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Laurence Breysse (Traducteur)
EAN : 9782714305459
137 pages
José Corti (18/05/1995)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Vision et destin : tels sont les deux mots qu'a choisis Amparo Amorós, poète née à Valence, pour regrouper dans l'édition espagnole ses oeuvres écrites entre 1982 et 1992.
Arbres en la musique s'inscrit indéniablement dans la tradition du poème long. Ces dix-sept arbres s'imposent d'emblée par le souffle qui les parcourt sur près de mille deux cent vers. Dans le texte espagnol, les titres des poèmes font alterner le masculin et le féminin selon un rythme régu... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
LA TRÈVE
   
La mémoire n'est-elle pas une négligence du temps,
un vêtement oublié sur un guéridon,
comme des gants
qui auraient refusé de suivre le voyage
et ralenti leur pas, du geste clandestin
de qui ne veut partir ?
   
Et si ce témoin réticent à son cours
cachait quelque sorte de vestige ou de trêve?
   
Entends-tu le diapason de son rythme dans l'ombre,
qui sauve un ancien fragment du bonheur,
la séquence d'un rêve, une chanson perdue,
qui ne s'est jamais effacée de la vitre ternie,
comme le sillage que sur la buée trace
un doigt d'enfant ?
   
N'essaie pas de traduire le signe de ses lèvres :
c'est un reste de voix dessiné sur le vent,
un lambeau de passé qui se refuse et revient.
   
Tu ignores ses lois et ne saurais trouver
sa cause ni son sens.
                                        Reçois-le dans tes mains,
loge-le dans ton front, accueille son secret
sans rien lui demander : il en sait
la raison, même s'il la tait.
   
S'il insiste c'est qu'il fut, dans une volonté de rêve
— la mémoire n'est-elle pas un rêve que jamais
nous n'achevons de rêver ? — et ainsi, demeurant,
il vient redire au coeur la lumière du matin,
la fraîcheur si bleue de l'air transparent,
les corps enlacés sur les planches humides
du fond, bercées par le rythme maladroit
des caresses : l'heureux cri
du bonheur lorsqu'il découvre le monde
par la grâce du désir et le sent tellement sien
qu'en son abandon total, il croit, innocent,
le posséder en entier à jamais.
   
De cette plénitude inconsciemment vécue,
t'est restée une trace que rien n'effacera.
Garde-là au tiroir des plus chers souvenirs
pour que, si la musique sauvait ces corps
unis à jamais sur le lit odorant
d'une barque, ils brûlent sans se consumer
au milieu de ton âme.
   
-
   
LA TREGUA
   
¿ No será la memoria un descuido del tiempo,
una prenda olvidada sobre algún velador
lo mismo que unos guantes
que se hubieran negado a seguir el viaje
rezagando su paso con gesto clandestino
de lo que no se quiere partir y permanece?
   
¿ Y si en ese testigo reticente a su curso
hubiese alguna forma de vestigio o de tregua ?
   
¿ Oyes el diapasón de su pulso en la sombra
rescatando un fragmento antiguo de la dicha,
la secuencia de un sueño, una canción perdida
que nunca se borró del cristal empañado
lo mismo que una estela cincelada en su aliento
por une dedo infantil ?
   
No intentes traducir el signo de sus labios :
es un resto de voz que se ha escrito en el viento,
un jirón de pasado que se niega, que insiste.
   
No conoces sus leyes ni descifrar podrías
su porqué o su sentido.
                                            Acógelo en tus manos,
hospédalo en tu frente, recibe su secreto
si preguntarte nada : él sabrá
su razón aunque no la declare.
Si vuelve es porque fue, con voluntad de sueño
— ¿ no es la memoria un sueño que nunca
terminamos de soñar ? — y, así, permaneciendo,
repite al corazón la luz de la mañana,
el frescor tan azul del aire transparente,
los cuerpos abrazados sobre las tablas húmedas
del fondo mecidas por el ritmo torpe
de las caricias : el jadeo gozoso
de la felicidad cuando descubre el mundo
por gracia del deseo y lo siente tan suyo
que, al entregarse entero, en su inocencia cree
poseerlo del todo para siempre jamás.
   
De aquella plenitud que estrenaste inconsciente
te ha quedado este rastro que nada robará.
Guárdalo en la gaveta de lo que más amamos
para que, si una música rescata aquellos cuerpos
nunca dezenlazados que en el fragante lecho
de una barca perviven, ardan sin consumirse
en mitad de tu alma.
   
   
Traduit de l'espagnol par Laurence Breysse | pp. 62-65
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La tessiture impossible du mauve
jusqu'au violet à la grave sentence
de cendre, ou – vif éclat de vernis dans le vent –
le si en contralto de l'indigo
qui fervent se met à chanter.

Un silence soudain.

C'est le solo incandescent, féminin,
qui cristallise presque dans les étoiles
et retient encore la berceuse du crépuscule.

Quel concert suis-je en train de te fredonner,
moi qui ne sais que te peindre de sons le ciel
du repos, te murmurer le sillage de la vie
avant que tu t'endormes, abandonné,
sur le dos du cerf qu'est la musique :
la partita finale de tout ce qui existe
et change peu à peu pour découvrir
quelle est la meilleure note enfin,
qui dans une autre bouche, en d'autres accords,
et tout autrement, écrira sa vérité,
chantera sa partition
                                 puis se taira
comme le cygne – mort et résurrection –,
dans ce cloître aux ogives végétales
qui noue le grégorien au sommet
le plus haut de son étreinte.

-

La tesitura inverosímil del malva
hasta el morado y su grave advertencia
de ceniza, o – restallante de charol al viento –
ese si en contralto del índigo
que rompe fervoroso a cantar.

Y, de pronto, un silencio.

Es el solo candente, femenino,
cristalizando casi en las estrellas
que aún retiene la nana del crepúsculo.

¿ Qué concierto te estoy tarareando
si sólo sé pintarte de sonidos el cielo
del reposo, susurrarte la estela de la vida
antes de que te duermas entregado
a lomos de ese ciervo que es la música :
la partita final de cuanto existe
y se va transformando, para acabar al fin
por descubrir cuál es su mejor nota
que en otra boca, con distintas cuerdas,
de modo diferente, escriba su verdad,
rece su partitura
                              para callarse luego
como el cisne – muerte y resurrección –
en aquel claustro de ojivas vegetales
que anuda el gregoriano sobre el vértice
más alto de su abrazo.

LA DETTE, extrait / LA DEUDA, extracto | pp. 94-95

* Pièces musicales choisies en résonance : Johann Sebastian Bach, Passion selon Saint Mathieu, Bwv 244, et Georg Friedrich Haendel, Le Messie. (p. 132)
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