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EAN : 9782729119928
190 pages
Editions de La Différence (04/10/2012)
4/5   2 notes
Résumé :
Eduard Mörike (1804-1875). Étonnante figure d’un étudiant en théologie qui devient pasteur, renonce, se fiance, renonce, pour vivre dans la compagnie de sa sœur, un peu loin du monde. La nature, écrin de paix comme de déchirements silencieux, devient un lieu de mémoire sublimé, la terre d’enfance (le mythique pays d’Orplid) et du monde maternel. Presque toute effusion est ici mémoire.
Dans son court chef-d’œuvre en prose, Mozart à Prague, comme dans ses poème... >Voir plus
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le beau hêtre


Caché au cœur de la forêt je connais un endroit où se dresse
 Un hêtre, tel qu’en peinture on n’en peut voir de plus beau.
Lisse et clair, d’un seul trait pur il s’élève, solitaire,
 Et nul de ses voisins ne touche à sa parure soyeuse.
Tout autour, si loin que cet arbre imposant étende sa ramure,
 La pelouse verdit, afin de rafraîchir l’œil en silence.
De tous côtés également elle ceint le tronc qui en forme le centre :
 La Nature elle-même, sans art, a tracé ce cercle adorable.
Des taillis délicats font une première enceinte, puis ce sont les
                                                   [hauts fûts
 D’une foule d’arbres serrés qui tiennent éloigné le bleu du ciel.
Près de la sombre épaisseur du chêne, le bouleau berce
 Sa tête virginale timidement dans la lumière dorée.
Là seulement où, jonché de roches, le raidillon dévale vers l’abîme,
 La clairière me laisse deviner l’étendue des champs.
‒ Quand, dernièrement, solitaire, séduit par les visions nouvelles
                                                   de l’été
 Je quittai le chemin et vins me perdre là dans les taillis,
Ce fut un esprit amical à l’oreille toujours aux aguets, la divinité
                                                 de ce bois,
 Qui soudain m’introduisit ici pour la première fois, moi l’étonné.
Quelles délices ! C’était aux environs de l’heure haute de Midi :
 Tout se taisait. Même l’oiseau dans le feuillage restait silencieux.
Et j’hésitais encore à poser le pied sur ce tapis plein de grâce ;
 Avec solennité il accueillit mon pas, moi qui ne le foulai que
                                               sans bruit.
Puis, une fois adossé au tronc (qui ne porte pas trop haut
 Sa large voûte), je laissai mes regards vaguer à la ronde,
Là où les rayons enflammés du soleil traçaient une frange aveuglante,
 Presque parfaitement régulière, tout autour du cercle ombragé.
Et je restai là, sans broncher ; au plus intime de moi-même tout
                                                mon être
 Épiait le démon du silence, toute cette insondable paix.
Enfermé avec toi dans le prodige de cette ceinture solaire,
Je ne sentais que toi, ô Solitude, à toi seule allaient mes pensées.
                                            (été 1842)

p.147-149
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Mal du pays


Le monde s’altère à chaque pas
Qui m’éloigne de ma bien-aimée ;
Mon cœur ne veut pas continuer plus loin.
Ici, un soleil froid luit sur le paysage,
Ici, tout me semble inconnu,
Même les fleurs au bord du ruisseau !
Tout ce que je vois
A des manières si hostiles, un visage si faux.
Sans doute le petit ruisseau qui murmure parle-t-il :
« Pauvre garçon, viens le long de mes rives,
Regarde, ici aussi, les ne-m'oubliez-pas ! »
Les myosotis ! oui, ils sont beaux partout,
Mais pas aussi beaux que là-bas.
Partons, partons, surtout !
Mes yeux s'emplissent de larmes !
                                       (juin 1828)

p.77
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Visite à Urach


Vois ! les nuages s’amoncèlent en masse de ténèbres
Autour des vénérables ruines de la forteresse qui les brave !
Au loin déjà on entend le vieux Géant,
Muette la vallée attend, elle semble tout incertaine,
Seul le coucou lance ses saluts immuables, caché
Dans les insondables profondeurs vertes de la forêt, ‒
Voici que craque la voûte céleste, l’écho résonne longuement :
Le merveilleux spectacle a commencé !

Oui, tandis que de la haute clarté de son feu
La foudre m’éclaire le visage et les joues, voici que je crie
D’une voix forte parmi l’éblouissante musique du tonnerre
Ces paroles de bénédiction qu’elle confirme :
Ô toi, vallée ! l’autre seuil de ma vie !
Toi, l’âtre paisible de mes forces les plus profondes !
Toi, nid miraculeux de mon amour ! je te quitte à présent,
Adieu ! – que ton ange soit mon escorte !
                                           (mai 1827)

p.67
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Le jeune poète

Quand autrement la beauté,
toujours fugitive apparition de la grâce ,
comme un éclat de soleil, réapparut devant
mes
sens avec un plaisir étonné ;
Quand la nature souvent et toute la
vie sur terre sont devenues
presque trop lourdes sur mon sein,
Qu'à peine une exultation ivre
ni l'expression de purs remerciements étaient
pour une si douce existence:
Ô comme cela m'a poussé, pauvre
fils d'Apollon,
tout cela, beau conçu
Sous les sons de la lyre dorée,
régal, pour s'accrocher pour toujours!

Mais si ce que je ressentais profondément n'était
pas immédiatement si pur et complet,
Comme il vivait dans l'âme,
Dans la seconde âme du poète,
La chanson, jouée,
Si je
touchais seulement les cordes avec un doigt terne maladroitement -
Oh, combien de fois je veux désespérer «
Que je resterai toujours étudiant!

Mais, chérie, regarde, avec toi
je suis soudainement transformée:
Dans la chaude chambre d' hiver,
Par le miroitement de cette lampe,
Où j'écoute tes paroles,
Tiens d'humbles paroles d'amour!
Comment tu as alors calmement redressé tes
cheveux bruns bouclés,
Tellement lissés pour moi
Toutes ces images confuses,
tous les vains soucis du cœur,
des actions et des pensées très divisées.
Joyeusement enthousiaste, légèrement plumée,
je m'envole de la poésie des
bandes roses serrées que je ne vis que
dans leur parfum pur,
comme dans l'élément.

Ô toi belle, tu souris,
secoue, embrasse-moi, la petite tête,
Et ne comprends pas ce que je veux dire.
Si je ne veux pas
me connaître ,
je sais juste que tu m'aimes, que je
tiens tes petites mains dans la fuite du temps !
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Amour présages

Récemment, je me suis tenu dans le jardin ce matin-là
devant le grenadier, pensif;
J'avais l'impression de devoir attendre tout de suite
s'il voulait faire sauter l'œuf.

Mais elle ne semblait pas savoir à
quel point l'abondance se gonflait pour elle,
et qu'elle
devait brûler dans les baisers de feu du jour d'or.

Et là, sur la pelouse, gisait Jorinde;
Comme je suis prêt à vous saluer rapidement,
alors qu'elle ne fait que jeter
le sommeil de ses yeux!

Puis la noirceur de ces yeux brille
sur moi dans l'amour et le bon repos,
Elle écoute le manque de liberté de mes blagues
Avec un émerveillement enfantin.

Entre les deux, je me suis dit:
qu'est-ce que tu vas faire? c'est une enfant!
Les lèvres qui gonflent de maturité
Quelle bêtise et pieux!

En effet, elle ne semblait pas savoir, à
quel point son abondance gonflait,
et qu'elle
devait brûler dans les baisers du garçon le plus effronté.

Je médite tranquillement de haut en bas,
Et c'est ainsi que je suis allé;
Mais le lendemain matin,
je me trouvai tôt à l'arbre là-bas.

Ma! qui lui a fait
un tel miracle en quelques heures ?
Vous avez ligoté la couronne de flammes?
Et que me dit ce signe?

Je me dépêche rapidement dans le couloir, la
voilà déjà en train de marcher dans le rayon du matin;
Et bientôt, ô merveille d'émerveillement!
Nous nous sommes embrassés pour la première fois.

Maintenant l'arbre poussait fleur après fleur
fraîchement sorti dans l'air bleu,
Et pourtant, comme il a brûlé pendant longtemps,
nous n'avons jamais cessé de nous embrasser.
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