C'est écrit sur ses lèvres

Valériane a 15 ans. Elle est sourde et appareillée. Elle bénéficie d'un implant cochléaire et d'une prothèse qui lui permettent d'entendre. Elle lit également sur les lèvres. Elle tombe amoureuse de Ludovic, sourd également mais qui utilise la langue des signes françaises pour communiquer. La mère de Valériane refuse tout net cette relation. Elle cherche à la fois à protéger sa fille et à l'éloigner d'un garçon dont la famille ne partage pas sa position sur l'appareillage auditif. Envers et contre tout, les préjugés et leur famille, Valériane et Ludovic vont vivre leur premier amour.

Ce roman est très intéressant, non pas tant parce qu'il aborde les difficultés de l'adolescence, mais parce que le lecteur en apprend beaucoup sur le handicap de la surdité. A travers Valériane, la narratrice, Brigitte Aubonnet aborde le quotidien des personnes sourdes. Les problèmes auxquels sont confrontés Valériane sont révélés avec justesse : les difficultés à suivre un cours si le professeur se retourne vers le tableau, les incompréhensions des gens qui la considèrent mal élevée parce qu'elle ne répond pas à leur bonjour, ceux qui exagèrent leur diction ou haussent la voix, ceux qui ne font aucun effort… Valériane souhaite être considérée telle qu'elle est : une adolescente sourde qui fait de son mieux pour comprendre et réussir dans un monde d'entendants.

Un deuxième thème très intéressant est abordé, celui du désaccord entre les personnes appareillées et ceux qui préfèrent la langue des signes. Au centre : les parents qui choisissent si leur enfant doit porter un implant, une prothèse ou rien. La question du consentement se pose et les parents, dans le roman, restent sur leurs positions. Ce sont les jeunes, eux mêmes, grâce à Valériane et Ludovic, qui prouveront que la différence n'est pas insurmontable. L'association qu'ils fondent, « Les sourds qui s'entendent » en est la preuve.

Le roman a la grande qualité d'ouvrir le lecteur à une réalité qu'il peut méconnaître. le problème central est finalement celui de la communication, entre sourds et entendants, entre adultes entendants mais aussi au sein d'une même famille. Valériane n'arrive pas à communiquer avec sa mère, épuisée, épuisante, toujours en colère et qui surprotège sa fille. La diversité des choix pour faire face à son handicap, langue des signes, lecture sur les lèvres, prothèses cachées ou au contraire assumées, apportent une réflexion intelligente sur la vision du handicap. Si certains ne souhaitent pas être enfermés dans une case et préfèrent dissimuler leur surdité, d'autres choisissent une autre façon de s'exprimer.

Ce court roman fait réfléchir. Les préjugés, les désaccords, les vexations quotidiennes que subit l'héroïne touchent le lecteur qui prend conscience des difficultés intimes d'un handicap dont on parle peu.

Et si à travers la différence, d'autres différences pouvaient s'effacer ? Et si nous pouvions choisir de voir, d'entendre ou non le monde qui nous entoure ?

Mon Cher lecteur, ma Chère lectrice, ce coup-ci, je vous embarque dans l'histoire de deux jeunes personnes, adolescentes, sourdes de naissance !
La vie est loin d'être simple pour eux ! Ils se sont rencontrés lors d'une réunion pour les familles d'enfants sourds de naissance. Ils ont le coup de foudre l'un pour l'autre ! Elle, c'est Valériane, lui Ludovic. Elle est sourde, mais appareillée avec implant. Lui, appareillé avec un système externe. Ses parents à elle, veulent effacer la différence pour offrir toutes les chances possibles à leur fille de pouvoir évoluer dans le monde des enfants avec de la musique, des jeux, etc. Ses parents à lui, refusent l'implant pour leur fils et au contraire, veulent bien faire la différence et pouvoir laisser le choix à leur fils d'évoluer ou non avec les enfants non atteint de surdité.

Pas simple comme positionnement. Nous plongeons aux côtés de nos deux jeunes ados, pleins d'hormones et d'amour. Eux, peu importe leur handicap et veulent pouvoir avoir le droit de s'aimer. Ils vont devoir user de subterfuges multiples afin de déjouer les mères castratrices. Et leur chemin va être houleux !

Brigitte Aubonnet nous embarque dans un livre très court mais où toutes les émotions, les questions et les différentes solutions sont exacerbées. Car en effet, elle a su, à mon avis, transmettre à travers ce petit roman un concentré de la vraie vie et de tout ce qui s'y passe.

Elle nous entraine auprès des jeunes qui eux se posent beaucoup de questions sur leurs sentiments, leur(s) différence(s), leur présent et leur futur. Elle nous montre également le côté des parents qui chacun à leur manière se font beaucoup de soucis pour leur propre enfant et qui font de leur mieux pour les mener à évoluer dans notre monde. Mais c'est loin d'être simple.

L'auteure essaye de nous transmettre la vision de tous et toutes à travers différents prismes. Et ça, je dois avouer que ça m'a beaucoup plu ! On peut se positionner, tantôt du côté de ceux qui veulent marquer la différence, tantôt ceux qui veulent la lisser… Et puis, bien sûr, les ados. Valériane et Ludovic, ils le savent qu'ils sont différents, mais en plus, ce que nous ne savons pas « pauvre normaux » c'est qu'au sein même de leur différence, il y a encore plus de différences ! Oui, ceux qui ne veulent pas essayer de parler, mais uniquement signer, ceux qui ont l'envie d'avoir un appareil auditif externe, ceux qui veulent des implants, etc.

A l'adolescence, c'est le moment où les caractères s'affirment et là également où les scissions se créées. Rien n'est simple pour n'importe quel adolescent. Alors lorsqu'il a un handicap, c'est démultiplié.

L'écriture de Brigitte Aubonnet est très fluide et très bien adaptée à la longueur du roman. Ma foi, j'aurai aimé en avoir un peu plus. Car je me suis attaché à ces deux loulous et je dois avouer que du coup, je voudrais en savoir plus. La fin débouche sur une belle ouverture d'esprit et un beau pied de nez à la vie. Une bouffée d'espoir.

Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir la plume de Brigitte à travers un sujet touchant. Mon Cher lecteur, Ma Chère lectrice, je vous recommande ce livre qui est touchant, mais également philosophique et métaphysique.
Et puis, une fois de plus, je vous recommande cette lecture bien sûr et plus largement cette collection car elle parle du monde d'aujourd'hui, en abordant sans détour les questions écologiques, sociales et éthiques qui émergent au sein de notre société. Elle s'adresse à tous. Elle éveille notre sens critique pour poser un regard incisif sur nos comportements individuels et collectifs.

Lien : https://linstantdeslecteurs...

Un roman très court (75 pages), ce qui peut être un atout pour les récalcitrants à la lecture. le sujet de la surdité chez les adolescents est bien traité, et fait découvrir le quotidien de ces jeunes, appareillés ou non, pratiquant ou pas la langue des signes, l'incompréhension (parfois) de l'entourage, notamment chez certains professeurs...Un sujet pas souvent évoqué C'est bien écrit, à la 1ère personne par une jeune fille qui se bat pour conquérir son indépendance et vivre son premier amour avec un garçon sourd comme elle.

Valériane et Ludo sont tous les deux sourds, tous les deux des 50%. Mais leurs familles ont deux visions différentes de leur handicap, entre ceux qui préfèrent un appareillage qui permet de vivre presque comme tout le monde, et ceux qui optent pour l'apprentissage de la LSF et refusent les appareils. Mais Valériane et Ludo sont amoureux. Parviendront-ils à faire entendre raison à leurs familles, et enfin être eux à 100% ?!
J'ai apprécié ce roman très court qui met en face de problématiques inconnus de celles et ceux qui ne sont pas confrontés à ce handicap. La liberté de choix des enfants s'arrête bien souvent là où commence celle de leurs parents. Vivre avec un handicap est déjà une épreuve en soi, à surmonter tous les jours ; mais quand on est jeune, ado, on voit s'ajouter d'autres épreuves : celles de la vie d'adulte qui approche, celles de la liberté de choix, celles de l'opposition qui permet de grandir.....

Un livre très court qui met en avant la difficulté du handicap mais surtout des relations avec les parents qui ont alors tendance à surprotéger. le thème de l'amour, annoncé en 4ème de couverture, est trop peu exploité à mon sens pour convaincre les adolescents. Je n'ai moi-même pas aimé, surtout la fin qui m'a laissée en plan...