Yves Lacoste

Un nouvel ouvrage d'Yves Lacoste est toujours un événement. Dans celui-ci, il aborde, ce qu'il appelle, la question post-coloniale.



Une forte population immigrée des anciennes colonies existe désormais sur le territoire français souvent concentrée dans les banlieues, citées et autres grands ensembles. Périodiquement, on constate des points de friction allant de l'incivilité aux émeutes. Comment en est-on arriver là ? Que sait-on des origines de ce problème ? C'est l'objet de ce livre.



Yves Lacoste nous propose de découvrir et réfléchir à la question post-coloniale au travers de ses grilles d'analyse géopolitique ainsi qu'au moyen d'un récit historique complet des phases de colonisation et de décolonisation.



J'ai toujours plaisir à lire les ouvrages d'Yves Lacoste car ses angles de vue, souvent novateurs, me permettent de voir les choses sous d'autres prismes que ceux que j'utilise habituellement. Bref, une lecture toujours vivifiante.



J'ai particulièrement apprécié, dans cet opus, son approche originale. Au lieu de partir du récit historique de la colonisation à la décolonisation et de la décolonisation à la situation présente, il prend le sujet et ses lecteurs à rebrousse-poil !



Il part des difficultés d'une population sur le territoire (sa grille géopolitique) pour nous expliquer les phases d'immigration, avec leurs paradoxes, pour nous livrer ensuite son analyse des décolonisations (teintée pour moi de quelques erreurs dues à ses antécédents militants...) pour enfin finir sur une réflexion historique de la colonisation que j'ai trouvée brillante.



Bref, Lacoste sort des poncifs habituels de colonisation/décolonisation et de l'approche marxiste pour aider tout à chacun, à partir du présent, à comprendre, je dirai, de manière scientifique et rigoureuse, le chemin qui nous a mené jusqu'ici.



En cela, il dépassionne le débat, il repositionne intelligemment, sans à-priori les événements dans leur contexte. Bref, il domine brillamment son sujet.



Cet ouvrage est certainement l'un de ceux qui m'aura le plus marqué en la fin 2010.
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Un simple tiret peut changer bien des choses



La question post-coloniale dont parle Yves Lacoste, le célèbre géographe, père de la revue de géopolitique Hérodote qu’il a fondée en 1976, n’a pas grand-chose à voir avec le riche mouvement des postcolonial studies qui pénètre non sans difficultés le monde universitaire français. Pour Gayatri Chakravorty Spivak et ses émules de ce côté-ci de l’Atlantique, le postcolonial n’est pas seulement chronologique ; il ne se réduit pas à ce qui a succédé à la colonie, mais caractérise une « démarche critique qui s’intéresse aux conditions de la production culturelle des savoirs sur Soi et sur l’Autre » grâce aux apports des théories de la domination (gender studies, cultural studies…).

On sait avec quelle virulence Jean-François Bayart a dénoncé ce mouvement

de pensée, dont il critique tout à la fois l’absence d’originalité, l’ignorance des réalités historiques et l’engagement politique partisan (« Les Études postcoloniales. Un carnaval académique » Karthala, 2010). Sans entrer dans une dispute aussi homérique, Yves Lacoste adresse aux importateurs français des postcolonial studies les mêmes reproches. Il dénonce leur « niveau poussé d’abstraction » (p. 405), leur « tendance à uniformiser les situations

coloniales » (p. 404), en un mot, leur refus d’historiciser le fait colonial. Et

c’est à une entreprise de ré-historicisation, de re-contextualisation qu’il

se livre dans un ouvrage qui prolonge le numéro spécial que la revue Hérodote

avait déjà consacré à la question post- coloniale (avec un tiret) en janvier 2006 (n° 120).



Le résultat est assez déroutant. Il se présente sous la forme d’un livre qui, malgré son volume, affiche un objectif de vulgarisation. Partant des émeutes de novembre 2005, qui auraient, selon lui, révélé l’existence d’une question post-coloniale en France, Yves Lacoste entend en eff et expliquer aux « jeunes » d’origine étrangère qui « se demandent pourquoi ils sont nés en France les raisons pour lesquelles leurs grands-pères ont dû venir dans ce pays » (p. 119). Cette « Histoire-de-la-colonisation-racontée-aux-enfants-d’immigrés » n’est pas dénuée d’un soupçon de paternalisme. Sa description des « grands ensembles » et des populations qui les peuplent – tels ces « jeunes » qui « passent une grande partie de leurs journées au pied des immeubles et dans les escaliers » et qui « aiment parler avec un accent caractéristique » (p. 32) – cède parfois à des généralisations hâtives qui prêtent à sourire.



Son ouvrage hésite constamment entre deux partis. Il est trop long pour un essai percutant sur les troubles d’identité des « immigrés de la troisième génération ». Il est trop court pour une magistrale Histoire de la colonisation et de la décolonisation que l’auteur semble avoir eu la tentation d’écrire. Ainsi, les développements qu’il consacre, par exemple à la conquête du Mexique par Cortès ou à la révolte des Cipayes en Inde, pour intéressants qu’ils soient, n’auraient pas dû trouver leur place dans cette entreprise. Mais l’écueil principal auquel se heurte cette leçon de géopolitique – expression à laquelle on sait combien Yves Lacoste est attaché mais dont la répétition ad nauseam

finit par lasser – est qu’elle n’atteint pas le but qu’elle s’était fixée. On peut certes avec lui discuter les thèses des Indigènes de la République – dont il reproduit l’appel de janvier 2005 pour « les assises de l’anticolonialisme post-colonial » – et des auteurs de « La fracture coloniale » qui affirment que la situation actuelle des banlieues reproduit un schéma de domination coloniale. Mais il n’est pas certain que la narration de la colonisation et de la décolonisation de l’Algérie convainque les Français d’origine algérienne que leur situation actuelle ne résulte pas d’une profonde imprégnation colonialiste de la société française.

C'est un ouvrage complet et passionnant

c'est l'outil indispensable pour connaitre et comprendre les grands enjeux géopolitiques d'aujourd'hui. Des cartes et une approche historique accompagnent largement les analyses des différentes problématiques.

Il est un très bon complément à une réflexion sur l'actualité du moment. Agréable à consulter et très complet, je le recommande vivement.

Franchement, un plaisir énorme que cet ouvrage d'entretiens réalisés par Pascal Lorot avec un Yves Lacoste qui est un acteur majeur du développement de la « géopolitique à la française » comme ce dernier aime à le dire !



Un ouvrage passionnant de bout en bout dans lequel le géographe, auteur du très célèbre « La géographie, ça sert d'abord à faire la guerre » en 1976 mais aussi de « Géopolitique, la longue histoire d'aujourd'hui », maints fois réédité depuis 2006.



Yves Lacoste, sous le jeu de questions de Pascal Lorot, balaie large dans cet ouvrage:



* des origines de la géopolitique à la géopolitique à la française

* son parcours de géographe enseignant chercheur et d'homme engagé

* la méthode et les représentations géopolitiques chères à Lacoste

* l'histoire de la revue Hérodote qu'il a fondée

* ses amitiés et ses inimitiés professionnelles. ça m'a rappelé bien des souvenirs du milieu universitaire ;-)

* un vrai « piano à quatre mains » sur géopolitique et géoéconomie avec Pascal Lorot

* deux beaux chapitres sur les deux derniers ouvrages de Lacoste: Vive la Nation ! et La question post coloniale. Lacoste applique ses grilles d'analyse à la géopolitique interne de notre pays



Bref, que du bonheur ! Intéressant sur le sujet géopolitique mais également pour mieux comprendre un homme qui a beaucoup apporté au domaine.
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Longemps abonné à la revue Hérodote je me suis passionné pour la liaison entre histoire, géographie physique et humaine et politique . J'ai donc lu avec intérêt ce corpulent volume (1155 pages) qui trate de ma région de naissance ( Aix et Marseille ) et de ma région de résidence (Drôme) . Mêm si les données sont celles de 1986 , la plupart ne sont pas obsolètes et permettent de meiux comprendre , par delà l'écume politico-médiatique , les éléments de fond de l'évolution politique.

Cet ouvrage convie à une approche globale de l’eau : ses apports au XXème siècle, ses luttes (pour l’eau ou contre l’eau), l’eau dans les grandes civilisations agricoles (l’irrigation, l’ignorance des techniques de l’eau en Afrique tropicale...), ses perspectives (impact climat, villes du Tiers monde). La structuration de ce document est de type encyclopédique, mais le tout est très vivant et dynamique : chaque partie introduit une problématique, puis s’enchaînent des sous-parties courtes aux titres très signifiants. Ce texte clair et souvent concis s’articule autour de photographies, de reproductions de peintures ou de dessins, de cartes et de schémas très soignés. Une annexe complète le tout avec un lexique de l’eau et un état de l’eau dans le monde en chiffres.



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Il est l’un des fondateurs de la géopolitique moderne. A 88 ans, il publie ses Mémoires, « Aventures d’un géographe ». Points cardinaux.




Lien : https://www.lemonde.fr/livre..

Braudel, Gracq et Reclus pour définir en quoi un paysage est politique. Brillant.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/03/15/note-de-lecture-paysages-politiques-yves-lacoste/


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Cet ouvrage du géographe Yves Lacoste fait œuvre didactique, et nous amène à nous interroger sur nos représentations de la Terre comme espace habité et vécu. Narrant la "légende" de notre planète depuis les penseurs grecs, Lacoste déroule les évolutions de nos perceptions, jusqu'à nos jours où la Terre est devenue finie, connue, transformée. L'auteur réussit son pari d'allier rigueur scientifique et récit, dans un ouvrage d'une certaine poésie et très clair à la lecture.

L'auteur de "La Géographie, ça sert d'abord à faire la guerre" nous livre ici, dans la même conception de la géopolitique qu'il a "réinventée", une vision du paysage, y compris de notre esthétique du paysage qui nous semble presque intemporelle et universelle, liée à la guerre, et en particulier au développement historique de l'artillerie dès la Renaissance. Dans ce petit mais juteux ouvrage, sa démarche a été apparentée à celle que Braudel a créée en historiographie.

Excellent ouvrage. Indispensable lorsqu'on démarre une licence d'Histoire-Géoraphie. Intéressante aussi d'un point de vue économique et écologique. Et indispensable tout court pour la culture.

Au-delà de la lecture plaisante d'un livre au ton offensif et […] de l'intérêt épistémologique d'un texte quelque peu daté, il reste […] un témoignage important d'un parcours intellectuel original.
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La référence !



Assurément Yves Lacoste est un de ceux (avec Gérard Chaliand, Alexandre Adler,…) qui ont ranimé la géopolitique en France. Il nous livre ici un ouvrage d’une qualité exceptionnelle.



Un texte qui fait autorité, une cartographie très riche. La géopolitique méritait bien, enfin, un ouvrage de cette importance. A vocation grand public (et c’est nécessaire), l’enseignant, l’étudiant, le curieux y trouveront à la fois un ouvrage de vulgarisation et un ouvrage de fond qui ouvrira au plus grand nombre les portes de cette discipline tellement importante quand on regarde l’actualité.



Pour les grands problèmes géopolitiques contemporains, Lacoste nous propose une analyse claire de leurs origines et des conséquences auxquelles il nous faut nous préparer.

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Un ouvrage très riche sur la géopolitique de plusieurs pays à travers l’histoire. Ainsi, le livre parcours l’histoire militaire, politique... des États-Unis, du Japon, de la France, l’Allemagne, d’Israël, de la Russie, de la Chine... des textes bien écrits, très clairs, qui permettent de comprendre la géopolitique, souvent complexe, de ces pays.

On peut regretter le manque d’illustrations et de cartes qui auraient complété parfaitement le discours de l’auteur et rendu encore plus lisibles les propos d’Yves Lacoste. Au lieu de cela, malgré des textes très abordables, on a l’impression d’un livre trop scolaire, qui manque de clarté (alors que c’est tout le contraire).

Je ne sais pas si ce livre a été sujet de rééditions, mais lorsque l’on traite de géopolitique, un ouvrage devient vite dépassé avec le temps (comme celui-ci qui date de 2006). Cet ouvrage reste tout de même très pertinent car il traite en majorité d’histoires géopolitiques (les guerres d’Israël), la conquête et la formation des États-Unis, la guerre froide...)... des sujets qui ne périment pas (ou presque pas).

Géographe multidirectionnel, Yves Lacoste sait toujours expliquer le pourquoi du comment tout en restant intéressant. La situation a néanmoins beaucoup évoluée depuis la fin de la guerre froide mais certaines explications ne doivent pas être oubliées (génocides, impérialisme, colonisation...).

C’est un livre d’un expert qui éclaircie notre vision du monde sans tomber dans une vision technocratique et théorique du sujet : un livre à lire ! Les cartes contenu dans ce livre le rendent plus ludique et facile à comprendre : idéal pour des passionnés d’actualités qui veulent approfondir leurs connaissances.

"La légende de la Terre" d'Y. Lacoste, bien qu'étant un ouvrage assez court, amène à une réflexion plutôt intéressante sur la façon dont les hommes peuvent imaginer et se représenter, souvent de manière "légendaire", le monde qu'ils habitent.

C'est en effet une question géographie déterminante de comprendre comment l'être humain s'est progressivement construit certaines représentations de son environnement. Depuis Hérodote jusqu'aux conquêtes coloniales du XIXe siècle, le discours de Lacoste est extrêmement riche et pertinent à ce sujet.

Malheureusement j'ai l'impression que ce livre se termine de façon hasardeuse en évoquant le nouveau rapport, depuis le XXe siècle, des hommes avec une planète désormais mondialisée. On ne retrouve plus les éléments de discours si intéressants portés par les hommes sur leur propre planète, qu'ils connaissent de mieux en mieux, mais on se concentre sur des éléments de démographique et d'économie assez "plats".

Cela ne retire en rien la qualité intrinsèque de cet ouvrage, que je ne peux que conseiller aux personnes intéressées assez largement à la géographie et aux travaux de Lacoste.

Cet ouvrage d'Yves Lacoste porte, à très juste titre, l'étiquette "d'incontournable" de la discipline géographique. Il y porte en effet à la fois des constatations épistémologiques sur la géographie du début des années 1970, tout en défendant une perspective engagée de cette pratique universitaire. C'est un projet aussi bien scientifique que civique qui est porté par Y. Lacoste alors : donner une nouvelle raison d'être à la géographie, notamment dans son cadre scolaire, en rappelant son importance pour comprendre politiquement et socialement les rapports entre les hommes et leurs espaces.

Aussi l'édition de 2012, augmentée de riches nouveaux textes de l'auteur, est d'un grand intérêt pour comprendre l'évolution du regard d'Y. Lacoste sur ses paroles et sa discipline. Cela permet de nuancer et d'approfondir son propos de façon très utile. C'est un petit peu une manière de réprimer la fougue et la hardiesse très perceptible de ces multiples exposés et thèses.

Parmi les principes défendus par Y. Lacoste, j'en retiendrai tout particulièrement un : celui de spatialité différentielle. Le territoire n'est "habité" qu de façon multiforme par la population, et les dynamiques ne peuvent y être observées qu'avec une approche multiscalaire.

En somme "La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre" est un grand ouvrage dont la solide réputation qu'il a acquis est toujours très justifiée. Il permet de se rendre bien compte que la géographie, qui n'est jamais neutre, est une science sociale incontournable pour comprendre le monde et son fonctionnement.