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Ayant quitté sa Belgique natale, Simenon voulait découvrir la France, son nouveau pays. Puisque les villes et les villages s'étaient presque toujours constitués au bord de l'eau, il pensa aussitôt à la Marne, la plus longue rivière française. Simenon avait employé les grands moyens, en embarquant sa femme, sa cuisinière, qui était aussi sa maîtresse, et son chien a bord d'un bateau de pêche confortablement aménagé et baptisé l'Ostrogoth. "Une France inconnue, ou l'aventure entre deux berges" : tel est le titre du récit de voyage où le créateur de Maigret "recherche l'homme" depuis l'élément liquide.

La Marne n'est pas étrangère à l'auteur de L'Eau et les rêves. Bachelard est natif du Vallage, région du sud-est de la Champagne occupant une partie de la Haute-Marne. Avec lui, l'eau c'est du sérieux. On ne badine pas avec l'imagination qu'elle engendre. Bachelard prétend que l'eau qui coule possède une voix qui a appris aux hommes à parler et à chanter. Les mots que nous prononcons sont nantis d'une liquidité, d'un débit. Le français ou l'italien "possède une eau dans les consonnes". L'allemand et l'anglais, c'est moins sûr.

Dizy : c'est à cette écluse que, par un jour pluvieux d'avril 1930, les choses sérieuses ont commencé pour Georges Simenon. Tous les mariniers connaissent Dizy. À l'époque de Simenon, les lieux étaient animés, le village en haut comptait trois bistrots-épiceries ou l'on vendait du mazout et des cirés. À l'écluse de Dizy, commence Le charretier de la Providence, écrit à bord de l'Ostrogoth pendant l'été 1930. Maigret enquête sur le meurtre d'une femme.

Gournay, près du pont sur la Marne, un restaurant nommé "L'Assiette du gournaysien". C'est la que Jean Dutourd a écrit Au bon beurre. Le livre raconte l'histoire d'un couple de crémiers se livrant au marché noir sous l'Occupation.