Jung fut le disciple intellectuel de Rank en ce qui concerne l'histoire des mythes et tout le bordel. Eh ben mes petits, je peux vous dire que Jung écrase Rank à plates coutures ! Rank, je l'ai trouvé barbant et inintéressant. Il faut peut-être un esprit analytique pour digérer l'énumération d'anecdotes et de détails à laquelle il se livre. Mon esprit synthétique limite je-m'en-foutiste s'est pris quant à lui d'une gerbe monumentale.
On se tape des resucées de quelques mythes mis en relation dans un semblant d'exhaustivité, le nombre d'historiettes relatées ne dépassant cependant pas la vingtaine et le tout gargouillant de miasmes intellectuels qui auto-pourrissent sur place. L'ambiance post-freudienne genre vénération du père conduit à quelques fantaisies ridicules qui donnent envie de foutre le livre au bûcher (« Achille était lui aussi un homosexuel, plus précisément fellateur, puisqu'il n'avait jamais goûté le sein de sa mère »). Elles nous permettent cependant de rigoler un peu entre deux pensées désespérées du genre « pourquoi lire mon dieu ? » Ce livre fait exploser à la gueule des révélations qu'on aurait préféré ignorer : après tout, cette grosse merde de réflexion intellectuelle n'est peut-être qu'une amplification de la grosse merde qui sert de fumier à l'épanouissement de n'importe quel bouquin ? Oui, tout nous semble merdique après une telle lecture et je m'en excuse en espérant que la nausée ne sera pas inéluctable pour le prochain curieux ou nauséabond qui s'emparera de ce livre.
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Chaque génération successive de conteurs laisse des traces de son niveau culturel et de son stade de refoulement sur le corps du mythe.
[préface]
Ce dont se plaint le héros [c’est que l’hostilité présumée de ses parents est telle qu’ils ne veulent pas laisser l’enfant venir au monde] ; on peut clairement discerner dans le mythe son désir de se réaliser, même contre la volonté des parents, cette venue au monde. Toutefois, le danger de mort qui se cache ainsi derrière la naissance, dans sa représentation par l’exposition, est réellement donnée dans l’acte de naître. Dans la victoire qu’il remporte sur tous ces obstacles s’exprime aussi l’idée qu’au fond le futur héros a surmonté les plus grandes difficultés déjà par sa naissance […]. On peut également songer à une autre interprétation : le jeune héros qui peut assurément pressentir qu’il est destiné à goûter le poids de l’existence dans une mesure extraordinaire, en proie à une humeur pessimiste, se plaint, comme d’un acte hostile, d’avoir été gratifié de la vie.
Dans le mythe s’opposent au refoulement et aux tendances régressives des tendances progressives et révélatrices, de sorte que même les répétitions et multiplications à l’intérieur d’un récit servent à dévoiler peu à peu précisément les impulsions qu’ils doivent masquer.
[préface]
Dans les mythes de la naissance du héros, cette relation érotique avec la mère, qui domine encore dans d’autres cycles de mythes, se trouve reléguée à l’arrière-plan, tandis que la lutte contre le père y est suraccentuée.
Le mythe exprime le conflit et la transition entre les idéologies spirituelle et sexuelle d’immortalité. Le héros, comme représentant à la fois du père et du fils, essaie de résoudre ce conflit à travers l’inceste, c’est-à-dire en s’engendrant lui-même comme le fils de sa mère, « un compromis entre le désir de ne pas avoir d’enfants du tout (Laïos) et la nécessité de renoncer à sa propre immortalité en faveur des enfants [p. 193) ».
(préface)
Otto Rank (1884-1939), la volonté créatrice : Une vie, une œuvre (1997 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 avril 1997. Par Bénédicte Niogret. Réalisation : Jean-Claude Loiseau. Avec Pierre Bitoun, Claude-Louis Combet, Alain de Mijolla, Aimé Agnel et Judith Dupont. Avec la voix d’Anaïs Nin. Textes dit par Jean-Luc Debattice. Otto Rank, né Otto Rosenfeld le 22 avril 1884 à Vienne et mort le 31 octobre 1939 à New York, est un psychologue et psychanalyste autrichien. D'abord membre du premier cercle freudien, secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et membre du « comité secret », l'évolution de ses recherches lui vaut d'être exclu de l'Association psychanalytique internationale en 1930. Il est considéré comme un dissident du mouvement international.
Otto Rank est originaire de Vienne, issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie juive. Fils de l’artisan d’art Simon Rosenfeld, il est contraint, dans un premier temps, de travailler lui-même comme artisan et de renoncer aux études supérieures. Il prend le nom de Rank à l'âge de dix-neuf ans, en référence au bon Dr Rank de la pièce d'Ibsen, "La Maison de poupée". Il lit à vingt ans "L'Interprétation des rêves" de Freud et écrit un essai que le psychanalyste Alfred Adler transmet à Freud. Il devient dès lors un psychanalyste du premier cercle et, en 1906, devient le premier secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et à ce titre, l'auteur des transcriptions des minutes de la société viennoise (conférences et d'échanges), de 1906 à 1918. En 1924, il publie "Le Traumatisme de la naissance", s'intéresse à ce qui se trouve avant le complexe d'Œdipe et propose une vision différente de celle de la psychanalyse d'orientation freudienne. Sigmund Freud l'analyse brièvement jusqu'à fin décembre 1924 puis le rejette ; Rank se trouve exclu des cercles psychanalytiques freudiens.
En 1926, Rank s'installe à Paris, devenant l'analyste d'Henry Miller et d'Anaïs Nin, avec qui il a une courte liaison. Il voyage en Amérique, où il rencontre un certain succès. Il est invité notamment à la société de Rochester pour la Protection de l'enfance en danger où travaille alors Carl Rogers. Il est exclu de l'Association psychanalytique internationale le 10 mai 1930. En octobre 1939, il meurt à New York à l'âge de 55 ans, des suites d'une septicémie.
Sources : France Culture et Wikipédia
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