Ce deuxième tome m'a un peu déçue. Après la découverte intéressante du premier (où le roi, et seulement lui, peut communiquer avec des esprits qui Annoncent les grands événements afin de l'aider à diriger, où le trône est scellé par un bouclier magique ne permettant qu'à un élu de le toucher, où il existe des êtres dotés de grands pouvoirs et marqués d'un Sceau), le Trône du prince n'apporte rien de nouveau. Il ne répare aucun défaut du premier volet : j'ai toujours autant de mal à reconnaître les insoumis entre eux à cause de leur nombre, Tadeck est malheureusement toujours aussi parfait, Yélan est toujours aussi manichéen, Yoran toujours aussi irritant…
En somme, je n'ai pas éprouvé beaucoup d'attachement pour les personnages.
Niveau histoire, ça se casse un peu la gueule. Yoran et ses amis vont chercher l'élu qui pourra s'assoir sur le trône. À part quelques événements marquants qui m'ont interpellée, j'ai attendu la fin du tome avec impatience parce que ça manquait d'action. Ils voyagent dans les collines, ils voyagent dans le désert, ils contournent la capitale, ils approchent de Terendis – et ce n'est qu'à partir de là que les choses s'accélèrent.
Niveau surprise, je dois dire que la révélation finale ne fait pas fort. Je l'avais vu venir depuis longtemps.
D'ailleurs la scène de fin m'a fait une forte impression : les rebelles sont cernés, les soldats sont trop nombreux, ils vont tous se faire tuer… Yoran pose ses fesses sur le trône et tout le monde jette ses armes pour s'incliner et applaudir. What ?? Mais peu importe que Yoran soit l'élu puisque les soldats sont plus nombreux et qu'ils ont peur de Yélana. Yoran n'a aucune armée, aucun support, comment peut-il contrebalancer la terreur qu'elle inspire ?
Mais malgré ces défauts, il faut que je sois honnête : l'écriture de
Claire-Lise Marguier est bonne, certaines tournures de phrases m'ont particulièrement plu (d'autres beaucoup moins, mais que voulez-vous ? Je suis une chieuse), le monde qu'elle a créé est sacrément cool et certaines idées étaient très novatrices : la vie de famille de Yoran, par exemple. C'est la première fois que je vois ça dans un roman jeunesse : l'histoire commence avec le héros qui se marie avec la femme de sa vie et s'apprête à devenir père. Pendant plusieurs centaines de pages, j'étais persuadée qu'elle allait mourir et qu'il allait rencontrer quelqu'un d'autre au fil de ses aventures (comme d'habitude, quoi). Et non ! Madame Marguier, ça c'était une très bonne idée.
Et puis, il y a tout le fonctionnement du Sceau, le principe des Ombres blanches et des boucliers – qui a construit celui de la Plaine et pourquoi ? La grande méchante de l'histoire est travaillée : c'est une personne égoïste et cruelle qui est devenue ce qu'elle est par peur. Elle est belle, magnétique et terrifiante. Sa relation avec Yélan ajoute aussi de la profondeur à ce personnage autrement plat. Une espèce d'amour-amitié incestueuse difficile à définir.
Une lecture contrastée, donc. Un tome moins intéressant que le premier, mais qui pose les bases du troisième.