtes à musique pour chambres de bébé, pour que bébé fasse dodo. La version « enfantine » (c'est-à-dire infantile) de Mozart !
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Et s'ils pensent gâteusement, reprochant haineusement à Michael d'être un enfant à cinquante ans, que l'enfance est faite de ces aberrations neuneus, c'est parce que les adultes se transmettent, de génération en génération, cette pauvre et misérable et débile vision de l'enfance ; ils se font les complices, se passant le mot à chaque nouvel « heureux événement », que la bonne conception de l'enfance, c'est d'abrutir, c'est d'abêtir l'enfant (leur propre fils, leur propre fille) avec un modèle régressif déjà prêt. Ce qu'on transmet immédiatement à l'enfant, c'est une vision régressive toute faite ; on plaque sur les tout-petits une vision de l'enfance infantilisée par sa macération dans des esprits adultes. On invente l'enfance qu'on propose aux enfants ; on a prépensé pour eux le modèle d'enfance qu'on va leur injecter. Si l'univers des enfants paraît si lisse, naïf, rose-bonbonisé, arc-en-ciélisé à outrance, pastellisé et babarisé, pour tout dire : mongoloïde, c'est parce que les adultes ne le connaissent pas – ne le connaissent plus. Ne l'ont jamais connu.
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Le modèle vaut également pour le roi et la reine puisque Mickey et Minnie se virent affublés, eux aussi, de clones miniatures dont ils ne furent en rien les géniteurs (on se demande un peu quand même, après tout ce temps, pourquoi on ne voit jamais les parents – si bien qu'à vouloir éviter le débat sexuel, on prend le risque de traumatiser autrement) : Jojo et Michou (respectivement, Ferdie et Morty en version originale). Mais la folie ne s'arrête pas là, puisque Riri, Fifi et Loulou ont également des… cousines : Lili, Lulu et Zizi (April, May et June). C'est dire si l'on peut tourner des heures et des heures dans l'univers Disney sans jamais croiser ni de mère, ni de père, et encore moins de fille ou de fils. Pourtant, les ressemblances « physiques » entre les protagonistes susmentionnés ont de quoi frapper les observateurs les moins aguerris.
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