Dans cet ouvrage en deux parties,
Eliane Viennot confronte la vie réelle de Marguerite de Valois (1553-1615) à son double mythique qui s'est constitué au fil des ans, la laissant dans la mémoire collective comme une femme dévergondée, enchaînant les amants.
Dans la première partie, l'autrice s'attache à reconstituer la biographie de cette reine à partir de sources historiques fiables qui sont mises en regard, notamment ses propres Mémoires et des correspondances des acteurs de l'époque. On découvre que Marguerite était non seulement une belle femme, mais aussi une femme lettrée et très cultivée, qui a joué un rôle politique important.
Dans la seconde partie,
Eliane Viennot retrace comment la figure fantasmée d'une princesse de petite vertu a été bâtie au cours des siècles. Alors que Marguerite fut déjà victime de calomnies de son vivant, dans un contexte polito-religieux très tendu, il apparaît chez les auteurs et historiens postérieurs une réelle volonté de minimiser le rôle d'une femme dans le jeu politique et dans le monde des lettres. Or le fantasme a régulièrement été repris d'auteur en auteur, jusqu'à Michelet notamment, dont les ouvrages ont ensuite servi de référence dans l'éducation des petits Français pendant des générations. Marguerite est également devenue une héroïne de roman, en particulier chez Dumas qui en a fait la Reine Margot. Ce n'est qu'assez récemment que la figure de Marguerite, ainsi que d'autres femmes de la Renaissance, ont pu être réhabilitées, pouvant enfin devenir des modèles féminins positifs et s'inscrire dans la "mémoire du sexe" féminin.