Paysage abstrait
C’est le continu corps-image par l’expérience de la main…
C’est le continu corps-image par l’expérience de la main qui ouvre alors à un paysage mental, à une excursion dans les lumières sombres ou aveuglantes. Exactement ce que Laurence Maurel ne cesse de nous faire revivre, de recommencer à chaque fois qu’elle éclaire jusque dans ses noirs un coin de papier, une surface réduite que notre œil peut alors cadrer comme un paysage, que je ne dirai pas abstrait mais dorénavant concret puisqu’il nous demande de voir la lumière comme jamais nous ne l’avions vue : opaque ou transparente, mouvante ou arrêtée, diffuse ou concentrée, lointaine ou proche, passée ou à venir, toujours plurielle et jamais univoque. J’aime ces paysages-lumières qui nous éclairent jusqu’à voir le noir, l’inconnu si ce n’est l’infini de la lumière.
Récitatif d’un survoir
[survoir] : Ce néologisme viendrait comme signaler la force des survivances dans l’œuvre : comme autant d’apparitions qui ne s’imposent pas par l’image mais qui se font jour avec l’attention du regardeur pour donner suite à l’abandon de l’artiste qui a laissé venir tout ce qui œuvre son œuvre sans savoir, jusqu’à ce survoir. Peut-on parler d’inconscient à l’œuvre ? Certainement ! Mais à condition de garder toute l’attention portée non vers une vérité de l’œuvre mais vers son activité inachevable où le survoir nous fait suivre l’air de ce récitatif de l’abandon que lance chacune des œuvres de Laurence Maurel.
L ‘homme qui
l’homme qui
nage sous la ligne des représentations
les traits partageront les taches
reculeront autour de la surface
immaculée dans un mouvement
de palmes de balais de palais
les hommes qui
restent muets disent le regard des bouches