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3.33/5 (sur 44 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 10/04/1963
Mort(e) à : Paris , le 16/08/2023
Biographie :

Pierre Alféri est un romancier, poète et essayiste français.

Il est le premier fils du philosophe Jacques Derrida et de la psychanalyste Marguerite Aucouturier.

Il a traduit pour divers éditeurs des livres de John Donne, Meyer Schapiro et Giorgio Agamben, des poètes anglais et américains ainsi que les Livres de Job et d’Isaïe.

Après des études à l’E.N.S. (1982-1987), il est agrégé de philosophie en 1986 et docteur ès lettres en 1988. En 1989, il est pensionnaire de la Villa Médicis.

Pierre Alferi est également vidéaste.

Fondateur avec Suzanne Doppelt de la revue Détail, et avec Olivier Cadiot de la Revue de littérature générale (1990 et 1996).

Travaux communs avec le plasticien Jacques Julien.

Disques et performances avec le musicien Rodolphe Burger (Kat Onoma).
Il a écrit des chansons à quelques artistes dont Jeanne Balibar, alors sa compagne.
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Source : Le Monde
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Rodolphe Burger et Pierre Alferi se sont associés dès leurs débuts respectifs dans la musique et l'écriture. Sous le nom de Thomas Lago, Pierre Alferi fut le principal parolier de Kat Onoma, le groupe de Rodolphe Burger, tout au long des années 90. Quand il publia son roman fleuve le cinéma des familles, il lui commanda la musique des « films parlants » qu'il en tira, puis de poèmes sonores (« Parle-moi », « Grand écart »), enfin des premiers “cinépoèmes” (« Elvin Jones », « Intime »), tandis que Rodolphe lui confiait la réalisation du film de montage « Tante Élisabeth », sur la chanson du même titre. Les “films parlants” sont des séquences de cinéma vues par les yeux du souvenir et du rêve, des scènes relues, élues au rang de fantasmes. Les “cinépoèmes” sont des textes pour l'écran qui proposent des modes d'apparition et de lecture en lien étroit avec la musique. Créé d'abord par et pour la scène, cet étrange répertoire n'a cessé d'évoluer au gré des représentations. C'est à sa relecture sélective qu'invite aujourd'hui le programme Cinépoèmes live. Les rôles s'y redistribuent sans cesse entre l'image projetée, la poésie, le chant, le montage et la musique, entre improvisation et enregistrement. le musicien et l'écrivain y occupent plusieurs postes pour rejouer la scène du cinéma primitif et inviter à une “séance” inouïe. À lire & à écouter – Pierre Alferi, Cinépoèmes & films parlants, musiques de Rodolphe Burger, éd. Les laboratoires d'Aubervilliers, 2003. Vidéo, texte & voix : Pierre Alferi Sampler, guitare, chant : Rodolphe Burger Son : Léo Spiritof Montage et projections vidéo : Cynthia Delbart
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
La pluie glacée poursuit
chacun dans son impasse
la berge étroite
du flux de tôle
autour des foyers électriques
les grappes de nous
venus nous réchauffer les fesses
ou nous brûler les yeux
sommes
d'animaux rationnels
non-entiers fractions
irréductibles
au dénominateur commun
proche de zéro.
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Dédié au repos des membres et d'au moins deux organes - le cœur et le cerveau -, le dimanche donne aussi congé au conteur invisible. La plupart des gens que côtoie Daniela les jours ouvrables sont couverts de récits. Ils traversent la semaine chargés d'anecdotes, de rumeurs et de scénarios. Ils ont en permanence dix histoire à répéter, dix nouvelles à annoncer, qui toutes, vu l'entrain qu'ils mettent à le faire, doivent les toucher de près. Comment font-ils pour affronter tous les sept jours de mutisme du petit barbichu implanté dans leur crâne, quand il n'a plus ni l'entreprise, ni les collègues, ni des journaux dignes de ce nom pour alimenter leur moulin à salive ?
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Ayez du désespoir, cela fait vivre.

Comptez sur vos ennemis. Ils vous font meilleure publicité que vos amis.
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pour souffrir le protocole
la panoplie de chasse à courre
les noms risibles
les règles qui compilent
des exceptions, des choix
arbitraires, le ton
le ton surtout esthète
de l’expert embusqué
et le public (ah le public)
qu’est-ce que tu aimes tant
dans les concours hippiques ?
les chevaux ? – les chevaux ?
non, le saut
le saut même, soudain
silence des sabots, apnée
membres en extension, conscience
extatique du temps
appel d’air
où peut se glisser la syncope
qui ne réveille plus
le poète alcoolique et la chute
miroite, fait de l’œil
dans le plan d’eau
le trot savant
de la bête captive
comme anticipation du vol
les yeux fixés dès la première
foulée après l’obstacle
sur le suivant
mais le dernier
me trouble toujours et la fin
me déçoit, le cheval
redevient cheval
rétrograde au pas
et le cavalier, cavalier :
je voudrais qu’ils bondissent
hors de ma vue, se désintègrent
en l’air – étrange idée
quand j’admirais
les coureurs africains de l’est
avec ou sans obstacles
les plongeuses, les perchistes
les sauteurs en longueur et hauteur
je n’ai jamais envisagé
le talon qui atteint le sol
l’entrée des mains tendues
doigts parallèles dans l’eau chlorée
la posture, catastrophe
frôlée, du corps quand il
se rétablit, la réception
(comme on l’appelle)
séparément du saut
elle compte
inscrite dès l’envol
pour beaucoup dans la note
et la tenue des barres
qu’ont effleurées les pattes arrière
comme en poésie le rejet
le membre amputé regreffé
plus tout à fait le même
fait partie de l’enjambement
car sans lui, tant qu’il n’a
pas touché terre, un seul
vers coupé court
n’enjambe rien
de sorte que
(conclut cet ami querelleur)
les derniers pas de ton cheval
ne démentent pas sa nature
de Pégase à mi-temps
au contraire ils prolongent
le dernier saut
l’atterrissage
final où l’élan dure
et fait courir l’homme harnaché
devant le parachute évoque
l’impact et le roulé-boulé
d’une pomme, la contingence
de ce qui touche le cœur :
le coup de frein in extremis
la coda, la pointe, l’envoi
n’ont ni défaut ni privilège
menaçant, une révérence
en forme de pirouette
relie l’instant d’ivresse
dans chacune des embardées
ou des rivières enjambées
à ce suspens indéfini
qu’elle imprima dans la mémoire,
la grâce au risque de l’arrêt.
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Pour vouloir dire quelque chose, il faut disposer de la phrase où cette volonté est articulée, où cette chose est nommée. (Il n'y a de "vouloir-dire" qu'après coup).
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SURVIE
La température moyenne est actuellement de 21° au niveau de la Corolle, avec des variations d’une amplitude de 11°.
Son augmentation annuelle n’est pas préoccupante. Elle reste moins rapide que celle de la température au sol, estimée par la Station Calicienne de Thermosurveillance entre 54° (le long de l’équateur) et 10° (aux pôles), soit 0,5° de plus que l’an passé.
Le taux d’oxygène, de 19 % en moyenne, reste acceptable. Les nacelles sont donc maintenues à 13 350 mètres jusqu’à nouvel ordre.
Grâce aux progrès bienvenus des incendies dans les ex-jungles amazonienne, africaine et thaïlandaise, le taux d’ozone est en augmentation. Le rayonnement ultraviolet est ainsi cantonné entre les indices 7 et 11. Outre le masque à oxygène, le port de lunettes et de gants reste recommandé dans la journée sur les coursives.

CARNET
On déplore le décès soudain et concomitant de douze personnes dans la nacelle 142, soit la totalité de son équipage. Les causes exactes de la mort, survenue pendant l’imprégnation collective, n’ont pas encore été déterminées.
L’Internasse A a pris en charge soixante-quatre candidats au surgel rémissif. La sinistrogyre en compte déjà soixante-dix-sept. Ces patients, souffrant de maladies incurables ou inconnues, seront confiés respectivement aux glacelles nors et sud. Le taux d’occupation de ces dernières avoisine les 80 %, mais les réserves d’azote liquide permettent d’envisager sereinement l’avenir proche.
Légère baisse du nombre de chutes accidentelles : trois cette semaine contre cinq la semaine dernière.

DU NEUF DANS LES NASSES
L’archelle 72 a le plaisir d’annoncer la naissance d’un lynx et de deux autruches. Les places étant comptées, les heureux parents seront prochainement jetés par-dessus bord.
La production de sauterelles, blattes volantes et autres insectes hyperprotéinés a dépassé les prévisions dans la nasserre 26. Le lâcher du surplus est prévu pour demain. L’équipage des nacelles voisines est invité à ne pas ouvrir les fenêtres pendant une semaine.
Marceline Fremdauer, soixante-douze ans, a de nouveau battu son record d’endurance en ski de fond de salon. La Gymnasse offre un bal.
Pénurie de jetons dans la Casinasse après des gains exceptionnels. Les imprimantes tournent à plein.
La Lupanasse signale la mort « quasi volontaire », en un week-end, de trois personnes par apectase et apoptose. Il s’agit respectivement d’un arrêt cardiaque, d’une congestion cérébrale et d’une autostrangulation.
Dans l’ensemble des nasses récréatives, le taux de perte passe à 6 % avec une chute de la Gymnasse et trois chutes – simultanées – de la Casinasse. Les suspects sont respectivement : un stimulant (type MDE) et un hallucinogène (type DOM).
L’internasse A a désormais cinq jours, et donc cinq nacelles, de retard, tandis que la B n’en a pour le moment que trois. Dans leur tour de la Terre annuel, le lieu prévu de leur croisement est donc décalé de deux nacelles vers le nord, et la date encore repoussée de deux jours. (En raison des impondérables du cabotage, il est recommandé de consulter la mise à jour quotidienne du planning.) (Dépêches, L’OffiCiel, janvier de l’an 40, archivé par Clémentine Ray, nacelle 240.)
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Et dormir nouvelle de François Bégaudeau : Béatrice a perçu l'ironie de la reprise mot pour mot et le second sourire complice du couple, d'autant plus voyant que dissimulé.

Beate nouvelle de Stéphane Bouquet : Elle est assise sur les toilettes et lit les graffitis. C'est un de ses trucs pour échapper aux obligations de l'amitié. Elle prétend qu'elle est plus ou moins malade et se réfugie ici, la porte verrouillée.

Enchère nouvelle de Pierre Alferi : Daniela fait une caresse machinale, sous l'ourlet de la jupe, à sa cuisse marquée par un souvenir d'enfance cuisant.

Un hold-up nouvelle de Christine Montalbetti : C'est souvent dans le tissu des journées les plus ordinaires que survient l'accroc de l'évènement.

Déontologie nouvelle de Joy Sorman : Quand Béatrice Merkel reçoit un client potentiel qui lui présente des faux papiers, elle refuse d'ouvrir le compte ; elle n'appelle pas non plus la police, alors que c'est ce que lui demande son supérieur hiérarchique mais - "faut pas exagérer".
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C'est en éloignant la langue que l'on peut lui donner une voix. Cette voix est un idiome littéraire, la langue entendue comme écho. Faire des phrases dans cette langue c'est faire reculer la langue. Faire des phrases dans cette langue qui n'en est pas une, mais un certain rapport rétrospectif à la langue, c'est inventer des phrases.
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Tout est plus grand, dit-on, dans les souvenirs d’enfance. Je ne sais pas. J’ai passé la mienne dans un logement si exigu de la banlieue d’Utrecht que le plafond semblait à portée de main. À présent, quand je me tiens sur la coursive, dos à la baie vitrée qui éclaire mon rayon, le premier objet que je voie, si je ne compte pas le bec jaune du masque à oxygène, est à des kilomètres de distance en contrebas. Et il mérite à peine le nom d’objet : c’est un nuage – pour être exacte, un stratocumulus.
Contrairement à celle de ma mère, et celle de sa mère avant elle, mon existence ne va pas en se précisant. C’est un cône renversé, en équilibre sur sa pointe. Je ne souffre pas du vertige qui prend mon ami Hsou quand sa nacelle penche sous le vent. très tôt, j’ai ressenti un genre d’aspiration, une pesanteur inverse qui rejetait ma tête en arrière et soulevait mes talons. Sur Terre déjà le plein ciel aimantait mes yeux.
Piloter un avion de ligne aurait suffi à mon bonheur. Ce n’était plus depuis longtemps un métier réservé aux hommes. Hélas, depuis la conquête du génome, le daltonisme ne l’était plus non plus. Mes parents se sont crus malins de se faire bricoler les chromosomes pour renforcer l’immunité de leur progéniture. Résultat : ce que vous nommez « rouge » et « vert » ne sont pour moi que de subtiles nuances du gris, de loin ma couleur préférée. Incapable de distinguer entre eux les signaux lumineux, j’ai dû renoncer à voler.
Imaginez mon enthousiasme juvénile, il y a tout juste quarante ans, à l’annonce de la Sélection. Quand j’ai persuadé mes amis météorologues amateurs de tenter notre chance aux Jeux intercellules, je n’avais jamais eu autant foi en moi, en eux, en l’avenir. Cette foi nous a portés, nous a transportés jusqu’ici.
Pourtant, même partagée par la plupart des cinq mille autres lauréats, elle ne déplace pas les montagnes. Elle n’a pas pu, en l’occurrence, ébranler la montagne volante du Navire Amiral, quand une avarie l’a stoppé sur l’orbite géostationnaire. La foi que nous gardons malgré ce faux départ ne suffit pas à nous porter jusqu’à notre destination. Je me dis quelquefois que ce n’est pas plus mal. Sur Mars nous devrions, mes camarades et moi, changer complètement de hobby. L’atmosphère, qu’on dit ocre et terriblement poussiéreuse, visitée par de rares cirrus fantomatiques, ne s’y prête guère au déchiffrement délicat que nous pratiquons. (La nue, Blog d’Ursula Knobs, nacelle 127)
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Le Kitsch national : croyance largement partagée en une religion assortie de "valeurs" auxquelles, en s'appuyant sur la récente restauration politique, il faidrait "revenir". Les plus grandes inventions formelles, héroïquement arrachées aux convenances et à la bienséance de la représentation littéraire, sont oubliées ou reniées au profit du conformisme figuratif. Le récit comme "histoire" linéaire est ainsi érigé en valeur fondamentale, mais aussi l'authenticité de la langue, le retour à une "simplicité" perdue (heureux les simple d'esprit), associés bien sûr à des descriptions terriennes et authentiques, garantes d'une "vraie" littérature. Genre particulièrement vivace, et sous diverses formes, en France mais aussi en Angleterre (la recherche de l'Englishness ou de la "francité" perdue...) Cf. Peter Ackroyd, La Mélodie d'Albion ; Richard Millet, Le sentiment de la langue.
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