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Critiques de Éliane Viennot (45)
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En finir avec l'homme

Évidemment, dès qu'il est question d'étymologie, de langage et de lexique, je suis tout ouïe ! D'autant plus quand le sujet est hautement féministe. L'autrice déconstruit le caractère trompeusement inclusif du mot « homme » qui voudrait désigner autant les humaines que les humains. Ce terme qui prouve la domination du masculin dans la langue sert bien sûr les intérêts de ceux qui firent cette dernière. « L'Université de Paris s'est d'emblée organisée pour que seuls les hommes chrétiens en tirent avantage : l'accès aux diplômes fut fermé aux femmes et aux juifs, et de là également l'accès aux métiers supérieurs qui se virent ainsi verrouillés. » (p. 27 & 28)



Revenons à l'origine du mot. Le latin avait les termes « homo » pour désigner tout individu appartenant au genre humain, « mulier » pour l'individu féminin et « vir » pour l'individu masculin. La disparition des deux derniers mots a laissé le champ libre à « homo » devenu « homme », à la fois individu masculin, mais aussi et surtout – pour le grand malheur de la représentativité de tous les groupes humains – l'être humain en général. « Attachement que tant que Français·es ont l'air de partager, de même qu'elles et ils continuent de ne pas s'offusquer de l'usage du mot homme lorsqu'il question de l'espèce humaine. » (p. 14) Donc, pour résumer très grossièrement, l'homme couvre la femme (et ne l'inclut pas, la différence est notable) et, ce faisant, nie sa particularité. Pour qu'une chose existe et soit reconnue, il faut qu'elle puisse être nommée. Or, de l'Antiquité à nos jours, les institutions patriarcales, au premier rang desquelles l'Académie française, n'ont eu de cesse de supplanter le féminin, voire de le gommer, pour imposer le masculin en valeur unique et absolue, en mètre étalon bien réducteur.



Il faut souligner une bien peu reluisante exception française : là où d'autres langues parlent de droits humains, le français s'arque boute sur les droits de l'homme ! Heureusement, la francophonie progresse : il faut espérer que la France cessera de rétrograder dans la semoule et prendra exemple sur les Belges, les Québécois ou encore les Maliens !



L'autrice explore les textes juridiques, religieux et encyclopédiques, et son constat est sans appel : au fil des siècles, le langage et les écrits ont placé la femme au second plan, sur un rang inférieur, voire l'ont invisibilisée. Est-ce une surprise ? Non, certainement pas, mais dire les évidences et pointer les preuves dans des textes accessibles à tous, c'est le premier acte de dénonciation d'une inégalité et le premier pas vers un rétablissement de l'inclusion et de la diversité. Il faut continuer à croire que le changement est possible, même si les hommes sont debout sur les freins. Parce que nous, féministes, nous ne lâcherons plus rien. « Aucun train de mesures n'est mis en place pour contrecarrer les traditions et réaliser au plus vite l'égalité désormais admise en principe. Au contraire, chaque avancée doit être arrachée sur les bancs du Parlement, après avoir été longuement contestée dans la presse, souvent aux mains des mêmes élites masculines réfractaires au moindre recul de leur pouvoir. Mais c'est aussi que, plus largement, les hommes bousculés par l'intrusion des femmes dans 'leurs' domaines ont développé une multitude de stratégies à la fois très concrètes et très symboliques pour maintenir l'entre-soi masculin. Stratégies au sein desquelles la question du langage occupe une place de choix. » (p. 82 & 83)



Vous vous en doutez, ce texte rejoint mon étagère de lectures féministes. Mais avant cela, il va tourner dans mon cercle d'ami·es !
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Etat des lieux

Merci aux éditions iXe et à Babelio pour cet envoi.

Cet Etat des lieux autobiographique est original dans tous les sens du terme : du point de vue du format, un 18x14 proche du carré à la couverture sobre qui ne laisse pas présager du foisonnement intérieur, du point de vue typographique, ronde et assez serrée à côté de grandes marges pour copier l'agencement alphabétique d'une dictionnaire, les lettrines de chaque chapitre (dans l'ordre alphabétique) mises en valeur... Là où l'on s'attend devant tout ce cérémoniel à suivre "logiquement" l'ordre chronologique de l'autobiographie, de l'enfance à l'âge adulte, on est un peu dérouté par ce pêle-mêle d'anecdotes toujours rattaché à un lieu plus ou moins réel, du vécu d'Eliane VIENNOT.

C'est assez difficile à suivre parfois mais toujours dans un esprit de confidence informelle, quasi familiale. Un petit recueil autobiographique qui mérite d'être picoré deci-delà. On a l'impression d'une femme qui a vécu mille vies, visiter mille contrées à mille époques différentes.

Si je ne devais garder qu'une image de ce récit c'est l'impression d'avoir ouvert une valise remplie de photos mélangées d'une vie, dans lesquelles l'auteure pioche en nous racontant des anecdotes, sautant parfois sur un détail pour créer un pont vers un autre souvenir.

Un jeu de pistes où l'on découvre au fur et à mesure les différents acteurs d'une existence bien remplie.
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Femmes et littérature - Une histoire culturel..

Je suis toujours admirative du travail formidable de Martine Reid et de l'équipe qu'elle a coordonnée pour l'écriture ce deuxième volume des "Femmes en littérature - Une histoire culturelle".

Cet essai concerne la période allant du XIXe siècle à aujourd'hui puisqu'il a été publié en 2020. J'ai tout ce qu'il me faut avec ce tome 2 car je suis une adepte de la littérature française des deux siècles passés.

On apprend que généralement, avant le XXème siècle, les écrivaines ont reçu une instruction parce qu’elles sont aisées voire nobles mais les choses vont changer avec le temps.

Il est vrai qu'au XIXème siècle, Georges Sand a dû se faire une place dans la littérature française en s'habillant en hommes et en prenant un nom d'homme. Alors forcément, le XXème siècle apparaît comme celui de la révolution des genres. On y retrouve mon autrice préférée Marguerite Duras mais aussi Simone de Beauvoir, Annie Ernaux et bien d'autres. Pourtant, si elles ont pu écrire à peu près ce qu'elles voulaient, ça n'a pas toujours été simple puisqu'on leur a parfois reproché d'outrepasser les limites d'une bienséance définies par le patriarcat. Encore aujourd'hui il peut y avoir une forme de censure par un certain mépris ou des reproches médiatisés. Il faut dire que la place des femmes dans le champ artistique est un révélateur de l'état d'une société.

Je suis donc enchantée de cet ouvrage, source d'informations précieuses que l'on peut aller piocher grâce à un index des noms, une bibliographie et un sommaire détaillé en fin de volume. Je me suis prise au jeu en laissant ce livre en permanence sur mon bureau afin de pouvoir le consulter au fil de mes lectures.





Challenge Plumes féminines 2021

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Non, le masculin ne l'emporte pas sur le fémi..

Assez intéressant sur les modifications qu'a subie la langue française pour devenir une langue profondément sexiste, et ces modifications ont été provoquées volontairement par des hommes estimant qu'ils valaient plus que les femmes et qu'elle ne devaient pas se projeter ni accéder à des fonctions ou des postes élevés.

A la fin on retrouve quelques suggestions, et j'aurai aimé que cette section soit plus développée, mais pour ceux qui se sentiront frustrés par ce chapitre il peut être complété par http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pratique-_vf-_2015_11_05-3.pdf
Lien : http://www.haut-conseil-egal..
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Non, le masculin ne l'emporte pas sur le fémi..

Nous sommes les héritières et les héritiers d’un long effort pour masculiniser notre langue



Une remarque pour commencer. Je ne sais si c’est la fréquentation des autrices de la Renaissance, mais il est assez rare de trouver une si belle langue dans un essai, même sur les évolutions du langage. L’élégance des phrases se double d’un sens de l’humour, qui ne manquera de ravir les lectrices et les lecteurs. « Du coup, on a nommé e féminin le e non accentué, et e masculin le e correspondant au son é – qu’on se met parallèlement à doter d’un accent (tant il est vrai, sans doute, que l’homme se caractérise par un petit quelque chose en plus, qui monte quand il est dur »



Eliane Viennot souligne dans son avant-propos que la langue, dans ses aspects sexistes, relève « des interventions effectuées sur elle depuis le XVIIe siècle par des intellectuels et des institutions qui s’opposaient à l’égalité des sexes », que des hommes et des femmes ont pensé et lutté contre ses infléchissements sexistes, que les savoirs institués à l’école et à l’université restent silencieux sur ces sujets, que des solutions linguistiques existent pour que le masculin ne l’emporte plus sur le féminin.



Ses analyses sont illustrées par des exemples, des mots, des accords utilisés ou non au fils des évolutions imposées.



L’auteure parle de la « vitupération des femmes », entre autres, par la clergie, de ces célibataires endurcis, généralement d’Église, monopolisant les métiers du savoir, de leur combat contre l’égalité des sexes ; elle évoque Christine de Pizan, les questions débattues, les textes misogynes et leurs dénonciations.



Elle souligne le tournant que représente l’imprimerie et l’émergence de réflexions sur les langues, la survivance des anciens usages…



Au passage, l’auteure qualifie de très byzantine, la règle des accords du participe passé avec l’auxiliaire avoir, règle étrange entraînant de multiples fautes d’orthographe pour les commun-e-s des mortel-le-s. Quoiqu’il en soit, les règles ont une histoire, une histoire aussi sociale.



C’est vers le milieu du XVIe qu’émergent les premières ratiocinations linguistiques, les « rimes féminines » et les « rimes masculines », les « équivalences imaginaires » dans un comptage syllabique assez peu rationnel, sans oublier l’alternance des deux types de rimes, traduisant « l’idéal hétérosexuel des rapports humains ».



Eliane Viennot parle des origines de la « Querelle des femmes », des évolutions du rapports des forces entre les sexes, de la « déclinaison dans le domaine de la langue, des progrès de ce que les masculinistes appellent ‘l’ordre naturel’ ». Tiens, déjà cet « ordre naturel », comme celui qui concernerait le mariage et la filiation, brandi par les participant-e-s de la mal nommée « manif pour tous ». Masculinistes, inégalitaires, (hétéro)sexistes, toujours les mêmes inventions pour préserver un ordre bien social. Je m’égare.



La formation des États modernes s’accompagne d’un développement massif des « fonctions publiques », « or un groupe particulier s’y est taillé un monopole : les chrétiens de sexe mâle ». L’auteure insiste sur la place de l’invention de la loi salique contre l’histoire et la « présence et continue de femmes au pouvoir », les réponses des femmes et leur défaite.



Question de pouvoir, question de savoir, question de langue.



Et cependant, des femmes de lettres, des « succès considérables avec leurs écrits », des autrices brillent avec leurs romans. Elles sont aussi dramaturges, conteuses, historiennes, moralistes, poétesses… et leur succès public « pose à l’évidence la question de l’égalité des sexes ».



Eliane Viennot poursuit avec les noms de métiers et des fonctions prestigieuses, un sujet qui fâche. Le genre des noms désignant des fonctions dépendait du sexe des personnes qui les exerçaient. L’attaque des masculinistes commence par les terminaisons féminines, la logique de la langue qui marquait « non le féminin, mais la différence des sexes », les sonorités, etc. Et que dire du terme « autrice » et des autres « victimes désignées » dont citoyen (les termes citoyen et citoyenne seront couramment utilisés durant les Révolutions 1789, 1848…). Pour Diderot citoyen est un « substantif masculin ». Sylvain Maréchal écrit un projet de loi portant défense à lire aux femmes (1801) et considère que auteur est un titre « propre de l’homme seul », anarchiste peut-être mais, comme plus tard Proudhon, violemment antiféministe.



Des modifications, des contestations et la multiplication des « fautes de français ».



Autre niveau, la question des accords, la matérialisation du « genre le plus noble ». Eliane Viennot détaille les accords victimes de la masculinisation, les accords de proximité (Comme illustration, je choisis des exemples parmi ceux préconisés par les Editions iXe : « les hommes et les femmes sont belles », « Joyeuses, des clameurs et des cris montaient de la foule » ou comme Racine dans Iphigénie : « Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête »), les accords des participes présents. Le masculin doit l’emporter puisque « le masculin est plus noble que le féminin »…



L’auteure poursuit avec la question des pronoms, les il(s) se substituant aux elle(s) et il(s), des pronoms attributs, « Il est difficile de dire quand les poils ont commencé à pousser au menton des femmes », des noms d’inanimés, des « frappes collatérales », des messages subliminaux qui suggèrent la prééminence absolu du masculin, les messages misogynes (voir, par exemple, le « Abonnez vos amants et vos maîtresses » trouvé dans la RDL. Car enfin nommer « maîtresses » les dominées est au moins inconséquent ! Pourquoi ne pas dire « amantes » ?).



« Les grammairiens ne cessent de réemployer les phrases les plus aptes à traduire l’idéal social et politique qu’ils défendent ». L’auteure montre comment « la violence symbolique imposée aux femmes au cours des siècles précédents est donc réutilisée contre de nouvelles générations de femmes – et leurs possibles alliés ». La nomination des sexes, la nomination des femmes « le beau sexe », « le sexe faible », l’assignation du sexe aux femmes, « le sexe, pour désigner l’ensemble des femmes », sans oublier la réduction des femmes à la femme, l’abandon du nom et parfois du prénom pour les femmes mariées… Le code civil et le code pénal, écrits par des hommes sont saturés de ces formules qui disent et construisent l’inégalité.



Violence imposée à la langue, énergie déployée pour contraindre la grammaire et les utilisateurs et utilisatrices, ampleur des résistances, importance de l’entreprise de masculinisation de la langue, « Il nous revient donc aujourd’hui de démanteler cette entreprise – à l’égale des autres ». Sur le terrain de la langue, je rappelle les injonctions de l’école de la République, l’interdiction des langues régionales et des « patois », les politiques anti-immigré-e-s et la volonté de faire de la langue un « critère d’intégration »…



Eliane Viennot propose de renouer avec les logiques de la langue française, d’annuler les remaniements opérés au nom du « masculin l’emporte », de nommer les activités des femmes de noms féminins, d’adopter l’accord de proximité lorsqu’il n’y a pas d’ambiguïté, de renouer avec l’accord des participes et de leur sujet, d’innover « tranquillement » par exemple sur les pronoms communs « (elles/ils/iels ? Elles/eux/iels ? Celles/ceux/ciels?) » ou le toustes belge, de poursuivre sur les adjonction des e (français.es, français-es, françaisEs)… bref de faire reculer la masculinisation de la langue.



Dans le domaine des rapports sociaux, donc aussi dans les règles linguistiques, les restructurations, les impositions, le sont toujours par un groupe social qui défend des intérêts. Elles donnent toujours lieu à des résistances, des luttes, qu’il convient de faire connaître. Il n’y a aucune « neutralité », ni linguistique, ni sociale, à ce que le masculin l’emporte sur le féminin. Eliane Viennot en fait une belle démonstration et propose des pistes d’innovation, poursuivant le travail des féministes qui « ont commencé de pléonastiquer » malgré les injonctions des Académies.



Pour construire un nouveau bloc social hégémonique inclusif, porteur d’alternatives émancipatrices, il convient aussi de revenir ou d’inventer des règles qui n’invisibilisent pas ou n’infériorisent pas la moitié des êtres humain-e-s. Il faut le faire en permanence, avec la règle de proximité préconisée par les éditions iXe, par la féminisation des termes, la visibilité du E, etc…



Cela, par ailleurs, obligerait à penser les rapports sociaux de sexe, pas seulement dans un éventuel paragraphe qui parle des femmes…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Femmes et littérature - Une histoire culturel..

Quel sujet et quel travail formidable de la part de l'équipe coordonnée par Martine Reid pour l'écriture d'un essai en deux volumes intitulé "Femmes en littérature - Une histoire culturelle".

Ce Tome 1 concerne la période allant du Moyen-Âge au XVIIIe siècle et il s'est passé beaucoup de choses durant cette période, en France et dans les pays francophones. Je ne vais pas m'en plaindre et mon cœur de féministe est touché par toutes ces femmes qui ont pris la parole en écrivant.

Il faut dire que durant des siècles les hommes n'ont pas laissé de place aux femmes en littérature, sans doute de peur qu'elles prennent le pouvoir car une femme qui écrit devient sujet et non plus objet. C'est d'ailleurs pour cette raison que je préfère le terme d'autrice couramment utilisé au Moyen-Âge à celui d'auteure.

À cette époque, Christine de Pizan, féministe avant l'heure, est la première à écrire des traités politiques et des textes philosophiques ou autobiographiques pour défendre la place des femmes en littérature. Mais dans une société misogyne, elle finira au couvent comme bien d'autres.

On apprend aussi que c'est au XVIIe siècle que pour la première fois les femmes se mettent à écrire en prose et inventent le roman moderne. Elles écrivent aussi des contes de fées et brillent dans le genre épistolaire mais ce sont les salons qu'elles tiennent qui achèvent de leur donner une place, un début de reconnaissance.

Trop long à résumer, cet essai de plus de mille pages représente une somme passionnante d'informations qui montent que l'écriture féminine est politique.

L'index des noms et le sommaire détaillé en fin de volume permet de se repérer assez facilement. Je me suis prise au jeu en laissant ce livre en permanence sur mon bureau afin de pouvoir le consulter au fil de mes lectures même si je suis plus intéressée par l'histoire récente des femmes dans le champ artistique qu'est la littérature francophone.





Challenge Plumes féminines 2021

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Le langage inclusif. Pourquoi? Comment?

J'ai bien apprécié ce livre d'Éliane Viennot, que j'ai d'ailleurs un peu préféré au dernier, "Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! petite histoire des résistances de la langue française" auquel je reprochais de ne pas avoir assez développé la partie concernant les suggestions de ce que l'on pouvait mettre en place.



Ici, une partie sur quatre y est dédiée et elle est bien développée, pratique, dans l'ensemble les conseils sont facile à mettre en oeuvre.

Je ne respecte pas toutes les consignes ayant tendance à abuser du point médian dans les noms de métiers plus éloignés elle conseille de ne pas l'utiliser par exemple dans formateur·rice et de le limiter "aux termes très semblables" comme étudiant·e.



Les deux premières parties reprennent une présentation de la langue française, de son histoire, des enjeux, des batailles autour de l'invisibilisation du féminin, de la volonté d'occulter les femmes des postes en lien avec le pouvoir, de le rendre indicible au sens propre et par là même impensable.

La troisième partie est une sorte de guide souple proposant différentes manières d'augmenter l'inclusivité de son langage.

Je considère la postface comme une quatrième partie à part entière, car bien que courte, elle est très intéressante en terme d'expérience, de représentation, d'expérimentation et d'applicabilité. Cette postface est signée par Raphaël Haddad et Chloé Sebagh.





Un bon petit livre (126p, 142 avec les annexes), facile à lire, dont on peut choisir les parties que l'on souhaite lire. Il est particulièrement intéressant de relire et de revenir s'appuyer sur la partie III "Rendre son langage inclusif" de la p71 à 106.

Uniquement deux reproches: le prix, 15€ pour un petit livre, et la couverture en papier un peu gommé qui se salit et s'abîme très vite.
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L'Académie contre la langue française

Suite à l’élection d’Angela Merkel au poste de chancelière en 2005, on a pu trouver dans Le Figaro (porte-parole favori de l’Académie pendant très longtemps) la phrase suivante : « Chaussé d’escarpins à talons aiguilles et vêtu d’un coquet tailleur rose, le chancelier allemand a serré la main de Jacques Chirac. » En lisant cela, on se dit que la féminisation a encore du chemin à parcourir.



L’Académie contre la langue française : le dossier « féminisation » relate la guerre menée par les Quarante de l’Académie contre la féminisation de la langue française au niveau des noms de métiers, fonctions et titres. L’idée de ce livre est née de l’affaire Sandrine Mazetier et Julien Aubert, ce dernier persistant à appeler Sandrine Mazetier « Madame le Président » en 2014.



« Le présent ouvrage retrace pour partie l’histoire de cette guerre picrocholine, qui n’est d’ailleurs pas tout à fait terminée, en incitant les lecteurs et lectrices à prendre du recul pour en comprendre les origines lointaines. Il donne à voir l’énergie, la violence, la mauvaise foi et le sexisme qui ont été mis au service de ce combat. Il donne à voir, surtout, l’incompétence d’une institution qui se proclame « gardienne » de la langue française, mais dont aucun membre ne maîtrise le b-a-ba de la linguistique, et qui ne réalise même plus elle-même l’inutile Dictionnaire de l’Académie qui est officiellement sa raison d’être. »



Ce livre montre l’incompétence et le conservatisme de l’Académie. Ces membres (moyenne d’âge : 77 ans) nés de Richelieu, comme ils le répètent à l’envi, ont toujours été incapables de produire un dictionnaire correct. Leurs exemples étaient élitistes, mais surtout ils avaient toujours un train de retard sur la langue usuelle. Avec seulement huit éditions en plus de 300 ans, cela peut se comprendre…

La première femme élue fut Marguerite Yourcenar en 1980 (que l’on ne vit guère sous la coupole après son élection) et seulement sept la suivirent. Son élection fut prétexte à de véhémentes discussions. Gaxotte déclara d’ailleurs : « Si on élisait une femme, on finirait par élire aussi un nègre. ». Il n’avait pas tort : ce fut Léopold Sedar Senghor en 1983.

En 1984, la création d’une commission de terminologie relative au vocabulaire concernant les activités des femmes par Yvette Roudy fut le déclencheur de leur colère. Une des missions de cette commission : « éviter que la langue française ne soit porteuse de discriminations fondées sur le sexe. » A les écouter, c’est la Révolution, c’est l’Apocalypse et la langue française ne s’en relèvera pas.



Leurs déclarations sont la preuve d’une ignorance, d’une arrogance, d’une mauvaise foi et d’un élitisme incroyables. Pire, elles relèvent souvent d’un sexisme révoltant. J’ai été sidérée lors de ma lecture par la violence de leurs propos. On a parfois du mal à croire que cela a été dit ou écrit au XXe siècle (voire XXIe siècle puisqu’un texte de Druon date de 2005).

Evidemment, l’offense, pour eux, concerne la féminisation des noms de fonctions supérieures. Les autres importent peu : pas de problème pour dire une boulangère, une hôtesse de l’air, une secrétaire… du moment que celle-ci sert un patron, et non pas l’Etat !



« Ce sont les autres qui les dérangent : celles qui bousculent l’ordre traditionnel en parvenant aux postes prestigieux qui étaient autrefois le monopole des hommes. Pour elles, une véritable anomalie est préconisée : à poste prestigieuse, port obligatoire du nom masculin ! »



Ils rabâchent encore et encore les mêmes arguments éculés – du genre « l’ambassadrice est la femme de l’ambassadeur » ou « le masculin est non marqué à l’inverse du féminin » – et s’enfoncent de plus en plus au fil de années tandis que l’usage fait entrer la féminisation dans le langage quotidien.



Cet ouvrage s’attelle à démonter les arguments fallacieux utilisés par les habits verts. Pour ce faire, de nombreuse notes de bas de page soulignent leurs erreurs, apportent des précisions, etc.

Il y a beaucoup d’humour dans ces commentaires sur les textes d’Académicien-nes. Yannick Chevalier disait, lors d’une rencontre à la librairie Violette & Co, que cela avait été « assez amusant à faire ». De mon côté, je vous confirme que c’est très amusant à lire.

Toutefois, l’humour n’empêche pas le sérieux : auteur et autrices savent de quoi ils parlent. Ils sont sociolinguistes, maître et maîtresses de conférence, écrivain-es, historiennes… : ce sont donc des personnes parfaitement compétentes pour discuter de la langue, de sa construction ou de son histoire, à l’inverse de l’Académie française qui ne compte pas de linguistes ou de grammairiens dans ses rangs.



Ce livre est organisé en chapitres qui filent la métaphore religieuse. Nous commençons bien évidemment par une présentation du Saint-Siège avant de découvrir les offenses et leurs douze points de doctrines. Suivent les bulles (les déclarations officielles) et les exégèses (différents articles écrits par des Académiciens). Ensuite, quatre suppliques (cris de désespoir adressés à Jacques Chirac, président de la République, René Monory, président du Sénat, Lionel Jospin, Premier ministre, et Ségolène Royal, ministre déléguée à l’enseignement scolaire – cette dernière supplique étant parfaitement méprisante) et le chapelet des perles clôturent le livre.



Nous avons hérité d’une langue masculinisée, souvent allant contre toute logique, et ce livre (comme le précédent ouvrage d’Eliane Viennot, Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !, que je vous conseille fortement également) est important. On prend conscience de certains usages bien ancrés dans nos têtes qui perpétuent cette masculinisation abusive de la langue française et on peut petit à petit se corriger pour adopter une langue non sexiste.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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MADAM : Manuel d'Auto-Défense A Méditer

Objet littéraire inclassable qui appelle à la réflexion :

Appel théâtral aux femmes pour espérer respecter 4 principes simples pour permettre de remettre les pendules à l'heure de l'identité féminine. Via une MADAM Manuel d'Auto-Défense A Méditer, commencer par le commencement, démasculiniser la langue,

Principe 1 : "parler des femmes au féminin, comme on parle des hommes au masculin." Autrice bon sang c'est pas si difficile à dire, il faut juste s'extraire des préjugés inculqués et figés.

Principe 2 : " évoquer les femmes aussi quand on parle de populations mixtes, au lieu de faire comme si le masculin valait pour les 2 sexes; par ex dire bonjour à toutes et à tous ou les lycéennes et les lycéens ont réussi leur bac."

Principe 3 : "recourir aux accords traditionnels au lieu de l'accord au masculin qui l'emporte." le masculin l'emporte sur le féminin même si on parle de 100 femmes et un homme mince alors, c'est quoi cette règle absurde !?!

Principe 4 :"éviter de parler de l'homme quand on veut parler de l'espèce humaine tout entière. Dire l'évolution de l'humain ou les droits humains." Y'a du boulot en commençant par la déclaration des droits de l'homme et du citoyen...Où sont les femmes ? Avec leurs rires plein de larmes ? Et les citoyennes ?



On pardonne les petits écueils partisans et clivants, il faut bien en passer par là pour se tourner vers l'autre qui.ne voit pas



Je remercie les éditions 2eme époque, écritures de spectacle et Masse Critique Babelio pour l'envoi de ce livre écrit par Hélène Soulié et de nombreuses femmes intéressantes, dérangeantes, différentes et personnalisantes.

En avant la réflexion.







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La querelle des femmes ou

Une mise au pas… pensée, organisée, théorisée



Je commence par une hypothèse de l’autrice, « Mon hypothèse est que cette polémique est consécutive à la création des universités, et à l’accaparement des bienfaits qui en découlèrent (fonctions supérieures, richesse, pouvoir, prestige) par un seul des groupes qui auraient pu en bénéficier ». Une polémique, une querelle, un groupe dénommable « la clergie »…



L’apparition ou le développement de dogmes, de nouvelles « idéologies », d’écritures de la réalité, de régimes de vérité, a toujours quelque chose à voir avec, ce que nous nommons aujourd’hui, des rapports de pouvoir. Les spéculations ou les apostrophes sur les relations hommes/femmes ou ce que seraient les femmes en regard du savoir auto-institué des hommes a une longue histoire, qui ne débute pas avec la naissance du féminisme, qui lui-même n’apparaît pas au XIXème siècle.



Je n’ai pas de connaissances particulières sur ces moments et développements de « La querelle des femmes ». Je suis cependant sensible au fait qu’il ne faut pas effacer ces temps où des savants et des littérateurs construisaient et diffusaient l’idée de l’infériorité des femmes. Et si aujourd’hui les combats pour l’égalité sont loin d’être terminés, ce passé forme, à mes yeux, un des soubassements aux arguties anti-égalitaires.



« S’intéresser à la Querelle, au contraire, c’est comprendre comment cette culture s’est construite, qui l’a élaborée, consolidée, exportée, quels sont ses points d’ancrage et ses failles, qui l’a combattue et fait reculer, où nous en sommes de ce recul ».



En introduction, Eliane Viennot aborde, entre autres, les polémiques « autour de la double question de l’égalité ou de l’inégalité des sexes, et de leur différence ou de leur similarité », les efforts de certains groupes pour empêcher les femmes d’accéder aux mêmes « positions » que les hommes, l’évitement à voir – y compris par des historiennes féministes – de cette histoire d’avant la révolution française, les productions et les contestations de « ce paysage disparu »…



Le livre est divisé en trois chapitre : Une historiographie significative ; Accords, désaccords, incertitudes. Les interprétations de la Querelle ; La question du pouvoir.



Sans entrer dans le détail des présentations, je souligne cependant les noms de Marguerite de Navarre, Christine de Pizan, une liste impressionnante des propos misogynes tenus par des auteurs toujours aujourd’hui glorifiés, des thèmes analysés (le mariage et l’amour, l’éducation des filles, le commandement des peuples, le maniement des armes, les relations avec le ciel…). L’autrice détaille, entre autres, la chronologie de la querelle, les masques adoptés de l’égalitarisme, la littérature misogyne, les lieux toujours réfractaires à l’égalité à commencer par les Eglises (romaine, orthodoxe, évangélistes), le domaine de la langue, les questions de pouvoir, « Nous ne menaçons pas les hommes, mais leurs esprits ; pas leurs personnes, mais leurs plumes » (Mary Tattle-Well et Iona Hit-Hime-Home), l’étendue de la dispute, ses terrains de prédilection, la variété de ses protagonistes…



J’ai noté dès le début de cette note, l’hypothèse avancée par l’autrice. C’est bien la question du pouvoir des clercs qui est centrale, « Les clercs s’intéressaient à elles, ils voulaient avoir accès à leur corps » mais ils ne voulaient pas « d’égales ni à l’université, ni au bureau, ni dans leur lit ». L’autrice montre comment se construisit une certaine forme de solidarité masculine, s’éllaborèrent les pseudo-théorisations…



Elle discute de la situation d’aujourd’hui, les écarts entre les principes ou les textes d’avec les réalités, la centaine de féminicides chaque année et leurs classements en « fait divers »…



Eliane Viennot revient sur l’histoire longue du « droit de correction », du Code civil de 1804, du Code pénal de 1810, l’accord de genre, la négation de la domination, la focalisation sur l’incapacité des femmes, la dissimulation des coupables et des victimes, le faible enseignement de l’histoire des femmes, la mise au placard des autrices et la censure organisée, « Les laisser au placard, en revanche, c’est s’assurer que nul·le n’entendra leurs protestations face à la construction de ce monde sans femmes, ou plutôt de ce monde où les femmes n’interviennent que sporadiquement, à la marge, comme mères, épouses, maitresse, muses… tandis que les hommes s’occupent des choses sérieuses et importantes, la politique, la guerre, la littérature, la philosophie, l’art, la science… », les hommes et les femmes en colère, celleux qui marquèrent leur désaccord avec la mise sous tutelle des femmes…



Les hommes n’ont pas l’intention de renoncer à leur droit de dominer les femmes. Il importe toujours de mettre à jour « l’ampleur, l’origine, les architectes, les outils » de la domination, de faire ressortir « le matrimoine prouvant que l’histoire connue est un décor de théâtre », d’analyser « l’entreprise de domestication des femmes », d’exiger que cette histoire « soit enseignée, que cet héritage soit exhumé, nommé, partagé »…



Et comme l’indique l’autrice en conclusion : « Cela ne se fera pas sans heurts, et nous le sentons bien depuis que la contestation est repartie – depuis que nous avons appris à compter : les postes, les sous, les heures, les médailles, les mortes... »
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Le langage inclusif. Pourquoi? Comment?

Le langage inclusif, on en entend parler de plus en plus. Malheureusement, ce qui en ressort des médias c’est que c’est une lubie des féministes endurcies et on a l’impression que c’est rejeté en masse par la population masculine. Personnellement, je ne suis absolument pas contre, mais j’avoue ne pas savoir tout ce que cela implique. Je me disais même que c’était peut-être un peu compliqué et que ça ne valait pas la peine de changer encore une fois la langue française pour si peu de choses. C’est pour cela que j’ai été vraiment ravie de recevoir ce petit livre des éditions iXe, petit précis court mais efficace sur ce qu’est le langage inclusif et qui m’a fait changer d’avis.



Au début, je ne pensais pas en faire un article sur notre petit Bazar, car ce n’est pas directement lié à la littérature de jeunesse. Puis, je me suis dit, qu’après tout cela concerne tout le monde et que si on pouvait débuter ce langage dès le plus jeune âge et l’intégrer dans la littérature de jeunesse, ce ne serait pas plus mal. Ce petit précis a donc tout à fait sa place sur notre site.



Il est divisé en trois parties. Les deux premières se focalisent sur une petite histoire du genre dans la langue française. En remontant jusqu’aux racines latines et en passant par les âneries de l’Académie Française, on en arrive à la conclusion que les hommes sont tout de même de sacrés froussards pour avoir peur de se voir émasculés par de simples mots féminisés et partagés à égalité avec les femmes. Enfin, ce n’est pas dit en ces termes dans le livre, je vous rassure, c’est ma petite réflexion personnelle.



Ces deux premières parties sont vraiment bien ficelées et ne sont pas du tout rébarbatives. L’autrice nous explique clairement tous les changements progressifs dans la langue française en ce qui concerne le féminin, elle fait des comparaisons avec d’autres langues (pour nous montrer un peu comme on est bête en France de se poser tant de questions à ce sujet) et surtout nous montre qu’il n’y a pas si longtemps que cela, notamment au niveau des noms de fonctions et métiers, le féminin ne posait aucun problème. Ce sont les Messieurs de l’Académie Française qui ont pris peur au siècle dernier et ont décidé de masculiniser le tout.



Pour un juste retour des choses et tenter d’appliquer un langage plus égalitaire, la troisième partie nous offre un petit panel de modalités simples que l’on pourrait tou·tes se mettre à appliquer. Féminisation des mots, écriture épicène avec point médian, mot englobant, accord de proximité… Tout ça paraît un peu lourd au premier abord, mais finalement, bien appliqué c’est vraiment simple, lisible et praticable également à l’oral sans problème. Il faut juste savoir doser et ne pas faire croire que l’on va écrire avec des points médians partout, ce qui rendrait effectivement les choses beaucoup plus complexes. D’ailleurs, ce petit précis est rédigé en langage inclusif et il complétement accessible. Il n’y a même pas de point médian à toutes les pages, juste du bon sens disséminé un peu partout !



Je ne promets pas que je réussirai à appliquer le langage inclusif dans tous mes écrits futurs, mais j’ai en tout cas essayé de m’y tenir pour cet article. Pas du premier coup, mais j’ai essayé de me relire consciencieusement pour voir où je pourrai améliorer mon langage (je pense y être arrivé, mais s’il reste un couac, je m’en excuse). Et vous savez quoi ? Ben ce n’est pas si compliqué que ça. Tout simplement parce qu’en réalité ça n’implique que très peu de changements. Ici, je n’ai pas eu à me soucier d’accords de proximité, pas de noms de métiers englobant masculin et féminin cités donc même pas besoin de point médian à ce niveau. Seulement sur le mot « tous » quand il englobe féminin et masculin (et encore, il existe d’autres façon en langage inclusif de l’écrire, sans point médian, comme toustes). ). Puis juste la féminisation du mot « auteur » en « autrice » que j’utilisais déjà de toute manière. Je ne sais donc pas si j’arriverai à appliquer ce langage tout le temps, mais en tout cas pour les noms de métiers féminins, je le fais déjà et continuerai à le faire.



Juste deux petites remarques :



Je ne sais pas comment appeler un homme qui est sage-femme. Parce qu’après tout, ça doit marcher dans les deux sens.



Faire un point médian sur Word avec « alt-0-1-8-3 », ce n’est pas des plus pratiques.



En tous les cas, je suis ravie d’en avoir appris un peu plus sur l’écriture inclusive.



Un grand merci à la masse critique de Babelio et aux éditions iXe pour cette découverte heureuse !
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Le langage inclusif. Pourquoi? Comment?

Un livre qui puise dans les sources historiques de la masculinisation de la langue francaise. L'auteur revient sur la création de l'Academie française responsable pour beaucoup dans la régression de la langue. Très instructif. Ainsi le mot autrice était courant au 16e siècle !
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L'Académie contre la langue française

Faire entendre – donc comprendre – que les femmes existent





« En juin 1984, l’Académie française déclarait la guerre aux partisanes et partisans de la « féminisation des noms de métiers, de titres et de fonctions ». »



Une fois de plus, pour certain-e-s, le masque ou le grimage masculin serait « non-marqué » et devrait exprimer la neutralité ou l’universel. Il aurait la capacité à représenter les deux sexes, et serait donc extensif, alors que le féminin serait marqué, particulier ou intensif…



« Le présent ouvrage retrace pour partie l’histoire de cette guerre picrocholine, qui n’est d’ailleurs pas tout à fait terminée, en incitant les lecteurs et lectrices à prendre du recul pour en comprendre les origines lointaines. Il donne à voir l’énergie, la violence, la mauvaise foi et le sexisme qui ont été mis au service de ce combat. Il donne à voir, surtout, l’incompétence d’une institution qui se proclame « gardienne » de la langue française, mais dont aucun membre ne maîtrise le b-a, ba de la linguistique, et qui ne réalise même plus elle-même l’inutile Dictionnaire de l’Académie qui est officiellement sa raison d’être. »



Les mécréant-e-s (ainsi se nomment les autrices et auteur) reviennent sur l’histoire de cette compagnie « Le Saint Siège » dont les traits constitutifs sont bien « son homosocialité » et « son activisme en faveur de la masculinisation de la langue française ».



De Malherbe à Richelieu, de Richelieu à la Révolution, de Napoléon à nos jours, une longue tradition « de masculinisme et de misogynie », la construction de « règles sûres » pour la langue française, la mise en ordre masculin…



Confusion entre objets inanimés et êtres humains, mots, vocabulaire et règles de grammaire, invariabilité du participe présent, disparition du pronom attribut (« vous êtes peut-être satisfait, moi, je ne la suis pas »), effacement de mots, guerre à l’accord de proximité (« Les hommes et les femmes sont belles », « Toutes sortaient des les couteaux et les dagues qu’elles avaient affûtées », « Joyeuses, des clameurs et des cris montaient de la foule », ou comme Racine « Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête »)…



Les autrices et l’auteur parlent, entre autres, de déclarations péremptoires, infondées, réactionnaires et sexistes, de « teneur spécifiquement antiféministe », d’une institution incompétente, d’absence de savoir sur la langue, de légitimation du sexisme, de partisans du « genre le plus noble » … et analysent en détail, avec souvent grande ironie, les productions de ces secrétaires perpétuel-le-s ou non (le perpétuel étant déjà incompatible avec les exigences démocratiques !).



Les analyses détaillées sont présentées dans des chapitres justement nommés : Les offenses, Les points de doctrine, Les bulles, Les exégèses, Les suppliques et se terminent sur Le chapelet de perles…



Des êtres humains injustement nommés « immortels » (cerbères de la langue), doctement sexistes, sempiternellement réactionnaires, ignorant-e-s toute forme de contextualisation, d’historicisation et d’analyses du langage et de ses fonctions sociales, Jean Dutourd, Alain Peyrefitte, Georges Dumézil, Jean Guitton, Jean-François Revel, Marc Fumaroli, Maurice Druon, Helène Carrère d’Encausse, Hector Biancotti, des prises de positions et des argumentaires qui ne manqueront pas de faire grincer les dents et lever les poings…



Comme l’écrivent les autrices et l’auteur « En réalité, la lutte pour une langue exprimant l’égale légitimité des femmes et des hommes à exercer tous les métiers est, depuis les années 1980, l’un des signes les plus patents d’une meilleure compréhension des mécanismes de la domination ». En effet, modifier la grammaire ou le vocabulaire pour rendre visible les femmes et favoriser l’égalité des femmes n’est ni illégitime ni arbitraire… C’est une décision politique que de faire du masculin le générique, la perpétuer ou non est aussi une décision politique. Les langues évoluent comme toutes les pratiques sociales. La tradition, toujours réinventée, masque des choix effectués ou imposés et entend figer ce qui ne peut être qu’en mouvement.



Puis, comme une fenêtre vers les possibles, les dépassements, lire l’ouvrage de Katy Barasc, Michèle Causse : requiem pour il et elle, paru chez la même éditrice.
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Non, le masculin ne l'emporte pas sur le fémi..

Dans Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin !, essai de près de 120 pages publié aux éditions iXe, Eliane Viennot nous raconte les différentes étapes de la masculinisation de la langue française depuis le XVIIe siècle, avec ce but d'entretenir les rapports de forces entre les hommes et les femmes.



La première partie de cet essai est très historique et revient sur l'histoire de France, sur les rois successifs et le rôle des reines, des filles ou des mères de rois. Jusqu'à la fin du XVIe siècle, on s'interrogeait uniquement sur la place des femmes dans les questions politiques : il est alors question de la transmission du trône, la loi salique, etc. On évoque ensuite le monopole du clergé dans les lieux de savoir, dans les universités réservées aux hommes chrétiens, mais aussi le rôle de celui-ci dans ce que l'on appelle « la vitupération des femmes » avec la production de textes misogynes. On revient également les changements induits par l'invention de l'imprimerie, la « querelle des femmes »…

Mais l'apparition d'autrices célèbres, qui obtiennent un grand succès par leurs ouvrages, à l'instar de Marguerite de Navarre qui encouragea les femmes à suivre son exemple et à publier leurs écrits, changea la donne. La lutte contre l'égalité des sexes devint également linguistique.



Dans la suite de son livre, Eliane Viennot s'attache à présenter les anciens usages de la langue et à expliquer les évolutions, les combats liés à différentes catégories grammaticales de mots. Sont ainsi successivement évoqués les noms de métiers et des fonctions, les accords, les pronoms et les noms d'êtres inanimés. Un chapitre est également réservé aux messages subliminaux dissimulés dans certains discours ou choix d'exemples qui permettent d'asseoir la supériorité des hommes sur les femmes.



C'était vraiment une lecture très intéressante. Outre le fait que les transformations de la langue ont souvent été fait en dépit du bon sens, j'ai été surprise de la résistance à laquelle s'est heurtée cette masculinisation de la langue, résistance qui puise ses forces dans les usages de parole des Français-es. Quand on a toujours appliqué la règle de proximité, quand les noms de métiers ou de fonction ont toujours eu un masculin et un féminin en fonction du sexe de la personne, difficile de changer ses habitudes et de tout mettre au masculin en défiant toute logique. Ce fut donc une bataille de longue haleine qui s'est déroulée sur plusieurs siècles et c'est finalement l'école républicaine qui a permis l'acceptation de ces nouvelles règles.

Ensuite, cet ouvrage apporte des solutions pour re-féminiser la langue française. On s'interroge, on se demande comment faire pour les noms de métiers ou de fonctions par exemple. Mais il suffit de regarder en arrière, de retrouver les usages que l'on avait encore il n'y a pas si longtemps parfois : on peut les adapter à notre temps, mais l'histoire de la langue fournit des pistes.



Eliane Viennot est très claire et ne perd jamais son lecteur. Pourtant, même si j'aime lire, parler de livres, je n'ai jamais été une passionnée des cours de français, des catégories grammaticales et de ce genre de choses. Mais c'est ici très bien écrit, avec une pointe d'humour de temps en temps. Dans chaque catégorie, les exemples sont nombreux, ce qui est toujours plus agréable (c'était d'ailleurs une de mes attentes). Nous trouvons également plusieurs citations d'hommes de lettres et de linguistes, souvent révoltantes tant elles rabaissent les femmes.



Comme beaucoup de monde – comme quasiment tout le monde –, j'utilise ces règles parce qu'on les a bien ancrées dans ma cervelle. Je tente de féminiser autant que je peux les noms de métiers, j'utilise des systèmes du genre étudiant-es (mais je suis sûre que je dois oublier de le faire parfois). Mais il faut que nous pensions toustes (pour reprendre le néologisme belge utilisé par Eliane Viennot à la fin de Non, le féminin ne l'emporte pas sur le masculin) que les règles apprises à l'école ne sont pas logiques et qu'elles contribuent à rendre invisible la moitié de la population. Chacun à notre manière, nous pouvons contribuer à changer cela.



On nous enseigne le français, mais non son histoire. C'est là une erreur que corrige cet ouvrage passionnant qui pousse à la réflexion et qui nous donne envie – et les moyens – de lutter contre cette masculinisation systématique de la langue.
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En finir avec l'homme

Excellent petit essai sur le mot homme et comment les hommes français ont utilisé sa définition pour créer une supériorité du mot sur un autre, femme.

Une supériorité lexical hypocrite et maintenu pendant plusieurs siècles. Il est temps que cela change. Traitez moi de wokiste, peu m'importe. Qui prône l'égalité mettra l'humain avant tout au centre, que ce soit une femme ou homme.

Que vive la déclaration des droits de l'être humain.
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Non, le masculin ne l'emporte pas sur le fémi..

Dans cet ouvrage, Eliane Viennot nous apprend la place et le succès qu'ont toujours eu les femmes en littérature. Or, comme nous le rappelle aussi Titiou Lecoq, l'Histoire écrite par les hommes, et diffusée dans les écoles (d'abord réservées aux garçons) n'a eu de cesse d'essayer d'effacer les femmes du récit historique national. Qui se souvient aujourd'hui du succès de la princesse Marguerite de France (la Reine Margot) dont les Mémoires ont été désignés alors par l'Académie comme étant l'un des meilleurs ouvrages de son temps (seul livre écrit par une femme à jouir de cet honneur nous apprend l'autrice) ? De cette époque, personne n'a cependant oublié (ni manqué de les étudier à l'école...) Molière, La Fontaine, Racine, Charles Perrault, Corneille, Pascal... On se souviendra en parallèle du mépris d'un ancien président de la République française envers le best-seller du XVIIème siècle que fût La princesse de Clèves de Madame de la Fayette.

[...]

Si aujourd'hui, la langue française et la grammaire sont devenues pour nous des habitudes langagières, on perçoit très bien dans cette histoire de la langue française combien le français du XXIème siècle est le résultat d'une volonté politique et sociale visant à mettre la femme dans une position d'infériorité par rapport à l'homme jugé plus noble. D'où la nouvelle règle de grammaire apparu au XVIIIème siècle qui veut que le masculin l'emporte sur le féminin.

[...]

Un livre indispensable qui montre combien les choses pourraient être plus simples et aussi plus logiques d'un point de vue étymologique. La langue est un objet mouvant, qui évolue avec son époque. Or certain.es tentent d'en faire un objet discriminant, figé dans une époque où certains hommes (avec la complicité de certaines femmes curieusement) s'acharnaient à reprendre le pouvoir sur leurs filles et leurs compagnes, dans un siècle où le genre masculin était jugé plus noble que le féminin. Depuis cette lecture, et ma découverte de Titiou Lecoq, je parle d'autrices et rêve de pouvoir écrire à Madame la Mairesse !




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Le langage inclusif. Pourquoi? Comment?

Adopter le langage inclusif est à la portée de tout le monde, tout de suite



Dans son introduction,Eliane Viennot aborde le camp conservateur et sa croisade contre la « féminisation de la langue ». Elle indique « À tort, puisque la langue française possède à peu près tout ce qu’il faut pour exprimer le féminin, et qu’il est bien plutôt question de réduire la place écrasante qu’occupe aujourd’hui le masculin dans ses usages courants ».



Les noms de métiers, qu’ils soient acceptés ou toujours jugés ridicules, ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Le langage inclusif (dont l’écriture n’est qu’un volet) vise à éradiquer la suprématie historiquement construite du masculin dans les énoncés.



Après, l’extension des usages, par exemple, des doublets ou de la double flexion – « Françaises, Français ! » -, des parenthèses ajoutées – « né(e) » -, d’une certaine conception de l’égalité des sexes – « un fauteuil pour Monsieur, un strapontin pour Madame » -, en 2017 un manuel scolaire de CM2 (aux éditions Hatier) utilisait une écriture inclusive… Un « péril mortel » pour les uns, « une pensée dictatoriale pour d’autres… De curieuses réactions contre « un souci de s’exprimer de manière plus exacte et plus égalitaire, en s’appuyant pour l’essentiel sur les ressources traditionnelles de la langue française, et pour le reste sur des innovations encore en cours d’élaboration – quoique le plus gros du travail (de réflexion, de conception) soit déjà derrière nous ».



Faire le point, ouvrir les yeux et les oreilles, revenir sur la masculisation délibérée de la langue…



« Parce que les obstacles les plus importants à l’adoption du langage inclusif ne résident pas dans la langue elle-même, mais dans les fausses idées que nous avons de son fonctionnement et dans la méconnaissance de son histoire, une première partie de cet ouvrage sera consacrée au rappel des relations qu’y entretiennent le féminin et le masculin, et une deuxième aux transformations qui lui ont été artificiellement imposées pour renforcer le poids du masculin. La troisième et dernière partie présentera les solutions qui sont à notre portée pour restaurer l’équilibre entre les genres, afin de mieux accompagner – voire accélérer – la marche vers l’égalité ».



Eliane Viennot analyse la longue période de masculinisation forcée, les deux genres de la langue française, les désignations des inanimés et le genre arbitraire, les animé·es et le genre motivé, la répartition systématique des féminins et des masculins entre les femmes et les hommes, les inventions politiques de l’Académie et les noms de métiers qu’il « faudrait » mettre au masculin, l’égale production de mots tant pour les femmes que pour les hommes, les « anciens » mots correspondant au féminin, les chasses gardées masculines et les « ça ne se dit pas » au mépris des « ça s’est dit », le rappel que les substantifs féminins ne viennent pas de substantifs masculins (les bâtis sur un radical), les accords selon l’oreille ou le sens, l’accord de proximité et l’accord selon le sens, les affaires du neutre manquant (mais jamais pour les parler des personnes), les substantifs épicènes, les prévalences masculines construites, le retour de mots anciens et leurs formes genrées, les actions de démantèlement du monopole masculin et des hiérarchies normatives…



Le second chapitre est consacré à la masculinisation historique du français. Celles et ceux qui condamnent la soit-disant féminisation « idéologique » de la langue, restent bien silencieuses et silencieux sur cette masculinisation qu’il faudrait passer par profit et perte… L’autrice aborde, entre autres, la main mise des chrétiens masculins sur les fonctions nécessitant des savoirs, la création de l’Académie et « son interventionnisme à la fois infondé linguistiquement et orienté idéologiquement », les mots féminins et les infléchissements masculinistes, l’imposition du pronom il, les accords, le genre masculin affirmé comme plus noble – cette ritournelle toujours présente -, le blocage sur le masculin singulier de formes qui variaient en genre, le rejet des termes variables, « Pourquoi faire simple quand on peut faire français ? » comme le disent nos ami·es québécois·es, la nomination des femmes au masculin, l’interdiction aux femmes de se dire « poétesse, philosophesse, médecine, autrice, peintresse, etc. », les accords de proximité, le pronom la, le rôle de l’école obligatoire, le masculin qui doit l’emporter sur le féminin… sans oublier ces chambres de représentation de la « nation » élues qui n’ont jamais voté l’accès des femmes au droit de vote.



Dans le troisième chapitre, Eliane Viennot argumente sur la nécessité de rendre le langage inclusif. « La langue est un bien commun, ce bien commun doit être maitrisé pour que chacun et chacune puisse comprendre les autres (d’hier et d’aujourd’hui) et exprimer son point de vue clairement, voire créer une œuvre littéraire ». Il convient donc comme l’écrit justement l’autrice de poursuive le travail de décontamination déjà commencé, utiliser les substantifs de féminins de personne, de combattre les soit-disant allergies à certains mots (autrice, écrivaine) qui sont au cœur de cette activité littéraire construite comme un monopole masculin, renoncer à un certain élitisme visant à mettre à distance les « nobles professions » d’avec les professions féminines ordinaires, pratiquer la double flexion contre les us informatifs lacunaires et sexistes, promouvoir les mots englobants, les termes collectifs… Je souligne les paragraphes sur l’épicénat des noms qui « ne règle aucun problème ».



L’autrice poursuit avec l’accord de proximité non seulement pour les adjectifs et assimilés mais aussi sur le(s) verbe(s) et les pronoms qui poursuivent l’énoncé, un véritable système cohérent, le renoncement à la révérence masculine, l’abandon de cet homme qui avait signifié pendant des siècles mâle et qui serait devenu synonyme de mâle + femelle. Il faut cesser de parler de l’homme quand nous voulons parler des êtres humains. Sans oublier ce singulier qui ne peut représenter des populations fort variées, « Usons dans des pluriels, et profitons-en pour nous intéresser à ce qu’ils recouvrent ».



Eliane Viennot aborde aussi les troncatures particulières, le point médian, la barre oblique, les déclinaisons possibles et nécessaires à l’oral, l’expression en deux termes, l’ordre alphabétique, « parfaitement arbitraire, cet ordre permet de mettre fin à la domination du masculin sans la remplacer par une pseudo-galanterie, qui n’est pas de mise entre les mots »…



En conclusion, l’autrice souligne la nécessité de généraliser ces pratiques inclusives, de bousculer l’ordre des maitres, de réfléchir sur le langage. L’égalité fait fait du bien, de même la liberté.



En postface, « Langage inclusif : s’outiller pour convaincre », Raphaël Haddad et Cloé Sebagh présentent les travaux de l’agence Mots-Clés. Elle et il rappellent que l’écriture inclusive n’est pas une finalité et déconstruisent certains arguments contre le langage inclusif. « l’adoption de l’écriture inclusive implique d’être conseillé·e, formé·e, outillé·e pour désamorcer et parfois devancer ces résistances en définissant les standards collectifs les plus adaptés »



J’ajoute aux propositions présentées, l’utilisation systématique du prénom précédant le nom dans les écrits citant des personnes, pour assurer la visibilité de toustes.



J’écris maintenant souvent une question en fin de mes notes de lecture. Une question, posée à toustes les auteurs et autrices (mais bien évidement pas à Eliane Viennot), pourquoi ne pas utiliser une écriture plus inclusive ? – le point médian, l’accord de proximité, les historien·es, les habitant·es, les acteurs et les actrices, les citoyen·nes, les militant·es, les ouvrier·es, les employé·es, pour rendre visibles les unes et les autres, les iels et toustes.



Pour ne pas se servir du langage inclusif, les un·es et les autres évoquent de multiples prétextes. Ils sont ici mis à nu avec beaucoup d’humour, exemples et propositions… Mais peut-être faudra-t-il, en particulier envers les productions « militantes » ou tournées vers les « émancipations », mettre en place des boycotts afin que la marche vers l’égalité, dans ses expressions langagières, ne soit plus considérée comme accessoire…


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Marguerite de Valois : Histoire d'une femme..

Ce livre d'histoire ne raconte pas seulement la vie de la fille d'Henri II et de Catherine de Médicis, et de l'épouse d'Henri IV. Il aurait déjà cette unique qualité qu'il serait très recommandable. L'autre grand intérêt qu'il présente, c'est qu'il fait l'histoire de l'histoire de "la Reine Margot" à travers les représentations que l'on fit d'elle, de son vivant et après sa mort, jusqu'au film le plus récent. A travers cette galeries d'images se projette l'histoire des femmes en France, surtout des femmes de pouvoir.
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Marguerite de Valois : La reine Margot

Dans cet ouvrage en deux parties, Eliane Viennot confronte la vie réelle de Marguerite de Valois (1553-1615) à son double mythique qui s'est constitué au fil des ans, la laissant dans la mémoire collective comme une femme dévergondée, enchaînant les amants.



Dans la première partie, l'autrice s'attache à reconstituer la biographie de cette reine à partir de sources historiques fiables qui sont mises en regard, notamment ses propres Mémoires et des correspondances des acteurs de l'époque. On découvre que Marguerite était non seulement une belle femme, mais aussi une femme lettrée et très cultivée, qui a joué un rôle politique important.



Dans la seconde partie, Eliane Viennot retrace comment la figure fantasmée d'une princesse de petite vertu a été bâtie au cours des siècles. Alors que Marguerite fut déjà victime de calomnies de son vivant, dans un contexte polito-religieux très tendu, il apparaît chez les auteurs et historiens postérieurs une réelle volonté de minimiser le rôle d'une femme dans le jeu politique et dans le monde des lettres. Or le fantasme a régulièrement été repris d'auteur en auteur, jusqu'à Michelet notamment, dont les ouvrages ont ensuite servi de référence dans l'éducation des petits Français pendant des générations. Marguerite est également devenue une héroïne de roman, en particulier chez Dumas qui en a fait la Reine Margot. Ce n'est qu'assez récemment que la figure de Marguerite, ainsi que d'autres femmes de la Renaissance, ont pu être réhabilitées, pouvant enfin devenir des modèles féminins positifs et s'inscrire dans la "mémoire du sexe" féminin.
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En finir avec l'homme

Que de promesses dans ce titre un brin provocateur. Mais un livre si petit parviendra-t-il à les tenir, à nous donner les moyens d’en finir avec un mot qui prend tant de place dans nos espaces de paroles, de pensées ?



La question de départ parait simple : comment le mot homme à pris toute la place jusqu’à désigner le genre humain dans son entièreté. La réponse apportée par Eliane Viennot dans ces quelques 106 pages ; denses, formidablement documentées et d’une complexité insoupçonnée est plus complexe.



L’on découvre que les hommes ont utilisé toutes les ressources linguistiques à leur disposition pour assoir leur pouvoir. Utilisant les traductions : de l’anglais, du latin, à leur avantage. Interprétant la bible comme bon leur semblait, écrivant des dictionnaires allant dans leur sens, etc.



On découvre également que cet usage du mot homme pour désigner le genre humain devient une particularité francophone, voire française. C’est un constat, pas un solution, mais un constat, alarmant.



Alors, pour répondre à notre question initiale : ce livre révolte et nous donne les moyens de comprendre et d’expliquer le cheminement qui a mené à l’avènement de ce nom. Il ne nous offre pas pour autant les moyens de lutter, à notre auteur contre ce virus. Mais libre à chacun.e de s’orienter vers de nouvelles lectures pour mieux genrer notre quotidien, travailler sur l’écriture inclusive, etc. Et là où l’ouvrage réussi son pari, c’est qu’il donne envie de le faire, là, tout de suite. Plus d’excuses ni d’échappatoires, le moment est venu de reprendre le pouvoir sur nos paroles.



Je remercie Babelio qui dans le cadre de la masse critique non-fiction m’a permis de découvrir cette formidable maison d’édition : iXe. Par ses publications, elle donne les armes au féministes d’aujourd’hui et de demain pour consolider la parole, donner de la force, du tangible, du concret aux convictions qui viennent du coeur, de la rue, du vécu.



Merci Eliane Viennot pour cette belle leçon de littérature au service des luttes.
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