A mes amours tordues

Je trouvais que le peuple américain était le plus inculte de l'univers et qu'à cause de son arrogance et de son inculture, le monde devenait de plus en plus à son image. Aucune civilisation dominante auparavant n'avait autant cultivé la médiocrité et la bassesse, et en premier lieu, l'art sous toutes ses formes, y compris l'art culinaire qu'ils ont massacré à coups de Mac Donald, de Coca Cola et de Pizza Hut. Quand à la culture, la seule qu'ils connaissent s'appelle "Money".

Les livres que je lisais évoquaient l'âge d'or des musulmans et leur décrépitude actuelle. La gloire de notre passé aggravait en moi le sentiment de décadence du présent. J'appartiens à une race qui avait guidé le monde et qui croupit maintenant dans le fin fond de la servilité. Je souffrais de savoir que mon peuple, qui fut celui du savoir cosmopolite, soit devenu celui de l'ignorance totale. J'enrageais de dépendre d'une nation qui fut aussi forte que fière et qui est aussi faible que vile. J'avais honte d'être marocain, arabe et musulman.

"Le pays de droits de l'homme". France! Ce pays n'est plus ce qu'il était. Il est devenu hostile, paranoïaque, schizophrène. Il a peur de tout. La France est une nation décadente qui s'accroche à une lointaine histoire glorieuse... Avec la décadence réapparaissent les signes du déclin: phobies, xénophobies, lamentations et glorification du passé.

Les espagnols ont deux ennemis : les français et les marocains. Les premiers parce qu'ils les snobent; les derniers parce qu'ils les envient. Notre histoire n'arrange pas les choses. Les marocains rêvent de récupérer l'Andalousie, les espagnols rêvent d'effacer les traces des maures.

Tunisiens, Algériens et Égyptiens ne proféraient aucune critique à l'égard de leur pays. Ils avaient la patrie dans la peau. Pourtant leurs gouvernements sont aussi pourris que le nôtre, sinon plus.