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    Musa_aka_Cthulie le 11 mai 2019
    5Arabella a dit :

    La méthodologie de recherche en littérature, j'entends bien, c'est tout à fait essentiel. En suivant actuellement mon cours sur Molière par Georges Forestier, je vois très bien comment à partir de quels documents on peut avoir des informations, qu'il faut recouper avec d'autres informations d'autres sources et ainsi de suite. Mais à une telle distance, beaucoup de choses sont perdues, il y a donc des trous, et parfois on ne peut pas recouper, et donc on peut sur la foi d'un seul élément avoir une donnée fausse. Après, une fois les données établies, on donne quand même du sens, on choisit de privilégier tel ou tel élément, on interprète, qu'on le veuille ou  non. D'où parfois des désaccord à partir de mêmes faits, des gens qui trouvent des éléments pour étayer des points de vue opposés, et encore plus pour les époques où on a si peu de données fiables.


    Je me suis mal expliquée, je pense. Quand je parle méthodologie en analyse littéraire, j'entends bien contexte historique, culturel, social, privé, etc. Mais je pensais aussi et surtout au texte lui-même : analyse de la structure, de la stylistique, des thématiques, des motifs, des personnages, et j'en passe. Je n'accuserai pas Eugène Green de ne pas avoir analysé les textes qu'il met en scène, ça me paraît invraisemblable d'arriver à mettre en scène de manière intéressante une pièce sans l'avoir bien analysée (et quand la mise en scène est pauvre, tu peux être à peu près certain qu'il n'y a pas de réflexion derrière). Mais il se peut qu'une oeuvre seule, ou quelques œuvres, donnent l'idée d'un schéma récurrent, schéma qui ne résiste pas forcément à l'analyse littéraire quand tu veux faire entrer tout un corpus dedans.
    Quand je parle de méthodologie, je ne veux pas signifier "étude des faits", mais "analyse basée sur des critères établis". Ce qu'on appelle faits peut très bien conduire à une interprétation totalement erronée, par manque de prise en compte du texte lui-même. J'en veux pour preuve des propos que j'ai entendus récemment sur Barbey d'Aurevilly, dont on ("on" n'étant pas des spécialistes du sujet) interprétait les œuvres presque uniquement à l'aune de son catholicisme et de ses opinions monarchistes. Or, l’analyse de son oeuvre montre bien que ce genre de conclusions hâtives mènent tout droit à une simplification désastreuse de textes très riche et complexes. Si tu pars des textes et que t'intéresses à la structure narrative qui revient sans cesse, ou encore aux personnages, tu réfléchis différemment.


    Cela dit, je ne prétends pas qu'Eugène Green a travaillé sans méthodologie. C'est juste que, quand tu dis qu'il commence par dire que presque tout ce qui relève de la bio de Shakespeare relève de spéculations hasardeuses, puis qu'il fait lui-même ce genre de spéculations, je commence à me montrer suspicieuse. Et ce que tu dis par la suite ne me rassure pas vraiment. Mais en revanche, le désordre social, a priori, ça paraît une approche intéressante de Shakespeare. Sauf que ça a quand même été déjà beaucoup analysé.

    5Arabella le 12 mai 2019
    L'analyse du texte, certes. Je suis bien consciente par exemple, de l'importance de rhétorique pour comprendre la littérature classique, parce que les auteurs été formé à ça. Mais essayer de repérer à quel type de discours appartient une tirade (délibératif, épdictique..), où commence et où finit l'exorde, quels sont les lieux, les figures..Je ne vais pas ma lancer là-dedans, encore moins dans les analyse genre modèle actantiel, c'est le genre d'approche qui ne  me donnerait aucune envie de me plonger dans les études de lettres. J'aurais peur que cela coupe le plaisir de la littérature. C'est affaire de spécialistes, et bien évidemment, ceux qui se prétendent tels, doivent maîtriser tout cela et se baser sur les différents outils d'analyse pour prétendre avoir un discours légitime. Mais je ne vais pas rechercher des publications spécialisées, avec tout le vocabulaire technique, la façon de présenter les problématiques très normées, cela m'ennuie très vite. Il me faut des choses qui soient accessibles aux non spécialistes.  Mais il y a des textes, des analyses, qui éveillent mon envie et mon imaginaire ; n'était pas spécialiste, cela ne se base pas forcément sur une évaluation motivée de la qualité du travail universitaire de l'auteur, c'est ma part de subjectivité.

    Mes impression du livre d'Eugène Green sont donc personnelles, c'est pour cela que je préfère ne pas me montrer trop définitive, cela ne m'a pas emballé, je pointe certains éléments pour expliquer ce qui m'a gêné, mais voilà, il y a peut-être d'autres lectures possibles. En même temps, je ne peux pas en toute honnêteté le recommander non plus.

    Eugène Green est surtout connu pour avoir tenter de retrouver la façon de jouer à l'époque de la création de ce qu'il appelle le théâtre baroque : la déclamation, la prononciation, la gestuelle...Je n'ai jamais vu une de ses mises en scène de théâtre, je crois qu'il n'en fait plus. Mais cela a initié une sorte de mini-mouvement, on peut de temps en temps voir ce genre de mises en scène, parfois même à la lumière de bougies.

    Je te suis bien évidemment sur le fait que les mises en scène les plus riches et les plus passionnantes partent d'une excellente connaissance, d'une analyse approfondie des oeuvres de la part des metteurs en scène, simplement le constat que je fais, c'est que les spectacles "à la pointe", ceux qui font parler d'eux et entrainent les critiques, sont ceux où les metteurs en scène adaptent les textes d'origine, suppriment, rajoutent réécrivent, modifient telle ou telle donnée...sans oublier une grande utilisation de la technique, en particulier de la vidéo. Et j'ai  eu l'impression quelquefois dans certaines de ces adaptations que l'oeuvre à la base du spectacle était plutôt un prétexte qu'autre chose, et que l'aspect analyse n'était peut être pas vraiment  poussée, puisque le but était de détourner, et de permettre au metteur en scène d'évoquer ses obsessions et sujets de prédilection personnels. E. G ironise un peu dans son livre à ce sujet d'ailleurs.
    Gaphanie le 16 mai 2019
    Bonjour !

    Enfin, je valide mon bonus saisonnier Shakespeare avec :

    Comme il vous plaira, William Shakespeare, avis ici
    Pièce dans laquelle Benedict Cumberbatch (j'adore !) a joué le rôle d'Orlando en 2002 à l'Open Air Theater dans une mise en scène de Rachel Kavanaugh  - merci Qui ? Wiki !

    Par contre, je viens de voir que pour illustrer l'annonce du challenge, il a été mis une photo de Gandalf, euh, non, pardon, Magneto, enfin, bref, Ian MacKellen n'est pas dans la liste des acteurs possibles... Est-ce parce que sinon, cela aurait été trop facile ? 

    Sinon, Musardise et 5Arabella, je trouve votre débat passionnant, même si je ne me sens pas de taille à y participer. Merci de partager vos points de vues comme vous le faites ici dans ce fil du challenge.

    @bientôt !
    Musa_aka_Cthulie le 16 mai 2019

    Bonjour Gaphanie,

    Alors oui, il y a une photo de Ian McKellen pour l'annonce du challenge, et c'est juste parce je l'aime bien, et dans son rôle de Magneto, et comme comédien en général, et aussi parce qu'il a tourné une série qui devait s'appeler "Comment jouer Shakespeare" ou quelque chose comme ça. Et comme je ne voulais pousser personne à choisir un comédien plutôt qu'un autre... Je pensais bien cependant que quelqu’un choisirait Cumberbatch. En fait, je redoutais que tout le monde ne choisisse Cumberbatch ! (je devrais écrire, selon la concordance des temps : "que tout le monde ne choisît", mais euh... ça son petit côté pompeux, non ?)

    Et merci pour ce que tu nous dis sur les échanges que nous avons eus récemment. Malheureusement, dans ce genre de fil de discussion, on ne peut pas aller très loin, ce serait plombant, et ça vaut difficilement une discussion de vive voix. J'aurais encore plein de trucs à dire sur la question de la méthodologie, toutes disciplines confondues, et sur la question de la subjectivité, Arabella aurait sûrement d'autres choses à faire valoir, mais je n'ai personnellement pas la verve d'un personnage de pièce de théâtre grec (ce qui serait un prouesse sur un réseau social), je suis à peu près certaine que ça tournerait en rond, et je crois donc que ça finirait quand même par te fatiguer. Mais tu peux très bien toi-même te lancer dans toutes sortes de réflexions, lancer un débat, ce n'est pas Bruidelo et moi qui t'en empêcherons, et tous les avis, commentaires, arguments, digressions et autres sont bienvenus. Je ne voudrais surtout pas que tu te retiennes d'intervenir.

    Je termine par ton bonus : il est bien entendu accordé ! 

    5Arabella le 16 mai 2019
    Bonjour,

    Une incursion dans la théâtre contemporain qui me permet de valider le bonus Une pièce écrite par un auteur vivant :

    Anges - Anja Hilling
      Je pense avoir trouvé pour Shakespeare...
    Bruidelo le 16 mai 2019
    Ensemble des bonus annuels validé  ... mais pas vraiment la pièce à lire pour se réconcilier avec le théâtre contemporain, si j'ai bien compris?
    5Arabella le 16 mai 2019
    Non, en effet cela ne m'a donné envie de continuer avec cet auteur. Peut-être à voir jouer pour se faire une opinion plus complète.
    Bruidelo le 18 mai 2019
    Retour au XXème siècle avec Les fiancés du Havre d’Armand Salacrou.

    Bon week-end à tous!
    5Arabella le 23 mai 2019
    Je suis enfin venue à bout du commentaire de Troïlus et Cressida de Shakespeare.

    Et j'ai trouvé trace de représentations de théâtre dans les années 60 dans lesquelles Patrick Steward jouait Hector : http://www.alanhoward.org.uk/troilusinfo.htm.
    Bonus validé...
    Musa_aka_Cthulie le 23 mai 2019
    Bonus validé. J'avoue que si je n'avais pas vu le nom de Patrick Stewart sur le programme, je n'aurais pas su que c'était lui (tous ces cheveux, c'est perturbant)...



    Du coup, c'est moi qui vais passer mon tour pour le bonus Shakespeare. Je suis toute ramollo en ce moment, les pièces que j'avais en tête, dans lesquelles je voulais vraiment m'impliquer, me demandaient trop de boulot pour un simple bonus, et les autres pièces ne me branchaient pas plus que ça en ce moment. Je m'y attaquerai quand je serai plus en forme.

    En tout cas, je suis contente que quelqu'un ait choisi Patrick Stewart.

    Bonne soirée à tous, et préparez-vous pour le dernier bonus saisonnier de l'été : la pré-annonce ne va pas tarder.
    5Arabella le 23 mai 2019
    J'avoue que je n'ai pas vraiment choisi Patrick Stewart mais la pièce, et c'est le seul de la liste pour qui j'ai trouvé une participation...


    Je te comprends, moi aussi j'ai eu du mal à trouver une pièce, entre tout ce que l'on a vu et lu plein de fois, et ce qui ne fait pas envie sur le moment.... Et Shakespeare c'est toujours un engagement.
    juten-doji le 24 mai 2019
    Petite contribution totalement inutile de ma part maison s'en fout  Juste pour dire que je suis totalement d'accord avec Gaphanie au sujet des discussion et de la façon avec laquelle les passionnés ici présents argumentent leur avis.
    Même si apparemment vous pourriez en dire plus, pour un lecteur "novice" sur le sujet on apprend plein de choses (pas sûr que ce soit très français ce que j'ai dit mais c'est le matin et j'y vois pas encore clair), c'est très instructif en plus d'être intéressant.
    Voilà, de la part de quelqu'un qui n'intervient que peu, autant dans la discussion qu'avec des lectures (encore que ce challenge m'a remis le pied à l'étrier), mais qui lit quand même le fil 
    Musa_aka_Cthulie le 25 mai 2019
    Merci, juten-doji, pour ton retour, c'est agréable à lire. Mais je le répète, que vous vous considériez les uns ou les autres comme "novice" ou pas, n'hésitez pas à intervenir. Vous pouvez franchement vous lâcher ici si vous en avez envie, je pense que ni Bruidelo, ni moi, ni Arabella (pour nommer un membre très actif depuis l'année dernière, comme vous l'aurez remarqué ^^) ne considérons ce fil comme réservé à des discussions de "spécialistes". D’ailleurs, je crois qu’aucune de nous ne se considère comme "experte". Pour ma part, c'est ce challenge qui m'a permis de renouer avec le théâtre, car je n'en lisais plus depuis des années.

    Donc, encore une fois, je ne voudrais pas que quiconque se restreigne et se prive d'intervenir sous prétexte de ne pas lire "suffisamment" de théâtre, ou de ne pas s'y "connaître" assez. Dites ce que vous avez envie de dire, on n'est pas entre universitaires élitistes, loin de là. Vous avez dû d'ailleurs noter que Bruidelo et moi passons régulièrement en mode "c'est du grand n'importe quoi"... 

    Juste encore un mot : il y a un truc qui ne prend pas forcément beaucoup de temps et qui permet d'approfondir un peu le sujet du théâtre, si ça vous intéresse, c'est la radio. La compagnie des auteurs sur France Culture s'écoute très bien (même si c'est vrai que ce sont rarement des dramaturges qui sont à l'honneur), mais aussi La Dispute, dont une émission par semaine est consacrée au spectacle vivant (donc là, vous avez le versant de la scène). Bon, il y a toujours un peu de pédanterie ici ou là, on ne va pas se mentir, mais dans l'ensemble, ça s'écoute bien, je trouve.
    Musa_aka_Cthulie le 25 mai 2019
    5Arabella a dit :

    Et Shakespeare c'est toujours un engagement.

    Oui, en tout cas tel je voyais les choses (en trop grand pour un bonus, ça c'est clair). Je me suis déjà pas mal investie dans l’anthologie du théâtre élisabéthain que j'ai toujours en cours - en plus j'arrive à Marlowe, gros morceau -, mais aussi, d'une autre façon, dans Miller et Sarraute, et à cause de ça, j'ai déjà laissé tomber Ibsen cette année, qui me tenait tout de même à cœur. Alors Shakespeare en plus...

    Je voulais au départ m'attaquer à Richard II, mais je me suis dit qu'il fallait que je me remette en tête toutes les autres pièces des deux tétralogies historiques, vu que c'est plus ou moins un tout. Plutôt que de les lire, je prévoyais de regarder la série de la BBC The Hollow Crown, mais après avoir vu l'adaptation de Richard II, catastrophe ! Le texte avait été coupé bizarrement, du coup on ne comprenait pas certaines choses si on n'avait pas lu la pièce, la fin avait été changée, et pour finir, c'était mal réalisé. J'ai dû résumer toute la pièce à mon copain pour lui expliquer ce qui clochait dans l’adaptation, mais je comptais quand même regarder la suite. Là, il me dit un truc du genre : "Un peu de sérieux, tu ne souviens pas de la plupart des autres pièces, comment tu vas faire s'il y a des coupures similaires dans les autres adaptations ? Relis les huit pièces." Argh ! Ce qui faisait beaucoup plus de boulot, hein. Surtout que je voulais lire un essai sur quatre des pièces...

    J'ai pensé me rabattre sur Coriolan, et là, à quelques jours de la fin du bonus, je découvre (plus ou moins) que je suis parfaitement ignare en histoire de la politique romaine, sujet de la pièce. J'avais pas le courage de me renseigner sérieusement, et plus la force de choisir une autre pièce. Voilà comment j'ai laissé choir Shakespeare, après moult péripéties et rien de concret au final !
    Musa_aka_Cthulie le 25 mai 2019
    Bon, allez, à défaut de Shakespeare, c'est reparti tout de même pour un petit tour dans le giron du théâtre élisabéthain, avec - j'y suis enfin ! - Christopher Marlowe, et sa pièce Le Juif de Malte. Une pièce à la fois drôle et très caustique, une tragédie aussi bien qu’une comédie, une âpre critique sociale.

    Christopher Marlowe - Le Juif de Malte
    Ma critique

    À très bientôt !
    5Arabella le 27 mai 2019
    Je trouve Marlowe passionnant.

    Je suis venue à bout de Shakespeare, notre contemporain de Jan Kott.

    Bonne semaine à tous.
    Bruidelo le 27 mai 2019
    Très intéressante ta critique. Mais je ne comprends pas bien pourquoi il dit que toute poésie semble bannie des comédies shakespeariennes.
    5Arabella le 27 mai 2019
    Il ne le dit pas comme cela, c'est un peu ma lecture de ce qu'il dit. Peu-être un peu extrême, mais même dans les comédies il se concentre sur le grotesque et le tragique. Par exemple dans Le songe d'une nuit d'été il insiste beaucoup sur l'identification de Puck avec le diable, avec l'animalité etc.
    Musa_aka_Cthulie le 27 mai 2019
    Bruidelo a dit :

    Très intéressante ta critique. Mais je ne comprends pas bien pourquoi il dit que toute poésie semble bannie des comédies shakespeariennes.

    Lis donc le livre, feignante ! Tu comptes donc sur 5Arabella pour te mâcher tout le travail ??? 
    Bruidelo le 27 mai 2019
    Musardise a dit :

    Bruidelo a dit :


    Très intéressante ta critique. Mais je ne comprends pas bien pourquoi il dit que toute poésie semble bannie des comédies shakespeariennes.


    Lis donc le livre, feignante ! Tu comptes donc sur 5Arabella pour te mâcher tout le travail ??? 


    Ben oui! Pourquoi tu crois que je suis au challenge théâtre??? 





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