Je me souviens encore la première fois que j'ai ouvert ce bouquin. J'étais un môme et je commençais vaguement à m'intéresser au Premier Conflit mondial, par curiosité. Je ne connaissais pas encore Remarque, ni
Dorgelès, ni Barbusse… Je comprenais à peine pourquoi un livre écrit par un Alsacien racontait la guerre côté Allemand.
C'est donc le premier récit d'ancien combattant que j'ai lu de ma vie, et quel récit ! Quel témoignage ! Dominique Richert est un modeste agriculteur du Sundgau (le sud de l'Alsace) : en 1913, il est appelé pour son service militaire en Allemagne (l'Alsace est annexée depuis 1871). Il ne quittera plus son uniforme avant 1918. En effet, la guerre le surprend alors qu'il est conscrit.
Son récit est poignant, empreint d'horreur, mais aussi d'humanité. L'auteur a combattu d'abord en France, jusqu'en 1915, puis sur le front de l'ouest : Russie, Pologne, Roumanie… avant de tenter sa chance en désertant en juillet 1918.
Écrit dans un style on ne peut plus simple, sans envolées lyriques ni figures de style, Dominique Richert nous livre sa version de la guerre. Il ne nous cache rien, pas même quand sa division reçoit l'ordre d'achever les blessés Français. On en vient à être tenu en haleine : bien sûr on sait dès l'introduction que Dominique a survécu à la guerre, mais le récit est si prenant ! On se surprend à avoir la boule au ventre lors de certains passages comme celui de sa désertion : réussira ? Réussira pas ? Sera-t-il blessé ? Comment vont le traiter les Français ?
Le témoignage est de valeur : ce soldat tenait un petit carnet tout au long du conflit et c'est une fois rentré chez lui qu'il entreprend de tout remettre au propre.
Un livre qui n'est pas le fait d'un écrivain de métier, mais qui à mon sens rivalise haut la main avec les témoignages de ce conflit écrit par les meilleures plumes.