Quand vous grandissez comme un orphelin, le pire qui puisse vous arriver s'est déjà produit.
Elle croyait avoir vu dans les squats, les foyers et les rues de Berlin, tout le mal de ce monde, mais ce n’était qu’un pâle reflet de ce que pouvait être la cruauté des hommes. À Altenhain, ce village idyllique où elle n’avait connu que la monotonie, vivaient des gens brutaux et sans pitié sous le masque d’inoffensifs petits bourgeois. (Babel Noir, p. 452)
Mais rares sont les auteurs qui peuvent écrire des livres en appuyant sur un bouton. Parfois, cela prend plus de temps, et parfois, l'éditeur doit accepter qu'un auteur ait besoin d'une pause.
Il était assis là comme la caricature d’un de ces commissaires chers aux romans policiers suédois : vieux, déprimé et seul.
Comme toujours dans la vie, lorsqu'une chose grave se produit, la plupart du temps elle ne prévient pas. Parfois même, elle passe totalement inaperçue, du moins de prime abord.
Je préfére avoir de bons collègues fiables que des amis qui n'ont aucune idée de ce que cela signifie d'être à la police judiciaire et de mener des enquêtes sur des meurtres, de n'en avoir jamais fini et de devoir en plus jouer assez souvent le rôle de bouc émissaire pour l'opinion publique.
Ils étaient très souvent invités dans la cuisine lorsqu'ils allaient voir des témoins ou des suspects à leur domicile. Bodenstein supposait qu'il devait s'agir de quelque chose de psychologique, une cuisine étant moins formelle qu'un salon et ne révélant pas autant de choses personnelles.
Une joie anticipée l'envahit. Il le ferait de nouveau. La mauvaise conscience et la culpabilité, qui l'avaient torturé, n'étaient plus à présent qu'un écho de plus en plus faible enfoui à l'intérieur de lui.
L’orfèvrerie est un des artisanats les plus vieux du monde et un métier vraiment fascinant qui exige de la créativité, mais aussi de la patience et de bonnes compétences manuelles.
(Actes noirs, p. 251)
[...] ... - Je n'ai pas d'explication. Mais c'est indubitable. Tout à fait indubitable, disait le Dr Henning Kirchhoff [= le médecin-légiste] en secouant la tête lorsque Bodenstein entra.
Son flegme professionnel et son cynisme avaient entièrement disparu. Son assistant et Pia paraissaient, eux aussi, médusés, le procureur mordait sa lèvre inférieure d'excitation.
- Qu'avez-vous trouvé ? demanda Bodenstein.
- Quelque chose d'incroyable, dit Kirchhoff en lui faisant signe d'approcher de la table et en lui tendant une loupe. J'ai remarqué quelque chose à l'intérieur de son bras gauche, un tatouage. Je ne l'avais pas vu à cause des meurtrissures que le cadavre présentait au bras. Il était tombé sur le sol du côté gauche.
- A Auschwitz, tout le monde était tatoué, objecta Bodenstein.
- Mais pas comme ça."
Kirchhoff montra le bras du mort. Bodenstein plissa les yeux et observa l'endroit désigné à travers la loupe.
- On dirait ... hum ... deux lettres. En gothique. Un A et un B, si je ne me trompe pas.
- Vous ne vous trompez pas, dit Kirchhoff en lui reprenant la loupe.
- Qu'est-ce que ça signifie ?
- Je renonce à mon métier si je me trompe, répondit Kirchhoff. C'est incroyable, car enfin Goldberg était juif.
Bodenstein ne comprenait pas l'émotion du légiste.
- Vous mettez ma curiosité à rude épreuve, dit-il. Qu'est-ce qu'un tatouage a de si extraordinaire ?
Kirchhoff regarda Bodenstein par-dessus le bord de ses lunettes. Il baissa la voix comme un conspirateur.
- C'est un tatouage indiquant le groupe sanguin. Il est identique à celui qu'avaient les membres de la Waffen-SS. A vingt centimètres au-dessus du coude, à l'intérieur du bras gauche. Après la guerre, comme ce tatouage était un signe de reconnaissance, beaucoup d'anciens S. S. ont essayé de le faire disparaître. Cet homme aussi. ... [...]