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Marine Duval (II) (Traducteur)
EAN : 9791022613330
240 pages
Editions Métailié (09/02/2024)
4.09/5   28 notes
Résumé :
Prix Sao Paulo de littérature pour un premier roman 2021

À travers le monde, les terres noires, exceptionnellement fertiles, sont la preuve d’une activité humaine qui les a fertilisées depuis des millénaires. Les terres noires amazoniennes montrent que la jungle actuelle n’est pas une forêt primaire mais qu’elle est le résultat du travail des occupants indiens qui l’ont cultivée bien avant la période historique connue. Le père de l’héroïne est un arch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Agée de 15 ans, Ana vit seule avec sa mère à Sao Paulo, quand celle-ci meurt brutalement. La vie de cette adolescente introvertie bascule alors à tous points de vue. Son père la récupère et l'emmène sur son lieu de travail un peu particulier : un terrain de fouilles archéologiques situé dans le Xingu, dans l'Etat du Mato Grosso en pleine Amazonie brésilienne. Sa mission consiste à chercher, dans cette région de terre noire*, des traces de présence humaine antérieure à l'arrivée des Blancs.

Hébergée avec son père dans une tribu indienne, Ana en découvre la vie, les rites et coutumes, les rapports humains et ceux avec la nature. Dans ce contexte, la jeune fille blanche apparaît évidemment étrange et maladroite, mais elle s'y sent mieux acceptée que dans son école à la ville.

Le séjour d'Ana dans le Xingu sera bref, mais suffisant pour la marquer à vie. Elle y retournera d'ailleurs une quinzaine d'années plus tard, alors qu'elle est étudiante à Paris. Elle découvrira que les choses ont bien changé : la forêt brûle, il n'y a plus de poissons dans les rivières dont l'eau est détournée pour drainer l'agriculture intensive, le tourisme tend à devenir massif et le territoire et les droits des Indiens de plus en plus étriqués.

« Terre noire » est un roman d'apprentissages multiples pour Ana, qui doit apprendre le deuil, à vivre sans sa mère et avec son père dans un environnement totalement inconnu et différent, à ces moments critiques que sont l'adolescence et l'éveil des sens. Ce séjour en Amazonie s'avère littéralement un rite de passage à l'âge adulte.

Alternant constamment entre passé et présent, première et troisième personnes du singulier, ce texte nous immerge, à travers les yeux d'Ana, dans la vie d'une tribu amazonienne, avec un naturel confondant, sans la moindre trace d'exotisme ou de condescendance post-coloniale. L'auteure sait manifestement de quoi elle parle (avec un amour profond) quand elle décrit cet univers de rites ancestraux, riche en mythes et qui sait depuis toujours comment vivre en accord avec le vivant non humain. Sans pour autant pousser jusqu'au pamphlet, elle laisse aussi transparaître tout son ressentiment quant à la déforestation, les expropriations, la pollution,..., bref tous les dégâts causés par cette « civilisation » particulièrement ravageuse qui est celle des Blancs avides d'argent et de pouvoir.

Un premier roman sensible, qui parle avec beaucoup de justesse du deuil, de la transmission, et des bouleversements, tant ceux du corps et de l'intime, que ceux de la société indienne et de la nature, pour le meilleur et pour le pire.

*terre noire (terra preta en portugais) : type de sol de la forêt amazonienne, créé par l'activité humaine depuis l'époque précolombienne, et très fertile en raison de la présence notamment de charbon de bois, de matière organique, de nutriments, de tessons de poterie (source : Wikipédia).

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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A la mort de sa mère, Ana, 15 ans, part vivre avec son père, qu'elle connaît peu. Il est archéologue et étudie l'occupation humaine sur les territoires de la forêt amazonienne, remettant en cause l'idée de forêt primaire. Il prouve que cette humanité existe depuis des milliers d'années, vit au rythme de la forêt, la fertilise et l'entretient, produisant cette terre noire, si parlante pour un archéologue !

Le dépaysement et le sentiment de solitude sont poussés à l'extrême pour la jeune fille, d'autant plus que les indiens ne savent pas tous parler le brésilien ! Rapidement elle va trouver ses marques et nous allons partager son quotidien d'adolescente pas si déracinée que l'on aurait pu le croire.

Pas de folklore, pas de manichéisme mais une juste relation de la vie des indiens du Xingu, leurs coutumes et leur quotidien, les rites liés au passage à la vie adulte.

La fille du chef a le même âge qu'Ana mais alors qu'elle-même n'est encore qu'une enfant, alors que Kassuri va vivre recluse une année entière avant d'être femme. Il n'y a pas de jugement dans le comportement d'Ana, c'est plutôt intéressant et agréable de découvrir qui sont réellement ces peuples d'un point de vue personnel et nous la suivons dans cette immersion.

J'ai moins apprécié la partie où elle est étudiante à Paris, ce qui me semblait une incongruité, mais satisfaite qu'elle décide de repartir dans la tribu où elle se sentait chez elle, à sa place, et découvrir les ravages du modernisme !

Un premier roman sensible et de qualité !

#Terrenoire #NetGalleyFrance

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J'ai déjà évoqué ma difficulté à lire de la littérature brésilienne. Je crois que ce livre marque une étape, parce que je l'ai vraiment beaucoup apprécié. Il s'agit d'un premier roman, qui joue avec la temporalité : nous suivons en effet Ana qui, après la mort de sa mère, rejoint son père archéologue dans le Xingu. Elle vivra avec lui au sein d'une tribu indienne. Avec elle, nous découvrons leur mode de vie, leurs rites, leur manière très différente de la nôtre d'appréhender le corps humain, mais aussi la nature. Certaines coutumes peuvent étonner, choquer même - et Ana de comparer la manière dont elle vit et la fille du chef vivent leur adolescence. L'une est libre de découvrir le village, la nature, l'autre vit recluse pour un an, cela fait partie du rite d'initiation pour devenir une femme. Rien pourtant de lourd ou de didactique dans ce récit : comme Ana, le lecteur est immergé dans cette tribu. Ni les uns ni les autres ne portent de jugement sur leur mode de vie mais Ana découvrira la richesse, la profondeur de leur culture, la culture que certains appellent encore des sauvages. 

Oui, nous retrouverons Ana adulte, étudiante à la Sorbonne. Nous découvrons comment elle a quitté le Xingu, coupé les ponts aussi, presque malgré elle avec son père, nous découvrons aussi comment elle renoue avec son passé, en retournant là-bas, en découvrant les ravages commis par ceux qui pensent d'abord aux profits avant de penser à la vie. Cette dernière partie m'a semblé plus brève que les précédentes, peut-être aussi parce qu'elle est davantage centrée sur les sentiments d'Ana, sur sa vie à Paris et ce sentiment d'inachevé qu'elle ressent. J'aurai aimé que les retrouvailles durent plus longtemps, que l'on voit ce qui avait changé au sein de la tribu. Ce n'est pas un reproche, cela montre simplement à quel point j'ai apprécié la lecture de ce livre. 
Un premier roman à découvrir. 
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Voici un roman envoûtant qui nous emmène dans le sud de l'Amazonie brésilienne, dans la réserve indienne de Xingu.
Divisé en trois parties, il demande un peu de concentration, juste le temps de s'habituer avec la construction du récit où le passé et le présent s'alternent et où on découvre les aventures du personnage principal, toujours en alternance, à la première et à la troisième personne.
'Terre noire' est un roman d'apprentissage qui parle de deuil, d'identité, de coutumes ancestrales, de rites et légendes, de mélange culturel...
Les chapitres sont courts et la lecture avance sans difficulté.
C'est un premier roman riche et réussi que je conseille vivement.

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C'est un livre où il est question de colibris qui parlent et de jeunes femmes qui séduisent les caïmans. Entre autres choses, mais Terre noire raconte d'abord une vision du monde, celle du peuple Xingu, au coeur de l'Amazonie, en se débarrassant vite de tout exotisme pour comprendre et s'immerger dans un univers aux rites ancestraux, en accord avec la nature et les animaux. Nous suivons les pas d'une adolescente, en deuil de sa mère, qui bien que venue de ce que l'on appelle la "civilisation" va apprendre au contact de ses hôtes et découvrir une riche culture dans laquelle les légendes tiennent une place majeure. Terre noire est un roman d'apprentissage pas comme les autres, dont les meilleures pages sont celles consacrées à la vie en Amazonie, l'autrice insérant d'autres chapitres, moins captivants, de l'existence de son héroïne, avant la disparition de sa mère et dans le futur, avec ses études à Paris, insatisfaisantes, qui ne peuvent que lui donner l'envie de revenir aux sources de son épanouissement. C'est évidemment aussi un livre qui dit la difficulté de survie des tribus indigènes face au tourisme, à la déforestation, au racisme et à la pollution mais Terre noire n'est pas un manifeste écologique pur et dur, c'est avant tout un roman où le réalisme poétique s'invite, avec générosité et une certaine grâce. le livre est une réussite parce qu'il parle d'un lieu et d'une population que Rita Carelli connaît parfaitement, depuis son plus jeune âge. Réalisatrice, actrice et autrice de livres pour la jeunesse, elle témoigne dans Terre noire de son amour pour un territoire, des gens et un mode de vie de plus en menacés.

Un grand merci aux éditions Métailié et à NetGalley.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
18 mars 2024
"Terre noire" : un premier roman important de Rita Carelli qui nous enjoint à écouter la nature.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Dans chaque maison vivent plusieurs cellules familiales qui font partie d’une plus grande famille. Dans le village, il y a près de cinq cents personnes réparties dans quatorze grandes malocas. L’homme, s’il n’a pas d’autre épouse lorsqu’il se marie, vit chez ses beaux-parents les premières années du mariage et travaille pour eux . Ici, m’a expliqué mon père, ce ne sont pas les parents de la mariée qui paient la dot de leur fille, comme on le lit dans les vieux livres, mais le mari qui paie pour recevoir une épouse, en plantant un verger pour ses parents - ce qui a nettement plus de sens.
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Pour Ana, l’idée de se marier et d’avoir des enfants était une notion vague, un horizon qui ne la concernait pas, alors que pour Kassuri tout ça était déjà très concret. Là-bas, dès que les filles ont leurs règles, elles sont conduites par la société à la vie adulte, qu’elles aient quatorze, treize ou douze ans. Ce sont des femmes fécondes, elles peuvent concevoir ; elles sont biologiquement prêtes, donc la famille les prépare culturellement et psychologiquement. Les jeux d’enfants sont mis de côté, le temps de l’enfance est révolu - d’un coup.
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- Pffff! Je ne comprends pas comment le gouvernement brésilien a pu donner tellement de terres à si peu d'Indiens... Qui pour couronner le tout ne savent même pas s'en servir!
Toujours cette colère contre les Indiens. Plus grande peut-être, avec les médias qui, quand ils parlent d'eux, du nord au sud du pays, les traitent d'envahisseurs, de bons à rien. Une campagne de diffamation ostentatoire qui plaide en faveur du front des BBB - pour "Bible, Balle (de plomb), Boeuf" - au Congrès National. Cette vieille incompatibilité entre posséder la terre et lui appartenir, entre vivre pour travailler et travailler pour vivre. Si seulement nous étions capables d'apprendre quelque chose d'eux... Ah, s'ils savaient "utiliser" la terre comme eux! Je devrais peut-être commencer par citer des preuves archéologiques, des siècles d'occupation indienne - et de transformation - intense de l'Amazonie sans la détruire, le taux de fertilité élevé des terres noires qu'ils produisent et leurs très faibles émissions de carbone. Ou citer leurs organisations sociales, qui excluent la pauvreté, ou l'exubérance d'une vie remplie d'art et de sens. Mais je vois à l'air méprisant de mon interlocuteur que son cas est désespéré.
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- Des rhombes?
- Oui, une sorte d'instrument très bruyant. Ils se sont peint le corps au charbon et les ont faits tourner jusqu'au village des femmes. Quand ils sont arrivés, elles n'ont pas supporté le bruit. Tu imagines, un rhombe fabriqué par Soleil? Il paraît que leur vrombissement faisait tomber les cheveux. Elles ont pris peur, abandonné leurs fûtes et ont couru se réfugier dans les maisons. Voilà comment les hommes ont volé les flûtes.
Nous nous sommes assises en silence, à observer le lent fumage du poisson.
- Mais les Hyper-Femmes ont encore des flûtes.. dit Kassuri, malicieuse.
- Les Hyper-Femmes?
Oui, grand-mère, raconte! demande Hayumi.
- Cette petite... elle est au moins aussi curieuse que toi, Ana! rit Padjá. Eh bien, c'était pendant l'initiation des garçons, les hommes avaient décidé d'aller pêcher pour les enfants. Plusieurs jours étaient passés et ils ne revenaient pas. Les femmes attendaient au village. N'en pouvant plus, l'une d'entre elles a demandé à son plus jeune fils d'aller voir ce qui se passait. Il est descendu jusqu'à la plage et a vu que les hommes se transformaient en pécaris, le cochon-bois. Des poils leur poussaient sur le corps et leurs dents étaient devenues énormes. Son père-pécari lui a donné du poisson. Il l'a caché dans sa fûte et l'a apporté à sa mère. En arrivant, il a raconté ce qu'il avait vu.
- Et après, et après? veut savoir Hayumi.
Les femmes ont cuisiné et partagé le poisson à la place des hommes, au centre du village, et ont dit: "Nos maris se transforment en monstres pendant qu'on les attend. Dansons et réjouissons-nous, car nous n en voulons plus."
- Et pendant qu'elles chantaient, elles se sont transformées en Hyper-Femmes, dit Kassuri.
- Oui. Leur clitoris, qu'elles ont fait mordre par des insectes, est devenu énorme, complète Padjá. Elles ont enfilé les coiffes, les boucles d'oreilles, les ceintures, les genouillères et les brassards des hommes. Dans la forêt, quand ils les ont entendues jouer de la flûte, les époux ont décidé de retourner au village. Mais, à leur arrivée, elles les ont attaqués avec des dents de tétra vampire.
Elles ont alors jeté leurs fils encore petits dans les ruisseaux. Ils se sont aussitôt transformés en poissons et elles n'ont gardé que leurs filles. Un jeune garçon s'en est sorti et a été transformé en tatou. Le garçon-tatou a creusé un tunnel sous la terre et les femmes l'ont suivi.
De temps en temps elles sortaient de terre et ensorcelaient d'autres femmes qui les rejoignaient. Elles se sont frottées avec l'écorce du péqui et leur corps s'est retrouvé couvert d'épines. Elles sont allées vivre dans un endroit rien qu’à elles, entouré d’eau de tous côtés.
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Il n'y a que dans le noir, dans le noir absolu, qu'on peut se baigner à la lumière des étoiles.
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