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EAN : 9782818039564
256 pages
P.O.L. (22/04/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Que cherchent les écrivains qui, au risque de passer sous les radars médiatiques, n'empruntent pas l'autoroute du récit linéaire et du reportage romancé ? La voie étroite de la poésie débouche sur des formes minoritaires et sur des consistances bizarres de prose. Comme s'il fallait d'urgence ranimer, redessiner les mots en troublant leur usage. Mais dans quel but, au juste ? De temps à autre, on m'invite à exposer des idées. Mon choix du sujet est toujours intéressé... >Voir plus
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
pour souffrir le protocole
la panoplie de chasse à courre
les noms risibles
les règles qui compilent
des exceptions, des choix
arbitraires, le ton
le ton surtout esthète
de l’expert embusqué
et le public (ah le public)
qu’est-ce que tu aimes tant
dans les concours hippiques ?
les chevaux ? – les chevaux ?
non, le saut
le saut même, soudain
silence des sabots, apnée
membres en extension, conscience
extatique du temps
appel d’air
où peut se glisser la syncope
qui ne réveille plus
le poète alcoolique et la chute
miroite, fait de l’œil
dans le plan d’eau
le trot savant
de la bête captive
comme anticipation du vol
les yeux fixés dès la première
foulée après l’obstacle
sur le suivant
mais le dernier
me trouble toujours et la fin
me déçoit, le cheval
redevient cheval
rétrograde au pas
et le cavalier, cavalier :
je voudrais qu’ils bondissent
hors de ma vue, se désintègrent
en l’air – étrange idée
quand j’admirais
les coureurs africains de l’est
avec ou sans obstacles
les plongeuses, les perchistes
les sauteurs en longueur et hauteur
je n’ai jamais envisagé
le talon qui atteint le sol
l’entrée des mains tendues
doigts parallèles dans l’eau chlorée
la posture, catastrophe
frôlée, du corps quand il
se rétablit, la réception
(comme on l’appelle)
séparément du saut
elle compte
inscrite dès l’envol
pour beaucoup dans la note
et la tenue des barres
qu’ont effleurées les pattes arrière
comme en poésie le rejet
le membre amputé regreffé
plus tout à fait le même
fait partie de l’enjambement
car sans lui, tant qu’il n’a
pas touché terre, un seul
vers coupé court
n’enjambe rien
de sorte que
(conclut cet ami querelleur)
les derniers pas de ton cheval
ne démentent pas sa nature
de Pégase à mi-temps
au contraire ils prolongent
le dernier saut
l’atterrissage
final où l’élan dure
et fait courir l’homme harnaché
devant le parachute évoque
l’impact et le roulé-boulé
d’une pomme, la contingence
de ce qui touche le cœur :
le coup de frein in extremis
la coda, la pointe, l’envoi
n’ont ni défaut ni privilège
menaçant, une révérence
en forme de pirouette
relie l’instant d’ivresse
dans chacune des embardées
ou des rivières enjambées
à ce suspens indéfini
qu’elle imprima dans la mémoire,
la grâce au risque de l’arrêt.
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Des inconnus ont pris vos places
à la table ronde, leurs mains
déjà tapotent le marbre —
je pense à vous beaucoup
-- le bras d’un chevalier
de l’ordre vulgaire
mouline la neige
tranche et trie les têtes
dans le bruit vidéo
on l’oubliera ce long zapping —
je pense à vous beaucoup
pixellisés parmi les zooms
de la mémoire, vous êtes presque
dans le décor
vos genoux, vos mentons, vos coudes
tendent la toile
des pellicules
puant le ketchup et la cire
vous collent à la peau —
je pense à vous beaucoup
mes regrettés vivant
sur cette chaîne étrangère
dont nous partageons les plages
faute de vie commune.
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Lavée par la nuit la ville a
des airs de cour ensoleillée
déserte avec la rumeur
off de l’école —
aucun adulte ne me voit
-- un banc
une barre à entrée multiple
volets fermés, fenêtres closes
sauf au deuxième deux
bulles d’intimité
crevées par l’objectif —
une vieille mise en plis
un jeune épinglé
posent la condition
être c’est être
percé
à jour — un bruit d’obturateur
une pause
ils ont fermé ensemble
sur le premier temps du matin
les hublots d’un convoi
qui démarre.
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Un carreau changé coupe en deux les pins
les nuages parcourus d’expressions dénuées
de sens comme les états pontificaux
-- combien de divisions, combien de strates
pour un seul carré de verdure ? elle bombe
le torse la baudruche, aspirant ce qu’elle croise
de fantômes non réclamés
puis, quand on ferme l’œil
en fin d’après-midi, la tête calée sur elle
pour mieux l’oublier, la voilà
qui cède et pue — un nid de guêpes
fut mis à jour lors du ravalement
mais l’expert dépêché sur le site arrive
trop tard pour déplier sa carte — il fait nuit
la mémoire n’est plus qu’un remblai
truffé d’obus, jonché de fûts brisés.
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Partir toujours, avoir toujours
le sac zippé résume
la fortune faite
par soustraction
la clé de l’appartenance
peut être au fond de ce tiroir avec les autres
sans serrure fixe — il n’y a rien
autour de l’os
du nom de personne
pas une porte de prison
un rien sépare
de l’élément
extrêmement respirable.
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Videos de Pierre Alféri (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Alféri
Rodolphe Burger et Pierre Alferi se sont associés dès leurs débuts respectifs dans la musique et l'écriture. Sous le nom de Thomas Lago, Pierre Alferi fut le principal parolier de Kat Onoma, le groupe de Rodolphe Burger, tout au long des années 90. Quand il publia son roman fleuve le cinéma des familles, il lui commanda la musique des « films parlants » qu'il en tira, puis de poèmes sonores (« Parle-moi », « Grand écart »), enfin des premiers “cinépoèmes” (« Elvin Jones », « Intime »), tandis que Rodolphe lui confiait la réalisation du film de montage « Tante Élisabeth », sur la chanson du même titre. Les “films parlants” sont des séquences de cinéma vues par les yeux du souvenir et du rêve, des scènes relues, élues au rang de fantasmes. Les “cinépoèmes” sont des textes pour l'écran qui proposent des modes d'apparition et de lecture en lien étroit avec la musique.
Créé d'abord par et pour la scène, cet étrange répertoire n'a cessé d'évoluer au gré des représentations. C'est à sa relecture sélective qu'invite aujourd'hui le programme Cinépoèmes live. Les rôles s'y redistribuent sans cesse entre l'image projetée, la poésie, le chant, le montage et la musique, entre improvisation et enregistrement. le musicien et l'écrivain y occupent plusieurs postes pour rejouer la scène du cinéma primitif et inviter à une “séance” inouïe.
À lire & à écouter – Pierre Alferi, Cinépoèmes & films parlants, musiques de Rodolphe Burger, éd. Les laboratoires d'Aubervilliers, 2003.
Vidéo, texte & voix : Pierre Alferi Sampler, guitare, chant : Rodolphe Burger Son : Léo Spiritof Montage et projections vidéo : Cynthia Delbart
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