Voilà un drôle d'OLNI, Objet Livresque Non Identifié, tombé - presque - par hasard entre mes mains. Cartésiens, s'abstenir. Déjantés, accourir.
Dans le Making of de "Toro" - traduit par la toujours excellente Laura Derajinski - Mark Sundeen met en scène Travis LaFrance, son double autobiographique malléable à merci. Fort d'un premier best seller écoulé à au moins 25 exemplaires, Travis est - à juste titre - persuadé d'être le plus grand, le meilleur, l'injustement et temporairement méconnu, écrivain du monde. Alors quand son éditeur lui commande un livre sur la tauromachie des origines espagnoles aux suites françaises et aux extensions mexicaines ou portoricaines, le tout assorti d'un à-valoir de 7 000 dollars, notre Travis accepte d'emblée cette aumône annonciatrice de succès et de reconnaissance à venir. En commençant par dépenser ses 7 000 dollars puis en démarrant ses recherches au Mexique, parent pauvre de la corrida.
C'est désopilant ou affligeant selon les cas (ou les chapitres), car Travis LaFrance, c'est un peu un mélange d'Arturo Bandini, de Don Quichotte et de Jeff Tuche. C'est dire le grand écart... Et le meilleur et parfois, un peu, le vide.
Mais l'ensemble reste un exercice de style conjugué au 2e degré assez plaisant, où certains verront, qui une charge contre la tauromachie, qui une satyre du monde de l'édition américaine, qui enfin une grosse farce somme toute divertissante. Dont moi !
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Travis LaFrance, le double de l'auteur, après avoir flirté avec le monde la fauconnerie (Faux con??? ) et en avoir décrit toutes les facettes, des plus concrètes aux plus imagées, donc philosophiques, dans un génial livre qui se vend aux Etats-Unis à plus de .... 25 exemplaires, eh bien Travis LaFrance décide avec l'accord de son éditeur de se lancer dans l'écriture du plus grand livre jamais écrit sur la tauromachie et sa portée universelle, humaine, bestiale, philosophique. Bref, vous l'aurez compris, Travis LaFrance nous narre combien il est un écrivain génial, qui fait de grandes choses en ce monde, mais que personne ne comprend, ou alors pas encore, et que son génie éclatera, mais une fois qu'il sera mort...
Les réflexions profondes d'un écrivain incompris, donc, dans un "making of", écrit AVANT la publication de son livre éternel...
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Et quand je me réveillerai seul et qu'il sera l'heure d'écrire, je me contenterai de la fiction, je me contenterai d'une histoire qui ne s'est jamais produite, de la vie inventée de Travis LaFrance, car ma vie à moi ne durera pas éternellement et elle n'est pas assez intéressante pour figurer dans les livres.
Viva la causa ! dit le commandant Felipe, nous marchons en amis.
No, hermano, répond Travis LaFrance, nous marchons en frères.