Il est très difficile de trouver un mot qui exprime ce que nous sentons de particulier dans l'esthétique du Vinci, et ce qui nous y charme d'une manière spéciale ; la plupart des expressions qu'on a tenté de lui appliquer ne semblent ni tout à fait justes, ni complètement heureuses. On dirait que ses qualités sont d'un genre si personnel et si rare, que l'esprit humain ne les ayant presque jamais rencontrées ailleurs que chez lui, n'a point songé à créer un mot pour les exprimer.
L'effort qu'a fait le Vinci pour établir une théorie de l'art de la peinture, est un exemple trop peu suivi aujourd'hui ; les artistes de nos jours, quels que soient leur talent et la valeur de leur enseignement pratique, semblent presque toujours embarrassés pour expliquer par des mots et pour réduire en corps de doctrine les règles et les secrets de leur art.
Mais Léonard ne demande pas seulement au peintre d'être paysagiste ; il veut qu'il soit « universel », c'est-à- dire tout d'abord qu'il connaisse et aime toutes les parties de la peinture, le dessin et l'anatomie, la perspective et la composition, l'effet des couleurs et celui de la lumière. Il est probable même que, dans l'intention de notre artiste, cette universalité, doit s'étendre plus loin ; les conditions qu'il requiert du peintre, pour être pleinement réalisées, exigent que celui-ci possède la science et ait le goût de la philosophie, et qu'il s'efforce de contribuer à leur progrès.