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4.39/5 (sur 38 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Francfort-sur-le-Main , le 08/02/1889
Mort(e) à : New York , le 26/11/1966
Biographie :

Siegfried Kracauer est journaliste, sociologue et critique de films allemand.

Architecte de formation, il fait ses débuts en tant que journaliste en 1922, activité qui le rendra célèbre par ses chroniques basées sur un sens de l'observation peu commun. Il est un ami de Walter Benjamin, Theodor W. Adorno et Ernst Bloch et une figure marquante de la gauche intellectuelle sous l'Allemagne de Weimar. Il est lié au cercle d'intellectuels réunis autour de l'Institut für Sozialforschung, soit le noyau institutionnel de ce qu'on appellera plus tard l'École de Francfort.

Son intérêt pour les phénomènes de société, comme les faits divers et les histoires de détectives, le conduit à bâtir une méthode analytique pour découvrir l'aspect caché du cinéma et de la photographie. Il est responsable de la critique littéraire et cinématographique de "Frankfurter Zeitung" de 1922 à 1933. En 1927, il publie "Ornement des masses" (Ornament der Masse). Son intérêt pour le marxisme le conduit à rejeter la plupart des aspects du capitalisme.

En 1933, Kracauer s'exile à Paris puis aux États-Unis en 1941 où il travaille au Musée d'art moderne (MoMA) de 1941 à 1943. C'est en 1947 qu'il publie "De Caligari à Hitler, une histoire psychologique du film allemand". Cet ouvrage fondamental ouvre une ligne de fuite entre l'esthétisme cinématographique et les états psychologiques qui secouent la société allemande et constitue un texte fondamental de la sociologie du cinéma.

Son ouvrage "Théorie du film. La rédemption de la réalité matérielle" est paru en 1960. Le livre, qui forme de fait un diptyque avec son travail suivant sur "L'Histoire. Des avant-dernières choses" (1969), anticipe les interrogations sur les rapports entre le cinéma, l'histoire et la mémoire.

Il travailleras notamment sur les phénomènes de société, comme les faits divers, les romans policiers, la science, la spiritualité, la fausse conscience, le cinéma, la photographie.

Une plaque en son hommage se trouve dans la maison où il habitait à Francfort, à la Sternstrasse 27.

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Source : Wikipedia
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La notion de « flux de la vie » chez Kracauer : entre philosophie et théorie du film -


Citations et extraits (242) Voir plus Ajouter une citation
Il existe présentement un grand nombre de gens qui, sans rien connaître les uns des autres, sont pourtant liés par un destin commun. Echappant à toute profession de foi déterminée, ils se sont conquis leur part des trésors culturels aujourd'hui accessibles à tous et pour le reste vivent consciemment leur époque. Ils passent leurs journée le plus souvent dans la solitude des grandes villes, ces savants, commerçants, médecins, avocats, étudiants et intellectuels de toutes sortes; et, comme ils sont assis dans leur bureau, reçoivent des clients, mènent des négociations, fréquentent les amphithéâtres, ils oublient très fréquemment, dans le vacarme de leurs activités, leur véritable être intérieur et se croient libres de la charge qui secrètement pèse sur eux.
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Siegfried Kracauer
L'interprétation que vous donnez de ma notion d'actualité correspond absolument à mes intentions. Je m'accorde encore avec vous sur ce point : comme vous l'écrivez, aucune culture, aucun mode d'existence fermé ne me paraît enviable. Plus il y a de trous dans les modes d'existence, plus la lumière des véritables rapports peut passer au travers.

Lettre à Ernst Bloch
Paris, 29 juin 1926
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Sur l'amitié.
Il est des mots qui pendant des siècles vont d'une bouche à l'autre sans que leur contenu sémantique n'apparaisse jamais clairement et précisément à notre œil intérieur. En eux se cachent l'expérience des générations antérieures, le cours inépuisable de la vie et d'innombrables événements , et il est étonnant que des enveloppes verbales qui transportent une telle abondance conservent toujours leur valeur ancienne, perdurent et se laissent encore charger d'un contenu nouveau. Ils sous-tendent notre vie toute entière, nous pensons avec eux et nous présupposons leur unité malgré la multiplicité indéfinie qui tremble en eux. Que sont-ils, ces mots qui saisissent la richesse de notre monde intérieur, sinon des noms bien faibles, impuissants, maigres devant un contenu débordant ? L'amour, la fidélité, le courage, la lâcheté, la haine, la compassion, la fierté : en leur sein s'accumule un devenir à mille visages.
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le progrès de la connaissance scientifique est indissociable de l'abandon de la prétention métaphysique à une connaissance totale.
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un perspicace historien d'aujourd'hui, J.H. Hexter, pense que des termes comme "tendait à, naissait de, se développait, évoluait ; courant, développement, tendance, évolution, croissance" font partie de leur vocabulaire reçu. Sous l'effet magique des idées que ces termes recouvrent, l'histoirien-narrateur présente parfois l'histoire d'un peuple, par exemple, comme une succession d'évènements aboutissant directement au présent. Le résultat en est l'histoire d'une réussite (une success story) plus ou moins vérrouillée qui reposant inévitablement sur des considérations téléologiques, non seulement répand des idées fausses mais resserre à ce point les liens entre les éléments du récit qu'elle élimine toutes les fissures, les pertes, les faux départs, les incohérences que comporte le réalité.
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L'exactitude dans l'approximatif peut dépasser en précision les raffinements statistiques.
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C'est ici qu'il faut évoquer l'amateurisme avoué de Burckhardt envers l'histoire. Burckhardt rassemble son matériau sans la moindre méthode. Il rejette délibérément toute démarche systématique, répudiant tout ce qui ressemble à une construction imposée de l'extérieur. Il dit quelque part que les concepts et les périodes doivent rester à l'état fluide. Il spécule souvent sur des possibilités qui auraient pu se réaliser sans prendre parti pour aucune d'entre elles. Il prend dans le passé ce qui lui plaît et l'intéresse, de la même façon qu'il déambule dans le monde de l'histoire; et jamais il ne donne les raisons de ses choix.
Bien qu'il soit sans conteste un professionnel, Burckhardt se comporte envers l'histoire comme un amateur qui obéit à ses inclinations. Mais s'il le fait, c'est parce que le professionnel en lui est profondément convaincu que l'histoire n'est pas une science. L' "archi-dilettante", comme il se nomme lui-même dans une de ses lettres, lui paraît le seul personnage capable de la traiter comme il convient. On connaît des amateurs qui deviennent des professionnels ; on a ici un professionnel qui entend rester un amateur dans l'intérêt de son objet d'étude particulier.
Il n'a pas non plus le moindre scrupule à énoncer des jugements de valeur sur les individus ou sur les événements. Et en tant qu'amateur, Burckardt est non seulement pénétré de sens historique mais également profondément humain. Il ne perd jamais de vue l'individu et les souffrances que lui inflige le cours des choses. Il n'évoque jamais les bienfaits que des gouvernants despotiques ont pu laisser derrière eux sans mentionner aussi que les crimes qu'ils commirent pour s'emparer du pouvoir et le conserver ne peuvent en aucun cas se justifier. Son humanité repose manifestement sur la théologie. Mais, tout en étant chrétien, il porte aussi l'empreinte de son héritage classique : de là ses constantes oscillations entre la compassion envers les vaincus et l'admiration pour les actions qui ont marqué l'histoire mondiale.
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Peut-être ne reste-t-il plus que la position de l'attente. Celui qui prend ce parti ne se barre pas la voie de la foi, comme l'obstiné affirmateur du vide, ni ne pressure cette foi, comme le nostalgique à qui sa nostalgie enlève toute retenue. Il attend, et son attente est un demeurer-ouvert hésitant, en un sens certes difficile à expliquer. Il peut facilement arriver qu'un être en attente de la sorte trouve l'accomplissement sur tel chemin. Cependant, dans ce contexte, il faudra principalement penser à ces gens qui aujourd'hui comme hier continuent à attendre devant des portes fermée, et qui donc, quand ils assument l'attente, sont en attente ici et maintenant. Supposons que, avec le bon droit de leur être naturel et de leur sens de la réalité, ils repoussent tout autant l'ardeur des enthousiastes messianiques que l'intégration dans des cercles ésotériques, qu'ils reconnaissent certaines faiblesses de la pensée communautaire moderne, et que, pour finir, dans leur tentative de s'accoutumer à la tradition des religions positives, ils rencontrent des difficultés insurmontables dont la cause réside en partie dans l'aliénation qui s'est introduite entre eux et le tissu des formes religieuses. Que signifie alors leur attente?
Du coté négatif, celui qui attend possède en commun avec le desperado intellectuel avant tout le courage qui s'affirme dans le savoir-attendre. Que son scepticisme ne dégénère pas en un doute fondamental, il est à peine nécessaire de le préciser, tout son être étant d'emblée tourné vers l'obtention d'une relation à l'absolu. Le véritable sens métaphysique de son attitude repose sur le fait que l'intrusion de l'absolu ne peut se produire que quand l'être dans sa totalité s'implique réellement dans cette relation. Ils vont donc se rendre la tâche des plus difficiles, ces êtres en attente, pour ne pas se laisser duper par le besoin religieux, ils perdront plutôt le salut de leur âme que de céder à l'ivresse du moment et de se précipiter dans des aventures extatiques et visionnaires. Parcourant leur plus grand cercle, ils mettent presque leur orgueil dans la pédanterie et dans une certaine froideur qui doit les rendre invulnérables aux ardeurs passagères. Pas plus que (tel le desperado) faisant de nécessité vertu, ils ne deviennent les négateurs de leur aspiration, ils ne s'abandonnent à la légère à ce flot d'aspirations dont on ne sait vers quels pseudo-accomplissements il les porte.
Du coté positif, l'attente signifie un demeurer-ouvert, qui bien sûr ne doit absolument pas être confondu avec détente des forces spirituelles agissant en direction des choses dernières, mais qui au contraire est bien plutôt active autopréparation. Un long parcours, ou mieux : un saut qui oblige à prendre un grand élan, mène à la vie dans la sphère religieuse, au verbe religieux et jusqu'au lien entre les humains reposant sur la communauté de la foi, et celui qui demeure si loin séparé de l'absolu, tel l'être de l'espace vide, a infiniment de mal à accomplir le tournant que lui-même exige. Ce qui peut se produire venant de celui qui attend, pour que la foi soit sans doute pas magiquement suscitée mais cependant pas non plus exclue, ne se laisse pas transmettre comme un savoir, car cela demande à être vécu et, en outre, la connaissance de l'observateur anticipe sur la vie et ce qu'on en sait. Ce que l'on peut dire en tout cas, entre autres, c'est que, pour les êtres en question ici, il s'agit de la tentative de déplacer le centre d'intérêt du je théorique vers le je de l'humain dans sa totalité, et de sortir du monde irréel atomisé des forces dépourvues de forme et des grandeurs dépourvues de sens pour entrer dans le monde de la réalité et des sphères qu'elle englobe. Par suite de la tension extrême de la pensée théorique, nous nous sommes éloignés dans une mesure effroyable de cette réalité qui est toute pleine d'objets et d'humains en chair et en os, et exige pour cette raison d'être vue concrètement. Celui qui tente de se hausser en elle et de devenir ami avec elle, ne parvient pas facilement bien sûr à un sens constitutif de cette réalité et à une existence dans la foi, mais cependant il découvre peut-être en elle tel ou tel lien, il s'avère pour lui en quelque sorte que la vie avec le prochain, que le monde réel en général dans toute son étendue, sont soumis à diverses lois qui ne sont ni mesurables sur le plan théorético-conceptuel ni simplement le fruit d'un arbitraire subjectif : et c'est ainsi qu'il peut lentement modifier sa position et s'élever en tâtonnant dans des régions qui auparavant lui paraissaient insuffisantes. Cependant, toute indication ici ne représente sûrement pas une directive pour la voie à suivre. Doit-on encore ajouter que se préparer n'est que préparation à ce qui ne s'obtient pas par la force : au changement et au don de soi? Mais à quel moment ce changement apparaît-il - et apparaît-il véritablement, là n'est pas la question, et cela ne doit pas non plus importer à ceux qui s'efforcent.
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Le lieu qu’une époque occupe dans le processus historique se détermine de manière plus pertinente à partir de l’analyse de ses manifestations discrètes de surface, qu’à partir des jugements qu’elle porte sur elle-même. Ceux-ci, en tant qu’expression des tendances du temps en sont pas des témoignages concluants sur l’état d’esprit global du siècle. Les premières, par leur caractère inconscient, donnent directement accès au contenu fondamental de la réalité existante. Inversement, leur interprétation est liée à la connaissance de celui-ci. Le contenu fondamental d’une époque et ses mouvements demeurés inaperçus s’éclairent mutuellement.
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Mannheim rejette tout recours à l'absolu statique, reprenant à son compte le postulat historiciste qu'il n'existe pas de vérité absolue. Vérités et valeurs ne peuvent être appréhendées qu'en perspective. Mais cela ne doit pas nous conduire au désespoir car nous pouvons légitimement poser que chaque "vérité" a valeur dernière dans le cadre de sa propre situation concrète et que les diverses perspectives se disposent selon une hiérarchie au sein du processus historique d'ensemble. - Il est manifeste que toutes les solutions de cette espèce sont obligées d' "absolutiser" l'histoire pour y retrouver l'absolu.
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