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Daniel Grenier (Traducteur)
EAN : 9782925141501
460 pages
La Peuplade (16/02/2023)
3.76/5   42 notes
Résumé :
Montréal, 1986. Muna peine à trouver un emploi. Elle est jeune et arrive directement du Liban où la guerre civile lui a tout pris à l'exception de son fils, Omar, âgé de huit ans. Loin de ses aspirations d'enseignante, elle finit par accepter un emploi de téléphoniste chez Nutri-Fort, une compagnie qui vend des boîtes repas et des conseils diététiques personnalisés.
Chaque jour, sous le nom de Mona, elle se glisse à l'oreille de celles et ceux qui ordinairem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Traduit de l'anglais par Daniel Grenier

Je n'aurais pas de moi-même choisi cette lecture. Mais elle m'a été chaudement recommandée par une lectrice du comité de lecture. Alors, je me suis laissée faire.
Et je ne le regrette pas.
Muna a quitté le Liban en guerre, accompagnée uniquement de son fils, Omar, et du fantôme de son mari, Halim. Un fantôme, car elle ne sait s'il est mort ou vivant.
La vie qui l'attend à Montréal n'est pas du tout , mais alors pas du tout ce qu'ils avaient imaginé. Tout d'abord, elle s'aperçoit que elle, "l'étrangère", est loin d'être bien accueillie. Les gens s'écartent d'elle, à cause de la couleur de sa peau. Impossible de trouver un emploi correspondant à sa qualification. Elle était enseignante, mais ses diplômes ne sont évidemment pas reconnus , elle est donc obligée d'accepter un poste de vente par téléphone de Nutri-Fort, un programme pour maigrir. Impossible de trouver un logement décent, elle habite un meublé minuscule. Difficile de mener de front une vie de travail et une vie de famille. Son enfant, souvent seul et livré à lui-même, a des difficultés d'intégration à l'école, ce qui la désespère.
Dans ce livre, de nombreux thèmes sont abordés : l'immigration et son lot de souffrances, la monoparentalité et ses inconvénients, le courage d'une femme déracinée qui se bat pour gagner une place au sein d'une société qui la rejette, la solidarité des immigrés entre eux, l'espoir qui jamais ne la quitte.
Un livre prenant.
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Un roman humain : le parcours d'une immigrée libanaise à Montréal qui cherche à se faire une place dans la société.

Muna était enseignante dans son pays, mais son accent ne lui permet pas de se faire embaucher et ses diplômes ne sont pas tout à fait reconnus. (il faut dire que ça se passe dans les années 80, pas dans la pénurie de main-d'oeuvre actuelle…)

Elle se trouvera un emploi dans une entreprise qui utilise le téléphone pour vendre des menus « diététiques » à des clients en quête de perte de poids. Sceptique au départ, sa grande capacité d'écoute lui donnera du succès auprès de la clientèle.

On assistera aussi à ses souvenirs, sa vie avant le départ, la guerre, les bombardements, son mari disparu, puis l'espoir d'offrir une vie meilleure à son fils.

Un roman qui donne un aperçu crédible de ce que c'est que d'arriver dans un nouveau pays où on ne connait personne, où le climat est bien différent et où on ne parle pas tout à fait la même langue.
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« Hotline » lorsque la réalité dépasse la fiction. Une ligne directe et la contribution à la vie. Un plaidoyer à la persévérance, aux endurances altières. Un roman vertueux, intense, l'exemplarité-même. Une histoire fusionnelle. Un socle de sensibilité.
« Hotline » dans une contemporanéité criante, juste et implacable, une jeune femme, Muna, symbole des migrations, mère et veuve, sur le seuil, un pas, puis un autre, et tout changera peut-être.
Il est dit : « Ce que nous avons chassé du monde cherche aujourd'hui en chacun de nous, son refuge. »
C'est cela, un peu, beaucoup, formidablement « Hotline ». Un récit vif, qui nous donne de l'espoir, pour nous, sans rien dire, en silence. Tant son modèle marque et son halo est une lumière dans la nuit noire.
Muna est d'ubiquité. Halim, son mari a disparu. Dans un Beyrouth à feu et à sang en 1984. En proie aux bombes, aux enlèvements, aux faux-frères, filatures et effondrements. Jeune mariée, ivre d'amour pour Halim, les projets, chimères devenues. le vide abyssal et un père qui lâche la main de son jeune enfant de 6 ans, Omar, sans penser un seul instant à un non-retour.
Muna est démunie. Une belle-famille simulacre et odieuse. Muna, devenue en un seul instant, une jeune mère monoparentale, quasi une paria pour sa belle-famille.
Partir, poursuivre l'idéal façonné avec Halim, juste avant sa disparition. Montréal, le Graal. Enseignante en langue française, le sésame en main, les bagages lourds d'un méconnu. L'incertitude aux abois est aussi une noria en plein vol et l'ombre de Muna.
Le Canada a ses propres codes migratoires. Muna a un accent, Muna et sa pauvreté, un caillou dans sa chaussure. Muna et sa vulnérabilité, le radeau de Géricault. Comment réagir dans un pays où les portes se ferment les unes après les autres ? Enseigner le français, vous ? Muna ? Mais ce n'est pas possible, voyons. Elle reçoit les diktats sociétaux en plein visage. Compte son argent dans un même élan qu'elle apprend les habitus d'un pays où déambulent tant d'étranges (ers). Elle habite dans un logement spartiate, un meublé, dort dans le canapé. La télévision allumée sans fin, opérative et salvatrice. Briser les carcans de la solitude coûte que coûte. Elle trouve enfin du travail. Dans une société « Nutri-Fort » qui confectionne des coffrets repas à des fins de régimes alimentaires. Elle doit conseiller, proposer, et apprivoiser l'interlocuteur (trice). Elle, dont la langue chante et résonne. Elle, dont la voix aurait pu être un obstacle. Elle, si son visage était vue, aurait de suite la communication coupée. Car oui, le racisme est latent, le rejet de la différence est loi. Quid du Canada et de tous les pays du monde.
Mais dans cette entreprise où Lise Carbonneau tient les rênes en équité et fraternité, il y a aussi les collègues, immigrées comme elle, siamoises dans l'adversité, toutes de concorde et de camaraderie. Muna est intelligente, intuitive, brillante et maline. Elle connaît les verbes salvateurs, écoute et console. Son charme langagier, son pouvoir de transmutation dans la douleur de l'autre, font que son score explose. L'argent advient, unanime dans la loyauté de Muna. Enfin, acheter des vêtements chauds. le froid est mordant, la neige rebelle et intense. Omar aura des moufles chaudes.
« Notre première veillée de Noël sans personne. Pas de famille à appeler, pas de voisins chez qui arriver à l'improviste. Qu'est-ce-qu'on va faire ? Je devrais acheter un cadeau à Omar. »
Ce huis-clos est un kaléidoscope sur les migrations, les mères battantes. « Hotline » la ligne qui résiste aux tempêtes. Celle qui relie le vivre-ensemble.
Ce livre sociétal, politique, sociologique, tremblant de tant de sentiments, de force, de regards, est un hymne au courage. Réaliste, engagé, il pointe du doigt là où ça fait mal. Mais chaque crépitement est un requiem pour Muna, Omar et tous ces humanistes qui gravitent aussi dans les lignes. « Hotline » est un livre-monde, humble et patient, inouië.
« -Vous avez raison, Mona. Vous avez tellement raison. Je vais essayer.
-Vous pouvez le faire, quand vous serez prête. Vous êtes capable. »
Ce livre universel est une ode à la femme immigrée. le pouvoir d'une ligne cosmopolite. Une renaissance allouée.
Traduit de l'anglais (Canada) par Daniel Grenier. Ce grand livre de Dimitri Nasrallah a reçu de nombreux prix. Publié par les majeures Éditions La Peuplade. Une chance éditoriale cruciale.
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Un roman juste et délicat qui m'a véritablement prise par surprise.
Je l'ai ouvert, intriguée par la couverture et j'ai lu le premier chapitre par curiosité.
J'ai reposé le livre quelques heures plus tard. Je ne m'attendais pas à le lire d'une traite mais j'ai rencontré Muna et Omar et soudain il était impossible d'interrompre cette découverte.

Le thème est dur et on vit avec Muna cet arrachement à sa terre, à sa vie au Liban. Au Canada elle trouve la solitude, vaste et effrayante, les désillusions (être professeur de français au Liban ne l'aidera pas à trouver l'équivalent ici), les difficultés de chaque jour. Il semble ne plus y avoir d'horizon, de rêve ou d'envie. Tout est survie. Pour elle, pour son fils.

L'histoire c'est celle d'une mère et son fils, avant même d'être celle de l'immigration.
Ils se sentent seuls, lui à l'école où il ne s'intègre pas, à la maison où sa mère est rarement ; elle dans sa vie, sans son mari disparu. Elle trouve un travail et se donne entièrement pour assurer un quotidien décent à son fils.
Téléphoniste pour une société de diététique, elle devient Mona. Ses échanges avec ces gens qu'elle ne rencontre pas lorsqu'elle est Muna sont remplis de bienveillance et de sensibilité.

Bienveillance et sensibilité, c'est là toute la force de ce roman. Dimitri Nasrallah donne vie à des personnages qui nous touchent en plein coeur. On tremble et on vibre avec eux sans jamais tomber dans le pathos.

Quel magnifique hommage aux mères migrantes, et probablement à la sienne. La vie palpite dans chacune de ces pages, l'expérience de l'exil et de la solidarité.
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À travers ce portrait, Dimitri Nasrallah nous mets face aux difficultés rencontrées par Muna, cette jeune femme, apatride, réfugiée dans un pays loin du sien en guerre, qui peine à s'adapter, mais loin de baisser les bras, ce boulot alimentaire à plus d'un titre qu'elle décroche va lui permettre de tenir bon et d'espérer un avenir meilleur.

C'est l'histoire d'une immigrée, qui reflète exactement ce que toutes les femmes réfugiées subissent au quotidien, une fois projetées dans un pays étranger.

Une écriture sobre, où il est question de reconstruction, de deuil, de quête d'identité, de famille, de guerre et de solitude, mais aussi d'entraide , de persévérance de courage et d'amour.

Hotline est un véritable chant d'amour, d'une mère à son fils qui n'en oublie pas pour autant son mari, le père absent malgré lui. Un cri du coeur d'une mère courage arrachée brutalement à sa terre natale qui espère trouver sa place au Canada, cette nouvelle terre d'accueil parfois si difficile à conquérir.

C'est publié à La Peuplade, une maison d'éditions qui traverse les frontières pour nous offrir des errances littéraires d'un territoire à un autre, toujours éclairées, vivantes, nécessaires.

Chronique complète en suivant le lien ➡➡ https://madosedencre.over-blog.com/2023/03/hotline.html
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critiques presse (1)
LeDevoir
13 février 2023
Dimitri Nasrallah rend hommage à la persévérance des mères migrantes.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il arrive parfois que mon corps n’ait pas besoin de ma tête pour fonctionner et agir, et que mon esprit profite d’un instant pour voyager et s’évader. Si les fantômes peuvent vivre sans corps, pourquoi nos corps ne pourraient-ils pas fonctionner sans esprit?

(La Peuplade, p.253)
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Mon seul soulagement, c’est de me dire que l’intimidation à l’école est préférable à l’absence d’école ou encore à la peur qu’une bombe explose sur le chemin du retour de l’épicerie. C’est certain que c’est préférable.

(La Peuplade, p.32)
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