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Critiques de Édouard Philippe (66)
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Impressions et lignes claires

J’aime les livres politiques quand ils ne parlent pas que de politique. Et en la matière, le duo Philippe / Boyer excelle dans l’écriture à quatre mains, entamée par le polar avec Dans l’ombre, il y a dix ans. Nouvel opus publié il y a quelques jours, Impressions et lignes claires est un livre inclassable, à la fois essai et journal de bord, précis et distancié, sérieux et truffé de clins d’œil malicieux.



Ne comptez pas sur moi pour une chronique politique du livre : ce serait casse-gueule, inintéressant et très présomptueux. Et susceptible de décrocher une polémique sur le jugement de l’ex-premier ministre qui n’est pas mon propos ici. Mais juste à la volée, vous livrer quelques impressions notées au fil de ma lecture.



D’abord dire combien l’incroyable et indéfectible amitié entre Gilles Boyer et Édouard Philippe transpire dans toutes ces pages. Sur les traces de Montaigne et La Boétie (avec qui ils partagent des attaches bordelaises…), ils nous rejouent « parce que c’était lui, parce que c’était moi », avec une sincérité qui en devient touchante. Non contente de bien se marier, leurs écritures se confondent et à bien des endroits, il n’est pas simple de savoir qui parle, du « stratège austère et en recul » ou du « bretteur badin ».



Relever ensuite le plaisir de trouver parsemées au fil du livre, les références littéraires des auteurs. Y a pas à dire, les livres politiques écrits par « des hommes qui lisent » ont quand même une autre tenue que certains best-sellers, écrits par d’autres mais néanmoins signés. Un régal donc de voir cités Auster, Rhinehart ou Ellory au détour d’une page…



Et enfin souligner, combien ces réflexions sur trois années de pouvoir rejoignent, en dehors de tout clivage politique, celles de ses nombreux prédécesseurs en ayant témoigné sans chercher à faire le panégyrique d’eux-mêmes : choisir à ce niveau de responsabilité c’est plus que jamais renoncer ; des limites de la société de la transparence et de la participation collective ; de la nécessaire verticalité de la décision ; de la force d’appui que donnent à un moment ou à un autre, la constitution et l’armée à une nation.



Dernier clin d’œil : chassez le naturel, il revient aussitôt. Les coups de griffes mâtinés mais féroces de fin de livre sont délicieux. Surtout quand on imagine que le boxeur de la porte océane retient ses coups. Pour l’instant…
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Des hommes qui lisent

Edouard Philippe, qui m'était parfaitement inconnu avant de devenir notre 1er ministre, m'a depuis lors beaucoup intriguée. Je dois bien dire que j'ai de suite apprécié son élégance, sa discrétion et ce qui me semblait être une certaine bienveillance. Mais quelques-unes de ses prises de position me dérangeaient... Il est difficile d'avoir une idée précise de la personne, publique et privée.



Avec Des hommes qui lisent, Edouard Philippe se dévoile, sans pour autant se départir d'une certaine discrétion : par le biais des lectures qui l'ont forgé, on en apprend plus sur sa vie, sur sa vision de la politique, sur la ville du Havre dont on sent bien qu'il l'aime profondément, sur sa famille aussi.

Comme le dit très honnêtement l'auteur : "Ce livre est le roman d'une famille marquée par les livres, le récit d'une relation entre un père et son fils, un essai sur une politique municipale, mais avant tout, il est une plaidoirie pour la lecture".



Et c'est finalement ce qui ressort de ces différents chapitres : son amour pour la lecture, peu importe le support et les genres. Il fait ainsi références à de nombreux livres et auteurs, qu'il s'agisse de livres de politique, de sociologie, d'histoire (dont il est féru), de polars, de classiques, de poésie. Grâce à lui, ma PAL va sans doute encore augmenter...

J'ai beaucoup apprécié le chapitre consacré à la politique publique de la lecture qu'il a mené en tant que Maire du Havre. Sa vision est extrêmement intéressante et convaincante.



En fin de volume, il nous présente, en de courts billets, les livres et les auteurs qui ont compté pour lui (un peu comme sur Babelio), ainsi qu'une liste des livres ou auteurs qu'il lui reste à découvrir (ses goûts sont assez éclectiques).



Edouard Philippe écrit de manière honnête et simple et, peu importe finalement ce que l'on pense de l'homme public, c'est l'amoureux de la lecture qui parle ici.



"Et l'essentiel, à mon sens, est la lecture. La lecture comme moyen de se construire, de s'élever, de se former, de découvrir, d'échanger et de réussir".
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Dans l'ombre

Edouard Philippe et Gilles Boyer ont longtemps été les conseillers de l'ombre d'Alain Juppé. L'un a franchi le pas en devenant maire puis député du Havre. L'autre est resté un "apparatchik".

Délicat de dire auquel des deux le héros, très largement autobiographique, de leur polar écrit à quatre mains, emprunte le plus. D'autant plus délicat quand on connait personnellement les deux auteurs.

Edouard Philippe et Gilles Boyer ont voulu raconter leur travail auprès de leur "patron". Et pour rendre cette narration captivante, ils ont eu recours à une vieille recette éprouvée : le roman policier.

On est à la veille d'une élection présidentielle : le "Patron" a emporté de justesse les primaires face à "Trémeau", sorte de Martine Aubry de droite. Il semble bien parti pour défaire le candidat de gauche. Mais son bras doit apprend que les primaires auraient été truquées. Si une telle révélation était ébruitée, son Patron ne s'en relèverait pas.

Cette intrigue est le prétexte à une description acérée des entourages politiques : ces conseillers, ces communiquants qu'unit à leur Patron une relation complexe, faite d'une fascination admirative, d'une loyauté quasi-inébranlable et d'un cynisme désabusé.

Sans doute le héros, trop courageux dans l'adversité, trop séduisant face au sexe faible, affiche-t-il une autosatisfaction suspecte. Mais c'est la règle du genre.

On se tromperait en imaginant que ce polar est un roman à clés destiné à quelques rares initiés seuls capables d'en identifier les portraits chinois. A partir de leurs expériences, les deux auteurs ont écrit une oeuvre de fiction qui renseigne sur les moeurs politiques en s'abstrayant de la vie politique.

Du coup, "Dans l'ombre" se distingue de ces livres politiques déjà périmés sitôt publiés dont le seul intérêt réside dans les anecdotes déjà éventées qu'ils distillent. "Dans l'ombre" ne fait référence à aucune actualité, à aucune personnalité précise. Il pourrait se dérouler en 2007, en 2012 ... ou en 2017. Son intemporalité n'est pas la moindre de ses qualités.
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Impressions et lignes claires

Je lis très très rarement des ouvrages de femmes ou d’hommes dits politiques. En tout et pour tout, je crois que le nombre de ceux que j’ai lu tient sur les doigts d’une main: les mémoires de Pierre Mauroy, le regretté premier ministre et maire de ma ville de Lille, La paille et le Grain de François Mitterand, et, mais là c’est d’une toute autre dimension, Les Mémoires de guerre du Général de Gaulle.

Ça fait peu, et ce type de livre ne me tente pas vraiment; quand il m’arrive d’en feuilleter un dans une librairie, je me dis presque toujours que j’ai mieux à lire, la vie est trop courte.

Il se trouve qu’une personne de ma famille, qui de part les fonctions qu’elle a eu, est plus attirée par ce genre de lectures, m’a proposé de me prêter ce livre. Comme je suis poli, et puis, il faut l’avouer, les lecteurs assidus sont des gourmands qui ne savent pas résister à l’attrait d’une friandise qu’il ne connaissent pas, j’ai donc accepté.



Le livre est écrit à deux mains qui ne veulent se distinguer, l’ex-premier ministre Édouard Philippe, et son ami de longue date, Gilles Boyer, actuellement député européen, mais qui fut directeur du Cabinet d’Alain Juppé. C’est le troisième livre écrit ainsi par les deux hommes ( les deux autres si j’ai bien compris étaient des « polars » politiques), Philippe-Boyer étant en quelque sorte les Erckmann-Chatrian de la politique.



Un livre bien écrit, très clair et pédagogue quand il le faut.



Les chapitres successifs sont pour certains consacrés aux souvenirs marquants de l’itinéraire du premier ministre de 2017 à 2020, et les autres à des questions de fond.



Les épisodes marquants choisis par le tandem Philippe-Boyer: prise de fonction du premier ministre, abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, crise des gilets jaunes, crise de la Covid, démission du premier ministre, sont exposés avec beaucoup de clarté, pas mal d’ironie et de piques parfois cruelles (ainsi pour Nicolas Hulot ou pour Gérard Collomb), mais aussi un souci appuyé de couper court aux rumeurs qui empoisonnent la vie politique, notamment sur sa démission.



J’ai trouvé plus intéressants les chapitres qui traitent de façon fort pédagogique de sujets plus généraux, tels celui consacré aux avantages ( grands selon les auteurs) et aux ( petits) inconvénients de la Constitution de la 5ème République, un très instructif dédié à la politique de Défense de la France et comment elle devrait évoluer, ou encore à cet incontournable qu’est la dette publique de notre pays, et comment y faire face (les épineux problèmes de la réforme des retraites et de son enlisement, de la réforme de l’assurance chômage etc….), et enfin j’ai beaucoup apprécié celui intitulé Les mots, qui fait le tour de cette question majeure de notre époque, ce poison de l’immédiateté, de la rumeur et de la désinformation, dans lequel le rôle des les chaînes TV d’infos en continu, des réseaux sociaux est analysé finement et épinglé à juste titre .



Il y a enfin un dernier chapitre que j’ai trouvé savoureux et qui m’a fait souvent sourire, chapitre intitulé Impressions, soleil couchant et constitué de petits billets, relatant des anecdotes, des moments plus intimes (l’activité sportive du premier ministre, les matchs de foot des ministres à 22h!) rendant hommage à beaucoup de femmes et des hommes de tous bords et de toutes fonctions (ainsi le billet émouvant dédié au maire de Trebes), dressant aussi le portrait critique parfois amusant et bienveillant, parfois impitoyable de tel ou tel homme politique (ainsi celui féroce de Philippe de Villiers).



Chaque titre de chapitre est le plus souvent celui d’un roman célèbre, Moderato cantabile, Les faux monnayeurs, Les raisins de la colère, …

On le sent, le tandem Philippe-Boyer a de la culture, de l’humour aussi, et de la résistance, de la résilience comme on dit de nos jours, car, qu’il est difficile de gouverner un pays comme le nôtre et à notre époque !
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Des hommes qui lisent

Contre toute attente... Contre toute attente j'ai lu ce livre, contre toute attente je l'ai beaucoup aimé. Je ne connaissais pas Edouard Philippe avant sa nomination de Premier Ministre, et ce livre a d'ailleurs été écrit avant. C'est un hymne à la lecture, en même temps qu'un bref historique d'un parcours politique et familial assez original.

J'ai apprécié les remises en question de soi-même d'un homme politique pas du tout campé sur ses positions et toujours modeste, et surtout la sincérité du propos dès lors qu'il est question de livres, de lecture, de culture.

Plein de choses vraies, plein de jolies idées (bon, un peu de langue de bois peut-être aussi, mais on la pardonne à l'aune de cet amour que l'on sent sincère). Et un petit inventaire à la fin, incluant ce qu'il n'a pas lu (on notera la franchise !).

Au final une surprise des plus agréables, qui devrait plaire aux amoureux de lecture, qui ne manqueront pas de se retrouver dans cet homme dont on oublie, le temps de ces pages, la fonction.
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Des hommes qui lisent

Un livre au bandeau accrocheur, fraîchement déposé sur la table de l’entrée d’une librairie de province … et un titre plus que séduisant pour la lectrice assidue que je suis : « Des hommes qui lisent ». Il faut pour autant avouer que l’auteur, me fait hésiter à prendre l’ouvrage : Edouard Philippe. Notre premier ministre.



Et pourtant, je ne regrette pas un instant, de m’être laissée tenter par ce petit livre intime et tout juste paru, qui n’a qu’un seul objectif (tout au moins déclaré), celui de démontrer combien la lecture et les livres, sont essentiels à l’élévation de l’âme, à l’ouverture au monde et à ses enjeux complexes, à la découverte de problématiques qui nous dépassent dans notre vie trop petite, car trop courte pour avoir tout vécu. Un outil irremplaçable de maturité et de réflexion pour tout un chacun.



Edouard Philippe avoue avoir commencé cet ouvrage en 2011 avec un objectif sans doute didactique, mais aussi politique : rédiger un essai sur la politique publique de la lecture, politique qu’il s’est essayé avec succès, à mettre en œuvre dans la ville du Havre, dont il était maire. Le fait qu’il paraisse en cet été 2017, alors qu’il est premier ministre, est un clin d’œil auquel on ne saurait voir que l’effet du hasard, même si l’auteur, on ne peut en douter en fermant l’ouvrage, est un amoureux authentique, un lecteur assidu et un enfant émerveillé par ses lectures hétéroclites et variées.



L’ouvrage sert une conviction : « Que serait une vie sans lecture, sans cette sédimentation imparfaite et aléatoire d’expériences, de connaissances et de sensations qui s’additionnent et s’assemblent de façon unique pour s’y ajouter et pour l’embellir ? Lire c’est accéder à des expériences inconcevables – et bien souvent non souhaitables ! – et éprouver des sentiments extrêmes mais qui font partie de l’expérience totale de l’humanité. »



Sa bibliothèque, sans compter sa PAL (« Pile à Lire », terme bien connu des lecteurs compulsifs) n’a pas à faire rougir les plus érudits : sont évoqués tous les auteurs de style et d’époques variés qui ont jalonné son parcours d’homme, de fils (très bel hommage à sa famille et en particulier, à son père), de servant d’état et chose moins commune, d’ami fidèle. En effet, un chapitre entier est dédié aux livres offerts, cadeaux qui en disent plus long que les bouquets de fleurs ou autre boite de chocolat.

Edouard Philippe au-delà de servir son sujet en le démontrant parfaitement, donne envie de lire. Il n’hésite pas à convoquer, citer et raconter ses héros qui sont mythologiques (Dante, Xénophon, Virgile ou Homère), historiques (Blum, Churchill, de Gaulle ou Anatole France), académiques (Lucien Jerphanion, Fernand Braudel, Raymond Aron ou Marc Bloch), classiques (Chateaubriand, Victor Hugo, Maupassant ou Edmond Rostand – Oh cette éloge à Cyrano !!!), biographiques (Jean Lacouture ou John Keegan), politiques évidemment (Alain Juppé, Tony Blair ou Nelson Mandela) ou policiers (Robert Littell, John Le Carré ou R.J Ellory sont érigés en maitres du genre), mais aussi plus contemporains (Laurent Binet ou Paul Auster). Les références littéraires émaillent l’essai, et deux listes concluent l’ouvrage : les livres de son panthéon, et la liste des livres qu’il lui reste à lire, promesse de moments délicieux à venir.



Cet essai est un doux moment pour amoureux de la lecture, un témoignage convaincant du rôle des livres dans le cheminement d’un homme, un plaidoyer réussi sur le pouvoir de la lecture dans toutes les dimensions humaines (fils, père, homme et acteur de la vie sociale et politique). Les multiples anecdotes racontées avec humour, complètent enfin notre regard qui finalement, se façonne au fil des pages, sur l’homme d’état, et l’homme tout court.



Si l’on en croit sa conviction que « lire, c’est prendre de la distance, acquérir une vision, se constituer tout au long de la vie », nous lui souhaitons de rester fidèle à cette philosophie de vie. Et enfin, en amoureuse convaincue des mots et de notre patrimoine littéraire, espérons qu’il continuera de traduire en actes, cette saine intention.

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Des hommes qui lisent

Horizons, si c'est pour nous faire du Juppé relooké en barbu poivre et sel, sentant plus le dégazage en Manche que le crack en Aquitaine, non merci, on a déjà donné.

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Impressions et lignes claires

Le style de Tintin, la « ligne claire », mais dans le rôle de Milou c’est bien « l’impression » qu’il ressort de ce livre à la gloire d’Édouard Philippe, l’homme qui nomma son mouvement « Horizons », telle une ligne que l’on voit toujours et que l’on n’atteint jamais.
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Impressions et lignes claires

Ce n'est pas (ou si peu), un plaidoyer pro domo. Simplement une chronique émouvante, franche, sensible, un témoignage à quatre mains sur les 1145 jours de l'action d'Edouard Philippe en tant que Premier ministre, du 15 mai 2017 au 3 juillet 2020.



Car rien ne peut distinguer la plume de l'un ou de l'autre des auteurs qui signent ensemble, de la même façon qu'ils travaillent en symbiose depuis vingt ans. D'ailleurs, et c'est surprenant, ils s'expriment à la première personne du pluriel. Mais cette fois, il ne s'agit pas, comme précédemment d'un roman de politique fiction …



Mais c'est une magistrale leçon de droit constitutionnel, un hymne à la loyauté républicaine et aux institutions de la Vème République. Selon ces deux-là, bébés-Juppé, des archétypes d'honnêtes hommes : notre constitution est une merveille d'équilibre des pouvoirs. La Vème République est un régime parlementaire (et non un régime présidentiel) car le Président (PR) ne peut nommer Premier ministre (PM) qu'une personnalité qui obtiendra la confiance de l'Assemblée. Edouard Philippe, éminent juriste membre du Conseil d'Etat, nous le démontre de façon limpide.



Des réflexions sur le pouvoir et ses contraintes, la difficulté à concevoir, exprimer, communiquer une ligne politique. Tout remonte à Matignon, mais pour Edouard Philippe, ce n'est pas un enfer. Un lieu de travail intense, avec des collaborateurs totalement investis dans le service de l'Etat. Et il faut dire que les épreuves n'ont pas manqué à ces gouvernants : la crise sociale des gilets jaunes, l'incendie de Notre-Dame, l'émergence d'une pandémie inattendue … et surtout l'extraordinaire rejet des institutions représentatives par une horde de citoyens totalement perdus … tentés par les extrêmes et pétris d'exigences contradictoires.



« Petit à petit, il est exigé des élus qu'ils se consacrent totalement à leur mandat (est-ce un progrès de ne vivre que de ses mandats ?), de préférence bénévolement (car plus, ce serait trop), qu'ils sachent passer le main (et vite). En outre, il est préférable, pour limiter les conflit d'intérêt, qu'ils n'aient rien fait avant, qu'ils ne fassent rien pendant et qu'ils ne fassent rien après, sans jamais cesser de déplorer toutefois leur déconnexion croissante avec la vraie vie … »



L'ouvrage pointe ainsi les profondes contradictions de notre peuple, la difficulté à diriger un pays aussi sourcilleux sur la possibilité de s'exprimer sans toutefois proposer aucune solution de rechange … Sans acrimonie, sans regard pessimiste, mais avec lucidité, une réflexion sur la philosophie du pouvoir dans le contexte politique de la France d'aujourd'hui …



« Réussir des concours n'est évidemment pas un brevet de compétence pour la vie, mais il n'est pas certain que les rater soit une vertu cardinale » . Une citation pour réhabiliter notre haute fonction publique, et le dévouement sans limite de nos élites politiques au service public et à la grandeur de la France. Un livre plein de foi et d'espérance …



L'explication du titre : « A Matignon, on peint impressionniste ; à l'Elysée, on a besoin de lignes claires. » Ainsi comprend-on mieux les rôles respectifs, à travers les aléas climatiques, les révoltes sociales et les crises internationales, du Président et de son Premier ministre. Une leçon de transparence.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Des hommes qui lisent

L’auteur est un amoureux de la lecture tant pour le plaisir qu’elle lui procure mais aussi par son enrichissement, par l’influence qu’elle a eu sur son parcours, par le pouvoir qu’elle a de relier les hommes.

Le style est fluide, l’approche simple et démonstrative mais absolument pas prosélyte.

Il développe, entre autres sujets, la politique de la lecture qu’il a mis en place au Havre alors qu’il était maire. L’approche est simple : donner le goût de la lecture en ne faisant pas lire à tous prix.

« Mais, c’est justement parce que l’action publique instrumentalise souvent le fait culturel qu’il faut poser ce principe simple : la culture ne sert d’abord à rien sinon à elle-même. Si la culture est d’abord une rencontre entre un individu et une œuvre, alors la politique culturelle devrait avoir comme objet premier de permettre une rencontre réussie entre ces deux-là. Et c’est tout. Le reste, pourrait-on être tenté de dire, finira bien par venir de surcroît. »

« Accéder à la lecture, c’est se doter d’une arme formidable : le droit d’imaginer, le droit de penser par soi-même et le droit de savoir. »

L’auteur accentue également son propos sur le pouvoir de l’échange lié à la lecture. Il ne prête pas ses livres mais les offre volontiers, considérant qu’une lecture partagée participe à la construction et l’entretien d’une amitié, d’un lien familial.

« Et quel plaisir d’offrir à un ami un livre que vous avez aimé, qu’il ne connaît pas, mais dont vous savez qu’il lui plaira et qu’il suscitera un lien supplémentaire entre lui et vous ! Offrir un livre, cela signifie que l’on a (…) pris le temps de penser à quelqu’un : quels sont ses goûts ? Cela lui correspond-il ? Va-t-il l’apprécier ? Ou qu’on aime suffisamment pour avoir envie de partager avec lui ou avec elle, l’ouvrage qui vous a vous-même transporté, bouleversé ou simplement intéressé. (…) Offrir un livre, c’est transmettre une partie de soi. »

Bien sûr, il est aussi question de politique mais toujours au travers de la lecture.

Ce récit, débuté en 2011, a été marqué de son point final en janvier 2017 avec projet de parution au cours de l’été suivant. Une post face plus récente fait part de son émotion à dédier ce récit à son père, décédé, qui l’a initié à la lecture.

J’ai été émerveillée par cette lecture. Ce livre trouvera tout naturellement sa place dans ma bibliothèque à côté de Comme un roman de Daniel Pennac.

Un récit incontournable pour tout lecteur.



(Editions JC Lattès / Netgalley)

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Des hommes qui lisent

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre. Je suis amatrice de ces fameuses listes de livres qu'il faut avoir lu. N'ayant pas aimé la lecture enfant, je me retrouve avec un manque de lecture classique que je n'ai commencé à lire que bien plus tard. J'apprécie donc les conseils de personnes bibliophage et ce livre m'a permis d'assouvir cette passion. L'écriture y est très fluide et plaisante, les livres sont mêlés aux souvenirs et anecdotes de l'auteur.
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Des hommes qui lisent

Edouard Philippe, l’actuel premier ministre, aime les livres. On le sait et il le fait savoir dans ce documentaire qui relate les étapes d’un homme fou de lecture (espèce en voie de disparation ???) devenu homme politique, écrivain à ses heures. Sans gloser sur l’aspect politique et ses dérives parfois démagogiques, égocentriques (regardez ma sensibilité, admirez mes goûts…), si on arrive à s’affranchir de l’identité du bonhomme, l’intérêt de l’ouvrage réside dans la manière dont le livre et la lecture peuvent accompagner et nourrir une vie. La démonstration fonctionne parfaitement et peut trouver son écho chez nombre de passionnés de lecture. La liste de lectures qui figure en fin de volume est aussi éclairante qu’inspirante.
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Dans l'ombre

On sort cassé de ce livre dont on sent, ô combien, il est inspiré par l'expérience des deux auteurs, l'un plus politicien que l'autre qui demeure apparatchik. La trame de l'intrigue s'essouffle assez vite, et la révélation finale n'est pas à la hauteur. Néanmoins, par la description des moeurs des hommes politiques, on est entre le roman et le "documentaire" écrit. Fallait-il que les auteurs soient bien informés des coutumes des partis politiques pour qu'ils prédisent, et expliquent avec détails, ce que pourrait être un vote truqué de primaires à l'élection présidentielle? C'est surtout là où réside le génie du livre.
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L'heure de vérité

Un jeune et fringant homme politique disparait en mer à la veille d’une élection qui pourrait le projeter dans les plus hautes sphères nationales. Disparation accidentelle, machination, commande mafieuse ou simple drame conjugal ? Sur cette trame pas bien originale, les deux auteurs (à l’époque jeunes loups de la droite républicaine), tissent un polar à clés cousu de fil blanc. Si les premiers chapitres sont assez prenants, la suite ronronne rapidement et se délite mollement.
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Des lieux qui disent

Déception, j'attendais sans doute toute autre chose de cet essai nous amenant dans les endroits choisis par l'auteur.

Hélas, rien de neuf sous le soleil … Beaucoup trop de lieux communs.

Le style reste plutôt académique et un tantinet ennuyeux.

Manque de souffle et d'envergure ...

Inquiétant …
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Impressions et lignes claires

C’est la première fois que je lis un livre écrit par un homme politique. Non pas que la politique ne m’intéresse pas, bien au contraire, mais c’est un sujet que j’aborde plutôt d’habitude via l’actualité et les médias. Et comme je considère la lecture comme un loisir, les romans ont généralement ma préférence…

Ici, je dois avouer que je me suis globalement régalée ! Probablement parce que les auteurs alternent références historiques et culturelles, faits d’actualité vécus de près, sujets sérieux et profonds, analyses personnelles et anecdotes, en dosant adroitement dignité et autodérision…

Si je dois bien avouer avoir été un peu perdue dans le chapitre dédié à la Constitution (Moderato cantabile), j’ai beaucoup appris sur la charge de la fonction (qui est décrite avec je pense beaucoup d’honnêteté), j’ai revisité quelques sujets de manière plus approfondie (Notre Dame des Landes, les gilets jaunes, la politique de défense), je me suis amusée (si l’on m’avait dit que j’aurais même le droit à un long fou rire à la lecture des lapsus), je suis restée un peu sur ma faim dans le chapitre « les faux-monnayeurs » dédié à la dette financière et la dette climatique. Bref, c’est riche, dense, instructif, mais aussi amusant, vif et malicieux.

S’il y avait une critique à faire néanmoins, ce serait cet etonnant choix d’employer le « nous » pour parler le plus souvent d’Edouard Philippe tout seul, qui peut parfois complexifier la compréhension..

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Des hommes qui lisent

L’auteur se dévoile par petites touches, en évoquant sa passion pour la lecture et aussi le rapport à la lecture de son père et de son grand-père. La lecture, une histoire de famille. Ce témoignage est également une manière de faire le deuil de son père, auquel le livre est dédié. C’est simple, sans posture, sans affectation, cette simplicité rend le propos touchant.

Et puis il y a un chapitre où le maire du Havre parle de sa politique pour encourager la lecture dans sa ville. C’est vraiment étonnant. Je n’ai aucune idée si son action a été couronnée de succès, si le nombre de lecteurs y a fortement augmenté. Dans le cas affirmatif, chapeau bas !

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Un extrait où il évoque son grand-père :

« En 1944, Charles fut déclaré guéri [de la tuberculose]. Il rentra au Havre, à pied, en traversant une France qu’il ne connaissait pas, meurtrie par l’Occupation et les combats de la Libération.

Lorsqu’il arriva, fin septembre, il n’y avait plus rien. La ville avait été rasée en trente-six heures par deux vagues de bombardement au cours desquelles il tomba plus de bombes sur Le Havre qu’il n’en tomba sur Londres pendant tout le Blitz. Rentrer chez soi et constater qu’il n’y a plus rien. Charles conservera toute sa vie une dent contre les Anglais qu’il soupçonnait d’avoir délibérément détruit le port qui avait, au cours des siècles précédents, tant fait concurrence à Liverpool sur le marché du coton … Le port détruit, cela voulait dire aussi un avenir incertain pour un fils de dockers ayant arrêté ses études à quatorze ans et dont la santé fragile limitait les perspectives professionnelles. » p32

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Extraits :

« Il faut poser ce principe simple : la culture ne sert d’abord à rien sinon à elle-même ». p 86

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« On pourrait aisément prétendre que cette bibliothèque Niemeyer est une des plus belles de France ». P 90

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Jetez un coup d’œil à la Bibliothèque du Havre de l’architecte O Niemeyer, 1982, rénovée en 2015. Sur le site des avis des touristes, elle est à la première place pour les attractions de cette ville ! Ce n’est pas le port à la première place, c’est la bibliothèque.

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Impressions et lignes claires

J'attendais quelque chose de plus nerveux, de plus serré. Parfois ça ronronne. le registre policé et l'emploi du « nous » donnent une distanciation ; surtout pas trop de proximité.

Au début une sincérité étonnante : il avoue sa peur lors de sa nomination – sera-t-il à la hauteur ?

Un passage où j'ai déchanté : lorsque les auteurs semblent compatir avec François de Rugis, poussé à la démission en raison des dîners gastronomiques financés par des fonds publics (l'affaire du homard).

D'ailleurs j'ai identifié une seule prise de position critique : les auteurs fustigent les chaînes d'info en continu qui attisent de vaines polémiques. (Mais visiblement la position critique n'était pas l'objectif de P & B)

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Ceux qui se sont moqué de l'ex Premier ministre ont dit : « il gère son risque pénal ». En mars 2020, un collectif de 600 médecins et soignants a porté plainte contre le Premier ministre et contre Agnès Buzyn [ex ministre de la santé] pour «mensonge d'État». Cela n'est pas évoqué dans le livre. Les auteurs consacrent un chapitre à la crise sanitaire mais ils passent sous silence cet épisode.

***

J'ai découvert l'ex Premier ministre sous un autre jour grâce à un autre titre, Des hommes qui lisent, où il se dévoile à travers ses lectures et à travers l'évocation de la lignée paternelle. Sorti en 2017, il semble à des années-lumière du présent compte rendu du passage à Matignon, paru quatre années plus tard.

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Les chapitres :

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L'arrivée à Matignon

La carrière politique pendant les vingt dernières années

Les grands changements du paysage politique de ces vingt dernières années

La constitution du gouvernement (2017, à mes yeux la partie la plus intéressante)

L'arbitrage Notre-Dame des Landes : pas d'aéroport

Eloge de la Constitution, un modèle d'équilibre

Le rôle de la défense / de l'armée

La crise des gilets jaunes (hélas, traité de manière superficielle)

Prendre la parole en tant qu'homme d'état

Les deux défis majeurs : la dette financière et l'action contre le changement climatique

La crise sanitaire (2020)

Le départ de Matignon

Glossaire : quelques noms, quelques portraits

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Extraits

[En 2000] « Les tours jumelles se dressaient vers le ciel de New York [ ] L'Allemagne avait, depuis dix ans retrouvé son histoire et sa géographie. L'Union européenne s'élargissait tranquillement et se préparait à la révolution de l'euro, sans qu'aucun contretemps significatif soit apparu. La Chine, après avoir récupéré le Hong Kong, s'était éveillée, mais restait loin derrière les Etats-Unis [ ]. Clinton achevait ses huit ans à la Maison Blanche dans une atmosphère de prospérité et de scandale. L'alerte écologique n'avait pas encore complètement sonné [ ] ». P149

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« Un jour, pendant la campagne de la primaire de droite et du centre en 2016, nous signalions à un patron de chaîne info qu'à nos yeux il n'y avait pas assez de partisans d'Alain Juppé invités sur les plateaux. Et nous nous sommes entendu répondre : ‘Oh, mais les juppéistes, ils parlent doucement, ils sont toujours nuancés, ça ne donne pas de bons débats'…. En fait, les meilleurs débats, ce sont des oppositions virulentes [ ] » p167

.

[lors de la crise des gilets jaunes] « le président de la République annonce une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat des classes moyennes. [ ] 10 milliards d'euro sont posés sur la table. C'est énorme. A l'époque en tout cas, c'est énorme ». P 248

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Des hommes qui lisent

Mettant de côté les considérations politiques, je peux dire qu'Edouard Philippe a vraiment une belle plume. On suit avec plaisir cette construction de la réflexion sur les livres à laquelle nous pouvons indirectement participer : en effet, au fur et à mesure du récit de son parcours de lecteur, nous sommes indirectement, nous lecteurs, invités à réfléchir sur notre propre parcours : les réussites, les ratés, quels livres nous ont construit ? Dans quelle circonstance ? Avons-nous le regret de n'avoir jamais lu certains livres ? Estimons-nous avoir eu la chance d'avoir comme livre imposé, un livre qu'on n'aurait jamais lu dans d'autres circonstances ?...



Le style fluide de la réflexion rajoute au plaisir de la lecture. De plus, M. Philippe, à la fin de son livre nous livre ses impressions sur une liste de ses lectures, impressions qui nous donnent envie de lire certains de ces livres. Mais il a aussi le courage de reconnaître, dans une seconde liste, certaines lacunes en matière de lecture (ex : il n'a jamais lu Madame Bovary, Le Guépard de Tomasi de Lampedusa ou encore les œuvres de Marcel Proust).



Malgré tous les traits positifs que nous pouvons trouver à ce livre, je dénoterai tout de même deux écueils qu'il n'a pas su éviter :



Le premier écueil est que j'estime certaines de ses considérations sur la lecture comme de l'enfoncement de portes ouvertes, c'est-à-dire que, pour certaines de ces considérations, on n'a pas attendu la lecture de ce livre pour les savoir. Le second écueil est celui qui est propre à tout homme politique qui écrit : l'autocongratulation sur ses mesures en tant que maire du Havre concernant la lecture, car, même si elles sont positives, l'autocongratulation n'est pas nécessaire dans un ouvrage comme celui-ci.



Malgré cela, je trouve que ce livre, très bien écrit, est à mettre entre toutes les mains, en particulier entre celles de ceux qui pensent que "la lecture ne sert à rien". Ce parcours littéraire parmi d'autres est extrêmement instructif et prouve que la lecture peut mener à tout et est surtout destinée à tout le monde et n'est pas réservée à une élite, contrairement à ce que, certains à notre époque, semblent le penser.
Lien : http://leslecturesduprofesse..
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Des hommes qui lisent

"Plus encore que sous les ors des palais, la République vit dans ses bibliothèques."

J’ai lu ce livre d’une traite. J’aime les gens qui nous parlent de l’amour qu’ils ont pour les livres, qui nous parlent des livres qui les ont marqués et c’est le cas ici. Edouard Philippe évoque les souvenirs de son père, de son grand-père, des rapports qu’ils entretenaient avec les livres et la façon dont lui-même est entré en littérature.

Il explique comment les lectures, les auteurs, les romans, les livres historiques ou biographiques ont fait de lui l’homme qu’il est. Comment il est devenu, bercé par ses lectures, cet homme, ce père, cet homme politique. De par mon activité professionnelle, j’ai forcément été très attentive quand il nous parle de la politique de lecture qu’il a mené dans sa ville du Havre, quand il donne tant d’importance à la lecture, aux livres. Même s’il évoque la vie politique, le sujet de ce livre est bel est bien LE LIVRE, une véritable déclaration d’amour à la lecture !

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